Description
Les stations balnéaires du Languedoc-Roussillon
* Architecte, historien de l’architecture. DRAC-LR – STAP de l’Hérault
Initié par l’État français et piloté par la Mission Racine mise en place à cette occasion, l’aménagement touristique qui couvre l’ensemble de la région Languedoc-Roussillon, des Pyrénées à la Camargue, se met en place à partir de 1962. Le contexte politique, économique et culturel (création de la DATAR, développement du tourisme de masse et du tourisme populaire en particulier…) éclaire les choix urbanistiques et architecturaux. Six stations balnéaires, ou « unités touristiques », sont créées. L’analyse succincte de trois d’entre-elles, Port-Leucate et Port-Barcarès par Georges Candilis, la Grande Motte par Jean Balladur et Le Cap d’Agde par Jean Le Couteur, pose la question du devenir d’un héritage : celui des vastes ensembles d’habitation et d’activité dont les partis pris urbains et architecturaux audacieux ont été souvent remis en question et altérés. Elle illustre surtout les difficultés mais aussi les grandes ambitions d’un projet remarquable, caractéristique des « Trente Glorieuses ».
Coastal resorts of Languedoc-Roussillon
Initiated by the French state and led by the “Mission Racine” set up at the same time, the tourism development project covering the whole of the Languedoc-Roussillon, from the Pyrénées to the Camargue, began in 1962. The political, economic and cultural context (creation of the DATAR and development of mass tourism…) informs the urban and architectural choices. Six seaside resorts (or “tourist units”) were created. The succinct analysis of three of them, Georges Candilis’s Port-Leucate and Port-Barcarès, Jean Balladur’s La Grande Motte and Jean Le Couteur’s Le Cap d’Agde raises the question of the future of this heritage: that of large holiday housing and activity areas, whose urban and architectural daring has often been degraded and almost always put into question. It illustrates especially the difficulties and also the great ambitions of a particularly outstanding project, characteristic of the « Trente Glorieuses ».
Las estacions balneàrias de Lengadòc-Rosselhon
L’agençament de las estacions balneàrias de Lengadòc-Rossilhon que debuta en 1962 s’espand sus l’ensem de la còsta mediterranèa de la region sus quicòm coma 180 km, dempuèi Camarga e lo Deltà de Ròse de levant, e fins a la còsta Rocassuda a la frontièra espanhòla, e pertoca quatre departaments : Gard, Erau, Aude e Pirenèus orientals.
Adonc es un projècte d’una amplor geografica considerabla. E l’es tant mai per la tièra de questions que planteja. Per ensajar d’i far de responsas, una documentacion consequenta es ara disponible : un obratge e dos articles que atrason l’atencion d’un biais fòrça particular, los testimoniatges dels actors, de documents originals servats dins mai d’un fons, de nombroses articles e dorsièrs publicats dempuèi 1964 dins de revistas especializadas e d’estudis especifics per cada estacion balneària (v. infra).
Aquel fais documentari particularament ric fa la mòstra de la complexitat d’un subjècte que pòt pas èstre analisat aqui son que somàriament. Amb l’evolucion de l’agachada e de la critica, autoriza uòi segurament una compreneson melhora del projècte e de las realizacions.
L’ aménagement des stations balnéaires du Languedoc-Roussillon, qui débute en 1962, couvre l’ensemble de la côte méditerranéenne de la région sur 180 km environ, depuis la Camargue et le delta du Rhône à l’est, jusqu’à la Côte Rocheuse à la frontière espagnole, et concerne quatre départements : le Gard, l’Hérault, l’Aude et les Pyrénées-Orientales.
C’est donc une entreprise d’une ampleur géographique considérable. Elle ne l’est pas moins par les questionnements qu’elle soulève. Pour tenter d’y répondre, une documentation importante est aujourd’hui disponible : un ouvrage et deux articles qui retiennent plus particulièrement l’attention, les témoignages des acteurs, des documents originaux conservés dans plusieurs fonds, de nombreux articles et dossiers publiés à partir de 1964 dans les revues spécialisées, et des études spécifiques à chaque station balnéaire (cf. infra).
Cet ensemble documentaire particulièrement riche fait apparaître la complexité d’un sujet qui ne peut être que sommairement analysé ici. Avec l’évolution du regard et de la critique, il autorise aujourd’hui sans aucun doute une meilleure compréhension du projet et des réalisations.
Au début des années 1960, le Languedoc et le Roussillon accueillent un tourisme essentiellement régional dans quelques lieux de villégiature peu aménagés (Le Grau du Roi, Palavas-les-Flots, Le Grau d’Agde, Valras-Plage, Gruissan, Saint-Cyprien…), dans des campings sauvages et des regroupements de cabanes, en roseaux comme au Bourdigou dans les Pyrénées-Orientales, ou en bois comme à Gruissan par exemple. Les villes importantes, antiques et médiévales (Nîmes, Montpellier, Béziers, Narbonne, Perpignan) sont en retrait de la côte où s’ouvrent quelques ports de commerce (Sète, Port-Vendres, Port-la-Nouvelle) et de pêche (Le Grau du Roi, Palavas-les-Flots…).
La plaine languedocienne, les Cévennes, la Montagne Noire et les Corbières bordent un paysage d’une nature sauvage formé de lidos infestés de moustiques et balayés par des vents parfois violents. C’est là, précisément, qu’en une vingtaine d’année, sont créées ex-nihilo des stations balnéaires nouvelles.
Le projet, très ambitieux, est mis en chantier par le gouvernement français : l’État décide, réalise en partie et contrôle l’aménagement et la création des stations nouvelles. Il poursuit deux objectifs principaux : d’une part équilibrer la balance des comptes touristiques de la France, en canalisant le tourisme de masse en plein développement et en stoppant le flot des touristes français et d’Europe du Nord vers l’Espagne ; d’autre part diversifier l’économie régionale alors exclusivement orientée vers la viticulture, par une mise en valeur des ressources encore inexploitées de la côte.
Pour piloter l’opération, le gouvernement met en place le 18 juin 1963 un instrument administratif nouveau, la mission interministérielle « Racine », du nom de son président, Pierre Racine, conseiller d’État et ancien chef de cabinet du premier ministre Michel Debré. Sous son autorité, l’Agence pour l’Aménagement du Littoral du Languedoc-Roussillon (AALLR) réalise les études indispensables et met au point un Plan d’Urbanisme d’intérêt Régional présenté dès le mois de décembre 1963 au gouvernement, prenant d’ailleurs appui sur les prospections qu’Abel Thomas effectue dès 1959 en tant que commissaire régional à […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2016 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Thierry LOCHARD |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |