Les origines de Montpellier et Lambert Daneau
pasteur et professeur en théologie

Lambert Daneau
Lambert Daneau

« Notre Lambert Daneau a été enlevé aux Eglises de France
à un moment où son autorité et son action
étaient les plus nécessaires, en particulier
pour confirmer les Églises occitanes
 »,
Théodore de Bèze (décembre 1595).

Nos recherches sur les origines de Montpellier nous ont conduits à un examen de toutes les sources publiées et, en particulier, des ouvrages classiques des XVIIe et XVIIIe siècles dus à l’érudition montpelliéraine des Serres, Gariel, d’Aigrefeuille… Depuis longtemps notre attention avait été attirée, dans le Catalogue du Fonds de Languedoc de la Bibliothèque de la ville de Montpellier (dite du Musée Fabre) publié, par Léon Gaudin, en 1902, par le n° 2691 : « De origine civitatis Monspeliensis, Lambertus Danaeus ad Cives Monspelienses, copie ms in 4° de 8 p., prise sur celle de la Bibliothèque de Carpentras. Préface de son Compendium Theologiae, imprimé à Montpellier par Jean Gillet en 1595 ». (Fig. 1)

L’examen de cette copie ne laissait pas d’être décevante car le texte était manifestement incomplet, que la date de la copie elle-même (19e siècle) pouvait nous inviter à nous interroger sur sa fiabilité et que l’examen de la copie antérieure et de l’ouvrage nous semblait indispensable. S’il fut assez facile d’obtenir une copie du texte de Carpentras 1, établie aux XVIIe-XVIIIe siècles il n’en fut pas de même pour accéder au livre publié en 1595.

Reproduction de la copie de la Bibliothèque de la Ville de Montpellier, Fonds de Languedoc 2691 et de la page de titre du Compendium
Fig. 1 - Reproduction de la copie de la Bibliothèque de la Ville de Montpellier,
Fonds de Languedoc 2691 et de la page de titre du Compendium

En effet, à ce jour, il n’existe que trois exemplaires repérés qui sont conservés à la Bibliothèque Municipale de Montauban, à celle de Pau et au Musée Historique de la Réformation de Genève.

Grâce à l’obligeance de MM. les Conservateurs de Montauban et Pau nous avons pu disposer de reproductions du début de cet ouvrage, c’est-à-dire de la page de titre et de la dédicace du juin 1595 à l’Eglise de Montpellier (13 pages non numérotées auxquelles nous avons donné les cotes [p. I] à [p. XIII], un avis au lecteur et une présentation (2 p. non numérotées), et de la p. 157 finale qui indique la date de la fin de l’ouvrage : 11 novembre 1594.

S’adressant à Jacob Grynaeus, professeur de théologie, dans une lettre écrite à Castres le 27 août 1595, Lambert Daneau écrit (Felice 1882, p. 371, lettre LIX) : « Compendum S. Theologiae scripsi breve illud quidem et succinctum : sed nisi me fallit augur animus luculentum et junioribus hujus facultatis studiosis adolescentibus utile et necessariumé » 2.

Nous ne nous étendrons pas ici sur le contenu de l’ouvrage théologique 3 et nous fixerons notre attention sur la dédicace.

Auparavant, nous voudrions relever le nom de Joan Giletus – Jean Gillet – auquel on attribue l’introduction de l’imprimerie à Montpellier 4.

D’origine lyonnaise Jean Gillet avait, en 1594, imprimé à Lyon un ouvrage de Guillaume Ranchin et, cédant aux instances des Consuls de Montpellier et probablement de Ranchin lui même, premier consul en 1595, tous protestants, Jean Gillet, protestant lui-même, vient s’installer à Montpellier (le déménagement lui fut payé en 1594 et le 3 décembre 1594 son fils Pierre est baptisé à Montpellier) où les frais de son logement furent pris en charge par la Ville.

Pour cette même année 1595, nous connaissons six ouvrages sortis des presses de Jean Gillet.

  1. Déclaration de la volonté du Roy sur l’ouverture de la guerre contre le Roy d’Espagne, faicte à Paris le XVII Janvier 1595, Montpellier, 1595, (in 8°, 16p.).
  2. Discours de la defaicte de la garnison de Soissons, que conduisait le Baron de Conan, et le sieur de Belfont, le Mercredy 15 de Fevrier 1595, en la plaine de Ville-Coterests, Montpellier, 1595, (in 8°, 8ff.).
  3. Arrest de la Cour de Parlement de Tolouze transférée à Béziers, contre les Jésuites : prononcé judiciellement aux Arrestz Generaux en robbe rouge, le vingt uniesme de Mars mil cinq cens quatre vingts et quinze, Montpellier, 1595, (in 12°, 46p.)
  4. Pierre Sanche : La description, les vertus et l’usage de la confection d’Alkermes, Montpellier, 1595, (in 12°, 8p.).
  5. Lambert Daneau : Compendium / Sacrae / Theologiae / Sev / Erotemata / Theologica, in quibus totius verae / Theologiae christianae summa / breuiter comprehensa est. / Per Lambertum Danaeum / Ad / Ecclesiam Euangelicam Monspeliensem / [Fleuron] / Monspelii / Excud. loan. Giletus / 1595 / (A la fin :) Anno Domini 1594 die XI / Mensis Novembris / (in 4°, (12), 157ff).
  6. Alexandre de Pontaymeri, seigneur de Facheran Discours d’estat sur la blessure du roy, Montpellier, 1595, (in 8°, 16p.).

On aura remarqué que sur ces six ouvrages cinq ont moins de cinquante pages et qu’ils sont des petits formats. Le premier in 4° est celui de Daneau et il a un total de près de 180 p.

Mais qui était Lambert Daneau ?

Lambert Daneau, né vers 1530 à Beaugency-sur-Loire 5 fréquenta les écoles d’Orléans et poursuivit ses études à Paris puis auprès des Facultés de Droit d’Orléans et de Bourges où il obtint sa licence et son doctorat. Après deux échecs à une candidature à l’Université, il devint avocat à Orléans en 1560. (Fig. 2)

Il effectua son premier séjour à Genève en 1559 et, à partir de 1560, il suit des cours de Calvin et décide, alors, de se consacrer à la théologie. En mars 1562, Lambert Daneau commence à exercer un ministère à Gien où il subira, pendant dix ans, les épisodes des guerres de religion jusqu’à la Saint Barthélémy de 1572, tout en publiant plusieurs ouvrages et études tant en France qu’à Genève.

Portrait de Lambert Daneau (BNF Estampes, Ec 42 in f°) par Hendrik Honduis l'Ancien (1573-1649)
Fig. 2 - Portrait de Lambert Daneau
(BNF Estampes, Ec 42 in f°)
par Hendrik Honduis l'Ancien (1573-1649),
graveur et dessinateur hollandais
(Bénézit, 7, 1999, p. 153).

Il se réfugia alors à Genève, devint ministre de Vandoeuvres, enseignant à l’Académie puis pasteur à Saint Pierre avant de se consacrer totalement à l’enseignement et à la recherche: entre 1573 et 1581, il publie vingt sept ouvrages.

A la fin de 1580, il répond à l’appel de Leyde puis de Gand et, en 1583, il part pour Orthez où il est, à la fois, pasteur, enseignant à l’Université (qui compte alors quatre professeurs et près de six cents élèves) et auteur de plusieurs livres. En 1591, il suit l’Université qui est transférée à Lescar et, l’année suivante, part à Castres où il exerce un ministère, fonde une école théologique et peut rédiger son compendium sacrae theologiae, synthèse de toute sa pensée, terminé le 11 novembre 1594. C’est là qu’il décède, le 11 novembre 1595, laissant une œuvre de cent trente six titres tendant « à fonder une orthodoxie nouvelle sur des bases rationnelles » 6.

La tentative de Lambert Daneau de trouver une origine à Montpellier et de l’identifier à Agde, colonie grecque, voulait donner ainsi à la ville, devenue célèbre au Moyen Age, une sorte de continuité de gloire. Mais, comme nous l’avons montré dès 1999 (Richard 1999) et en 1995 (Aigrefeuille 1735/1995), cette tentative ne peut être acceptée car Agde a toujours été établie là où elle est encore aujourd’hui. Montpellier qui « soudainement » ( ?) au XIème siècle dispose d’une seigneurie, d’un château, d’une fortification, d’une occupation humaine sur ses deux collines et d’une véritable réputation méditerranéenne, est-elle ce manse que la tradition littéraire de 985 nous révèle d’où sortira une ville ex nihilo ? Aucune découverte d’occupation antique de Montpellier intra muros n’a été observée à ce jour (le territoire de la commune a, par contre, révélé de très nombreux vestiges d’occupation depuis la Préhistoire jusqu’au Moyen Âge) et le problème reste donc entier. L’apport de Lambert Daneau, inconnu jusqu’à maintenant, valait donc la peine d’être présenté tant la Renaissance voulait retrouver à travers le silence des siècles dits obscurs les lumières de l’Antiquité romaine et grecque…

Notes

 1.  Remerciements à Mme Chr. Imbert, alors Conservatrice de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras. La copie de la Bibliothèque Inguimbertine (Ms 1811) de Carpentras occupe les pages 170-172, r°/v° et correspond à l’extrême fin de la p. IV de l’ouvrage de L. Daneau et va jusqu’au milieu de la p. XI (De meo autem Multae causae sunt et quidem).

 2.  Analysé par Felice 1882, n° LXIII, p. 232-246 qui indique qu’au synode de Montpellier de 1596, Jean Gigord annonce qu’à la sollicitude de l’Eglise et du colloque de Montpellier, il a commencé à lire en théologie en exposant le Compendium de Daneau ; sur Gigord : Bost 1998.

 3.  Il demande à son correspondant d’adresser sa réponse : « à Montpellier chez M. Gigord, ministre du S. Evangile pour faire tenir à Castres à M. Daneau ».

 4.  Bonnet 1895. Il est possible que des imprimeurs itinérants aient produit avant 1595 mais nous n’en avons pas de trace réelle. Même la plaquette de Jean Dupré (1501) (Desvernay 1904) n’est pas réellement suffisante. cf. Desgraves 1976 p. 25 ; Le XVIe siècle ou le triomphe du Livre, Montpellier, Bibliothèque Municipale, 1987, catalogue de l’exposition au Musée Fabre : G. Vidal, Sur le premier ouvrage, demeuré inconnu, traitant des débuts de l’imprimerie à Montpellier, Variétés anecdotiques et historiques, conférences, études et découvertes, Montpellier,l 987, p.73-87.

 5.  Felice 1882 et 1886, Fatio 1976.

 6.  Desplat 1984 et 1988.

Bibiographie

— AIGREFEUILLE 1735 : Ch. d’Aigrefeuille, Histoire de la ville de Montpellier depuis son origine jusqu’à notre temps, Montpellier, 1735-1739, réimpression Nîmes, 1995, avec présentation de J.-Cl. Richard, p1-12.

— AMAT 1965 R. d’Amat, Daneau (Lambert), Dictionnaire de biographie française, 10, 1965, col. 88-89.

— AUJAC 1993 : G. Aujac, Claude Ptolémée, astronome, astrologue, géographe, connaissance et représentation du monde habité, Paris, 1993.

— BELLET 1888 : P. Bellet, Essai sur l’Ecole de Théologie Protestante de Montpellier (1598-1617), Montauban, 1888.

— BONNET 1895 : E. Bonnet, Les débuts de l’imprimerie à Montpellier, Montpellier, 1895, résumé d’un ouvrage qui n’a jamais paru et qui est connu par trois exemplaires en « bonnes feuilles » VIDAL 1987.

— BOST 1998 : H. Bost, Jean Gigord (1564-1616) et l’Académie de Théologie protestante de Montpellier, Bulletin Historique de la Ville de Montpellier, 23, (1999 = Actes du Colloque l’Édit de Nantes, sa genèse, son application en Languedoc, Montpellier 1998), p. 82-106. L’Académie a existé à Montpellier de ± 1596 à 1617, date à laquelle elle est réunie à celle de Nîmes (1561-1664).

— CADIER 1922 : A. Cadier, Le Commentaire sur l’évangile de saint Mathieu de Lambert Daneau, Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau, 2ème série, 45, 1922, p. 217-218.

— CAMPROUX 1974 : Ch. Camproux, Histoire d’un toponyme : Montpellier, Mélanges Charles Rostaing, Liège, 1974, p. 115-129.

— CHAMBON 2000 : J.-P. Chambon, L’origine de Montpellier à propos d’une contribution récente, Etudes Héraultaises, 30-31-32, 1999-2000-2001, p. 319-325.

— DESGRAVES 1976 : L. Desgraves, Répertoire bibliographique des livres imprimés en France au seizième siècle, 24, Baden-Baden, 1976 : n° 94, Montpellier, p. 25-29 et supplément p. 66 qui ajoute aux deux exemplaires connus du Compendium de L. Daneau (BM Montauban et Pau) celui du Musée Historique de la Réformation de Genève.

— DESPLAT 1983 : Chr. Desplat, Discours historique de l’antiquité de la ville d’Hortes, des ses noms et de ses prérogatives par le père François de Lavie de la Compagnie de Jésus, Documents pour servir à l’histoire du département des Pyrénées Atlantiques, n° 4, 1983, P. 87-116.

— DESPLAT 1984 : Chr. Desplat, Lambert Daneau, l’Académie d’Orthez et les superstitions, Henri de Navarre et le royaume de France, Pau, 1984 (= n° spécial du Bulletin de la Société des Sciences, Lettres et Arts de Pau), p. 195-219.

— DESPLAT 1988 : Chr. Desplat, Sorcières et diables en Béarn, fin XIVe – début XIXe siècles, Pau, 1988.

— DESVERNAY 1904 : F. Desvernay, Les origines de l’imprimerie à Montpellier, description d’une plaquette inconnue, imprimée dans cette ville en 1501, dernière pérégrination de l’imprimeur lyonnais Jean Dit Pré, Lyon, 1904.

— FABRE 1992 Gh. Fabre, La seigneurie : impact topographique, enceintes urbaines et châteaux-forts de Montpellier (1140-1206), Actes du 117ème Congrès National des Sociétés Savantes, Clermont-Ferrand 1992, Histoire médiévale, Paris 199?, p. 399-435.

— FABRE 1995 : Oh. Fabre, L’image et l’idée de Montpellier à la Renaissance d’après une estampe inédite, Bulletin Historique de la Ville de Montpellier, 19, 1995, p. 4-37.

— FATIO 1976 : O. Fatio, Méthode et théologie, Lambert Daneau et les débuts de la scolastique réformée, Genève, 1976. Bibliographie des œuvres (p. 1*-105*) et bibliographie de l’ouvrage (p. 131*-148*).

— FELICE 1882 P. de Félice, Lambert Daneau (de Beaugency-sur-Loire), pasteur et professeur en théologie (1530-1595), sa vie, ses ouvrages, ses lettres inédites, Paris, 1882 (réimpression, Genève 1971).

— FELICE 1886 : P. de Felice, Daneau (Lambert), La France Protestante, Paris, 1886, col. 62-91.

— GAILLARD 1914 : B. Gaillard, Origines de la commune de Montpellier, Bulletin de l’Académie des Sciences et Lettres de Montpellier, juin-juillet 1914, n° 6-7, p. 92-109.

— HAMLIN 1999 : F.R. Hamlin et J. Gulsoy, Montpellier en Languedoc et Montpellier en Catalogne, Nouvelle Revue d’Onomastique, 33-34, 1999, p. 143-157.

— ISSARTEL 1993 : Th. Issartel, La quête de Beneharnum, les historiens et l’emplacement de la cité des Venarni (XVIe et XXe siècles), Revue de Pau et du Béarn, 20, 1993, p. 41-87.

— ISSARTEL 1994 : Th. Issartel, Un historien béarnais méconnu : le Père François de la Vie (1582-1650), Revue de Pau et du Béarn, 21, 1994, p. 87-100.

— LE ROY LADURIE 1995 : F. Le Roy Ladurie, Le siècle des Platter, 1499-1628, I, Le mendiant et le profésseur, Paris, 1995.

— LE ROY LADURIE 2000 : F. Le Roy Ladurie et F.-D. Liechtenhan, Le voyage de Thomas Platter, 1595-1599, Le siècle des Platter II, Paris, 2000.

— LOCHARD 1994 : Th. Lochard et J. Nougaret, Note sur une représentation de Montpellier en 1593, Bulletin Historique de la Ville de Montpellier, 18, 1994, p. 23-26.

— PASTOUREAU 1984 : M. Pastoureau, Bibliothèque Nationale, département des cartes et plans, Les atlas français XVIe – XVIIe siècles, répertoire bibliographique et étude, Paris, 1984.

— RICHARD 1969 : J-CM. Richard, Le problème des origines de Montpellier, Revue archéologique de Narbonnaise, 2, 1969, p. 49-63.

— SARRABERE 2001 : A. Sarrabere, Dictionnaire des pasteurs basques et béarnais, XVIe – XVIIe siècle, Pau, 2001, p.95-97

— SOUTOU 1955 : A. Soutou, Les origines mégalithiques de Montpellier, Actes du 29ème Congrès de la Fédération Historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon, Mende, 1955, Montpellier, 1956. p. 25-27.

— STROBELBERGER 1625 : E. Strobelberger, Historia Monspeliensis, in qua, tum urbis Monspeliacae, tum scholae ejusdem celeberrimae brevis desciption, ac vitae Illustrium ejusdem Professorum, quin et accipiendae ibidem Doctoriae ritus etprivilegia recensentur et nunc primum publicantur ; Nuremberg s.d. (l’avertissement au lecteur est du 24 janvier 1625.), 68ff.
Traduction par M. Thenard, Montpellier et ses docteurs jusqu’au XVIIe siècle, Les chroniques du Languedoc, 2, 1875-1876, p- 49-52, 135-136, 143-144, 158-160, 174-178, 196-198 et 3, 1876-1877, p. 54-56, 119-121 et 196-198 et étude de l’auteur par A. Germain, Etienne Strobelberger, géographe, voyageur, historien et botaniste, Bulletin de la Société Languedocienne de Géographie, 1ère série, 3, 1880, p. 205-240.

— VIDAL 1985 : H. Vidal, Aux origines de Montpellier : la donation de 985, Bulletin Historique de la ville de Montpellier, 5, 1985, p. 11-37.

— VIDAL 1987 : G. Vidal, Sur le premier ouvrage, demeuré inconnu, traitant des débuts de l’imprimerie à Montpellier, Variétés anecdotiques et historiques, conférences, études et découvertes, Montpellier, 1987, p. 73-87.

Annexe 1

Vues de Montpellier (fin XVIème - XVIIème siècles)

(voir : Gh. Fabre, L’image et l’idée de Montpellier à la Renaissance d’après une estampe inédite,
Bulletin Historique de la Ville de Montpellier, 19, 1995, p. 4-37
avec, p. 35-37, la notice de l’ouvrage de A. Du Pinet).

Pourtraict de la ville de Montpellier, F. de Belleforest 1574
Fig. 3 - Pourtraict de la ville de Montpellier, F. de Belleforest 1574. Cliché : 7734102P,
Photo : B. Emmanuelli. © Région Languedoc Roussillon - Inventaire Général, 1977
Die Statt Montpellier mit ihrer gelegenheit, S. Münster, 1598. Cliché : 74341347X, Photo : M. Descossy
Fig. 4 - Die Statt Montpellier mit ihrer gelegenheit, S. Münster, 1598. Cliché : 74341347X,
Photo : M. Descossy. © Région Languedoc Roussillon - Inventaire Général, 1974
Montpellier Cité Université la première en la Faculté de Médecine, P. Gariel, Idée de la Ville de Montpellier, 1665
Fig. 5 - Montpellier Cité Université la première en la Faculté de Médecine, P. Gariel, Idée de la Ville de Montpellier, 1665, p. IX.
Cliché : 94340402X, Photo : J.C. Jacques © Région Languedoc Roussillon - Inventaire Général, 1994.

Annexe 2

Texte traduit en Français

[page de titre]
Abrégé de la Sainte Théologie ou Problèmes théologiques
dans lesquels l’ensemble de la Théologie véritablement chrétienne a été brièvement rassemblé
par Lambert Daneau
s’adressant à l’Eglise Evangélique de Montpellier
A Montpellier, édité chez Jean Gilet en 1595 1

[p. I]
Pour l’Eglise évangélique et réformée de Notre Seigneur
Jésus Christ qui se trouve à Montpellier, Lambert Daneau
supplie Dieu Notre Père et Jésus Christ de lui accorder
leur grâce, leur miséricorde et la paix qu’ils font régner 2

Le Divin Paul 3, cet être si grand que Dieu a choisi pour être son interprète et pour enseigner aux peuples, exprime toujours les meilleures pensées, quand il s’adresse aux chrétiens et aux fidèles, et tout particulièrement quand il écrit ceci : "au reste, mes frères, que tout ce qui est vrai tout ce qui est honorable, tout ce qui est juste, tout ce qui est pur, tout ce qui est aimable, tout ce qui a bonne réputation, tout ce qui est vertueux et digne de louange, que toutes ces choses occupent vos pensées". Car si tout ce que nous faisons ne doit jamais avoir d’autre but que la gloire du Dieu véritable, cependant le niveau le plus élevé que puisse atteindre l’amour que nous portons à nos prochains et la sagesse qui inspire notre conduite se manifeste et resplendit si, lorsque nous cherchons à célébrer Dieu et que nous consacrons toute notre attention à cette tache, nous essayons également de réaliser l’édification de nos prochains, et si nous nous donnons pour but de former les autres et de les inciter de cette façon et par l’exemple que nous leur offrons à engager leur piété et leur vertu dans la voie que nous avons nous-mêmes choisie. En effet, comme en témoigne le très sage Roi Salomon 4, nous pouvons acquérir auprès des hommes pieux une réputation et une estime pleines de respect et de vérité quand nous les gagnons au moyen d’actes saints et brillants, et alors, comme si nous avions une fleur que les parfums qui l’imprègnent rendent très odorante et très agréable, et que nous la portions partout où nous allons, son odeur saisit tous les autres, les pénétré d’un immense plaisir et les excite à désirer être semblables à nous eux aussi, avec passion. Et certes ce sont vraiment des génies très brillants, comme l’écrit Cicéron 5, ceux que la gloire invite à la suivre, et ce sont des sages ceux qui emploient tous les moyens (pourvu qu’ils soient conformes à l’honnêteté) qu’ils jugent capables d’aider à amener les autres à la vertu. Et cet éloge, Messieurs qui êtes si distingués frères que j’aime tant, s’il y a jamais eu dans le monde où nous vivons une Eglise de Dieu, s’ il y a eu quelque peuple chrétien, s’il y a eu quelque cité ou quelque groupe humain auquel on ait le droit de l’attribuer, c’est à vous qu’il est dù, vous dont la piété que vous manifestez pour le vrai Dieu conformément à la vérité des dogmes est un exemple offert à toutes les autres églises et se propose partout à limitation, vous dont la fermeté invaincue que vous montrez quand vous proclamez le nom du Christ et que vous étendez les limites de son règne s’est montrée si grande et est célébrée si bien, que maintenant tous les hommes pieux font son éloge et qu’elle éveillera l’admiration dans les années qui vont venir, tout au long de notre postérité et que, comme le dit Cicéron 6, "elle fera durer sa vieillesse pendant des siècles innombrables". Et la piété qui vous anime, et qui est conforme à la vérité, qui repose sur l’attachement que vous manifestez, avec la foi la plus ferme, à l’égard de la parole de Dieu telle qu’elle est transmise par les Ecritures, et du choix que vous avez fait en retenant l’Evangile de Notre Seigneur Jésus Christ dans sa pureté, quel est l’être qui puisse en douter à notre époque ? Cette piété, non seulement les peuples qui vivent près de vous, mais également les nations étrangères et éloignées de vous, non seulement celles qui sont chrétiennes, mais également les Barbares et les infidèles la reconnaissent et la proclament de façon remarquable. Et la constance si grande que vous avez montrée dans la volonté de conserver cet Evangile du Christ et de continuer à recevoir les incroyables bienfaits que Dieu vous a attribués, c’est par vous-mêmes que dans les années passées vous en avez témoigné de la façon la plus éclatante, lorsque, à l’époque 7 dont nous venons d’enregistrer le souvenir, vous avez supporté un siège plein de dangers et en même temps la famine si terrible qui l’accompagnait et une pénurie de toute ressource au nom du Christ, l’année de notre Seigneur 1577, vous les avez supportés, soufferts, endurés, d’une âme invincible, avec le Christ encore pour vous guider, avec Châtillon, le fils aîné du grand Gaspard Collini Châtillon, Amiral de France, pour vous assurer la victoire, et les deux faces du malheur dont je viens de parler, vous les avez écartées de vous, de vos vies et même des villes de votre voisinage, avec le plus grand courage. Donc la valeur que vous avez montrée là, votre grandeur d’âme véritablement chrétienne, (dans laquelle la totalité de votre cité, même jusqu’au moindre des vôtres, s’est montrée véritablement au niveau du martyre du Christ), je les rappellerais plus longuement, si ce n’était chose acquise, présente encore aux yeux des hommes, inscrite dans leurs oreilles et leur mémoire, enfin si elles n’étaient pas tout à fait proches de nous : et si je ne craignais que l’éloge que je ferais de vous ne pût éveiller peut-être chez certaines personnes (tant il y a de malignité chez les gens de notre époque), plutôt la jalousie à votre égard que l’éloge et l’amitié. Je vais donc plutôt évoquer ce qui s’est produit aux siècles précédents, dans votre ville encore, à la gloire de notre Seigneur le Christ, de notre unique Rédempteur (car nous éprouvons plus de plaisir et, en quelque sorte, nous sommes plus sensibles au souvenir de ce qu’ont fait nos ancêtres plutôt que de ce que nous avons fait), lorsque, autour de l’an du Seigneur 1.400, en Angleterre 8 Jean Salceus, Guillaume Torpius, Roger Actogen, en Bohême Jean Hus et Jérome de Prague, à Rome Thomas Rhedonius, rétablissaient la véritable religion de l’Évangile et pour cette raison exposaient leur corps aux flammes avec tant de courage il s’est trouvé quelqu’un au même moment dans votre cité, méritant même plus d’éloge et montrant plus de fermeté que ces héros, car c’était une femme qui se distinguait, et même au milieu de la fange des gens des monastères (elle était nonne en effet), elle était la lumière et l’ornement de l’ensemble de la Gaule, une femme, dis-je, du nom de Catherine Sauba qui, pour le Christ et pour l’Évangile du Christ, n’a pas hésité à répandre son sang avec la plus grande fermeté. Ce qui a fait que des hommes qui professaient l’Évangile véritable, pour autant que Satan et l’Antéchrist pussent sévir contre tous les pieux et eussent anéanti partout la véritable religion, ont formé surtout parmi vous une chaîne continue, jusqu’à ce qu’enfin à notre époque le Christ en sortît vainqueur et reprît le pouvoir et le culte qui lui sont dûs dans presque la totalité de la Gaule. Et voilà vraiment, Messieurs qui êtes si distingués, ce que sont et ce qu’ont été les bienfaits si importants que vous ayez reçus du Dieu qui est si bon et si grand, voilà ce que sont vos vertus, qui vous permettent, comme je l’ai dit, d’être un exemple pour toutes les Eglises du Christ, qui vous permettent maintenant de briller devant elles et de les avoir éclairées depuis longtemps déjà 9.

Il y a donc bien des raisons, et certes très pressantes, qui m’ont poussé à vous dédier, vous offrir et vous consacrer ce petit cadeau, c’est-à-dire un Abrégé de l’ensemble de la Théologie sacrée du Christianisme, afin de vous confirmer, autant que je le puis, dans la doctrine que vous avez adoptée et défendue, et de montrer à tout le monde, à partir des paroles de Dieu, combien elle est exacte, combien elle est certaine, combien elle est facile à vivre. Se sont ajoutées également, en ce qui vous concerne, vous qui êtes de l’Eglise Évangélique de Dieu, et qui concerne aussi tous vos autres compatriotes, qui sont des hommes de valeur, d’autres raisons qui bien que n’ayant pas exercé sur moi autant d’influence que les précédentes, sont pourtant importantes et ne doivent pas être méprisées. Ce sont surtout les trois suivantes, à savoir l’Antiquité que possède votre cité de Montpellier, sa Dignité, et une certaine harmonie, une certaine majesté dans les formes de la ville même.

Et cette antiquité justement est ce qui fait que non seulement elle a l’audace de rivaliser avec toutes les autres cités de Gaule, mais qu’elle peut même les dépasser. Lutèce, Angers, Reims, Tours, Trèves, Amiens, Lyon et Nîmes sont presque les villes les plus anciennes de la Gaule, comme nous l’avons appris, et il est certain qu’elles le restent encore maintenant, mais par rapport à ces villes qui sont presque éternelles, l’ancienneté de votre Ville apparaîtra, sinon absolument et totalement identique et égale à elles, mais tout au moins fort peu différente, d’après les indices que voici. La cité qui s’appelle aujourd’hui Montpellier ou la ville des Montpelliérains, il est des gens qui la jugent tout à fait récente, qui pensent qu’elle a été bâtie avec les ruines de Lattes (ville dont parle Pomponius Méla 10, dans son traité de la Description du monde, livre 2, chapitre 5), qui était, près de vous, autrefois une citadelle et qui n’est maintenant qu’un village, (sous l’effet de la mauvaise qualité et de la pestilence de l’atmosphère qui existe à Lattes) déserté par ses habitants, (et ils le tirent) du fait que Montpellier ou les Montpelliérains sont rarement mentionnés dans les anciens livres d’histoire de la Gaule ou encore de la chute de l’Empire romain. Mais sans aucun doute l’histoire de l’époque suivante cite le nom de Montpellier nettement et clairement. Car il est certain qu’elle s’est trouvée soumise et assujettie au Roi des des Baléares 11 (dont l’une s’appelle maintenant Majorque et l’autre Minorque) ; ensuite à Pierre, roi d’Aragon, une fois qu’il eut épousé Marie de Montpellier, qui possédait la totalité du domaine maritime de cette ville ; enfin elle est passée sous la domination et le pouvoir des rois de France, à la suite de contrats de mariage, comme ses plus anciennes Archives (qui existent encore aujourd’hui) en font foi. Voilà donc ce que certaines personnes pensent au sujet de Montpellier. Mais mon idée est bien différente et je pense vraiment autrement et, à moins que ma conviction et mon raisonnement mêmes ne me trompent, elle est bien meilleure et plus proche de la vérité que les leurs. D’abord en effet il est certain que, d’après le géographe Claudius Ptolémée 12, dans sa troisième carte de l’Europe, Agde a été une ville très ancienne qui, d’après l’implantation géométrique qu’il lui donne, a eu le quarante-quatrième parallèle pour latitude, et pour longitude le vingt-deuxième (méridien). Or elle a été, sur la Méditerranée, une cité ancienne, riche et opulente, qui même a exercé son pouvoir sur l’île d’Agde qui est proche d’elle et située devant elle, et sur l’ensemble de ces régions côtières. Elle a également été la métropole des Volsques de la Gaule et, près d’elle se trouvaient la rivière du Lez, la citadelle de Lattes, la colline de Méze, comme nous l’apprend Pomponius Méla 13, dans le livre 2 de sa Description du Monde, chapitre 5. Elle encore, ce sont les Marseillais venus de Phocée, dans des temps très anciens, qui l’ont fondée, comme l’écrit Strabon 14 au livre 4 de sa Description du Monde. Car les Marseillais, partis de Phocée, qui est une petite contrée d’Asie Mineure, ont occupé tout le littoral de la Méditerranée qui va du fleuve Var en Gaule jusqu’ à la citadelle d’Emporia en Espagne (qui s’appelle maintenant Ampurias) Les Rhodiens par ailleurs, puis les Phéniciens, suivant l’exemple des Phocéens, se sont installés sur le restant du littoral espagnol, au-delà de Gadès même et ont proclamé qu’il était leur propriété. Mais pour moi il n’est absolument pas douteux que la vieille cité d’Agde chez Ptolémée et Strabon soit celle que justement on appelle maintenant Montpellier 15. Pour soutenir le point de vue que je présente ici, je vais m’appuyer sur des auteurs et des démonstrations qui n’admettent pas le doute, mais sont certains et véridiques. Et d’abord le site même de la ville d’Agde le prouve manifestement, tel que le décrit Ptolémée, puisqu’ il n’est pas du tout ou fort peu éloigné de la longitude et de la latitude géographiques de Montpellier 16. Ensuite, l’auteur réfléchi et sérieux qu’est Raphaël Volaterranus 17 le confirme justement. Car, dans le troisième livre de sa Géographie, il écrit ce que voici : "Puis c’est Agde, avec, détachée de son territoire, la petite ile d’Agatha, que Stephanus appelle Agathè Tuchè, c’est-à-dire La Bonne Fortune. Certains soutiennent que Montpellier est Agde ou qu’elle est issue de ses vestiges, place qui se distingue du fait que Rochus en est le principal citoyen". La troisième des raisons sur lesquelles je m’appuie est fournie par le témoignage d’Antoine Pinet 18, cet auteur Gaulois si appliqué, qui, dans le livre où il décrit les villes les plus anciennes de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique, écrit ceci à propos de Montpellier : "La cité de Montpellier se situe dans la région Gothique de la Gaule, non loin de la mer, sur un sol riche où elle est placée sur un monticule en couvrant toute la pente orientée vers le couchant. Quant à son nom dans l’antiquité, Il y a diverses personnes qui en ont des conceptions diverses : mais celle qui prévaut, c’est celle de ceux qui pensent que c’est Agde ou la colline de Sète". Enfin le vieil auteur Grégoire de Tours 19, au livre 6 de ses Histoires des Francs et au chapitre second semble également confirmer entièrement notre avis. Donc l’ancienneté de votre cité peut, à partir de là, se révéler facilement même aux yeux de ceux qui refusent de l’admettre. Sa dignité et sa prestance ne doivent ni ne peuvent désormais être ignorées de quiconque a goûté une fois, même d’une lèvre peu appliquée, à l’histoire de la Gaule. Et d’abord le contrat du mariage conclu entre le roi Pierre d’Aragon et Marie de Montpellier, qui possédait la seigneurie de Montpellier, l’an du Seigneur 1204, le 15 juin (je l’ai eu à ma disposition grâce au personnage si important, au sénateur si célèbre qu’est Paul Corrège 20 montre clairement combien était étendu le territoire sur lequel s’exerçait la juridiction de la cîté de Montpellier et de ce prince, puisqu’il englobait la Villa de Saint Pargoire, le chateau de Castries, ceux de Castelnau, de Montferrand et bien d’autres chateaux autant que citadelles 21. Ensuite un autre accord conclu à la même époque entre le roi Pierre d’Aragon et les citoyens de Montpellier 22 montre que l’administration de votre ville se trouvait, dans sa totalité et en pleine liberté, entre les mains de ses citoyens, et que le conseil public qui les réunissait a toujours existé. De plus voici aussi qui peut être amplement prouvé à partir des Annales des Rois de France : la Chambre du Parlement de l’ensemble de la province Gothique a été placée à Montpellier, avant de l’être à Toulouse, où elle se trouve maintenant, par Philippe le Bel, roi de France 23. Et les divers ordres des plus hautes magistratures ainsi que les chambres judiciaires qu’ils forment ont été constitués là eux aussi, presque depuis que les hommes en ont gardé la mémoire, qui le nierait, qui l’ignore ? Puisque la Chambre qui s’appelle Chambre des Comptes est là aussi maintenant en permanence, que les rapports concernant l’argent des impôts aussi bien que de l’État, et établis par les Questeurs, sont contrôlés par des juges suprêmes siégeant également dans votre cité : et que même la Chambre supérieure des taxes ou des subsides se rencontre également à Montpellier actuellement ? Les représentants et les vicaires du Prince pour la Province Gothique ont eu jusqu’à aujourd’hui leur siège permanent et officiel chez vous, c’est une chose que savent tous ceux qui se sont intéressés aux affaires de la Gaule. Le marché le plus fréquenté de la partie gauloise de la Méditerranée s’est depuis longtemps installé et développé chez les Montpelliérains : l’historien sérieux et ancien qu’est Froissard 24 l’atteste dans le livre trois de son Histoire de France. Que dire de votre Académie, et qui est double, puisqu’elle comprend la Médecine et la Jurisprudence ? Comme elles sont célèbres, comme elles sont anciennes, quel ornement elles constituent pour notre Gaule tout entière. Elles où, l’une comme l’autre, ont enseigné, ont brillé des hommes remarquables et exceptionnels. Justement, à propos de l’étude de la jurisprudence, ce sont certainement presque les plus célèbres de tous les spécialistes du droit civil romain 25 qui ont enseigné à Montpellier, Placentin et Azon, puis Jean Faber, ensuite Jaques Rebuffi et Boerius. Or l’un d’entre eux, Placentin, alors que l’école de droit avait été fondée l’année du Seigneur 1.100 et supprimée ensuite, l’a entièrement rétablie soixante ans plus tard. La Faculté de Médecine 26 a vu l’enseignement qu’elle donne elle aussi dans votre cité ainsi que son prestige soutenus par des gens venus presque du monde entier et qui étaient certainement les illustres lumières de leur siècle, Gordon de Taranta, Guido Chirurgorum, Schyron, Rondelet, Joubert, Dortomanus car vouloir les énumérer l’un après l’autre serait une tâche infinie. Enfin dans vos archives mêmes (que les spécialistes appellent avec exactitude le Talmud 27, et les non spécialistes, sans exactitude, le Thalamus) se trouve un diplôme de Paléologue, l’Empereur de Constantinople, rédigé en grec, qui attribue aux habitants de Montpellier et à ceux qui y font commerce le statut de citoyen à Byzance et tous les droits et privilèges à l’égal de ceux que reçoivent les citoyens mêmes de l’Empire d’Orient. Par rapport à cette situation, qu’y a-t-il de plus honorifique, de plus digne de toute cité, de plus célèbre, de plus important et de plus brillant qui puisse arriver à quelqu’un pour le recommander à bon droit parmi les mortels ? Je laisse de côté le fait que le premier tome des Conciles 28 montre que le plus sérieux et le plus nécessaire des Synodes s’est réuni à Agde, c’est-à dire à Montpellier, à l’époque de l’Empereur Zénon de Constantinople vers l’an du Seigneur 480.

Et pour en venir à ce que j’ai proposé en troisième point, où y a-t-il dans le monde, dans quelle ville y a-t-il jamais eu, dans quelle cité y a-t-il plus de beauté dans l’aspect de l’ensemble de l’agglomération, plus de majesté dans les demeures, plus d’épanouissement dans le prestige de chacun des monuments que ce qui peut être et se voir à Montpellier, c’est-à-dire dans votre cité ? Voilà pourquoi il lui est facile de rivaliser avec les Hollandais et les Brabançons 29 par le charme de ses constructions, et même de les dépasser pour son confort et de les surpasser par sa vieillesse. Et c’est là certes ce que j’ai à dire sur les raisons qui mont poussé à vous dédier ce petit opuscule, Messieurs qui montrez tant de gravité. Mais à propos de l’ouvrage que voici 30, que je vous offre, et vraiment du meilleur gré, je dirai rapidement ceci je peux bien être un juge et un critique injuste et sévère des livres que j’ai publiés, cependant, pour ce qui est du Résumé de la Sainte Théologie que voici, J’ai la nette possibilité et l’intention bien affirmée de vous promettre que, si l’un des travaux bien variés que j’ai déjà édités peut l’être, c’est celui-ci qui, pour les candidats à la Sainte Théologie qui sont encore des adolescents, pour ceux qui en ont déjà achevé l’étude ou qui y ont fait quelques progrès, il est absolument inévitable qu’il soit utile, et il le sera. Il contient en effet sous une forme brève et conforme à la vérité la somme entière de ce qu’il est indispensable de savoir pour le salut, telle que je l’ai reprise de la parole que Dieu a confiée au Livre, sous la forme la plus facile à saisir et la plus soignée. Et si quelque sinistre Inflexible ou quelque insensé venu de Sicile 31 essaie de critiquer ce que j’ai fait, qu’il fasse donc connaître lui-même …ce qu’il possède de mieux : car je n’en serai pas jaloux, mais plutôt, quel qu’il soit, lui, je l’en remercierai du fond du cœur. Et qu’on ne vienne pas m’objecter que quand on a un chêne devant soi, n’importe qui en tire du bois" 32, et que justement dans un domaine aussi riche de matière que l’est la Théologie, il est facile de composer un résumé. Car je réponds au contraire qu’il est d’autant plus difficile de le faire que c’est là un sujet plus copieux et abondant. En effet ramener des notions nombreuses à un résumé en le faisant avec méthode, sous une forme brève, facile à saisir et claire, c’est ce qu’il y a de plus difficile au monde. Et bien sûr à ce propos je reprendrai l’expression célèbre de Sophocle dans son Electre33 : "Sans effort il n’est rien qui aboutisse au succès". Car j’ai tiré de tous les travaux que j’ai menés à longueur de nuits sur la théologie 34 le fruit et la matière que j’ai rassemblés dans ce petit livre, et si quelqu’un trouve qu’il est écrit dans un style trop simple, qu’il prenne la réponse que je lui destine dans ce que Hiéronyme 35 a mis dans son livre sur la meilleure façon de juger : "J’ai toujours admire non pas l’abondance verbeuse, qu’elle soit rustre ou éloquente, mais la simplicité des livres saints". Il est bien vrai en effet qu’ici "le sujet même refuse de recevoir des ornements, satisfait qu’il est de se voir exposé". Enfin qu’il arrive que les ennemis des Évangiles et de la doctrine qui découle des Évangiles n’approuvent pas le travail que j’ai fourni ici, qu’on n’accepte pas la doctrine que j’ai adoptée et qui, dans sa parfaite pureté, est tirée et formée de la parole que Dieu a mise dans les Écritures, cela me touche fort peu. Car si ces gens-là sont plongés dans l’erreur, s’ils se sont séparés de la véritable piété à l’égard du Christ et de la foi qui lui est due, comme des aveugles, en prenant à témoin Notre Seigneur Jésus Christ, nous devons tout simplement les mépriser. Et cela est présenté sous une forme parfaitement claire au livre II de la Réfutation d’Eunomius où Basile 36 dit : "S’écarter de la vérité, c’est pour l’esprit ténèbres et aveuglement". Et encore, comme le dit Théophilactus 37 : "Apporter son soutien à l’erreur c’est faire preuve d’une maladie incurable". Donc, mes frères, et vous tous qui êtes des hommes pieux, je vous exhorte et je vous engage à vous appliquer à vous pénétrer de la doctrine que je vous présente ou d’une semblable, à l’étudier dans sa totalité, à réfléchir sur elle, à la garder au fond de vos cœurs, puisqu 38 "C’est ainsi qu’on gagne le Ciel, non pas pour que l’Olympe soutienne l’Ossa et que la crête du Pelia touche aux astres les plus élevés. Ames heureuses qui avez d’abord pris le soin de connaître ces choses là et de monter dans les demeures de là-haut". Dans ces conditions, Messieurs qui êtes si distingués, habitants de Montpellier qui m’êtes si chers, accueillez le livre que je vous présente ici avec autant de bonnes dispositions que je mets d’humilité à vous l’offrir et à vous le dédier pour que toute l’utilité qu’en tireront ceux qui s’appliquent à la Piété et qui sont des Chrétiens, ce soit à vous qu’ils en témoignent leur reconnaissance, comme le veut Dieu qui est si Bon et si Grand, et qu’on voie bien que c’est sous votre nom que cela a été publié.

Salut.

Que Dieu, qui est si Bon et si Grand, par Notre Seigneur Jésus Christ, vous protège et vous maintienne, vous, votre église et votre ville toute entière
A Castres 39, le jour des Calendes de juin, l’année du dernier des temps 40, 1595,

Moi qui suis tout dévoué à vous
Lambert Daneau, docteur en théologie

Annexe 3

Texte original en latin

[page de titre]
Compendium / Sacrae / Theologiae / seu / Erotemata /
theologica / in quibus totius / uerae Theologicae
christianae summa / breuiter compre / hensa est /
PER LAMBERTVM DANAEVM /
AD / Ecclesiam Euangelicam Monspeliensem /
MONSPELII / EXCVD.IOAN.GTLETVS / C I). I). XCV

[p. I]
ECCLESIAE DOMINI / NOSTRI IESU CHRISTI /euangelicae,
ac reformatae, quae/est Monspelii, Lambertus Danaeus
Gratiam, Mi-/sericordiam et Pacem a Deo Patre nostro et/
Christo Iesu precatur

Diuus Paulus, selectum illud Dei organum et doctor gentium, cum omnia optime, tum illud imprimis, christianos ac fideles hommes alloquens, sic scribit : "τo λoιπov, αδελφoi, oσa εστiν αληθη, oσα σεμνα, oσα δiκαια, oσα αγνα, οσα προσφιλη, oσα ευφημα, ει τις αρετη και επαινος, ταυταλογιζεσθαι".

Nam etsi, quaecumque facimus, omnia sunt ad unius veri Dei gloriam referenda, tamen summa quaedam et in proximos charitas, et in agendo prudentia nostra cernitur ac elucet, si, cum Dei laudem spectamus ad eamque collimamus, proximorum quoque aediflcationem respicimus ac intuemur : ut hoc pacto nostroque exemplo edocti incitatique, alii eandem pietatis ac virtutis viam, quam nos, insistant. Est enim, teste sapientissimo illo Solomone Rege, honesta veraque de nobis apud pios homines fama et existi [p. II] matio a nobis sanctis ac praeclaris facinoribus comparata tanquam flos quidam delibutus ac fragrantissimus et suauissimus, quem nobiscum semper circumgestamus, cuius odore caeteri capiuntur atque voluptate summa perfunduntur inflammanturque, ut nostri similes esse et ipsi quoque vehementer cupiant. Et certe quidem praeclara sunt illa ingenia, quemadmodum scribit M. Tullius Cicero, quae gloria inuitantur et ii sapientes qui, qua quemque re putant (modo honesta) ad virtutem alios posse adduci, hac utuntur. Quae laus, Viri ornatissimi ac fratres charissimi, si cui umquam Ecclesiae Dei in his terris, si cui populo christiano, si cui civitati aut ulli hominum coetui merito tribui potest, illa vobis debetur, quorum et vera in Deum verum pietas est exemplo caeteris Ecclesiis atque ad imitandum ubique proponitur et inuicta in Christi nomine profitendo regnoque propugnando constantia tanta apparuit ac celebratur, ut et nunc laudetur a piis omnibus et annis consequentibus toti posteritati sit admirationi futura atque, ut loquitur Cicero, "canescet saeclis innumerabilibus". Ac de pietate quidem vestra, et vera quae in unius Dei verbo scripto firmissima fide amplectendo ac potissimum Euangelio Domini nostri Iesu Christi puro retinendo posita est, quis mortalium hoc saeculo dubitare potest ? Quam non modo vicini vobis populi, sed etiam nationes [p. III] exterae ac longinquae, nec solum Christianae, sed etiam Barbarae ac infideles, norunt ac mire praedicant.

Constantiam vero illam vestram in eodem Christi Euangelio, et incredibili erga vos Dei beneficio conseruando vos ipsi superioribus annis locupletissime testati estis, dum hac nostra et recenti memoria periculissimam obsidionem, unaque simul grauissimam famem et rerum omnium inopiam pro nomine Christi anno Dni CII (I) LXXVII sustinuistis, tolerastis, pertulistis atque inuicto animo, eodem illo Christo duce, Castillonaeo, magni illius Gasparis Collinaei Castillonaei, Franciae Admiralii, filio natu maximo, imperatore vestro, utrumque hoc malum a vobis vestrisque ceruicibus et vicinorum etiam urbibus fortissime depulistis. Hanc ergo vestram "ανδρειαν" et animi magnitudinem vere Christianam (in qua tota civitas vestra se vel ad unumquemque minimum vere Christi martyrem praestitit) pluribus commemorarem, nisi res esset versareturque adhuc in oculis hominum, in auribus, in memoria, denique esset omnino recens : ac nisi vererer, ut ea vestra commendatio invidiam esset omnino recens : ac nisi vererer ut ea vestra commendatio invidiam fortasse vobis (tanta est huius aetatis malignitas) potius apud nonnullos conciliaret, quam laudem ac amicitiam. Quamobrem illa potius repetam quae superioribus saeculis etiam in hac vestra urbe in Christi Domini nostri, ut unici Redemptoris, laudem [p. IV] extiterunt (delectat enim et quodammodo afficit rerum a majoribus gestarum memoria nos magis quam nostrarum, quum circa annum Domini millesimum quadringentesimum in Anglia bannes Salceus, Guillelmus Torpîus, Rogerius Actogen, in Bohemia Joannes Hulsius et Hieronymus Pragensis, Romae, Thomas Rhedonius, veram Euangelii religionem restituerent ac propterea corpora sua flammis fortissime opponerent : extitit eadem aetate in vestra civitate, maiore etiam laude et constantia quam illi, nempe foemina excellens e medio etiam Monasteriorum paedore (erat enim Nonna) lumen et ornamentum totius Galliae, foemina, inquam, nomine Catharina Sauba, quae pro Christo Christique Evangelio constantissime suum sanguinem profundere non recusauit. Inde continua hominum uerum Euangelium profitentium, quantumuis Sathan atque Antichristus in omnes pios saeuirent et ubique veram religionem aboleuissent, successio praesertim inter vos fuit, donec tandem hoc saeculo victor evasit Christus atque suum imperium suumque cultum in tota pene Gallia recuperauit. Et haec quidem, virii praestantissimi, sunt fueruntque Dei Optimi Maximi in vos summa beneficia, hae vestrae virtutes, quibus caeteris, quemadmodum dixi, Christi Ecclesiis exemplo vestro et nunc praefulgetis et iam ohm praeluxistis.

