Description
Les francs-maçons à l’orient de Montpellier (1750-1820)
* Doctorante en Histoire.
Cet article reprend les conclusions d’un mémoire de maîtrise présenté à Montpellier en juin 1995 sur la franc-maçonnerie dans la capitale languedocienne entre le milieu du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle.
Deux principales obédiences sont représentées au XVIIe s. à Montpellier : le Grand Prieuré de Septimanie (Languedoc), au Rite de la Stricte Observance, et le Grand Orient de France, obédience nationale fondée en 1771. Par ailleurs, le Directoire Écossais de Septimanie est créé à Montpellier en 1779, mis en sommeil en 1788 et recréé en 1804 : il réunit plusieurs loges, l’Amitié, la Parfaite Union, l’Urbanité et les Amis Réunis dans la Bonne Foi. Quant à la Grande Loge Provinciale, elle est créée en 1777, et recréée en 1805. Puis, la Régence Écossaise du Département naît en 1805, et la Loge Mère Écossaise de Montpellier en 1806, de même que le Collège Écossais de Montpellier. Ainsi, l’introduction du Rite Écossais à Montpellier témoigne des influences étrangères. Ce Rite vient s’ajouter à celui qui prédomine jusqu’alors : le Rite Français.
Les principales loges montpelliéraines affiliées au Grand Orient de France dans la période qui nous intéresse sont les suivantes : les Amis des Arts et de l’Harmonie, les Amis de la Gloire et des Arts, les Amis Réunis dans la Bonne Foi, l’Amitié, l’Ancienne, l’Ancienne et Réunion des Élus, la Bienfaisance, la Bonne Intelligence, les Cœurs Réunis, la Conversion de Saint-Vincent de Paul, la Parfaite Humanité, la Parfaite Union, la Persévérance, la Réunion des Élus, la Triple Alliance, l’Urbanité et la Vraie Humanité.
Présentation générale
Dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, les loges maçonniques deviennent de plus en plus nombreuses à Montpellier, sous l’impulsion du Grand Prieuré de Septimanie d’une part, de celle du Grand Orient de France d’autre part. En 1765, sept loges sont déclarées affiliées au Grand Orient : les Amis Réunis dans la Bonne Foi, l’Ancienne, la Bonne Intelligence, la Conversion de Saint-Vincent de Paul, la Réunion des Élus, la Triple Alliance, et la Vraie Humanité. De nombreuses loges sont créées par la suite, mais certaines se mettent rapidement en sommeil ; c’est le cas de la Bienfaisance, dont les constitutions sont accordées par le Grand Orient le 16 décembre 1784. En 1785, nombre de loges sont encore en activité : neuf peuvent être dénombrées : les Amis Fidèles, les Amis Réunis dans la Bonne Foi, l’Amitié, l’Ancienne et Réunion des Élus, les Cœurs Réunis, la Parfaite Union, la Triple Alliance, l’Urbanité et la Vraie Humanité.
L’essor de la Maçonnerie au XVIIIe siècle à Montpellier ainsi que dans l’ensemble du Royaume de France peut être expliqué par la diffusion des Lumières. Chacun acceptait jusqu’alors la souveraineté du prince sur ses sujets, et donc une inégalité. Les Philosophes rejettent peu à peu cette idée qui ne leur paraît pas fondée sur la Raison ; en revanche, ils revendiquent l’égalité de tous devant la loi, de même que la liberté de chacun. La franc-maçonnerie est l’un des supports de la diffusion de ces idées nouvelles du Siècle des Lumières, ce qui explique la multiplication des loges au XVIIIe siècle sur l’ensemble du territoire.
Les loges montpelliéraines ne sortent pas indemnes des événements de 1789 et de la Terreur, qui engendrent souvent des fermetures ou des mises en sommeil des ateliers maçonniques. Ce ralentissement des activités maçonniques dans la province du Languedoc est dû aux difficultés financières générées par les événements révolutionnaires, ainsi qu’à la correspondance avec le Grand Orient de France à Paris, devenue moins régulière et moins fréquente. Néanmoins, quelques loges subsistent, soit ouvertement, soit plus « clandestinement ». La loge des Cœurs Réunis, notamment, est en activité en 1792.
Par la suite, sous le Directoire, des conflits entre diverses villes de l’Hérault ont mis un frein à l’installation de nouveaux ateliers. Ainsi, Béziers la capitale du vin, s’oppose à Montpellier, chef-lieu administratif, religieux et militaire. Le décalage culturel existant plus généralement entre le littoral et la zone montagneuse se maintiendra jusqu’à la reprise des activités de diverses fabriques à Saint-Chinian, Bédarieux, Clermont-l’Hérault, Lodève ou Ganges, qui montre que cette zone est plus prospère.
En outre, les loges de Montpellier ne semblent avoir pris connaissance de la renaissance du fonctionnement du Grand Orient de France que tardivement, en comparaison avec les ateliers parisiens. En témoigne la correspondance d’une loge de Montpellier et d’une loge de Ganges, conservée à la Bibliothèque nationale de Paris.
Ce sont les raisons pour lesquelles le nouvel élan de la franc-maçonnerie n’apparaît à Montpellier qu’à partir de 1800-1802, et plus encore après la naissance du Premier Empire en 1804.
En effet, en 1805, sept loges sont affiliées au Grand Orient : les Amis des Arts et de l’Harmonie, les Amis de la Gloire et des Arts, les Amis Fidèles, les Amis Réunis dans la Bonne Foi, l’Ancienne et Réunion des Élus, la Parfaite Humanité et la Parfaite Union. Sous le Premier Empire, le succès des loges maçonniques montpelliéraines peut être expliqué par plusieurs facteurs : le développement des industries textiles, du trafic commercial et de la navigation sur le canal du Midi ; une certaine prospérité professionnelle des futurs maçons, ainsi que la relative sécurité politique.
Une lettre du 28 mars 1811 confirme ce succès. En effet, le préfet de l’Hérault ayant demandé aux maires des villes de l’arrondissement l’état des associations religieuses, politiques et littéraires, le maire de Montpellier répond dans cette lettre que les associations religieuses – et notamment la franc-maçonnerie – figurent « en assez grand nombre ».
Il convient de présenter quelques loges significatives du mouvement maçonnique montpelliérain, que nous étudierons avec plus de précision. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1996 |
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Nombre de pages | 6 |
Auteur(s) | Charline ROUZET |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |