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Les religieuses au Vignogoul entre 1150 et 1975

Les religieuses au Vignogoul entre 1150 et 1975

Les religieuses au Vignogoul
entre 1150 et 1975

Le Vignogoul est, au Moyen Âge, l’un des huit monastères féminins du diocèse de Maguelone. Avec Saint-Geniès-des-Mourgues et Saint-Félix-de-Montceau, il est un des plus connus de ce temps et l’on peut suivre, d’une manière satisfaisante, l’histoire de ses habitantes. Du XIIe siècle à nos jours, les religieuses l’ont occupé d’une manière discontinue, par suite d’événements, dramatiques souvent. Elles ont appartenu à cinq types différents d’ordres ou de congrégations religieuses, cloîtrées ou pas. Les premières, qui y ont vécu, avant ou autour de 1150, sont mal connues. Devenues cisterciennes au XIIe siècle (1178 ?), elles disparaîtront en 1790. De 1898 à 1975, se succéderont les Dominicaines de Prouille, les Carmélites et les Filles de Lenne, devenues ensuite Petites Sœurs de Saint-François-d’Assise.

C’est cette histoire que nous nous proposons de présenter dans ces quelques pages, afin que le Vignogoul ne soit pas seulement considéré comme une belle œuvre, vestige du passé, mais aussi, comme ce qu’il fut avant tout, un lieu de vie, de prière et de travail de communautés religieuses. Que serait une abbaye sans moniales ? Cette étude restait à faire.

Les religieuses au Vignogoul entre 1150 et 1790

D’abord celles que nous pourrions appeler les religieuses primitives, celles des origines, disons du milieu du XIIe siècle. Rappelons que la première mention du Vignogoul date de 1150 : il s’agit d’un acte notarié stipulant un don de quatre carterées de vignes fait par le seigneur de Pignan, Guillem aîné, à Sainte-Madeleine de Bon Lieu. Mais qui étaient les occupantes de ce lieu ? Elles appartenaient probablement à une communauté dite épiscopale, c’est-à-dire placée sous l’autorité de l’évêque de Maguelone, tout en menant une vie vraisemblablement régie par une règle de style bénédictin.

Tout a-t-il commencé au Vignogoul, comme le pense Marthe Moreau, par une communauté « mixte » ? « De l’étude (des textes), écrit cet auteur, il ressort avec certitude que de petits groupes d’hommes et de femmes se sont formés spontanément autour d’une chapelle, sans statut défini, le prêtre desservant étant en même temps le procureur représentant leur personnalité civile et juridique ». Et de remarquer que la donation de 1150, « est adressée à l’église Sainte-Marie Madeleine de Bonlieu, aux habitants et habitantes du dit lieu et à Bernard Reclus leur procureur ». Selon cet auteur, « la communauté d’hommes a dû être supprimée par Alexandre III (1178) ceux-ci restant comme convers ou frères ». Et Marthe Moreau de conclure : « Une communauté mixte évolue, jusqu’à devenir un monastère de femmes officiellement constitué ».

Nous ne prendrons pas parti sur ce sujet, nous contentant, faute de données plus précises, d’en faire état. Mais notons que Jean Segondy n’écarte pas cette hypothèse : « La règle bénédictine (…) admet une double communauté de Frères et de Sœurs », écrit-il dans Mes Souvenirs.

Certain, par contre, est le fait du passage de cette communauté de l’orbite bénédictine à celle de Cîteaux. L’affaire n’en est pas pour autant très précise. La date et la nature exactes de leur rattachement peuvent aussi prêter à discussion. En 1178, Alexandre III parle, à propos des religieuses du Vignogoul, de « l’ordre monastique, qui, selon la crainte de Dieu, le bienheureux Benoît et les institutions cisterciennes a été institué ». Mais dès 1163, les appellations ont changé : « ce ne sont plus des habitantes mais des moniales, des sœurs, des dames ». Jean Segondy propose les années 1162-1165 pour un timide essai de la règle cistercienne. On s’aperçoit que, dans le même temps, les religieuses sont toujours soumises à l’évêque qui est alors Jean de Montlaur (1161-1190). Le Pape Honorius III (1216-1227) leur rappellera qu’elles doivent obéissance à l’évêque. En 1247 encore, Innocent IV chargeant l’abbé de Valmagne de la visite et de la correction du monastère, mentionne dans son texte une clause de réserve du droit épiscopal. Les religieuses forment toutefois une communauté que l’on qualifiera désormais de cistercienne.

Sont-elles nombreuses ? Cela dépend des époques, de l’état du monastère et des événements. Leur nombre peut se réduire à quelques unités ou, en temps de prospérité, atteindre voire dépasser la quarantaine. En 1247, le pape Innocent IV leur imposer un chiffre limite : quarante, cette décision étant prise en fonction des revenus de l’abbaye. Leurs effectifs baissent d’une quarantaine en 1247 à 24 en 1275 et à 21 en 1300. On connaît huit noms de cisterciennes pour 1414, six pour 1673, huit à nouveau en 1682. En 1633, Mgr de Fenouillet leur interdit de recevoir des novices. Il y en avait deux en 1647 et le visiteur d’alors, dom Claude Vaussin, les autorisa à en avoir quatre. Au XVIIIe, elles ne sont plus qu’une poignée : 4 en 1748, 6 en 1789, cinq professes et une tourière, mais relativement jeunes : moyenne 42 ans. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2003

Nombre de pages

13

Auteur(s)

Louis SECONDY

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf