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Description

Les salins de Sète ou l’esprit d’entreprise au XVIIIe siècle

La construction de ces salins modernes à la veille de la Révolution française, fut une véritable épopée pour les constructeurs et un gouffre financier pour les bailleurs de fonds. La noblesse croyant posséder tout, y compris le savoir-faire des saliniers, pensait que de Paris il était possible de diriger la construction d’un salin. Bien des aléas vont venir perturber la quiétude des investisseurs et non des moindres puisque, la duchesse de Villeroy, une proche du ministre des finances Calonne et de la cour de Louis XVI en faisait partie.

Des sommes considérables seront nécessaires avant et pendant la révolution française, au moment où l’inflation des assignats est à son zénith, où beaucoup d’actionnaires seront par la force des choses obligés d’émigrer, où les Marseillanais feront leur propre révolution, du fait que leurs droits seront foulés aux pieds par la nouvelle compagnie de construction des salins de Villeroy.

C’est au milieu de tous ces tracas que les beaux salins de Sète vont naître, mais seront, malgré tous les efforts de chacun fermés en 1968.

Ils renferment cependant l’histoire des pionniers du sel. C’est en effet sur ces salins que les premiers ingénieurs ont mis au point une technique de production basée sur un concept plus scientifique qu’empirique.

Ces salins feront école, puisque les salins de Luno, Bagna, Villeneuve, Frontignan, seront construits peu de temps après selon les mêmes principes avec les conseils du même ingénieur : La Chabeaussière.

La décision de construire un salin à Sète et son financement

Les faveurs du pouvoir royal, et la nécessité de faire vivre le port

C’est le 15 juin 1779, que Louis XVI accorde à une compagnie d’actionnaires le privilège de construire un salin sur la côte littorale qui relie Sète à Agde. Cet établissement est destiné à doper le trafic du port de Sète et augmenter les mouvements de barques sur le canal du Midi nouvellement construit.

Les terrains mis à la disposition des producteurs représentent une capacité de production de sel marin de plus de cent mille tonnes, faisant de Sète le plus grand salin de la côte méditerranéenne. Les salins de Peccais situés près d’Aigues-Mortes ne produisent pas plus de quatre vingt mille tonnes par année de ceux de Peyriac-de-Mer (Aude), dix mille tonnes. C’est dire que l’enjeu pour la région est très important et que la ferme générale ne voit pas cette construction d’un bon œil. En effet le sel destiné à l’exportation n’est pas imposé, il risque cependant après un chargement à Sète de se retrouver après un déchargement sauvage sur une côte voisine, en invoquant le mauvais état de la mer, pour alimenter le faux saunage. Afin de garantir que le sel sera bien exporté, l’administration des fermes « disposera de plusieurs felouques devant escorter jusqu’au large les navires qui sortiront du port, chargés de sel ».

Le port de Sète vise des relations plus fortes avec le nord de l’Europe et l’Amérique qui à cette époque manquent de sel. On espère aussi que les vaisseaux prendront en même temps que le sel, du vin, des eaux de vie, de l’huile, des savons, des fruits et « d’autres articles dont les pays du Nord ne peuvent point se passer », comme il est dit dans un prospectus de l’époque signé de Louis XVI. Et de rajouter que « le privilège royal lui parut propre à ouvrir des nouvelles branches de commerce, à lui donner une plus grande activité et une plus grande étendue, en lui procurant un aliment et un véhicule, d’autant plus puissant et plus actif, qu’il a pour objet la fourniture d’un comestible de première nécessité ». […]

Informations complémentaires

Année de publication

1998

Nombre de pages

11

Auteur(s)

Gérard BOUDET

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf