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Description

Les grands propriétaires et leurs exploitations viticoles
dans l’Hérault aux XIXe et XXe siècles
(Contributions pour une histoire en chantier)

* Professeur d’Histoire contemporaine à l’Université Paul-Valéry, Montpellier III.

Les profondes mutations économiques qui affectent le Bas-Languedoc sont aujourd’hui repérables à l’œil nu dans le paysage où diminue la place de la vigne ; un regard averti les décèle dans les structures mêmes de l’environnement matériel et culturel. Est-ce à dire pour autant que le terroir héraultais s’est complètement dégagé de son passé pour s’émanciper de tout son héritage ?

L’histoire de la vigne et du vin, régulièrement enrichie de passionnantes contributions, constitue l’un des fleurons de la mémoire languedocienne. Mémoire que les géographes dotent, de génération en génération, de solides repères pris sur le vif et transmutés en passé par le temps. Les années 1960-70 ont été particulièrement marquées par les travaux de Raymond Dugrand qui réussit à dégager les traits originaux du rapport villes-campagnes en Languedoc. Dans la même période, Robert Laurent formait une jeune équipe d’historiens qui ne tardèrent pas à s’élancer sur le terrain pour écrire de nouvelles pages de la saga vigneronne. Rémy Pech fondait ses analyses sur la Compagnie des Salins du Midi et, avec beaucoup de brio, défendait quelques années plus tard, une thèse sur l’orientation capitaliste prise par l’entreprise viticole au moment de la reconstitution post-phylloxérique.

Le débat ouvert à l’orée du XXe siècle, par Michel Augé-Laribé, rebondissait : les organisations révolutionnaires écloses après 1884, les grèves qui perlèrent entre Narbonne et Béziers au cours de l’année 1904, autant d’incontestables arguments en faveur d’une interprétation des événements en termes marxistes.

Mais, même si le destin économique et social des vignerons du Midi a pu, à certains moments bien précis de son déroulement, et sur des lieux particulièrement délimités, mettre en relief des manifestations caractéristiques de la lutte des classes, la tentation de généraliser des considérations ponctuelles a généralement été repoussée. Jean Sagnes a basé ses études du mouvement ouvrier sur des catégories socioprofessionnelles bien précises ; Rémy Pech a choisi, parmi les grandes propriétés viti-vinicoles, les cas d’illustration de l’entreprise capitaliste, silhouettant par ailleurs 7 des types variés d’exploitants et d’exploitations.

Chacun sait que le hasard tient une place importante dans la recherche et que les connaissances progressent par soubresauts, au gré de la remontée des archives à la surface. Et de l’intérêt qu’elles suscitent chez ceux qui les détiennent ou qui les découvrent. Entre 1993 et 1995, trois mémoires de maîtrise ont permis de pénétrer au cœur de grandes propriétés héraultaises, d’y suivre, depuis la fin du XIXe siècle, les évolutions foncières et économiques, ou structurelles et conjoncturelles suivant la terminologie actuelle, de se familiariser avec le comportement de leurs maîtres.

Catherine Nougaret a suivi l’action de Ferdinand Bouisset dans sa propriété de Montagnac. Propriété constituée, à partir de 1871, par des donations, des donations-partages, des achats successifs, et s’étirant à plus de cinquante hectares à la jonction des XIXe et XXe siècles. Il s’agit là d’un bien de village constitué de parcelles dispersées sur l’ensemble du territoire de la commune, d’une superficie et d’une production comparables à celles des domaines voisins. A la tête de l’exploitation, Ferdinand Bouisset n’hésite pas à recourir aux méthodes de culture scientifiques ; l’heure est à la reconstitution post-phylloxérique et il obtient de formidables résultats d’hybridation en matière de plants. Il les expose au cours de nombreux congrès et expositions viticoles, participe en 1887 et 1892 aux expositions internationales de Toulouse où il remporte deux médailles d’or, confortées par une troisième lors de l’exposition universelle de Paris en 1889. Des distinctions qui couronnent l’action d’un grand propriétaire aux idées modernes, au dynamisme conquérant, exportant en Champagne et dans divers pays européens la réputation du savoir-faire méridional. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1996

Nombre de pages

2

Auteur(s)

Geneviève GAVIGNAUD-FONTAINE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf