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Description

L’espace et l’homme des champs : Enclos et clauza
dans l’archive et dans le mémorial du Languedoc-Pyrénéen

L’histoire rurale n’a plus rien à dire. Sauf à relancer le débat dans les recoins de l’espace et de l’homme. Comment être paysan ? Comment donner signification à des choses qui paraîtront à d’aucuns insignifiantes. Nous voulons très naïvement relire les données de l’Archive, repenser le mémorial de la Communauté, savoir perdre son temps afin de mieux comprendre. Retrouver des faits culturels du Haut-Languedoc, en ces pays d’Alet et Mirepoix la petite métairie de Candide à côté de la grande formule de J.-J. Rousseau, qui est sans doute un grand sophisme, « le premier qui eut l’idée de s’enclore ».

Ce premier-là, en notre culture au sens large, il doit s’agir d’un notable et législateur, d’Uruk-aux-Enclos, où se produisit Gilgamesh. jusqu’à Montpellier-aux-Enclos. Des murs murant les villes et puis des villages. Des jardins hors les murs, sous les murs de la ville, hors de l’enclos et clos à leur tour.

L’enclos possible aux uns, impossible aux autres. Cet enclos, envié, esquissé par les paysans et repris innocemment sous nos yeux par des citadins qui s’installent dans les ronces et les orties. L’habitant des villes rêve d’espace clos et d’enclos. Et le paysan de toujours est à prendre comme il est, entre le clos et l’ouvert.

On ne refait pas l’histoire. Il suffit d’accepter tout le donné, prendre l’espace familier de l’homme tel qu’il nous est donné par le document. S’installer dans le réel, les mots et les nombres les possibilités et les modèles selon les contrées. Savoir que l’imaginaire et l’action sont inséparables, à chaque génération et dans la longue durée. On rêve d’enclos, de métairie. On a toujours eu des jardins clos. On n’a pas créé de bocage ici. La « baralha »… c’est un grand mot, une mauvaise bonne chose, ou encore l’inverse, une bonne mauvaise chose.

Sans doute nous nous garderons de parler d’inconscient collectif et de mentalités. Ce dernier mot, du 19e s., entrera tard, après 1920, dans le dictionnaire de l’Académie. Valoriser des espaces qui sont le quotidien et l’humain. Délimiter un champ linguistique. Déborder sur l’imaginaire.

Je vous dirai d’abord de l’enclos, les modèles déformables, la sémiologie avec les structures. Ensuite de la « fermeure des possessions », l’institution le sériel des « clauzas ». Enfin, le contentieux inévitable, tant il est de mauvais bergers, mauvais sujets au village. Il leur faut donner de loin en loin une bonne leçon.

Au demeurant, l’idée je la cherche, comme tout un chacun, je plains ces historiens qui savent à l’avance ce qu’ils vont découvrir. Pour moi, chaque dossier de village et de hameau est signifiant par l’écrit et le non-écrit. Faute de mieux, nous conclurons par esthétique et éthique de l’espace agraire.

I – De l’enclos

1 – Les mots, les nombres, les modèles.

« Enclos » et « clauza » – prairie close – sont deux mots de l’archive et du village. Le premier, avec un O, non diphtongué, semble importé le second sonne normalement à l’oreille occitane. L’étymologie est la même de latin claudere, clausus (A. Dauzat), mais les sens diffèrent. Je ne vous apprendrai rien en vous disant qu’on ne fait pas l’histoire avec l’étymologie.

Le clos est une chose simple, un espace bien fermé, comme le clos de la chèvre de M. Seguin, comme des rectangles bien dessinés des caractères chinois. L’enclos est un espace différent, plus vaste, un projet d’assemblage de pièces et de morceaux, et encore un rêve de liberté dans et par l’espace. Comme une réalité de l’histoire silencieuse. Comme un projet familial et vital que l’on se transmet dans le plus long terme. L’espace peut être clos par le mur murant : par la claie du bercail, par la barre (une tige d’arbre long ou de jeune sapin) par la haie, le mot francique n’a pas été retenu, on a utilisé la « barralha », qui désigne une association végétale, ronces, prunelier, ormeau, églantier, formant barrière et abri… Et encore la « barralha » artificielle, des buis fichés en terre, tenus par barres transversales […]

Informations complémentaires

Année de publication

1985

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Gaston MAUGARD

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf