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Description

Les tanneurs à Aniane de 1700 à 1789

Cet article est le résumé d’un mémoire de D.E.A. (Diplôme d’études approfondies) soutenu en 1988, à l’université Paul Valéry (Montpellier III) sous la direction de Madame Arlette Jouanna.

La tannerie représente l’activité industrielle la plus importante de la ville d’Aniane; elle est pratiquée par environ 20 familles dans la première partie du XVIIIe siècle, puis 39 après 1760.

Les tanneurs se regroupent hors de l’enclos de la ville, au sud et à l’ouest de la cité, dans les faubourgs du Regagnas et de Cabreresse, où le ruisseau des Corbières et les fontaines de Picotière, de la Riolle et du Théron leur fournissent l’eau nécessaire au tannage des peaux ; ce qui provoque d’énormes conflits pour l’utilisation de l’eau. Ces hommes sont à la fois tanneurs et corroyeurs, ils apprêtent de façon tout à fait classique et connue de tous des cuirs forts pour faire des bottes ; des peaux de vaches, veaux, génisses pour la fabrication de harnais, carrosses, empeignes, bottes, selles, coffres. Les peaux de moutons sont mises en basanes ; celles de chèvres et de chevaux sont plus rarement utilisées. Selon son inventaire après décès, Jean Racanier, tanneur, possède le 7 janvier 1742 : « 257 peaux de veaux et 20 peaux de rosses ». Le 22 avril 1771 Pierre Estival, marchand tanneur, a : « une balle et 20 peaux de veaux ». Le 16 novembre 1774, Antoine Joullié, marchand tanneur, a : « 13 peaux de vaches, 9 359 peaux de petits veaux, 4 970 peaux de veaux gros ».

Les additifs nécessaires à l’apprêt des cuirs sont présents localement, le sel recouvrant les peaux pour éviter leur putréfaction, vient probablement des étangs de Vic et Bagnas, où une route du selles relie à Aniane. La chaux est fabriquée dans des fours souvent illicites, installés dans les bois de la communauté, ce qui provoque tout au long du XVIIIe siècle, des dépôts de plaintes. Le tan provient des bois de la ville et des environs : Saint-Guilhem, Puéchabon, Saint-Paul ; mais l’augmentation de son prix de vente pousse, semble-t-il, dans la deuxième moitié du siècle, les tanneurs à acheter des bois situés dans le terroir d’Aniane et dans ceux des environs ; d’autant plus que la consommation de bois faite par les tanneries d’Aniane est selon les textes, si considérable que le recours aux bois voisins reste nécessaire. D’après les mêmes inventaires après décès que ceux cités précédemment, « Jean Racanier possède 200 mottes d’écorce de chênes verts, 40 fagots d’écorce en cannelle, 4,5 quintaux d’écorce en farine et 75 livres d’écorce en farine. Antoine joullié a 275 quintaux d’écorce. Jacques Braujou possède 200 fagots d’écorce ». L’huile de poisson utilisée par les tanneurs pour imperméabiliser les peaux, vient probablement des ports d’Agde et de Cette ; 37 peaux de veaux prêtes à mettre en huile sont trouvées chez Jean Racanier.

Les tanneries situées dans les faubourgs de Regagnas et de Cabreresse sont de taille plus ou moins importante, variant selon l’ampleur du commerce et pouvant aller de 7 à 32 cannes. Un seul acte bien sommaire décrit l’aménagement d’une tannerie, celle d’Antoine Joullié située dans le faubourg du Regagnas : « dans le membre bas de la tannerie, il y a deux cuves en bois et deux cuves à chaux qui sont en pierre; au premier étage de la tannerie, qui aboutit de plain-pied dans la rue à cause de l’inégalité du terrain, se trouve le moulin à écorce. Les peaux sont mises à sécher dans cette pièce ou dans des greniers ». […]

Informations complémentaires

Année de publication

1992

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Sylvie CHATAL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf