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Description

Les vignerons et la coopérative languedocienne :
entre littératures, patrimoines et traçabilité

La vigne et l’activité viticole ont suscité une littérature singulière en Languedoc qui donnera naissance plusieurs générations d’écrivains connus pour leur intérêt presque exclusif pour le thème viticole entre le dernier quart du XIXe siècle et le premier tiers du XXe. Si ce mouvement littéraire reste bien connu, l’évolution de ses centres d’intérêt l’est beaucoup moins et révèle l’intrication des idéologies et des relations entre groupes sociaux. La gestion des patrimoines par les vignerons coopérateurs contemporains se fait l’écho de mouvements comparables.

Le genre pastoral et la viticulture

Rémy Ponton qui a travaillé sur l’évolution des représentations véhiculées par le roman rural montre que, suite à l’échec de la Révolution de 1848, le renouveau du roman pastoral est suscité pour partie par le pouvoir politique. Ce modèle littéraire trouvera ses principes et son esthétique avec George Sand qui fondera ainsi une conception du roman rustique, « refuge contre les malheurs du temps ». Dans ce modèle fondateur se retrouvent toutes les valeurs qui par la suite marqueront les clichés de la ruralité dans ses formes les plus canoniques : sagesse ancestrale, douceur et confiance paysannes, équité primitive, sens esthétique inné du paysan, et chasteté des mœurs s’opposant à la corruption des villes.

Ce mode de pensée trouvera une certaine stabilité dans le roman rural jusqu’aux années 1890 et poussera ses formes les plus hardies jusqu’à opposer le monde rural au monde urbain, dans une dichotomie bien connue qui trouvera son apogée au moment de la Commune de Paris. Ce dernier événement exclura durablement la classe ouvrière de la littérature. Pierre Dandurand note que cette tradition du roman pastoral diffusée dans les corpus de textes de l’école publique dans la première moitié du 20e siècle, loin de se réduire avec la croissance du processus d’urbanisation connaîtra un succès inattendu qui s’étendra bien au delà des années 1960 !

Que nous révèle la littérature languedocienne de la vigne ? Dans les manuels scolaires distribuées aux petits héraultais, quand de nouveaux auteurs languedociens se substituent aux anciens par exemple entre-deux guerre, tel Ferdinand Fabre bédaricien bien connu, la continuité du genre pastoral se poursuit sous la forme d’un régionalisme qui se veut plus prés du terroir et des conditions de vie locales.

Ce dernier auteur est bien connu pour la faible inspiration qu’ont pu constituer pour lui la condition ouvrière des mineurs de Graissessac ou celle des ouvriers-verriers du Bousquet-d’Orb, et pour la « peinture admirable des paysages au diverses époques de l’année » ou « l’observation aiguë des mœurs paysannes ». Il sera du reste prolongé dans ce genre littéraire par Paul Vigné d’Octon, Georges Baume, Jean Camp puis Paul Hubert qui spécialiseront leur littérature paysanne à l’évocation du Languedoc et sa ruralité (entre autres) viticole avec la même volonté de l’inscrire dans un romantisme pastoral. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2001

Nombre de pages

10

Auteur(s)

Richard LAURAIRE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf