Description
Les fortifications de Saint-Guilhem-le-Désert :
II. La Tour des Prisons,
III. Le « Cabinet du Géant »
Ouvrage majeur du système défensif de Saint-Guilhem-le-Désert, la Tour des Prisons s’élève au nord-est de la cité, au pied de la montagne qui porte les vestiges du château de Verdun, édifié par les moines de l’abbaye de Gellone pour en surveiller les approches. C’est une construction romane de plan carré, attribuable à la seconde moitié du XIIe siècle ou au début du XIIIe. Ses murs, hauts de 18 m., sont montés dans un appareil régulier de pierre froide et de tuf, dont l’épaisseur varie entre 0,60 m. et 0,99 m. Ils hébergent cinq salles successives de 3,50 m. de côté, que surmonte une terrasse crénelée.
Dans une monographie publiée en 1837 par Jules Renouvier, alors président de la Société archéologique de Montpellier, l’auteur, décrivant ce « donjon », évoque « les créneaux ébréchés qui le terminent, et les arbres qui ont infiltré leurs racines dans ses crevasses et le couronnement de leur feuillage. » Cet état, confirmé en 1856 par le compte-rendu d’un visiteur anonyme qui parle d’une « grande tour à créneaux, aujourd’hui en ruine, dont le sommet se couronne d’arbustes et de végétations », était encore celui de l’édifice avant sa récente restauration. À quelques ébréchures près, son élévation paraît donc nous être parvenue dans son intégralité depuis l’époque de sa construction.
Emergeant d’un groupe d’habitations qui l’enserrent sur trois côtés, la tour est bâtie directement sur le rocher. La salle basse, accessible au sud par une porte romane dont l’encadrement vient de retrouver sa place sous l’arc cintré à grands claveaux, est entièrement constituée d’une voûte de pierre froide en berceau assisé, haute de 2,30 m. à son sommet. Au nord, elle vient buter contre la paroi rocheuse, dans laquelle est creusée une niche de la dimension d’une porte, sommée d’un arc segmentaire. On notera aussi, ménagée dans l’intrados oriental, une niche servant à l’éclairage de la pièce, laquelle devait être utilisée comme lieu de stockage.
Précédée d’un escalier plaqué contre l’angle sud-ouest de la tour, la salle du 1er étage s’ouvre, à l’ouest, par une porte romane qui a conservé le cintre clavelé en tuf de ses deux arcs de décharge (intérieur et extérieur), ainsi que les loges latérales où glissait la barre transversale de fermeture du vantail. L’unique éclairage de cette salle, simple niveau d’entrée sans vocation militaire, consiste en une mince fente de tir ménagée à l’est, dans un ébrasement en triangle haut de 0,70 m. Un plancher, dont les trous de boulins s’alignent sur les faces nord et sud, la séparait de la salle du 2e étage qui, elle, avait une vocation défensive à en juger par les cinq fentes de tir qui se répartissent comme suit : deux au nord, du côté de la montagne, et une au milieu de chacune des autres faces. Les poutres du plancher… qui la couvrait s’enfilaient, elles aussi, dans des trous de boulins percés au nord et au sud, alors que celles du plancher de la salle du 3e étage privilégiaient davantage les murs est et ouest pour ne pas affaiblir la solidité de l’ouvrage. Est-ce aussi pour cette raison que cette dernière est privée de toute ouverture et, de ce fait, uniquement vouée à l’entreposage ?
Véritable « Q.G. » de la tour en cas d’alerte, la salle du 4e étage est pourvue de six fentes de tir (deux au nord et au sud, et une sur chacune des autres faces), auxquelles s’ajoute une porte d’accès à un balcon ou un hourd, ménagée au sud, du côté du village, sous un arc cintré à grands claveaux et entre six trous de boulins (fig. 5). Ces sept ouvertures s’intercalent entre les multiples logettes d’un pigeonnier qui tapisse la totalité des murs. Comme au rez-de-chaussée, la salle est couverte d’une voûte en berceau orientée nord-sud et dont les deux cordons en quart-de rond ayant servi à son montage surplombent le pigeonnier. À l’angle sud-ouest, s’enfonce un trou d’homme quadrangulaire permettant d’accéder à la terrasse sommitale, ceinte d’un haut parapet ponctué de merlons et dont la base accueille deux ou trois petites meurtrières selon les faces. Celles-ci étaient utilisables depuis le fond de la terrasse, tandis qu’un étroit muret accolé au parapet, formant chemin de ronde, permettait de garnir les créneaux. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2013 |
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Nombre de pages | 7 |
Auteur(s) | Thierry RIBALDONE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |