Les déportés héraultais à Mittelbau-Dora (1943-1945)
Les déportés héraultais à Mittelbau-Dora (1943-1945)
** Généalogiste familiale
P. 129 à 146
Le camp de concentration nazi de Mittelbau-Dora était une vaste usine souterraine (1943-1945). Des détenus y produisaient les fusées A4-V2 qui bombardaient Londres. Un Dictionnaire des déportés partis de France vient de paraître, contenant 9 000 biographies dont celles de 62 Héraultais. La moitié d’entre eux sont morts d’épuisement par le travail et les maladies. Des résistants, quelques maquisards et des jeunes gens projetant de franchir la frontière pour partir combattre avec les Alliés composent 80 % des déportés héraultais. Les résistants arrêtés sont des agents de liaison, des agents de renseignement, des militaires de carrière et des cadres de la Résistance en Languedoc. Certaines formes de solidarité ont toutefois existé dans ce camp très dur. Des survivants ont continué à s’entraider après leur retour. Ils ont éprouvé le besoin de confier leur expérience particulière, ce qui contribue à la dimension humaine de cet ouvrage.
The deportees from Hérault in Mittelbau-Dora (1943-1945)
Nazi Mittelbau-Dora concentration camp was a great underground factory (1943-1945) where the prisoners were occupied in assembling A4-V2 rockets for London bombings. The dictionary of the deportees originating from France was recently edited, with 9 000 biographies, among them 62 from Hérault department. Half of them died from exhaustion by hard working, allied to diseases. Resistants, some maquisards and young men aiming to cross the border to fight with Allied coalition constituted 80 % of these deportees from Hérault. These arrested resistants are liaison agents, intelligence officers, career soldiers and officers of the Resistance in Languedoc. In the Camp, some cases of solidarity developed yet in these hard conditions. Some survivals continued to help each other after they were back in France. They needed to narrate their individual experience which contributes to enhance the deeply human dimension of this ouvrage.
Los deportats eraureses de Mittelbau-Dora (1943-1945)
Lo camp de concentracion nazi de Mittelbau-Dora èra una vasta usina sosterrana (1943-1945). De detenguts i produsián las fusadas A4-V2 que bombardavan Londres. Un Diccionari dels deportats venguts de França ven de paréisser, reclausent 9 000 biografias, dont las de 62 Eraureses. La mitat d’eles moriguèron d’aganiment pel trabalh e las malautiás. De resistents, qualques maquisards e de jovents projectant de passar la confinha per partir combatre amb los Aligats compausan 80 % dels deportats eraureses. Los resistents arrestats son d’agents de ligason, d’agents de rensen-haments, de militars de carrièra e de quadres de la Resisténcia en Lengadòc. D’unas fòrmas de solidaritat an ça que la existit dins aquel camp fòrça dur. De subrevivents contunhèron de s’entrajudar aprèp lor retorn. Esprovèron lo besonh de fisar lor experiéncia particulara, çò que participa a la dimension umana de l’obratge.
Le Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, paru en 2020 et fort de ses 2400 pages, fournit des données pour étudier les Héraultais qui sont passés par ce camp de concentration et qui, pour une partie, y ont trouvé la mort (fig. 1). Ce dictionnaire biographique a demandé vingt ans de travail et émane d’une décision prise par une association, l’Amicale de Dora-Ellrich. Celle-ci a opportunément légué ses archives au centre de mémoire de la Coupole, situé près de Saint-Omer dans le Pas-de-Calais 1. Le nom de Coupole évoque le bunker qui avait été prévu pour être une base de lancement des fusées A4-V2 sur Londres. Quel lien entre le Pas-de-Calais et Dora ? Les éléments des missiles étaient assemblés dans les tunnels de Dora, un camp près de Nordhausen dans des collines de Thuringe. Contrairement aux autres camps nazis, il portait un nom de code et non de lieu. L’originalité de ce camp a été peu mise en valeur et le dictionnaire contribue, par son enquête prosopographique se revendiquant de la micro-histoire, à mieux faire connaître les déportés ayant subi « l’enfer de Dora ». La documentation repose sur les fiches d’immatriculation, sur les témoignages recueillis et des archives officielles. Les notices qui en sont issues devraient être mises en ligne prochainement.
Le dictionnaire fournit matière à réflexion sur les « Héraultais » qui y ont été envoyés et sont peu connus. En effet, dans l’espace héraultais, les traces de détenus à Dora sont rares, avec une dizaine de noms de rue, impasse, quai ou place pour leur rendre hommage. Presque autant de noms sont célébrés sur des plaques ou des stèles, parmi les photos reproduites dans l’ouvrage d’André Dau, Le tribut de l’Hérault pour sa libération. En tenant compte des doublons, une quinzaine de personnes sont concernées. Parmi eux, quatre seulement ont leur nom explicitement lié à Dora : René Devic à Montpellier, François Maillol et Louis Roustan à Sète, Constant Lopez sur une stèle à Clermont-l’Hérault commémorant les morts dans la Résistance 2.
Laurent Thiery, directeur scientifique de la publication sur Dora, nous a aimablement communiqué les listes de personnes en lien avec ce département : ceux qui y ont déclaré une adresse (53), ceux qui y ont été arrêtés (9) et d’autres natifs de l’Hérault (29). En excluant les doubles ou triples appartenances, ce sont au total 91 hommes dont la liste est consultable en annexe 3 (Annexe I). Une des biographes, Joëlle Helleboid-Allouchery, qui effectue des recherches sur les relations de camaraderie entre déportés de Dora et leur effet sur la survie, a suscité notre intérêt, étant donné la richesse biographique des notices de déportés. Pour mieux les faire connaître, après avoir décrit le camp de concentration, nous tracerons des portraits de groupe des déportés de l’Hérault ayant connu Dora, soit 62 hommes, de leur arrestation à leur vie en déportation. En outre, quelques natifs héraultais ayant quitté le département présentent un intérêt particulier. Les résistants ont le plus souvent appartenu à des réseaux ou mouvements, avant leur déportation, et les détenus concentrationnaires dans leur ensemble ont pu créer des liens qui méritent d’être analysés, quand ils sont connus 4.
Le camp de Dora, un « enfer »
Mittelbau-Dora est le dernier camp de concentration nazi en date et l’un des plus meurtriers 5. Cas unique, il a été conçu comme un complexe militaro-industriel souterrain, dans le but de protéger des bombardements la production future des armes secrètes, les missiles V2. Parmi les principaux responsables scientifiques, figurent deux nazis devenus célèbres après-guerre dans le programme spatial de la NASA qui est le descendant direct des V2, Wernher von Braun et Arthur Rudolph. Ce camp dépendait en 1943 de Buchenwald, distant de 80 km, puis il est devenu autonome au bout d’un an et renommé Mittelbau, allusion à sa position centrale dans le territoire du Reich. Il s’agissait de transformer en une usine d’assemblage les deux tunnels, longs de deux kilomètres, d’un ancien dépôt de carburant (fig. 2). La décision, qui comportait désormais l’emploi massif d’une main d’œuvre concentrationnaire, avait été prise après le bombardement par la RAF d’une usine située à Peenemünde, dans une île de la mer Baltique.
À partir du 28 août 1943, des hommes arrivent presque tous les jours de Buchenwald, camp de destination de convois de déportation partis de France. À Dora, rien n’étant prévu pour leur hébergement extérieur, ils sont donc « enterrés vivants » dans des galeries où ils travaillent, vivent et souvent meurent. La mortalité a avoisiné les 6 000 personnes pendant les six premiers mois, alors qu’il a pu s’y trouver ensemble jusqu’à 12 000 déportés, la plupart vivant dans les tunnels.
Travail de douze heures, absence de système d’aération, d’installations électriques et de canalisations d’eau courante, saleté, puanteur, vermine, maladies, repos relatif dans la poussière et le bruit incessant (fig. 3). Nombreux sont les cas de pneumonie, tuberculose, typhoïde et dysenterie, sur des organismes affaiblis par le travail, le manque de soins et de nourriture. Les déportés étaient à cette période-là surtout des Soviétiques, Polonais, Français, Allemands, Belges, Italiens, des hommes non juifs avec beaucoup de « politiques ». Et tous craignaient les accusations de sabotage pour lesquelles on pouvait être pendu.
Au printemps 1944, des Blocks ou baraquements ont été construits à l’extérieur, les détenus y déménagent tandis que le travail sur la chaîne de montage des fusées se développe, dans des conditions améliorées. Des détenus voient la lumière du jour et peuvent prendre un peu de repos à l’air libre. Peu après, le camp principal de Dora est entouré de camps secondaires, ou Kommandos, où les détenus vont parfois revivre l’enfer de Dora à la très forte mortalité, notamment à Ellrich. À la fin de la période, un seul tunnel de Dora abritait l’assemblage des V2. Le second tunnel, où avaient couché les premiers concentrationnaires, abritait le montage par des travailleurs civils des V1, des bombes volantes ; cette activité, repliée à Dora, n’est pas l’objet de notre étude. Le complexe industriel Mittelbau-Dora comportait 40 000 détenus au printemps 1945. L’activité de l’entreprise Mittelwerk est au service de l’aéronautique allemande 6 et contribue aux destructions de villes, principalement anglaises et belges. Elle n’est stoppée qu’à la fin de mars 1945.
Le complexe est atteint le 11 avril 1945 par des troupes américaines, le camp est presque vide, puisqu’une majorité de déportés avait été évacuée les 4 et 5 avril dans des convois ou des marches de la mort. C’est au début de 1945 qu’y était brièvement passée une Simone Jacob, pas encore Veil, évacuée de son camp de l’est. La jeune fille avait perçu la dureté de Dora.
Les détenus à Dora ont été 60 000 et 20 000 y sont décédés, soit le tiers d’entre eux. Dans le cas des déportés venant de France, français ou étrangers, le dictionnaire recense 8971 personnes immatriculées dont sept femmes, comme Simone Veil aujourd’hui au Panthéon. La mortalité a été élevée pour eux, s’élevant à 54 %. C’est quinze points de plus que pour l’ensemble des déportés de répression venant de France, selon L. Thiery. Qu’en a-t-il été du département de l’Hérault, situé au sud de la France, dans la zone occupée par les armées allemandes à partir du 11 novembre 1942 ?
Vue d’ensemble des Héraultais de Dora, à travers leurs biographies
Dora a fonctionné d’août 1943 à avril 1945, ce qui constitue la période de nos observations. Des informations fournies par ce dictionnaire portent parfois sur des activités antérieures ou postérieures à la déportation. La moitié des 62 Héraultais n’est pas revenue. Sur les neuf arrêtés dans le département et non domiciliés, le rapport est de 6/9 et, sur les sept résistants actifs, seul est rentré Jean Vincent-Carrefour (réseau Action R3, SAP) 7. L’objectif d’éliminer les cadres de la Résistance intérieure est manifeste. D’après G. Bouladou, près d’un tiers n’est pas rentré de camp parmi les Français et Françaises arrêtés dans l’Hérault, tandis qu’ils sont la moitié pour Dora 8. Ce camp comportait une dimension d’extermination par le travail. De quoi les déportés sont-ils décédés ? La cause la plus fréquemment déclarée est une broncho-pneumonie, à relier à l’humidité et aux poussières des tunnels. Viennent ensuite la tuberculose et l’épuisement, observé par l’entrée au Revier, ou infirmerie. D’autres malades, estimés en fin de vie, sont envoyés dans des camps mouroirs, à Bergen-Belsen et Lublin-Majdanek, comme Raymond Rondeleux du réseau Alliance, un ingénieur agronome de Béziers (fig. 4). Bien des rentrés garderont des séquelles et seront pensionnés, certains ayant dû se rétablir dans des sanatoriums. Par la suite, les décès s’échelonnent depuis les années 1970.
Les motifs d’arrestation mentionnés permettent d’apprécier la part des résistants. Le « motif » aux yeux des Allemands n’est cependant pas exactement assimilable à une cause possible. Ainsi, la détention d’armes ou l’action communiste sont difficiles à classer. Nous comparerons avec les pourcentages des déportés de Dora, dont le motif a pu être identifié pour 80 % d’entre eux, et avec ceux des Français de l’Hérault, étudiés par G. Bouladou sur des critères voisins. J. Sagnes et J. Maurin en présentent 291, regroupés en quelques catégories 9. (Voir Tableau)
Les 62 Héraultais de Dora sont des hommes et parfois des étrangers, déportés de répression presque tous 10. Pour sa part, G. Bouladou a étudié tous les Français et Françaises déportés, et non les étrangers, et seulement ceux arrêtés dans l’Hérault. Pour sa thèse, il a utilisé les critères du Comité d’Histoire de la Deuxième Guerre mondiale, dont il était correspondant. À cette réserve près, la comparaison est possible puisque nous observons la même tendance dans les trois groupes. Dans notre relevé, prédominent les déportés avec une appartenance à un réseau ou un mouvement de résistance, la moitié des cas héraultais, suivis par la tentative de franchissement d’une frontière (20 %) et quelques cas de présence dans un maquis (8 %). Près de 80 % des déportés avaient donc eu une démarche active vers la Résistance et cette proportion doit être gardée à l’esprit pour distinguer résistance et déportation.
Les opérations de représailles collectives, ou rafles, ont été peu nombreuses dans ce département, à l’inverse de certains autres. Ainsi, à Lyon, un très jeune natif de Frontignan a été victime d’un groupe de miliciens qui a contrôlé ses papiers dans la rue. Après son retour, Jacques Micolo a fait don de sa tenue de déporté au Centre et Musée de la Résistance de cette ville, avec le triangle rouge des « politiques » – il a été accusé d’activités anti allemandes –, le « F » des Français et son numéro matricule (fig. 5). Le fait de n’être plus qu’un numéro déshumanisait. Nous n’avons pu identifier les communistes en tant que tels, mais leur présence n’est pas exclue. Les motifs de droit commun et pour détention d’armes sont comparables à ceux de Dora. La déportation de persécution – pour motif racial écrit-on aussi – est plus élevée pour G. Bouladou, puisqu’il étudie tous les camps. L’infraction sur le travail, difficile à déterminer, concerne à Dora surtout des détenus arrêtés sur le territoire du Reich et donc qui y travaillaient.
Les maquisards sont plus nombreux chez les Héraultais que dans la moyenne de Dora. En effet, des maquis existaient en 1943 dans le Massif central, dont les premiers reliefs s’élèvent dans le nord du département. D’anciens maquisards proviennent aussi de Haute-Savoie que des jeunes gens ont quittée dans l’été 43, pour tenter de passer en Afrique du Nord. Le pourcentage des Héraultais de Dora (8 %) avoisine toutefois le taux de 6,7 % indiqué par R. Spina pour les déportés de répression réfractaires au STO, le Service du Travail Obligatoire. Il s’agissait principalement de jeunes gens requis pour travailler en Allemagne et en Autriche 11.
De nombreux hommes ont tenté de franchir une frontière, presque toujours la frontière espagnole. Le décompte inférieur chez G. Bouladou s’explique par le choix du Comité d’Histoire d’envoyer de telles fiches au correspondant du département d’arrestation.
Dans notre enquête, il est précisé que l’homme déclare avoir voulu rallier les Forces françaises libres (FFL) en Afrique du Nord. Il donne une adresse dans l’Hérault ou bien est arrêté dans le département, sur son trajet. En effet, après le débarquement en Afrique du Nord de novembre 1942, l’armée française en Afrique est réorganisée tandis que le débarquement des armées alliées en Sicile commence le 10 juillet 1943. Se dirige vers la frontière tout un courant de jeunes gens, souvent des réfractaires au STO ou anticipant leur réquisition. Ils sont contrôlés dans des communes près de la frontière ou même en Espagne, par la Gestapo, la SS, la police ou la douane allemandes. Ce mouvement a connu une certaine ampleur. Sur les 15 000 évadés de France fuyant le STO par l’Espagne, près de 2 000 personnes ont été envoyées en camp de concentration après avoir été arrêtées, selon les calculs de R. Spina 12. Pour mieux connaître les formes de la Résistance dans le département, G. Bouladou avait perçu l’intérêt de cerner davantage ces départs. Il pensait de même pour les chefs de réseaux ou de mouvements locaux arrêtés dans d’autres départements, qu’il ne pouvait comptabiliser 13. On en retrouve donc certains qui ont été déportés à Dora.
Que sait-on de l’état civil des 62 Héraultais ? Ce sont en majorité des Français, sauf trois. Un natif de Pologne et un de Roumanie sont de confession juive. Le troisième, le belge Joseph Britte, œuvre dans le renseignement. Deux Français sont des Italiens de naissance naturalisés, Charles Curzola en avril 1940 et Honoré Mollicone en 1932. Ce dernier était membre du mouvement Combat et a eu un neveu, Antoine, également déporté à Dora. Noël Munuera, d’origine espagnole par ses parents, est aussi naturalisé depuis 1929 14. Ces familles ont bénéficié de la loi sur la nationalité de 1927. Un petit groupe est encore issu des vagues migratoires italienne et espagnole, présentes depuis le début du siècle en France, notamment parmi les ouvriers agricoles. Le lieu de résidence des 53 Héraultais est, pour plus de la moitié, le Montpelliérais. La place de Montpellier est une ville administrative et militaire, ville à la fois de résistance et de répression. Les moyennes vallées de l’Orb, avec Béziers, et de l’Hérault viennent ensuite, ainsi que Sète. Il s’agit des grands axes de communication de la plaine en direction de l’arrière-pays tandis que Sète est le port principal de la côte languedocienne. Ces trois centres urbains ont abrité une activité résistante précoce 15.
Pour appréhender l’âge des 62 déportés, nous avons choisi leur année de naissance. Un ensemble de huit hommes a connu l’expérience de la Première Guerre mondiale puisqu’ils sont nés entre 1891 et 1899. Le plus âgé est l’agent belge Joseph Britte, du réseau Sabot, qui a tenu deux semaines à Dora avant d’être envoyé, comme inapte au travail, à Bergen-Belsen. Avec près de la moitié des hommes, le second ensemble est le plus important, composé d’une trentaine d’adultes nés entre 1901 et 1918 et qui étaient à même d’avoir reçu une formation militaire et d’avoir combattu. Presque aussi nombreux, ceux qui ont eu vingt ans pendant la guerre et sont particulièrement concernés par le STO. Enfin, six sont nés entre 1925 et 1927 et étaient à l’époque mineurs. Un des deux plus jeunes est Marc Goldrach, né à Tours et étudiant en musique – il joue du violon –, de confession juive. Il est arrêté en juin 1944 à Montpellier, après une possible dénonciation. Considéré comme apte au travail à Auschwitz, il est évacué à Dora en janvier 1945. Épuisé après un mois et demi à Ellrich, il est envoyé à Bergen-Belsen où il disparaît. Le second est rentré. Jacques Marco, cultivateur né à Pinet, est arrêté par la Gestapo dans les Pyrénées, voulant rejoindre les FFL en septembre 1943, avec deux camarades. Il est libéré le 15 avril 1945 par les Britanniques à Bergen-Belsen.
L’âge médian des hommes arrêtés étant de 25 ans, il est concevable que beaucoup devaient être célibataires. Ils sont 58 %, contre 42 % qui étaient mariés. Pour les 80 % des déportés concernés par la Résistance, leur engagement a été le fait, non seulement de jeunes concernés par le STO, mais aussi d’adultes mariés, exprimant de ce fait leur conviction patriotique. Concernant la confession, quelques mentions figurent dans des fiches d’immatriculation conservées à la base des Archives d’Arolsen. Sans surprise, la majorité se déclare catholique, avec quelques protestants, un juif et un « sans religion », Robert Alart. Le relevé n’est cependant pas exhaustif.
De même, les appartenances au parti communiste et à la franc-maçonnerie – des appartenances poursuivies par le régime de Vichy – ne peuvent être déduites de choix postérieurs au retour. Un « M. Maillol » est inquiété à Sète le 6 mai 1942. Il est l’objet d’une perquisition à son domicile où ont été saisis des objets maçonniques, parmi des notes statistiques et confidentielles sur « des mouvements par chemins de fer, de marchandises à destination de la zone occupée ou de l’Allemagne », des appareils de duplication et des stencils « non déclarés ». Il ne doit pas être interné, écrit le préfet régional au ministère qui a demandé une enquête, cependant son dossier est transmis au Parquet. Il semble bien qu’il s’agisse de François Maillol et non de son fils Étienne, né en 1923. Il est en tout cas bien engagé dans des activités résistantes, « antinationales » dit l’auteur de la lettre : recherche de renseignement et diffusion d’information 16. Ayant un dossier ouvert à son nom, il sera un suspect possible.
L’engagement dans la Résistance
Les professions déclarées sont variées et certaines se rencontrent plus fréquemment parmi les déportés héraultais ayant eu une démarche résistante. Outre quelques cas d’enseignants et d’étudiants, trois catégories peuvent être isolées, comportant plus d’une demi-douzaine de mentions : des militaires de carrière, des agriculteurs et des employés de commerce. G. Bouladou relève ces mêmes catégories parmi les déportés ayant une activité professionnelle 17. Authentiques ou fictifs, les emplois dans le commerce, du garçon-livreur au négociant, justifiaient sous l’Occupation une autorisation de se déplacer. Le nombre d’agriculteurs correspond à un secteur d’activité majeur, environ le tiers de la population active. Des propriétaires employaient cependant des réfugiés, ce qui explique quelques adresses héraultaises. Aussi David Blum, arrivé de Belgique, se dit-il domicilié à Agde où il a été ouvrier agricole (fig. 6). Les jeunes Émile Granier, Jacques Marco, Vincent Salvador et Renaud Perrette sont des ruraux et seulement un sur deux reviendra (fig. 7).
Le désir de rallier les FFL pour certains jeunes agriculteurs tend à montrer que le lien supposé de ce milieu avec le régime de Vichy était faible, après la législation de février 1943 sur le STO et le travail forcé en Allemagne de tous les jeunes hommes, y compris des paysans 18. Cette ponction privait les campagnes de bras utiles, alors que les prisonniers de guerre ne rentraient plus de leurs stalags. De plus, les campagnes héraultaises avaient depuis longtemps des élus « républicains » et l’occupation par l’ennemi a pu être jugée intolérable par des ruraux de la zone sud.
Des militaires de carrière sont très engagés dans les réseaux, avant et après la décision de De Lattre d’appeler les militaires au regroupement le 11 novembre 1942, quand la disparition de l’armée d’armistice était imminente 19. Ils s’activaient dans le camouflage du matériel, ce qui intéresse en 1940 des militaires du Génie basés à Montpellier, ainsi que dans la recherche du renseignement, l’aide à l’évasion de réfractaires au STO et les fonctions d’instruction et d’encadrement. Alexandre Gantier avait réussi à s’évader d’un camp de prisonniers de guerre, en repartant avec son instrument au sein d’une formation de musique de la Croix-Rouge internationale, venue les divertir 20 (fig. 8).
En ce qui concerne les arrestations liées à la Résistance, les appartenances citées à des réseaux ou des mouvements sont surtout à Combat et à l’Armée secrète, environ dix fois chacun, des organisations importantes dans l’Hérault 21. Deux à trois fois mentionnés : Buckmaster, FTPF, Mithridate, MUR, NAP. Une fois : Alliance, Armée des volontaires, Franc-Tireur, Kasanga, Libération-Sud, Mouvement de Libération Nationale, Organisation juive de combat, Plan Vert, Sabot, SAP (Action R3), Transmission-Action, pour notre région. Une liste de réseaux est donnée en annexe (Annexe II).
Certains résistants ont été membres de plusieurs réseaux ou mouvements. La diversité des engagements du Rhône aux Pyrénées apparaît. Elle conforte la description de R. Andréani pour Montpellier et complète les études sur les maquis en R3 22. La Résistance intérieure s’est structurée en 1943, ce qui doit beaucoup à Jean Moulin, envoyé par de Gaulle pour contribuer à l’unification des formes de résistance. À la fin de cette même année, l’avocat parisien Henri Noguères arrivait à Montpellier, pressenti pour y prendre la tête du mouvement Franc-Tireur. Il est favorablement surpris par l’avancement de l’organisation à l’intérieur des MUR (Mouvements Unis de la Résistance), futurs FFI, qui se projetaient dans la libération du territoire avec les forces résistantes de la région 23. Par exemple, au sein de l’Armée secrète, Henri Mas est arrêté fin 1943 alors qu’il recrutait les équipes destinées au Plan Vert de sabotage des voies ferrées.
L’Armée secrète, à partir de la fin 1942, a été dotée d’un état-major et chargée d’encadrer les formations armées des mouvements – Combat, Libération et Franc-Tireur –, de harceler les troupes d’occupation et de préparer l’insurrection armée au moment de la Libération. Elle est active en zone sud et a autorité sur les maquis et les Groupes francs. Elle est intégrée dans les FFI en février 1944 et inclut les maquis groupés et les maquis diffus, ces derniers composés de sédentaires 24. Le mouvement Combat, qui avait aussi une formation armée avec des Groupes francs, a été le plus important des mouvements de l’Hérault et a rassemblé certains des premiers résistants de 1940-1941, notamment dans les filières d’évasion et la recherche de renseignements 25. Membre de Combat arrêté au début de 1944, Marcel Legros a participé à des actions de distribution de tracts, fabrication de cartes d’identité et sabotage de voies ferrées.
Quant au réseau Noyautage des administrations publiques et privées (NAP) créé en octobre 1942 comme structure transversale, voici un exemple de ses activités de renseignement. René Devic a écrit dans une note de synthèse de juillet 1943 dont le double avait été conservé et caché chez lui : Franc Garde de la Milice à Cers, réunion des chefs départementaux de la Milice le 2 juillet à Béziers, un inspecteur départemental de la Milice demande la révocation d’un maire et de son adjoint « pour sentiments gaullistes », un étudiant membre de Combat est surveillé 26. Par leurs activités clandestines, tous les membres des formations de Résistance étaient menacés, même si eux-mêmes n’étaient pas clandestins.
De l’arrestation en France à la déportation à Dora et à la libération
Maurice Clergue était opérateur-radio, une fonction très exposée puisqu’il fallait recevoir et transmettre du courrier. Beaucoup étaient des agents de liaison vulnérables. Vincent Salvador, chargé des contacts entre le maquis Bir-Hakeim et l’Intelligence Service, est arrêté lors d’une rencontre sur la frontière espagnole. Ses missions consistaient en passage de combattants et en transport d’armes. Tel autre était chargé du contact entre les maquis situés entre trois départements de montagne. La délation et les dénonciations ont joué pour cette guerre du renseignement : groupes de réfractaires au STO logés à Montpellier, rencontre de responsables de réseaux, chasse à l’homme par la Gestapo, de Montpellier à l’Aveyron, pour Ferdinand Paloc (NAP).
Il a été observé ailleurs, dans le Calvados, que la délation a concerné pour la moitié des cas la détention d’armes et les attitudes ou propos anti allemands 27. Dans l’Hérault, ce ne sont que deux cas de déportation à Dora : Jean Sinègre pour son arme et Victor Caumer pour ses propos. Cela ne recouvre donc pas, en volume, les cas de dénonciation à l’encontre de déportés héraultais dans ce camp. En 1943, la répression allemande s’est concentrée ici sur le passage des frontières par les réfractaires au STO et leurs hébergeurs, puis a pris la forme d’infiltration d’agents auprès de résistants actifs qui étaient surveillés, notamment par des agents de la collaboration qui ont été redoutables. L’Allemagne, qui produisait des armes puissantes à Dora, faisait la guerre en France où elle luttait à la fois contre la France libre et son recrutement et contre la Résistance intérieure en cours d’organisation.
Sont responsables des arrestations les unités de répression allemandes, mais encore françaises, comme l’intendance de police avec l’intendant Marty, ainsi que la Milice créée au début de 1943. Certains détenus cumulent des séjours dans plusieurs prisons, notamment à la prison militaire de Montpellier, et des tortures et sévices dans la sinistre villa des Rosiers 28. L’organisme du détenu en sortait très affaibli, ce qui prédisposait à une disparition rapide dans un camp aussi dur. Les deux plus importantes périodes d’arrestation, pour ces Héraultais de Dora, sont le printemps puis l’été 1943, avec notamment l’espoir de franchir les Pyrénées. Pour la déportation, plusieurs transports ont quitté le camp de Compiègne-Royallieu pour Buchenwald, quelques-uns avant l’automne. Mais, pour Dora, les deux premiers convois massifs avec des Héraultais partent le 16 septembre puis le 28 octobre 1943. La décision venait d’être prise de transformer les tunnels près de Nordhausen en usine souterraine et ces déportés seront la main d’œuvre concentrationnaire pour les aménagements. C’est le premier des deux moments de très forte mortalité.
Dans notre étude, le troisième convoi important date du 27 janvier 1944, au début de la production dans le tunnel, et le quatrième du 12 mai 1944, quand le débarquement semble imminent. Les autres déportés héraultais sont arrivés plus isolés. Au creusement meurtrier, a succédé en 1944 les activités d’assemblage puis la construction des voies ferrées alentour et le travail dans des ateliers de récupération sur des V2 endommagés. Nous connaissons quelques-uns de ces lieux par les photographies officielles prises par Walter Frentz et présentées à Hitler. Mises en scène avec des déportés aux vêtements propres et qui semblent bien portants, elles doivent être tenues pour des images de propagande (fig. 9).
Concernant ces envois massifs de déportés de répression, entre septembre 1943 et janvier 1944, il a été observé que 7/10e de l’ensemble des hommes vont connaître Dora, une fois la période de quarantaine observée à Buchenwald. Il a ainsi existé un « programme Dora » concernant la France pour utiliser une main d’œuvre qualifiée et jugée fiable dans cette industrie de pointe. Avec la faiblesse des procédures judiciaires, la politique de collaboration de Vichy a facilité ces déportations massives de Français, inconnues en Belgique et aux Pays-Bas 29. Les transferts renouvelés palliaient la mortalité précoce. Ainsi, quatre déportés héraultais sont décédés dès 1943, 16 en 1944 et 11 pour les quatre à cinq mois de 1945, année où viennent s’ajouter les victimes des transferts et des bombardements alliés, l’autre moment de forte mortalité.
Les déportés de Dora et de ses Kommandos ont été libérés par des Britanniques, des Américains ou des Russes, en avril et parfois en mai 1945, selon la direction de leurs convois ou après leur évasion d’une colonne. Quelques malades avaient été laissés à Dora à cause de leur faiblesse extrême. Cette région centrale de l’Allemagne était convoitée par tous les Alliés, pour ses usines, ses ingénieurs et techniciens civils ainsi que pour ses documents de travail et de recherches sur les V2 30.
L’activité des déportés n’ayant cessé que début avril, les derniers départs sont effectués le 5, comprenant « des spécialistes ». Parmi ceux-ci, remarquons plusieurs Héraultais. Trois sont des militaires de carrière, Marcel Colignon, René Boisson et Alexandre Gantier qui se trouvait au Kommando d’électriciens (fig. 10). Les deux derniers avaient habité dans la même cité militaire à Montpellier. Alexandre Gantier soutenait pendant cet ultime transfert André Méresse 31, son chef du mouvement Armée des Volontaires, avec l’aide du docteur Marcel Petit de Toulouse, employé au Revier. Henri Calès était un étudiant, jeune engagé volontaire de 1939, et il avait intégré un Kommando de topographie. Henri Mas était d’une famille d’entrepreneurs du bâtiment et a travaillé au Kommando des menuisiers. Georges Bidou et Jean Exbrayat, deux dessinateurs industriels stéphanois, ont dû être utilisés dans la conception des fusées pour leur savoir-faire technique. Leurs postes à tous étaient moins exposés que d’autres au danger.
Les conditions d’évacuation en mars et avril 1945 ont toutefois accru la mortalité chez tous les détenus 32. La survie, face à ces situations extrêmes de sous-alimentation et de maltraitance, a dépendu de nombreux facteurs : âge, poste de travail, durée de déportation, possibilité de repos à l’extérieur du tunnel, dureté du commandement, état de santé à l’arrivée, blessures, maladies, séjour réparateur ou non à l’infirmerie, sans négliger la capacité à conserver un bon moral.
Parcours de déportés héraultais
Chaque parcours de vie de déporté est une histoire unique. Certains parcours de résistants ou de candidats au passage de la frontière sont néanmoins proches. Parmi les nombreux résistants, voici deux alias. Maurice Clergue, qui rentrera, indique être domicilié à Montagnac. L’opérateur-radio, né à Fécamp, est pris lors d’une transmission. Il est arrêté sous sa fausse identité, Maurice Coulomb né le 21 janvier 1920 à Tunis, un état civil invérifiable après le débarquement anglo-américain en Afrique du Nord. Quant au Montpelliérain Raymond Combarnous, il est arrêté en Ariège sous la fausse identité de Maurice Crégut, avec une modification du jour et du mois de sa naissance en 1915 (fig. 11). Il n’est pas revenu de déportation, tout comme son père Gaston. Certains se sont engagés précocement dans la Résistance. Ferdinand Paloc et Honoré Mollicone sont parmi les premiers membres de Combat. Dans le Nord, Gérard Pauwels a tôt distribué des tracts et des journaux clandestins, avant d’intégrer Libération-Sud. Il est arrêté par la Gestapo à Montpellier lors d’une mission en mai 1943. René Boisson, alors sous-officier du Génie dans cette ville, s’engage dès juillet 1940 dans des réseaux renseignement et action et travaille au camouflage de matériel militaire dans le réseau Mithridate, en lien avec Combat. Émile Mourlin est cité comme actif dans le réseau Camouflage du matériel.
Sont mentionnés comme ayant été dénoncés par Louis Robert 33, dit Rivoire : René Boisson, Philippe Chapert, Marcel Legros, tous de Combat et frappés par cette trahison. Le groupe de Sète a aussi eu à souffrir de Rivoire 34. Alexandre Gantier, de Mithridate, est dénoncé par « Dubois », mais selon lui par de faux requis du STO qui s’étaient présentés comme des candidats à l’évasion 35.
Antoine Gil l’a été par un passeur de l’Ariège. Le NAP (Noyautage des administrations publiques et privées) a été probablement infiltré par un agent de l’ennemi, selon G. Bouladou et H. Chaubin 36. Sont arrêtés des chefs locaux, départementaux ou régionaux de mouvements ou réseaux. Certains avaient déjà des fonctions plus larges que celles indiquées ci-après. René Devic et Ferdinand Paloc (tous deux du NAP), Pierre Hémery (Franc-Tireur), François Maillol (Armée secrète) étaient domiciliés dans l’Hérault, de même que Roger Charier (Combat). Lors de contacts, Jean Michaut, chef de l’Armée secrète de la région de Camarès, est arrêté à Béziers et Jean Vincent-Carrefour, chef des opérations de parachutage (SAP), l’est à Montpellier. Des agents de liaison, toujours sur les routes ou dans des trains, sont pris : Raymond Combarnous, Marcel Fesquet, Robert François, Pierre Goudot, Honoré Mollicone, notamment. Henri Fretin et Jacques Brodeur sont arrêtés parmi d’autres dans une réunion à Montpellier, en mars 1944, dénoncés par le propriétaire. Le sous-lieutenant Henri Fretin (alias André Rollin) était membre de Combat et de l’Armée secrète et assurait la liaison entre différents maquis. Il a participé à des sabotages et à l’évasion de prisonniers (fig. 12). Ces responsables particulièrement déterminés manqueront lors de la Libération de la région en août 1944.
Les agents de renseignement, plus isolés, ne sont pas à l’abri. François Garrigues (réseau Alphonse / Buckmaster) est arrêté à Béziers sur son lieu de travail. Le Belge Joseph Britte (réseau belge Sabot) est chargé de relever à Carcassonne les passages de militaires allemands. Deux natifs de l’Hérault font de même.
Dans les Ardennes, Jean Gray « fournit des renseignements sur les cantonnements et les installations de défense aérienne du camp de Pauvres » (réseau Centurie, OCM). À Clermont-Ferrand, René Martin renseigne sur les transports ferroviaire et routier (réseau Mithridate). Il est arrêté pour espionnage. Après l’invasion de la zone sud fin 1942, ils espionnaient les déplacements des armées ennemies pour aider à la reconstitution de l’ordre de bataille allemand et à sa mise à jour, dans l’objectif du débarquement allié à l’ouest 37.
Le parcours de la trentaine de natifs de l’Hérault, vivant à Paris ou ailleurs, élargit par conséquent la perception de la déportation et de la Résistance. Citons-en encore deux parmi eux. Raymond Baud (1918-1996), né à Béziers, est le fondateur du réseau Arc-en-ciel, avec mission d’espionnage industriel. Noël Labourdette (1891-1975) est un électricien né à Saint-Étienne-Estréchoux, d’un père mineur. Replié à Toulouse, il est particulièrement actif et membre de Libérer et Fédérer, de Témoignage Chrétien, de Combat et du réseau Alphonse / Buckmaster. Dans le département de l’Hérault dont la population est en augmentation, certains sont venus vivre ici après la guerre ou plus récemment. À titre d’exemple, ce déporté a fini sa vie à Boujan. Jean Mroz (1925-2013) était ouvrier agricole en Normandie et de nationalité polonaise. Fuyant le travail forcé et cherchant à gagner l’Afrique du Nord, il est arrêté non loin de la frontière. Dans son Kommando de spécialistes, il a servi d’interprète. Peu avant son décès, il se disait heureux d’avoir survécu comme un « miraculé » et d’être toujours en vie 38.
Cherchant lui aussi à rejoindre les FFL, Charles Curzola de Béziers tente de passer par la Belgique, un cas particulier puisque les autres essayent de passer par l’Espagne. Réfractaires au STO, Henri Calès, Guy Dussud, Constant Lopez, Jean Olive sont arrêtés près de la frontière.
Dans le même objectif, avec un groupe, Noël Munuera a quitté le maquis de la Montagne Noire. Quatre sont concernés par des maquis de Haute-Savoie : Georges Vuillemin a été arrêté en novembre 1943 lors d’une attaque de son maquis par l’armée allemande et a donné une adresse à Montpellier. Un groupe de trois originaires du Biterrois, Georges Azéma, Guy Galibert et Jacques Marco, a quitté le maquis de Saint-Ruph en Haute-Savoie. Ils sont arrêtés dans les Basses-Pyrénées le 15 septembre 1943. Deux hispanophones présumés sont présents dans les groupes de la Montagne Noire et de Saint-Ruph, Jacques Marco et Noël Munuera ayant des pères d’origine espagnole. Ils avaient le projet de passer dans une unité combattante de l’armée et se trouvent parmi ceux qui ont échoué à le faire.
De leur côté, Georges Bidou et Jean Exbrayat ont quitté un groupe FTPF près de Saint-Étienne. Le premier avait en charge la formation de groupes et le second était entré au camp Wodli début 1943. En transit pour gagner l’Afrique du Nord, ils sont arrêtés ensemble à Montpellier le 19 février 1943, puis écroués à la prison militaire, d’où ils partent pour Mauthausen et finalement arrivent à Dora. Il est remarquable de voir qu’à deux reprises ils portent des numéros d’immatriculation qui se suivent, signe de leurs liens étroits, sinon de leur amitié dans l’adversité. Est-ce dans un tel groupe que Robert Alart a été arrêté par une unité de la Wehrmacht, agissant dans le Puy-de-Dôme 39 ?
Un dernier ensemble révèle la diversité de la condition de concentrationnaire masculin. Des déportés de droit commun n’ont plus été considérés comme tels après la Libération. Un détenu a été exécuté à la prison de Nordhausen, Paul Veyrat de Lachenal, après une évasion manquée du camp. Pierre Monclus figure parmi les Namenlosen, décédé anonyme de Dora en 1944. Deux sont morts très peu de temps après la libération du camp, Louis Roustan et Pascal Marti. Ce dernier est décédé à Roubaix sur le chemin du retour. Louis Roustan a été assisté par un médecin, à Dora même, où il était détenu politique, mais non déporté de France. Parti au STO en mai 1943 puis arrêté sur le territoire du Reich, ce marin-pêcheur sera inhumé dignement au cimetière de Nordhausen. Deux se trouvent dans le dernier convoi parti de Toulouse le 30 juillet 1944 : Pierre Mauri et Raymond Rosano. Ils reviendront. Les deux suivants ont été victimes de représailles collectives, de rafles. Le même Pierre Mauri, ouvrier métallurgiste de Béziers et communiste, était emprisonné depuis le 19 juin 1940, avant l’armistice, suite au pacte germano-soviétique. Louis Schwartz, médecin montpelliérain et juif roumain, est arrêté dans la rafle du 18 avril 1944 à Meynac (Corrèze), où il était assigné à résidence. Quant aux trois déportés juifs, ils ont des liens avec l’Hérault où ils ont déclaré être domiciliés, deux étant des déportés de persécution. David Blum, lui, appartenait à un maquis juif de la Montagne Noire de l’Organisation juive de combat, avant son arrestation à Toulouse rue de la Pomme 40.
Réseaux de relations et survie ?
Pouvoir rester digne… Nous n’avons pas fait mention des nombreux prisonniers n’ayant pas parlé sous la torture avant leur déportation, mais tous ceux-là ont sauvé des vies. Dans un camp comme Dora, le détenu risquait la mort à tout moment, comme en ont témoigné des survivants 41. On remarque que, après la guerre, un déporté bénéficiera d’un non-lieu pour son affaire « compte tenu de son attitude exemplaire dans les camps », attestée notamment par « le capitaine Boisson ». À l’inverse, une plainte sera déposée dès le retour par une association de déportés contre un autre, dont le motif n’est pas donné. Aux obsèques d’Henri Calès en 1991, un de ses anciens camarades a déclaré qu’il leur avait donné la force de résister à la barbarie concentrationnaire et leur a évité « la déchéance morale qui, au seuil de la honte, [les] guettait tous ». Sur René Devic, qui avait été torturé à la villa des Rosiers à Montpellier au cours de l’été 1943, André Dau écrit : « Ses camarades de détention rescapés ont témoigné de l’admirable rôle de soutien qu’il exerça auprès d’eux durant sa courte détention à Dora 42 ». Il avait été affecté à Dora le 13 octobre 1943 et y est décédé le 31 décembre 1943, soit quelques jours plus tôt que la date de janvier 1944 habituellement retenue (fig. 13).
Au-delà d’un même motif d’incarcération, des relations ont donc pu se nouer entre déportés. Nul ne peut dire à quel point la solidarité a joué dans la survie, dans ces situations extrêmes, même si on présume qu’elle a joué un rôle pour se maintenir en vie, à côté de la chance et du maintien d’une « autonomie de pensée », comme « dessins, poèmes, se laver ». Et encore de l’« opposition permanente à la loi inique du camp », des tentatives de sabotage du travail nazi et de l’appartenance à un groupe de deux à cinq personnes, parfois structuré 43. Constatons, pour répondre au questionnement de J. Helleboid-Allouchery, qu’il a existé des camaraderies et des liens forts dans de petits groupes où figurent des déportés héraultais.
Sont amenés à se soutenir les militaires de carrière, qui déclaraient une profession dans le civil, la France n’ayant plus d’armée d’armistice depuis novembre 1942. C’est le cas dans un convoi d’évacuation du 5 avril 1945, notamment entre deux membres du même réseau, André Méresse soutenu par Alexandre Gantier. Ce dernier avait réussi à gagner Dora, en mettant en avant des compétences d’électricien, et il pensait y retrouver davantage de militaires qu’à Buchenwald 44.
Certains arrivent à plusieurs, arrêtés ensemble. Ainsi, les deux dessinateurs industriels stéphanois Georges Bidou et Jean Exbrayat ne se quittent pas. Ils survivront à tout au cours de leurs deux années de déportation. Des isolés ne le restent pas. Victor Caumer, arrêté à son domicile à Lunel pour avoir tenu des propos anti allemands après la réquisition de sa maison, sympathise avec le docteur André Bonnafous à Compiègne (fig. 14). Ils font le voyage ensemble pour Buchenwald dans des wagons à bestiaux en septembre 1943. Les deux trentenaires avaient presque le même âge, l’un est un médecin marié du Bousquet-d’Orb, ancien prisonnier de guerre et engagé dès son retour dans le réseau action de l’Armée secrète, qui crée des maquis et camoufle des réfractaires au STO. L’autre, le célibataire Victor Caumer, un représentant né dans la Nièvre, est sans activité résistante apparente et semble avoir été dénoncé pour ses propos. Il ne survivra pas.
De même, Jean Sinègre, né à Saint-Gély-du-Fesc. Il est arrêté à son domicile de Montpellier après dénonciation pour détention d’un revolver, a précisé son épouse 45. Il quitte le camp de Compiègne avec Jean Olive, de Corconne, qui avait été arrêté près de la frontière espagnole, ainsi qu’avec François Olive. Dans un premier temps, ils sont affectés au tunnel. Selon son biographe, Jean Sinègre « travaille avec François Olive et, le soir venu, partage sa paillasse à même le sol dans les tunnels en chantier de la Mittelwerk ». Être la nuit près d’un camarade de confiance est une protection contre des agresseurs nocturnes, voleurs de pain entre autres. Revenu de déportation, François Olive écrit de lui que c’était « un bon camarade, en parfaite santé, avec un bon moral et beaucoup de courage ». Néanmoins, une dysenterie l’avait rapidement emporté, par manque de soins.
L’un vit et travaille en Lozère où il a été arrêté, l’autre descend de Lozériens établis à Saint-Gély-du-Fesc. Les deux hommes nouent des liens de camaraderie pendant leur premier mois à Dora. Seize années les séparent. Le plus ancien, né en Cerdagne, est greffier en chef au tribunal de Marvejols et s’est tôt engagé dans le mouvement Combat. Jean Sinègre est père de famille, vient de se remarier et avait quitté le travail d’agriculteur à Saint-Gély pour un emploi dans un garage de Montpellier 46. Ils ont vécu une enfance dans un même paysage de collines et de vignobles. Ils ont probablement aussi en commun une deuxième langue, la langue d’oc dans sa variante du parler du Gévaudan. Comme pendant la Première Guerre, le sentiment d’appartenance à un même territoire a pu les rapprocher. Les deux hommes ont cependant été rapidement séparés par une nouvelle affectation du plus âgé : « Il le reverra à de rares occasions dans les galeries humides et froides pour évoquer brièvement leur retour en France ».
Être reconnu dans un couloir obscur et bruyant, parler avec un camarade ou un proche, évoquer le futur, comme l’ont fait les deux Méridionaux, a pu permettre d’affronter les épreuves quotidiennes avec un meilleur moral. S’agissant de son homonyme Robert Olive, Jean Olive a fait le voyage jusqu’à Caussade dans le Tarn-et-Garonne, pour témoigner auprès de la mère du déporté de la vie à Dora et des derniers instants de son fils. Alexandre Gantier a témoigné sur l’arrestation près de la frontière et sur le parcours du jeune Renaud Perrette, comme lui au Kommando des électriciens. Voir la famille ou témoigner sur des moments de la vie de ceux qu’on a croisés en déportation a été un engagement personnel sinon collectif pour de nombreux revenus. Le Serment n’est-il pas le titre de la revue de l’Association française Buchenwald Dora et Kommandos ? Néanmoins, le traumatisme subi a pu rendre le témoignage difficile à certains.
Le Revier a été pour Ferdinand Paloc et Philippe Chapert un lieu de retrouvailles, dont le premier, qui est revenu, a rendu compte par écrit à la famille du second, décédé en avril 1945, dans un récit intitulé « Douloureux souvenir ». Ils s’étaient connus à la prison de Montpellier où ils étaient interrogés et où Philippe Chapert était enchaîné pieds et mains liés. Ils sont envoyés à Compiègne puis à Buchenwald où ils se perdent de vue avant de se retrouver au Revier de Dora fin 1944. Parmi une majorité de Français, ils y occupent deux places voisines, partagent nourriture et souvenirs et discutent notamment de leurs soupçons sur les agents de la collaboration infiltrés à Montpellier. Ferdinand Paloc témoigne de l’optimisme de son camarade, alors que les Allemands du camp, « nos bourreaux » écrit-il, se faisaient menaçants contre les Alliés, après la contre-offensive des Ardennes et la montée en puissance de leurs armes secrètes à Dora :
« Tout le monde et moi-même, le tout premier, admirions sincèrement le jovial et solide optimisme de Philippe qu’il était parvenu à faire partager jusqu’aux plus cafardeux […]. Nous avons vécu ensemble quelques semaines dans une atmosphère feutrée de très cordiale et confiante affection mutuelle qui ne pourront jamais s’effacer de ma mémoire et qui devaient me faire regretter profondément son départ pour un « bloc-repos » (Schonung) du camp » 47.
La solidarité avait pu déboucher sur des tentatives pour résister dans le monde concentrationnaire, notamment parmi les agents de renseignement. Ainsi le jeune Pierre Hémery, chef régional de Franc-Tireur, qui avait été arrêté à Montpellier lorsqu’il mettait sur pied le réseau Kasanga. Dans l’horrible tunnel de Dora, il a tenté d’organiser la résistance. Revenu, il a été décoré « en qualité de modèle de jeune chef de la Résistance française » (fig. 15). Mieux documenté, le groupe auquel est rattaché le vétérinaire Marcel Petit, agent d’un réseau Buckmaster (1888-1986). Malade et soigné au Revier, il s’y fait ensuite admettre comme aide. Il circule, collecte des informations et diffuse des nouvelles. Dans ce lieu où se croisent toutes les nationalités, il est contacté pour préparer les derniers moments du camp et éviter la liquidation possible de déportés à ce moment-là. Le groupe est découvert, certains sont exécutés, mais il n’est pas, par chance, inquiété 48.
Alexandre Gantier aurait participé à des tentatives de sabotage de matériel ennemi avec un groupe de militaires, selon son biographe 49. Le sabotage du travail était dangereux, mais aussi contraire à l’ambition d’un travail bien fait, si enracinée dans les normes de vie. Il était difficile de ce fait à décider, sinon à réaliser 50. Cependant, si résistance il y a eu, elle n’a pu être que marginale dans ce camp à la mortalité élevée, à la faim qui tenaillait et, semble-t-il, aux rares solidarités internationales (fig. 16).
L’engagement ultérieur de David Blum témoigne de sa reconnaissance. En 1984, il a fait octroyer le titre de « Juste parmi les nations » à Achille Bautes, son voisin à Agde. Ayant trouvé refuge par effraction, son frère et lui, dans l’appartement des Bautes lors de la rafle du 26 août 1942, ils avaient été cachés et ravitaillés par cette famille. Puis, accompagnés dans leur périple par un gendarme ami des Bautes muni d’un faux ordre de mission, les deux jeunes gens avaient pu retrouver leur mère 51. Les biographes de déportés à Dora soulignent la force de caractère de certains. André Bonnafous, envoyé dans un mouroir, y survit : « Il va opposer aux Allemands une force de caractère hors norme ». À son retour, il rend visite à la famille d’Émile Granier, jeune agriculteur de Castries et membre de l’Armée secrète. Probablement sur dénonciation, celui-ci avait été arrêté en août 1943 dans la vigne où il travaillait, seule capture dans une vigne rencontrée dans notre dossier. Il lui était reproché « d’avoir remis une lettre à un aviateur voulant fuir le lendemain en Algérie ».
D’autres rescapés ont voulu être actifs dans des associations d’anciens déportés, dans des activités d’entraide auprès des victimes et des familles. Raymond Baud, qui s’établit médecin à Paris, apparaît comme vice-président de l’Amicale des déportés d’Ellrich, dès sa fondation en 1945 52. À Montpellier, Henri Mas a fourni des informations à l’historien André Sellier, sur son évacuation dramatique notamment. Il était en 1990 un des fondateurs du Centre sur la Résistance et la Déportation de Castelnau-le-Lez 53. S’appuyant sur le Centre, des résistants et des déportés ont accepté de témoigner auprès d’adolescents dans les établissements scolaires du département 54.
De son côté, vers 1954 selon son fils, le docteur André Bonnafous a été appelé auprès de son camarade Robert Aymerich, originaire des Pyrénées-Orientales, sujet à des troubles nerveux (1920-1999) 55. Ils avaient vécu les mêmes drames, de Dora à Lublin-Majdanek et Auschwitz II-Birkenau, un parcours peu commun dans le système concentrationnaire nazi. Ils avaient survécu tous deux, mais plus difficilement pour le jeune catalan 56. L’art et la littérature ont été des moyens d’expression pour surmonter la barbarie côtoyée et subie, la prose avec le témoignage écrit, le dessin ou encore la poésie. Jean Vincent-Carrefour, officier des opérations de parachutage de la région R3 57, a mémorisé un poème sur son expérience concentrationnaire, intitulé Écrit au bruit de la perforatrice au tunnel de Dora, octobre 1944. Cet écrit est porté par une réflexion chrétienne sur la souffrance, dont nous extrayons ces vers tellement représentatifs de Dora :
[…] J’ai passé de longs jours au tunnel sans lumière
Travaillant en forçat dans la sombre carrière
Le visage pâli sous la blanche poussière.
La vie est bien rude en cet horrible séjour
Et je crains que mon cœur n’oublie le chant d’amour
Pour hurler la haine avec les loups 58. […]
Conclusion
À peine libéré, Marcel Petit se faisait reconnaître en tant que membre d’un réseau anglais, auprès d’officiers britanniques. Il a été très surpris d’apprendre les dégâts causés à Londres par les V1 et les V2, les armes secrètes d’Hitler 59. Lui comme d’autres camarades pensaient que les V2 ne fonctionneraient jamais, alors que les armes ont été produites jusqu’au bout. Le déni, comme moyen de survie… Les agents de renseignement déportés à Dora ont continué à s’informer, les militaires à se soutenir, les « spécialistes » à travailler hors des chantiers de terrassement, alors que sévit la meurtrière « folie » des nazis d’Ellrich. D’autres, plus isolés, malades ou plus exposés ont rapidement disparu. Ils représentent la moitié des Héraultais, à l’image somme toute des 9 000 de Mittelbau-Dora. La déportation à Dora en provenance du département de l’Hérault ne reflète ni toute la déportation ni toute la Résistance française. Ce fut massivement une déportation de répression envers les hommes, traduisant l’effervescence de l’année 1943 en Languedoc, avec les faibles premiers effectifs de résistants dépourvus d’expérience pour la clandestinité, mais qui se structuraient, avec des jeunes gens cherchant à gagner la frontière espagnole et affichant l’intention de rallier l’armée française en formation en Afrique du Nord.
De son côté, l’armée allemande et ses nombreuses forces de répression occupaient en profondeur la zone sud, pour se déployer face au débarquement attendu sur le continent européen. Les Allemands étaient décidés à combattre la France libre dès le territoire français, à faire disparaître, quel qu’en soit le moyen, les responsables de la Résistance intérieure qui préparaient la venue des Alliés et de De Gaulle dans leur lutte contre les puissances de l’Axe. Ils ont été aidés dans la recherche du renseignement par des dénonciateurs et des collaborateurs français stipendiés, de « bons Français » comme ils disaient. Savoir qui les avait dénoncés a été une quête des déportés et de leurs proches. Grâce à ce dictionnaire biographique et à sa mise en ligne annoncée, de nouvelles informations pourront se faire jour et venir compléter les témoignages et les traces locales, avec l’exploitation de nouvelles sources accessibles sur chaque parcours de déporté.
Annexe I
Les déportés héraultais
du camp de concentration de Dora (Allemagne)
D’après le Livre des 9 000 déportés de France à Mittelbau-Dora, trois groupes de déportés peuvent être qualifiés d’Héraultais. Nous étudions principalement les deux premiers groupes composés de ceux qui ont déclaré une adresse dans l’Hérault ou qui y ont été arrêtés. Le troisième groupe concerne des natifs de l’Hérault, dont quelques-uns sont mentionnés dans le texte à titre de complément.
Pour chaque homme est indiqué : NOM Prénom, année et lieu de naissance, et si le décès est déjà advenu (†), année de décès. En italique, est indiqué le pseudonyme ou l’alias mentionné dans le Livre des déportés à Dora.
Liste des déportés domiciliés dans l’Hérault
ALART Robert 1921 Béziers † 2019 (Bob) // AZÉMA Georges 1920 Cazouls-lès-Béziers (34) † 2002 // BLUM David 1921 Mielec (Pologne) † ca 2002 (Daniel) // BOISSON René 1910 Alès (30) † 1988 (Raymond Benoit) // BOIXADERA Florent 1922 Béziers † 2003 // BONNAFOUS André 1909 Graissessac (34) † 1996 // CALÈS Henri 1919 Villeneuve-sur-Lot (47) † 1991 // CARRIÈRE Raymond 1911 Montpellier † 1944 // CAUMER Victor 1905 Nevers (58) † 1943 // CHAPERT Philippe 1894 Rodez (12) † 1945 // CHARIER Roger 1910 Bagnères-de-Bigorre (64) † 1995 (Cariac, Pagès) // CLERGUE Maurice 1920 Fécamp (76) † 2011 (Maurice Coulomb) // COLIGNON Marcel 1916 Aiglemont (08) † 1982 // COMBARNOUS Raymond 1915 Montpellier † 1944 (Maurice Crégut) // CURZOLA Charles 1920 Lucques (Italie) † 1982 // DEVIC René 1894 Montpellier † 1943 // DUSSUD Guy 1920 Paris † 1999 // ESCUDIÉ Gabriel 1922 Lodève (34) † 2010 // FESQUET Marcel 1901 Montpellier † 1944 (Roger) // FRANÇOIS Robert 1922 Monthermé (08) † 1944 // FRETIN Henri 1904 Lille † 1945 (André Rollin) // GALIBERT Guy 1925 Béziers † 1944 // GANTIER Alexandre 1913 Baillargues (34) † 1998 // GARRIGUES Jacques 1904 Béziers † 1944 // GIL Antoine 1917 Lansargues (34) † 1997 (Robert Daniel) // GOLDRACH Marc 1927 Tours (37) † 1945 // GOUDOT Pierre 1896 Buxy (71) † 1978 (Charles Bernard) // GRANIER Émile 1918 Castries (34) † 1944 // HÉMERY Pierre 1919 Clamart † 2003 // LEGROS Marcel 1918 Paris † 1994 // LOPEZ Constant 1916 Clermont-l’Hérault (34) † 1944 // MAILLOL François 1896 Cerbère (66) † 1943 // MARCO Jacques 1927 Pinet (34) † 1999 // MARTI Pascal 1922 Murviel-lès-Béziers (34) † 1945 // MAS Henri 1921 Verdun (55) † 2003 (Julien Vialles) // MAURI Pierre 1899 Servian (34) † 1974 // MAURY Georges 1913 Montpellier † 1982 // MOLLICONE Honoré 1902 Casalvieri (Italie) † 1943 (Marty) // MONCLUS Pierre 1908 Paris † 1944 // MOURLIN Émile 1898 Dijon (21) † 1980 // MUNUERA Noël 1922 Lodève (34) † 1945 // NOUGARET Marcel 1926 Montpellier † 2004 // OLIVE Jean 1920 Corconne (30) † 2009 // PALOC Ferdinand 1896 Ganges (34) † 1984 (Sérane) // PERRETTE Renaud 1925 Vendémian (34) † 1944 // RONDELEUX Raymond 1903 Morlaix (29) † 1944 // ROSANO Raymond 1919 Lunel (34) † 1989 // ROUSTAN Louis 1920 Sète † 1945 // SALVADOR Vincent 1922 Aspiran (34) † 1971 (Lejeune) // SCHWARTZ Louis 1911 Galati (Roumanie) † 1945 // SINÈGRE Jean 1907 Saint-Gély-du-Fesc (34) † 1944 // VALENTIN Georges 1918 Montpellier † 1944 // VUILLEMIN Georges 1920 Neuchâtel (Suisse) † 1945.
Liste complémentaire des déportés arrêtés
mais non domiciliés dans l’Hérault
BIDOU Georges 1920 Salles (47) † 2014 // BRITTE Joseph 1891 Verviers (Belgique) † 1944 // BRODEUR Jacques 1921 Marseille † 1945 // EXBRAYAT Jean 1920 Saint-Étienne † 2007 // FEIGNA Paul 1921 Toulouse † 1945 // MICHAUT Jean 1921 Sceaux † 1944 (Planchon) // PAUWELS Gérard 1919 Lys-lez-Lannoy (59) † 1944 (Louis) // VEYRAT-DE-LACHENAL Paul 1925 Vallières (74) † 1945 // VINCENT-CARREFOUR Jean 1911 Marseille † 2000.
Liste des déportés nés dans l’Hérault,
mais domiciliés et arrêtés hors du département
AUREILLE François 1925 Lavérune † 1979 // BADIAS Roger 1922 Béziers † 1945 // BALAY François 1904 Montpellier † 1966 // BAUD Raymond 1918 Béziers † 1996 (Claude Béziers) // BENOIT Louis 1924 Nissan † 1996 // BERTAUD Étienne 1916 Montpellier † 1996 // BONNIER William 1921 Cournonterral † 1945 // CAYLA Louis 1925 Paulhan † 2011 // ESCLAFIT François 1917 Pézenas † 1984 // GALY Paul 1911 Quarante † 1944 // GRANIER René 1920 Marseillan † 1944 // GRAY Jean 1917 Montpellier † 2004 // GUÉRINEAU Émile 1901 Montpellier † 1974 // GUYONNAUD André 1917 Graissessac † 2003 // LABOURDETTE Noël 1891 Saint-Étienne-Estrechoux † 1975 // LANCRENON Robert 1909 Montpellier † 1980 // MARTIN René 1894 Le Bousquet-d’Orb † 1976 // MAYSTRE Lucien 1921 Montpellier † 1945 // MICOLO Jacques 1927 Frontignan ?? // MIRANDA Manuel 1921 Alignan-du-Vent † 1944 // MONDIÉ Louis 1892 Montouliers † 1944 // PEYRUSSE Joseph 1905 Sète † 1945 // PONCHUT Léonard 1902 Sète † 1979 // PRAT Henri 1914 Agde † 1944 // RICHAUD Daniel 1925 Agde † 1945 // RIEUTORD Jean 1914 Montpellier † 1945 // ROUMAGNAC Paul 1923 Clermont-l’Hérault † 1945 // TARBOURIECH René 1915 Azillanet † 2010 // TOURNIER Henri 1920 Olonzac † 2010.
Annexe II
Réseaux de renseignement et d’action des déportés de l’Hérault à Dora
(Source : LONGUET et GENET-ROUFFIAC, 2013. Les dates indiquées sont celles de la période de reconnaissance comme unité combattante).
Action R3 : réseau action, 11/1942-09/1944. Importance du réseau : forte.
- Subordonné au BCRA (Bureau central de renseignements et d’action de la France Libre).
- Missions du DMR (délégué militaire régional) dans la région R3 (départements du Languedoc-Roussillon et de l’Aveyron) : Délégation militaire de l’état-major interallié et du BCRA auprès des mouvements de Résistance. / Organisation de l’action des FFI. / Répartition des armes et des fonds aux mouvements. / Instruction et encadrement de maquis. / Mise en place des plans du Jour J. / Réalisation de sabotages stratégiques. / Demande de bombardements. / Liaison avec Londres et éventuellement Alger. / Accessoirement, recherche de renseignement.
- Missions du Service opérations aériennes et maritimes et du Service des atterrissages et des parachutages (SAP) : Organisation de parachutages et d’atterrissages clandestins pour l’introduction en France d’armes et d’agents. / Répartition des armes aux unités FFI. / Opérations maritimes et de liaisons. / Infiltrations et exfiltrations d’agents. / Encadrement et instruction de maquis. / Installation de radioguidages pour l’aviation alliée et le balisage des bombardements. / Réalisation de sabotages stratégiques. / Réception des fonds. / Éventuellement, recherche de renseignement.
Alliance : réseau renseignement, 02/1941-05/1945. Importance du réseau : forte.
- Subordonné à L’Intelligence Service puis au BCRA.
- Missions : Recherche de renseignement militaire sur l’ensemble du territoire occupé en France et en AFN (Afrique du Nord). / Recherche de renseignement sur les activités des commissions d’armistice en zone non occupée jusqu’au 11 novembre 1942 et sur celle des ports méditerranéens. / Occasionnellement : évasions de personnalités, évacuations de parachutistes, de patriotes traqués, sabotages de canaux, de voies de chemins de fer et d’usines, propagande antinazie.
Alphonse / Buckmaster : 12/1943-09/1944. Importance du réseau : faible.
- Subordonné au SOE (Special Operations Executive) puis à l’état-major allié. Créé fin 1941 et actif jusqu’à la Libération.
- Missions : Spécialités de parachutages, sabotages, guérillas. / Propagande, presse clandestine, passages en Espagne, formation de maquis.
- Le réseau a fait passer quelques courriers vers la Suisse et a reçu comme mission particulière la coupure de manière durable des communications ferroviaires entre Montauban et Paris, d’une part, et Marseille et Lyon, d’autre part.
Arc-en-ciel : réseau renseignement, 11/42-09/44. Importance du réseau : moyenne.
- Subordonné au BCRA.
- Missions : Recherche de renseignement militaire et surtout industriel (Implantation en Normandie, Région parisienne et Nord).
CDM (Camouflage du matériel) : réseau action, 07/1940-09/1944. Importance du réseau : forte.
- Subordonné à la France Libre et au BCRA.
- Missions : Soustraction à l’ennemi d’un maximum de matériels de guerre de toutes sortes, leur stockage en lieu sûr, leur réparation ou leur entretien en vue de les livrer aux troupes FFL et aux différentes formations des maquis et corps francs. / Fabrication d’armements divers : automitrailleuses, blindés. / Fabrication de vêtements et divers matériels destinés aux maquis (Groupe Franc Pommiès notamment en partie).
- Réseau créé dès l’armistice sur initiative personnelle ; les agents sont pour beaucoup des militaires de carrière.
Kasanga : réseau renseignement, 06/1944-09/1944. Autres noms : SR Combat, ??-12/1942 ; SR MUR, 12/1942-09/1943 ; SR MLN 11/1943-Libération. Importance du réseau : moyenne.
- Subordonné au BCRA.
- Missions : Recherches de renseignement d’ordre militaire, politique, économique et de contre-espionnage au profit du mouvement Combat, puis des Mouvements unis de la Résistance et enfin du Mouvement de Libération nationale.
Mithridate : réseau renseignement, 08/1940-02/1945. Importance du réseau : forte.
