Les Paysages et le peintre

* Artiste peintre

Introduction

La condition essentielle pour qu’un peintre développe son goût pour la peinture de paysages, c’est tout d’abord son attachement viscéral à la nature, puis son éducation, sa sensibilité, ses influences extérieures.

Si les paysages de la nature l’interpellent et suscitent en lui, le désir de fixer ses émotions, c’est la vision première qui découle de son regard attentif, lui procure un sentiment d’émerveillement, de bien-être et d’harmonie.

Il éprouve alors à ce moment précis, le besoin de fixer le spectacle qu’il vient de découvrir au hasard de ses randonnées et de ses voyages, à travers une région ou un pays.

Deux possibilités s’offrent à lui pour retenir l’image du moment ; soit l’exécution rapide d’un croquis au crayon, une pochade à l’aquarelle ou un pastel, soit une esquisse préparatoire au fusain directement sur la toile, en mentionnant pour mémoire les indications de couleurs et de lumière, en soulignant les lignes essentielles qui architecturent le sujet, afin de lui permettre de terminer le travail de peinture en atelier. Ce procédé lui permet de faire intervenir son imaginaire apportant ainsi son univers poétique intérieur, ses harmonies des éléments du sujet.

Chaque oeuvre picturale est une interprétation

Ce travail en atelier apporte incontestablement des conditions de confort d’exécution. Encore faut-il se rendre entièrement disponible pour revisiter le sujet en mémoire, afin d’inscrire et d’interpréter la fugitive beauté du lieu.

C’est ainsi que le peintre va exprimer par sa sensibilité toute la poésie de l’atmosphère du sujet.

Jean-Baptiste-Camille Corot écrivait dans ses réflexions, sous forme de pensées et écrits ⎼ édités chez Pierre Cailler en 1946 :

« Après mes excusions, j’invite la nature à venir passer quelques jours chez moi ; c’est alors que commence ma folie : le pinceau à la main, je cherche des noisettes dans le bois de mon atelier ; j’y entends chanter les oiseaux, les arbres frissonner sous le vent, j’y vois couler ruisseaux et rivières chargés de mille reflets du ciel et de la terre ; le soleil se couche et se lève chez moi… »

L’idéal est de disposer d’un atelier au cœur de la nature et ouvert au frissonnement du vent dans les feuillages des arbres.

Lors de l’exécution de cette composition picturale, il est important d’établir un sens de la rythmique du tableau, par l’agencement des divers plans définis du sujet, mettre en place les divers éléments qui dirigent le regard dans l’espace au moyen d’une touche qui se veut poétique, mais qui peut se poser de manières différentes en liaison avec le tempérament du peintre. Elle peut être, grasse, délicate, sensible, souple, élégante… chargée de coloris épousant une gamme chromatique contrastée afin de donner une force à l’ensemble de la composition.

La naissance d’une vocation ou d’un tempérament de peintre ne s’établit pas par hasard, il faut avoir fréquenté assidûment de nombreux ateliers de « vieux maîtres » qui pratiquent cet art depuis longtemps et travailler souvent avec eux en sortant sur « le motif », le plus possible, avec enthousiasme et désir d’évoluer à la manière d’un artisan. Ensuite, viendra le temps de la confrontation avec l’ensemble du travail des confrères, à travers les expositions diverses dans le cadre des différents salons dans lesquels les personnalités se détachent aisément et contribuent à favoriser l’évolution du travail.

Des paysages vivants

Le port de Mèze vu de l’étang de Thau

L’attraction qu’exerce l’eau sur les hommes est universelle. La terre et l’eau sont intimement liés et se pénètrent inlassablement depuis l’aube des temps.

La couleur de l’eau dans un tableau n’est autre que celle reflétée par le ciel.

C’est le cas pour cette peinture du port de Mèze qui s’inscrit à l’horizon sur la toile en laissant apparaître au premier plan l’eau de l’étang qui procure à l’œil, la tonalité de la lumière méditerranéenne.

Le port de Mèze et l’étang de Thau (Peinture sur toile ⎼ 46x33 – 2020)
Fig. 1 Le port de Mèze et l’étang de Thau (Peinture sur toile ⎼ 46x33 – 2020)

Montferrier-sur-Lez

On le constate souvent, le paysage est un élément vivant qui change, qui se transforme au gré des saisons et des caprices du temps. C’est le cas dans les deux interprétations du village de Montferrier, qui soulignent au premier plan, la vigne représentée en automne et en hiver. En outre, cette forme de paysage éveille un intérêt particulier, encore faut-il choisir un angle de vue qui obéit aux règles de composition artistique. Ce point de vue permet d’équilibrer les masses qui composent le tableau. C’est ainsi que le cyprès, se trouvant derrière la vigne du premier plan, équilibre parfaitement l’église du village dominant le paysage, offrant ainsi deux verticales au tableau.

Montferrier-sur-Lez – Vignes en automne (peinture sur toile – 67x46 – 2019)
Fig. 2 Montferrier-sur-Lez – Vignes en automne (peinture sur toile – 67x46 – 2019)
Montferrier-sur-Lez – Vignes en hiver – (Peinture sur toile ⎼ 65x50 – 2006)
Fig. 3 Montferrier-sur-Lez – Vignes en hiver – (Peinture sur toile ⎼ 65x50 – 2006)

Le village de Valquières en automne

C’est un réel plaisir pour l’œil de découvrir Valquières, petit village rural situé en basse montagne de l’arrière-pays languedocien, entouré de collines calcaires mais aussi de ruffes et de basalte. La particularité de cette interprétation offre au spectateur une audace chronique spectaculaire, due à l’intensité flamboyante des couleurs d’automne sur les châtaigniers du premier plan qui entourent ce village et lui offre davantage de rusticité.

Le village de Valquières en automne (peinture sur toile – 100 x 81 – 2020)
Fig. 4 Le village de Valquières en automne (peinture sur toile – 100 x 81 – 2020)

Bouzigues

On a dit souvent que pour un peintre le paysage était un état d’âme. Comment ne pas être sensible au spectacle de la nature dans sa diversité ? N’est-ce pas vivre en accord avec elle, d’être toujours à l’affût des choses fugitives pour en retenir de durables images. Dans ce tableau célébrant le petit port de Bouzigues situé en bordure de l’étang, on voit apparaître ces petites maisons des gens de mer, blotties les unes contre les autres autour de l’église protectrice dominant le paysage. Les nuées qui occupent une grande partie du ciel contribuent au dynamisme du village qui paraît endormi.

Fig. 5Le village de Bouzigues (peinture sur toile – 81 x 65 – 2009)

Saint-Pons-de-Mauchiens

De nombreux peintres de la région ont peint ce magnifique village médiéval, juché sur un piton rocheux, dont l’église romane culmine à 121 mètres de hauteur. Les ruelles intérieures sont en « circulade ». Le village domine tout un terroir de garrigues et de vignes de la vallée de l’Hérault.

On sait que les villages perchés partagent une certaine communauté de destins, avec une longue occupation humaine. « L’histoire des hommes en méditerranée a commencé par les collines et les montagnes, ⎼ rappelle l’historien Fernand Braudel ⎼, à l’abri de la malaria meurtrière, et des périls trop fréquents de la guerre. »

Le village de Saint-Pons-de-Mauchiens (peinture sur toile ⎼ 61x46 ⎼ 2019)
Fig. 6 Le village de Saint-Pons-de-Mauchiens (peinture sur toile ⎼ 61x46 ⎼ 2019)

Le village d’Octon

Le peintre a quelquefois l’impression de faire corps avec le paysage qui l’entoure, en s’y intégrant parfaitement.

C’est le cas du village d’Octon qui s’exprime ici, avec des accents aussi prenants qu’émouvants, mais sincèrement humains.

Un village paisible posé sur la « ruffe », ceinturé de douces élévations collinaires, aux dimensions humaines respectées, qui s’accorde si bien à la ferveur de sa vision attachée à la réalité, à l’écoute des pulsations de l’univers et offrent au spectateur les passionnantes métamorphoses de la nature. La palette du peintre est le reflet nuancé des variations saisonnières.

Le village d’Octon (peinture sur toile ⎼ 51 x 46 – 2012)
Fig. 7 Le village d’Octon (peinture sur toile ⎼ 51 x 46 – 2012)

Celles

La lumière de cette fin d’après-midi, offre à l’œil aux aguets, le désir de pénétrer l’âme de ce village en partie abandonné, mais qui respire cependant la main et la vie des hommes du passé.Une forte dimension onirique anime ce lieu unique, à certaines heures de la journée.

Le village de Celles et le lac du Salagou (Pochade à l’aquarelle ⎼ 15x10 ⎼ 2013)
Fig. 8 Le village de Celles et le lac du Salagou (Pochade à l’aquarelle ⎼ 15x10 ⎼ 2013)
Le village de Celles et le lac du Salagou (Peinture sur toile ⎼ 92x73 ⎼ 2015)
Fig. 9 Le village de Celles et le lac du Salagou (Peinture sur toile ⎼ 92x73 ⎼ 2015)

La vigne en hiver

Ce végétal endormi au cœur de l’hiver symbolise parfaitement la terre languedocienne. Dans ce paysage tranquille et ordonné, il offre au spectateur des silhouettes alignées aux bras tendus vers le ciel, comme pour implorer la venue du printemps.

La vigne en hiver (Peinture sur toile ⎼ 41x35 ⎼ 2019)
Fig. 10 La vigne en hiver (Peinture sur toile ⎼ 41x35 ⎼ 2019)