Ergo hae ipsae causae surit, et quidem [p. V] grauissimae, propter quas adductus sum, ut hoc munusculum meum, id est totius sacrae ac Christianae Theologiae compendium, vobis dedicarem, donarem ac consecrarem, ut vos omnes in eadem illa, quam suscepistis et defendistis, doctrina, quantum possum, confirmarem atque, quam vera, quam certa, quam facilis esset, ex Dei verbo omnibus demonstrarem. Accesserunt quidem et aliae quoque causae vobis, qui Dei Ecclesia Euangelica estis, cum reliquis ciuibus vestris optimis viris communes : quae quanuis apud me tanti momenti non fuerunt, quanti superiores, sunt tamen et magni et non contemnendi. Maxime autem hae tres, Monspelii, civitatis vestrae, Antiquitas, Dignitas, et urbis externus quidam decor ac Maiestas.

Ac Antiquitas quidem ea, propter quam illa cum caeteris Galliae oppidis non modo certare audeat, sed etiam illa ipsa superare possit. Lutetiam, Audes, Rhemos, Turones, Treviros, Ambianos, Lugdunum et Nemausum fere vetustissimas Galliae urbes esse accepimus, quas adhuc jam restare in confesso est, uerum istis perte aeternis urbibus, si non prorsus et omnino eadem et tanta, saltem non dissimilis vestrae Civitatis vetustas esse ex his apparebit. Quae hodie Monspessulanus vel Monspelium civitas vocatur, eam alii omnino recentem existimant et ex Latarae (cujus meminit Mela libro secundo de Situ Orbis capite [p. VI] quinto) vicini ohm Castri et nunc vici ruderibus (propter aeris Latarae inclementiam et pestilentiam) a suis civihus desertae aedificatam putant, quod Monspelii vel Montispessulani rara sit in priscis Galliae uel Romani etiam mentis imperii historiis mentio. Certe posteriorum temporum historia Monspelii nomen perspicue et diserte habet. Nam eam Regi Balearium insularum (quarum una Maiorca, altera Minorca nunc vocatur) paruisse ac subditam fuisse constat ; deinde Petro Arragonum regi (p. 170 v), postquam Mariam Monspeliam, totius illius tractus maritimi dominam, in uxorem duxisset ; tandem in Francorum Regum ditionem ac potestatem devenit ex connubialibus pactis, quemadmodum Archiva vetustissima (quae nunc etiam extant) ejus rei fidem faciunt. Haec igitur de Monspelio quorumdam sententia est. Verum longe alia mihi mens est aliudque plane sentio, et nisi me animus ratioque ipsa fallit, omnino melius et venus quam illi. Primum enim constat ex Claudio Ptolemaeo geographo, in tertia Europae tabula, Agathopolim urbem fuisse vetustissimam, quae ex illius dimentione geometrica habuit quadragesimum quartum parallelum latitudinis, longitudinis autem vigesimum secundum. Haec autem Mediterranea fuit civitas vetus, dives et opulens, quae etiam Agathae insulae sibi vicinae et objectae totiusque illius littoralis regionis imperium [p. VII] habuit. Hanc eamdem Volcarum Galliae metropolim fuisse et vicinum flumen Ledum habuisse et Lataram castellum, Mesuam collem tradit Pomponius Mela, libre, secundo de Situ Orbis capite quinto. Hanc eamdem a Massiliensibus Phocensibus vetustissimis iam temporibus conditam fuisse scribit Strabo, libro quarto de Situ Orbis. Nam Massilienses e Phocea, Minons Asiae regiuncula, profecti, totum illud maris Mediterranei littus occuparunt, quod a Varo flumine in Gallia usque ad oppidum Emporia in Hispania (quod nunc Empurias uocant) extenditur. Rhodii autem, deinde Phoenices, Phocensium exemplum secuti, reliquum Hispaniae littus etiam ultra Gades insederunt sibique vendicarunt. Jam vero mihi minime dubium est quin illa vetus Agathopolis Ptolemei et Strabonis sit illa ipsa (p. 171 r) civitas quae nunc Monspelium appellatur. Ad quam meam sententiam confirmandam utar non dubiis autoribus et rationibus, sed certis ac ver. Ac primum ipse urbis Agathopolis situs hoc manifeste probat, qualem describit Ptolemaeus, qui vel plane vel multum a Monspelii longitudine et latitudine geographica non distat. Deinde scriptor iudiciosus et gravis, Raphael Volaterranus hoc ipsum confirmat. Is enim libro tertio Geographiae sic Scribit : "Deinde Agathopolis cum parva e regione insula Agatha, quam Stephanus αγαθ⋅ατυχην id est Bonam For [p. VIII] tunam, appellat. Agathopolim nonnulli Montem Pessulanum sive ex ejus vestigiis esse contendunt, quod oppidum ornatur Rocho ejus loci principe" Tertia ratio nostra est Antonii Pineti, scriptoris Gallici accuratissimi, testimonium, qui in libro descriptionum Antiquissimarum Europae, Asiae et Africae civitatum sic scribit de Monspelio : "Civitas Monspelii in Gothicana Galliae regione sita est, non procul a mari in pingui solo, quae in colliculo posita versus solem occidentem in imum propendet".

Quod ad nomen antiquum, est varia variorum sententia. Tamen eorum praevalet qui Agatham eam esse autumant, aut montem Setium. "Denique vetus scriptor Gregorius Turonicus, libro sexto Historiarum Francicarum, capite secundo, nostram sententiam quoque videur plane confirmare. Ergo quam vetus sit vestra civitas ex us facile cuivis etiam reluctanti apparere potest. Dignitas autem et praestantia ejusdem iam nemini ignota esse vel debet (p. 171 v) vel potest, qui vel levioribus labris historias Gallicas semel degustarit. Ac primum, ex contractu Matrimonii inter Petrum Arragonum regem et Mariam Monspeliam, Monspelii dominam, anno Domini millesimo ducentesimo quarto, die decimo quinto Junii mensis, initi, (cujus mihi copiam vir amplissimus et senator clarissimus Paulus Corregius fecit) constat latissimam fuisse Monspelii civitatis et illius principis jurisdictionem, quando quidem Villam de Sancto Petragorio, [p. IX] castrum de Castris, Castrum Castellonouum, Monferracium et pleraque alia tum castra, tum oppida, complectebatur. Deinde ex alioejusdem temporis contractu inter Petrum Arragonum regem et cives Monspelii convento apparet plenam liberamque vestrae urbis administrationem pertes ciues ipsos et eorum concilium publicum semper permansisse. Quin illud etiam satis ex Regum Francorum annalibus comprobari potest, Curiam Parlamenti totius Gothicanae prouinciae prius Monspelii quam Tholosae, ubi nunc est, a Philippo Puichro, Francorum rege, fuisse collocatam. Magistratuum autem summorum diversos ordines et juridicos coetus ibidem ab omni paene hominum memoria constitutos fuisse, quis negaverit, aut ignorat ? Quum et Computorum Camera quae vocatur, firma ibi nunc quoque sit : et fiscalis ac publicae pecuniae Quaestorum rationes a judicibus eadem civitate vestra constitutis, examinentur : atque etiam Indictionum seu subsidiorum Curia summa Monspelii nunc quoque cernatur ? Proregum ac Vicariorum Principis in Gothicana Provincia sedem ad haec usque tempora stabilitam …

… designatamque (p. 172 r) apud vos fuisse, omnes norunt qui res Gallicas cognoverunt. Totius Gallici maris Mediterranei frequentissimum Emporium iampridem extitisse et floruisse Monspelium, testatur gravis et vetus historicus Froissardus, libro tertio Rerum [p. X] Franciarum. Quid dicam de Academia vestra eaque duplici, nempe Medicinae et Jurisprudentiae ? Quam illae celebres, quam antiquae, quam magnum totius Galliae nostrae sunt ornamentum ? In qua utraque docuerunt, floruerunt vin egregii et excellentes. Et quidem in Iurisprudentiae studio primi paene, certe celeberrimi inter omnes luris civilis Romani interpretes Monspelii docuerunt, Placentinus et Azo, deinde Johannes Faber, postea Jacobus Robustus ac Boerius. Ex his autem Placentinus ciuilis iuris scholam anno Domini millesimo centesimo fundatam, sed postea collapsam sexagesimo postea anno prorsus instaurauit. Medicinae autem Facultatis professionem in eadem civitate vestra et dignitatem tutati sunt totius paene orbis, certe sui saeculi lumina praeclara, Gordonius de Taranta, Guido Chirurgorum, Schironius, Rondeletu, Iobertus, Dortomannus : nam singulos enumerare velle esset infinitum. Denique in ipsis archivis vestris (quae proprie Talmud a peritis, improprie autem Thalamus ab imperitis appellantur) extat Paleologi, Imperatoris Constantinopolitani, diploma graecum, quo oppidani negotiatoresque Monspelienses civitate Bysantio omnique jure et praevilegio perinde atque Orientalis imperii cives ipsi donantur. Quibus rebus quid honestius, aut quid ulli civitati dignius, quid celebrius, quid majus (p. 172 v.) et excellentius accidere potest [p. XI] quo inter mortales merito commendentur ? Praetermitto quod ex tomo primo Conciliorum apparet, nempe gravissimam, ac maxime necessariam, Synodum Agathae, id est Monspelii, Zenonis imperatoris Constant inopolitani tempore convertisse, circa annum Domini quadringentesimum octuagesimum.

Atque ut ad illud, quod tertio loco proposui, veniam, ubi gentium, qua unquam in urbe, qua in civitate venustior totius urbis decor, major domuum maiestas, laetius aedificiorum singulorum decus quam Monspelii, id est in vestra civitate, esse vel cerni potest ? Raque facile cum Hollandicis et Brabantinis aedibus venustate contendunt, immo etiam commoditate eas superant, vetustate praecellunt. Et haec quidem de iis causis quae me ad hune libellum vobis, Viri gravissirni, dedicandum impulerunt hactenus. De meo autem hoc scripto, quod vobis, et quidem libentissimo animo, offero, hoc breuiter dicam : me, licet iniquum et seuerum meorum libellorum iudicem ac censorem, de hoc Sacrae Theologiae Compendio tamen polliceri et liquido posse et libere velle, si quod sit meum opusculum, quae varia iam aedidi, et Sacrae Theologiae candidatis adolescentibus et iam prouectis, aut qui aliquos progressus fecere, utile esse hoc unum maxime necessarium ac profuturum. Continet enim et breuiter et vere totam earum rerum, quae ad salutem scitum necessariae [p. XII] sunt, summam ex Dei verbo scripto collectam, quam potui facillime atque accuratissime. Quod si Lycurgaeus aliquis ac tetricus, vel Momar Siculus haec reprehendere conetur, edat ipse quae meliora Habet : nec enim inuidebo, immo, quicumque erit, illi ex animo gratulabor. Nec mihi quisquam hic objiciat "Praesente quercu ligna quiuis Colligit", et ex tam locuplete materia, qualis est Theologia, facile est compendium conscribere. Respondeo enim immo difficilius hoc esse, quo copiosius atque abundantius est hoc argumentum. Multa enim in pauca quaedam et methodice et breuiter et facile et perspicue colligere est omnium difficillimum. Certe hic illud Sophoclis in Electra usurpabo : "πονου τοι χωρις ουδεν ευτυχειν", id est "sine labore nihil féliciter succedit". Nam laborum atque lucubrationum Theologicarum omnium mearum fructum summamque in hune libellum congessi, qui si simpliciore stylo scriptus cuiquam videbitur, habeat a me illud Hieronymi in libro de Optimo genere interprerandi responsum Venerationi J mihi semper fuit non verbosa rusticitas et loquacitas, sed sancta simplicitas". Namque hic verissimum est "ornari res ipsa negat, contenta doceri". Denique quod nonnulli Euangelii et Euangelicae doctrinae hostes fortassis hune meum laborem non probabunt, neque huic doctrinae, quae pura puta ex Dei verbo scripto collecta ac confarcinata est, assentietur, parum me movet. Cum enim illi in errore summo versentur et e vera [p. XIII] pietate Christi ac fide discesserint, velut caeci. Domino nostro lesu Christo teste, surit a nobis prorsus contemnendi. Et praeclare libro secundo contra Eunomium Basilius "η τ ‘ αληθειας αϖοπωσις αορασια εστι διανοιας και τυφλωσις", (id est) "discessio a veritate surit mentis tenebrae et caecitas". Atque etiam, quemadmodum inquit Theophilactus, "συνηορειν κακω ανιατα νοσειν εστι", id est "patrocinari errori immendicabilis morbus est". Ergo, viri fratres, vosque, pii omnes, hortor moneoque, ut hanc aut huic similem doctrinam magno studio amplectamini, perlegatis, meditemini, in sinu habeatis, quoniam

"Sic petitur Caelum, non ut ferat Ossan Olympus
Summaque Peliacus sydera tangat apex.
Felices animae, quihus haec cognoscere primum,
Inque domos superas scandere cura fuit.

Quamobrem, viri Ornatissimi ac fratres charissimi Monspelienses, hunc meum libellum tam lubenti anime, excipitote, quam a me demisso vobis offertur ac dedicatur : ut quicquid ex eo utilitatis percipient studiosi Pietatis Christianique vin, vobis, secundum Deum Optimum Maximum, acceptum ferant atque illud sub nomine vestro aeditum appareat. Valete.

Deus Opt. Max., per Dominum nostrum Iesum Christum, vos vestramque Ecclesiam ac urbem totam tueatur ac conseruet.
Casserone, Calendis Iuniis anno temporis ultimi, (I). I). XCV.
Vestris D. D. addictissimus

Lambertus Danaeus, Doc t. Theolog.

Notes des annexes

 1.  Seul le texte latin a été édité par Lambert Daneau. Sa traduction et l’interprétation qu’elle en propose sont l’œuvre des éditeurs actuels. Sur la page de titre le texte latin a été réparti en lignes qui sont indiquées ici par les barres obliques qui séparent des mots. A la fin de son introduction Daneau date la fin de son œuvre du "11 novembre 1594".

 2.  Cette dédicace ouvre l’"épitre dédicatoire", dont l’expression latine, epistola dedicatoria, sera le titre placé en haut de chacune des pages non numérotées qu’ elle occupe dans cette édition et auxquelles nous attribuons ici la pagination de [p. I] à [p. XIII]. La pagination marquée en italique dans le texte est celle du manuscrit de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras.

 3.  Saint Paul, Epitre aux Philippins, 4, 8.

 4.  Salomon
Nous n’avons pas trouvé le ou les passages que Daneau a utilisés ici, même après avoir vu les Rois,
1-11 ; les Chroniques, 1, 29 ; 2, 1-9 ; le Cantique ; l’Ecclésiaste ; les Proverbes.

 5.  Cic., ad Brutum, 1, 15, 9.

 6.  Cic., de Legibus, 1,2 : eaque … canescet saeclis innumerabilibus : "ea" désigne un chêne appelé "chêne de Marius", le grand chef militaire romain, qui se trouvait dans la propriété du frère de Cicéron, Quintus, à Arpinum. Le dialogue Sur les lois se déroule dans cette propriété.

 7.  Ce siège aeu lieu de juin à octobre 1577, quand, après une période d’accord entre les catholiques et les protestants appelée "régime de l’Union", qui avait commencé en octobre 1574, ceux-ci, le 19 février 1577, ont fermé la ville aux catholiques. La paix de Bergerac, qui a mis fin à la sixième guerre de religion, en octobre 1577, a fait de Montpellier une ville de sûreté pour les protestants et Châtillon en a été le gouverneur. Cette période de paix est sans doute célébrée à la fin de cette dédicace : "jusqu’à ce qu’enfin à notre époque". Mais près de cinquante ans plus tard, et malgré l’édit de Nantes signé en 1598, la ville sera de nouveau assiégée en 1622, par Louis XIII cette fois.

 8.  Nous n’avons pu identifier ni Jean Salceus ni Guillaume Tor-peius ni Roger Actogen ni Thomas Rhedonius. Jean Hus (1369-1415) a été doyen de la Faculté de théologie de Prague. En 1410 il a été excommunié pour les attaques qu’il avait lancées dans sa prédication contre l’opulence de l’Eglise. En 1414 il a été arrêté au concile de Constance et exécuté en 1415. Jérome de Prague, qui avait mené la même action réformatrice à ses côtés, a été condamné et exécuté juste après lui. Catherine Sauba(ou Sauve) a été brûlée vive le 2 octobre 1417 à Montpellier au Portail des Sorcières, près du couvent des Frères Prêcheurs, d’après le Petit Thalamus (cf. ci-dessous note 27), p. 466 : Houiste Serge, Tradition au pays de Montpellier, Montpellier, 1989, p. 80.

 9.  Le manuscrit de Carpentras propose à partir de sa page 170 recto un texte qui commence ici après les titre et dédicace suivants : De origine Monspelliensis Lambertus Danaeus ad cives Monspellienses, "L’origine de Montpellier, Lambert Daneau aux citoyens de Montpellier". Ce texte s’achève page sur les mots "De meo autem". Il a été publié ici dans un caractère différent de ce qui le précède et qui le suit dans l’édition imprimée à Montpellier en 1494

10. Pomp. Mela, de Chorographia, 2, 5, 80 : Ultra (Rhodanum) sunt stagna Volcarum, Ledum fiumen, castellum Latara, Mesua collis incinctus mari paene undique ac, nisi quod angusto aggere continenti adnectitur, insula. "Au-delà du Rhône il y a les étangs des Volque, la rivière Lez, la citadelle de Lattes, la colline de Mèze que la mer entoure presque de tous côtés et qui, sauf qu’un étroit cordon la relie au continent, est une ile". La première mention de Montpellier ne date que du 26 novembre 985 et elle désigne alors seulement une propriété agricole ou même un simple terrain.

11. Marie de Montpellier était la fille d’un premier lit de Guilhem VIII, seigneur de Montpellier qui, le 4 novembre 1202, dans son testament, l’avait écartée de sa succession au profit d’un fils d’un second lit, qu’il plaçait sous la protection de la reine d’Aragon, veuve d’Alphonse II, et de son fils Pierre, et qui succède à son père en 1204. Mais il se retire de ce poste et, le 15 juin 1204, Marie épouse Pierre d’Aragon devenu roi entre temps, et elle lui apporte la seigneurie de Montpellier.

12. La bibliothèque municipale de Pau possède une édition de la Géographie de Ptolémée, en traduction latine, parue en 1535 à Lyon. Comme le traité de théologie, elle provient de la Faculté protestante de théologie d’Orthez, où Daneau a pu la consulter, puisqu’il y a enseigné de 1584 à 1593.

13. cf. ci-dessus, note 10.

14. Strabo, Géographie, IV, 1, 6.

15. Le manuscrit de Carpentras ajoute ici, écrit de la même main, "immo quae min Villanova nuncupatur, ubi non pauca antiquitatis vestigia" ou plutôt celle qu’on appelle maintenant Villeneuve, où (se trouvent) une certaine quantité de vestiges de l’antiquité. Le gisement n’a pas été retrouvé.

16. Dans son livre 2, Ptolémée (édition K. Müller, Paris, 1881) donne les localisations suivantes : Agde, longitude 22° 15’, latitude 42° 50’ ; Sète, longitude 22° 30’, latitude 42° 30’. Le géographe grec ne pouvait évidemment pas localiser Montpellier : cf. ci-dessus, note 10.

17. La référence Geographia, 3, renvoie au folio XIII du livre III de la véritable encyclopédie publiée sous le titre de Commentariorum urbanorum octo et triginta libri, par l’érudit italien Rafaello MAFFET, sans doute originaire de Volterra, comme l’indique son surnom latin Volaterranus. La bibliothèque de Pau en possède un exemplaire venu de la Faculté d’Orthez (cf. note 12), daté de 1603. Laurent Daneau, mort en 1595 juste après avoir publié son Compendium, n’a donc pu l’utiliser ; mais cette édition avait pu y remplacer une précédente, car la Bibliothèque nationale possède un exemplaire de l’œuvre de Maffei daté de 1530 et la Bibliothèque de la Faculté de Médecine de Montpellier un qui a été publié à Paris en 1511. La localisation d’Agde et de Montpelier sur un site presque identique était donc proposée au début du seizième siècle. Daneau a réduit à la simple mention du nom en l’accompagnant de l’épithète "laïque" laudative princeps, la biographie succincte de Saint Roch écrite par Mafféi : Hic defunctis parentibus an. XX. relictis omnibus ignotus Christi causa peregrinatus uenit in Italiam ubi plura prodigia in curandam pestilentiain inonstrauit. Deinde post annos multos in patriam reuertens cum omnia bellis turbata inuenisset pro exploratore captifs carcerique inclusus ibi tandem decessit anno MCCCXIIII. Cui ante hos annos Romae templum ex aere collecto dicatum in uia Flaminia prope mausoleum Augusti conspicitur. "A la mort de ses parents, il avait vingt ans : il a abandonné tous ses biens pour aller, pélerin du Christ et inconnu, en Italie où il a réalisé de nombreux miracles dans la guérison de la peste. Puis, au bout de plusieurs années, il est revenu dans sa patrie et, y trouvant tout en désordre à la suite des guerres, arrêté comme espion et incarcéré, il y est mort enfin en l’an 1314. Avant la date d’aujourd’hui, une église lui a été élevée à Rome sur souscription, et on peut la voir sur la Via Flaminia, près du mausolée d’Auguste". Cette église a été bâtie via di Ripetto en 1499 et reconstruite en 1645.

18. Antoine du Pinet de Noroy, Plantz, pourtraits et descriptions de plusieurs villes et forteresses tant de l’Europe, Asie et Afrique que des Indes et terres neuves, Lyon, 1564, p. 104-111. cf. M. Pastoureau, Les Atlas français, XVe – XVIIe siècles, Paris, 1984, chapitre XI ; Gh. Fabre, L’image et l’idée de Montpellier à la Renaissance d’après une estampe inédite, Bulletin historique de la ville de Montpellier, déc.1995, p. 4-37. Lambert Daneau a traduit en latin le texte français de du Pinet que voici : "La Cité de Montpellier est assise au païs de Languedoc, à dix lieues près de la mer, en païs fort bon, et en butte, qui a sa souspente tombant devers le couchant. Quant à son nom ancien, il y a de la diversité : car les uns l’appellent Agatha ou Mons Setius. "Un géographe danois a publié en 1614 un récit du voyage qu’il a fait dans le Midi de la France, et il y signale lui aussi que "Montpellier a été dans l’antiquité appelé Agathè ou, en latin, Agathopolis" : cf. Ulrich von Rath, Montpellier au lendemain de la création du Jardin des Plantes …, Bulletin historique..., déc. 1995, p. 61-65.

19. Le passage, reproduit ici, ne donne aucune précision à ce sujet. Grégoire de Tours, Histoire des Francs, 6, 2 : "les ambassadeurs du roi Chilpéric qui, trois ans auparavant, s’étaient rendus chez l’Empereur Tibère, revinrent… Comme ils n’avaient pas osé aborder le port de Marseille à cause des désordres des rois, ils gagnèrent la ville d’Agde qui est située dans le royaume des Goths (traduction : R. Latouche, édition Budé, Paris, 1965)

20. Paul Corrège n’a pas pu être identifié.

21. Ces "villas", – Saint Pargoire est la seule mentionnée comme telle, et "chateaux autant que citadelles" sont à des distances comprises entre moins d’une dizaine de kilomètres (Castries et Castelnau) et 55 (Saint Pargoire). Montferracium peut être Montferrier, à la même distance que Castelnau, ou Montferrand, propriété de l’évêque de Montpellier, à 25 kilomètres. Renseignements aimablement procurés par F.R. Hamlin, auteur du Dictionnaire toponymique de l’Hérault, publié à Montpellier en 1983.

22. Pierre III d Aragon, qui avait épousé Marie de Montpellier (cf. note 11), a accordé cette indépendance à Montpellier le 15 août 1204.

23. Philippe IV le Bel a été roi de France de 1285 à 1314.
La Chambre ou Cour des Comptes, Aides et Finances a été créée à Montpellier en 1523 par le roi ; elle était en très grande partie protestante. Le Parlement, créé à Toulouse en 1420, avait des fonctions judiciaires, mais pouvait exercer une influence politique au moment où il enregistrait les décisions royales.

24. Froissard, Histoire de France, 6, 2 :

25. L’Université a été fondée en 1289 ; celle de Toulouse date de 1229. Le passage "et quidem … primi paene" n’est pas dans le manuscrit de Carpentras. Placentin est arrivé d’Italie en 1165 ; il a fait deux séjours à Montpellier et il est mort aux environs de 1192. Azon a diffusé la plus grande partie de son œuvre à partir de Bologne. Il est mort en 1230. Jean Fabre, juriste du XIVe siècle, a été professeur à Montpellier. Jacob Rebuffi y a enseigné en 1341 – 1342 ; Nicolas Boyer y a été juriste au XVème siècle.

26. Gordon (de Tarente : cette partie de sa désignation n’est pas dans le Dictionnaire de biographie de H. Prévost) a enseigné à Montpellier de 1285 à 1305 : il s’appuyait sur les auteurs arabes. Il a été rendu célèbre par son manuel Opus liliceum medicinae inscriptum de morborum iprope omnium curatione publié en 1305. Guy de Chaulieu a enseigné aussi au XIVème siècle. Jean Blazin dit Skyron (ou Skysson ou Esquisson) a été chancelier de 1539 à 1556. Il a expliqué des textes de médecins grecs, dont Galien en 1536. Guillaume Rondelet, le plus célèbre de ces maîtres, était l’ami de Rabelais ; il a été soutenu par l’évêque Guillaume Pellicier. Il a été chancelier de 1556 à 1566. Botaniste, il a publié un Traité sur les poisons en 1555. Laurent Joubert a exercé la médecine à Aubenas, puis étudié en Italie. Docteur à Montpellier en 1558, il a dirigé un service de secours aux blessés des affrontements religieux en 1562 et 1569. Il a été chancelier de 1573 à 1582. Il a fait construire le premier amphithéâtre en 1556. Il a publié en 1570 un Traité des arquebusades et en 1578 une étude intitulée Erreurs populaires en fait de médecine et de régime de santé. Pierre Dortoman a enseigné au XVIème siècle

27. Le Thalamus Paléologue a été Empereur de 1224 à 1286

28. Zénon a été le premier Empereur romain installé à Constantinople de 476 à 481 ap. J.-C. Le Concile d’ Agde s’est réuni en 506.

29. Le manuscrit de Carpentras écrit "Hollandicis Brabantinis".

30. Le texte fourni par le manuscrit de Carpentras s’arrête ici.

31. Expressions qui restent à expliquer

32. Cette formule de style proverbial ne figure pas dans l’étude fondamentale sur ce type d’expression, dans le domaine du latin de A. Otto, Die Sprichwörter und sprichwörtlichen Redensarten der Römer, Leipzig, 1890.
M. Maloux, Dictionaire des proverbes, le mentionne sous la forme "quand le chêne est tombé, chacun se fait bucheron", en l’attribuant à Ménandre.

33. Sophocle, Electre, 945

34. De 1565 à sa mort en 1595, Lambert Daneau a publié 65 ouvrages consacrés à des questions théologiques, dont plusieurs études ou traductions de textes anciens et quelques traités de morale. Le Compendium, comme ce titre l’indique, était le "résumé" d’un traité en 5 volumes publié en 1583-1588 à Genève sous le titre Christianae Isagoges in Christianorum théologorum locos communes. cf. P. de Felice, France protestante, tome 5, col. 62-91, Paris 1886 ; G. Fatio, Méthode et théologie, Lambert Daneau et les débuts dez la scolastique reformée, Genève, 1976.

35. Dans les éditions actuelles la référence est Saint Jérôme, Epître 57, à Pammachius (Collection des Universités de France, tome III).

36. Référence actuelle : Saint Basile le Grand, Adversus Eunomium, II, 16 B ; Édition de la Patrologie grecque de Migne, 1857. Tome XIX, I, colonne 604.

37. Theophilactus doit être Théophylacte de Bulgarie, évêque d’Achrida en Macédoine de 1088 à 1126. La citation ne peut être retrouvée dans son œuvre immense.

38. La citation groupe deux distiques d’Ovide : Fastes, I, 308-309 et I, 297-298.

39. Lambert Daneau a été appelé par le consistoire de Castres en 1593, pour essayer de remettre de l’ordre dans une église divisée. Il y est arrivé le 29 octobre et y est mort le 11 novembre 1595.

40. Sens de "année du dernier sacrement" ; "D. D.".