- Subordonné à l’Intelligence Service puis au BCRA de 01/1942 à 05/1945.
- Missions : Recherche de renseignement sur les marines de guerre et de commerce italiennes de 1940 à 1943. / Création de secteurs de renseignement sur toute l’étendue de la zone sud de 1940 à 1943. / Création d’un réseau de renseignement sur les côtes nord et sud de la Bretagne fin 1941.
NAP (Noyautage des administrations publiques et privées) : réseau action, 10/1942-09/1944. Importance du réseau : forte.
- Missions : Détection des sympathisants de la France Libre dans tous les services publics, exécution de tous les sabotages que leur position professionnelle peut leur permettre. / Préparation de l’insurrection et de la prise de pouvoir administratif dans tous les services publics en établissant, à cet effet, la liste des fonctionnaires à maintenir, à remplacer, à sanctionner et proposition de remplaçants. / Fourniture de faux papiers aux différents agents.
Sabot : réseau renseignement, 10/1941-01/1943. Importance du réseau : moyenne.
- Subordonné au gouvernement belge libre à Londres ; services secrets britanniques ; France Libre.
- Missions : Centralisation des réseaux belges de renseignement et des filières d’évasion belges, en Belgique et en France. / Recherche de renseignement. / Création de filières pour le passage des frontières espagnole et portugaise, hébergements, convois.
Transmission-action : réseau action, 07/1943-Libération. Importance du réseau : forte.
- Missions : Dotation de moyens de transmissions de tous les réseaux action ainsi que les délégations civiles en zones nord et sud.
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https://lutetia.info : Exposition Lutetia, 1945 – Le retour des déportés, 1945, Délégation de Paris des Amis de la Fondation pour la mémoire de la Déportation, 2015. Panneau n° 4 : Pathologies des déportés, dans les camps et chez les survivants.
NOTES
1. Le « Livre de Dora » est réalisé sous la direction scientifique de Laurent THIERY.
2. DAU p. 14-37.
3. La source commune aux données sur les 91 hommes est le Livre de Dora et ne sera plus mentionnée par la suite. Les 53 ayant une adresse héraultaise figurent dans l’index départemental du Dictionnaire biographique.
4. MURRACIOLE PIKETTY 2015. L’encyclopédie comporte plusieurs entrées sur la Résistance et le phénomène résistant, p. 1115-1147.
5. Pour ce qui suit, THIERY 2020, Introduction p. XIII. Collectif 2005 « Dossier Dora-Mittelbau ». SELLIER 1 et 2, d’un historien et ancien déporté à Dora, André SELLIER.
6. Sur Mittelwerk, voir le site Wikipedia en langue allemande : https://de.wikipedia.org/wiki/Mittelwerk_GmbH.
7. LONGUET GENET-ROUFFIAC 2013 p. 75-79. SAP : Section des atterrissages et des parachutages. Pour les dates de décès des déportés, recherches dans les bases d’état civil et de généalogie.
8. BOULADOU 1992 Tableaux p. 175-180.
9. THIERY 2020, Introduction p. XXIII. SAGNES MAURIN 1986 p. 84. BOULADOU 1992 p. 162-179.
10. MURRACIOLE PIKETTY 2015 « Déportation raciale » par J.-M. DREYFUS et « Déportés de répression » par T. FONTAINE, p. 297-308.
11. SPINA 2017 p. 350-351.
12. SPINA 2017 p. 344-345.
13. BOULADOU 1992 p. 169-171.
14. Arch. nat. BB/ 34/468 doc. 98, décret de naturalisation du 15/09/1929 de Munuera Mateo, avec mention de ses quatre fils dont Noël né à Lodève.
15. SAGNES MAURIN 1986 p. 95-102. BOULADOU 1992 p. 174.
16. Arch. dép. Hérault 18 W 100, dans SECONDY COUDERC 2012 doc. 11. ROCHE Témoignages de membres du groupe Combat de Sète en 1978. CHAUBIN 2015 p. 64-67.
17. BOULADOU 1992 p. 179.
18. SPINA 2017 p. 288. DOUZOU 1999 p. 18-27.
19. SAGNES MAURIN 1986 p. 78-79. ANDRÉANI 1984 p. 316.
20. BERRAFATO 2011 p. 40-41.
21. MARCOT 2006 « Mouvements, réseaux et structures » p. 94-258, classement alphabétique.
22. ANDRÉANI 1984 p. 317-318. BOYER 2004 p. 126-129. BOULADOU 1992 p. 191-204. CHAUBIN 2015 p. 209-230.
23. NOGUÈRES 1984 ch. I « Un monde à part », p. 9-62.
24. MARCOT 2006 p. 165-167.
25. DAU p. 2-5.
26. BOULADOU 1992 p. 55, document où figurent les noms. Ces papiers avaient été conservés par Madame Devic.
27. CHASSIN 2004 Tableau p. 91. WIEVIORKA 2009 p. 14-15.
28. ANDRÉANI 1984 p. 316. DAU p. 23. RICHARD-RALITE 2019 Annexe V, Rapport sur la prison de la 32e à Montpellier et sur le régime des détenus p. 138-140.
29. THIERY 2020, Introduction p. XXV, citant la thèse de Thomas FONTAINE Déporter : Politique de déportation et répression en France occupée 1940-1944, 2013.
30. MCGOVERN 1967, notamment carte p. 9.
31. Dans THIERY 2020, Notice sur André Méresse (1913-1962).
32. LESCURE 2012 p. 8-9.
33. ALQUIER 2019 p. 177-178, sur le retournement et la trahison de Robert. BOULADOU 1992 p. 111.
34. ROCHE 1978 p. 91.
35. BERRAFATO 2011 p. 41, sur la version de l’intéressé.
36. BOULADOU 1992 p. 111. CHAUBIN 2015 p. 203.
37. NORD 1965, t. I 2e Partie : Le travail p. 89-145. La reconstitution de l’ordre de bataille allemand en mai 1944 et la destruction de la Panzerdivision SS Hohenstaufen à Mailly sont en partie liées au réseau de renseignement d’Hubert de Lagarde, mort à Ellrich en 1945.
38. Dans THIERY 2020, Notice sur Jean Mroz (1925-2013).
39. CHAUBIN 2015 p. 212, les FTP appelaient leurs formations « groupes de combat ».
40. GOUBET 2015 p. 67-68 relate les conditions de son arrestation, en orthographiant son nom « Bloome ». IANCU 2000 p. 148, 250 et 254. SCHNECK 2004 p. 10-11.
41. Collectif 2005 « Dossier Dora-Mittelbau », p. 9-13.
42. DAU p. 25.
43. Selon Primo Levi principalement, dans Exposition Lutetia, 1945 – Le retour des déportés. Panneau n° 4 Les pathologies des déportés.
44. BERRAFATO 2011 p. 42. BERRIOT 2010 Témoignage d’André Dau sur Buchenwald p. 151.
45. Arch. dép. Hérault 168 J 20, fonds FNDIRP dossier Jean Sinègre. Dans THIERY 2020, François Olive (1890-1958).
46. En plus de sa notice biographique dans le Livre de Dora, voir Arch. dép. Hérault 6 M 672, recensement Saint-Gély-du-Fesc 1931 vue 9. Ibid. 6 M 566, recensement Montpellier 1936 vue 762. Arch. mun. Montpellier, État civil décès 1946 vue 249, transcription le 3 octobre 1946 du décès de Jean Sinègre le 15 mars 1944 à Dora. Mentions marginales : le 14 avril 1947, Mort pour la France, et le 24 février 2004, Mort en déportation. Ibid. Tables décennales, Morts pour la France 1939-1945 vue 36.
47. Témoignage de Ferdinand Paloc dans RICHARD-RALITE 2018 p. 27-29.
48. Dans THIERY 2020, Notice sur Marcel Petit, médecin vétérinaire à Toulouse (1888-1986). Collectif 2005 p. 13-14.
49. BERRAFATO 2011 p. 42.
50. Exposition Lutetia, 1945 – Le retour des déportés. Panneau n° 4, Les pathologies des déportés.
51. IANCU 2007 p. 282. MURRACIOLE PIKETTY 2015 « Justes parmi les nations » par C. BONAFOUS p. 669-673.
52. Bulletin de l’amicale des déportés politiques et de la résistance d’Ellrich, n°1 décembre 1945 [en ligne], Conseil d’administration p. 7. (Site dora-ellrich.fr consulté le 10/03/2021)
53. BERRIOT 2010 Témoignage du fils de Laurent DUVIOLS p. 201. Remerciements à Jessica Simoneton, médiatrice au Musée de la Résistance de Castelnau-le-Lez, pour ses informations.
54. Un engagement régulier dont nous pouvons témoigner.
55. Ces troubles sont une des manifestations, chez les revenus, du Syndrome des camps de concentration (ou KZ Syndrome). Exposition Lutetia – 1945.
56. Dans THIERY 2020, Notice sur Robert Aymerich (1920-1999). Témoignage d’André Bonnafous, fils du déporté, que nous remercions pour son message du 19/03/2021.
57. LONGUET GENET-ROUFFIAC 2013 p. 75-79.
58. Site familial Vincent-Carrefour http://avc0635.free.fr/jeanvc.
59. Dans THIERY 2020, Notice sur Marcel Petit (1888-1986). Sur les dégâts occasionnés par cet armement depuis l’été 1944 sur Londres et Anvers notamment, voir le film Les armes secrètes d’Hitler – les V1 et les V2, Réalisation de Bernard George, Texte d’Yves Le Maner, Coproduction Département du Pas-de-Calais et SIRPA, 1984. Youtube : https://youtu.be/aLn1IYn-87A.