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Description

Les dépendances de La Chaise-Dieu dans l’Hérault

Issue d’une communauté érémitique fondée en 1043 et rapidement devenue, sous la conduite de saint Robert de Turlande, une puissante abbaye bénédictine, La Chaise-Dieu, qui s’inscrivait dans le courant du « nouveau monachisme » d’inspiration apostolique, en réaction contre Cluny, connut très vite un rayonnement qui lui assura des filiales dans toutes les directions. Connue dans les pays méridionaux placés peu ou prou sous l’influence de la maison de Toulouse dont le plus illustre représentant, Raimond « de Saint-Gilles », son ami et son protecteur, était à l’origine de la soumission qui lui fut faite de Gaillac et de Saint-Théodard (Montauban) à l’ouest, de Saint-Baudile de Nîmes à l’est, La Chaise-Dieu ne tarda pas à être appelée par les évêques soucieux de réforme dans la région entre le Vidourle et l’Aude, l’actuel département de l’Hérault.

Ce furent les évêques de Maguelone et d’Agde qui à peu près à la même époque, sur la fin du XIe siècle, attirèrent les Casadéens dans leurs diocèses.

On est certain de la date pour l’évêque de Maguelone, Godefroy, qui, en 1098 de concert avec l’évêque d’Agde, Béranger, le comte de Mauguio Pierre, la vicomtesse de Béziers, plusieurs seigneurs dont Pierre Brémond et Raimond Pelet, donna à La Chaise-Dieu l’église de Jonquières, dédiée à saint Vincent, avec un terrain de « soixante pas d’étendue de chaque côté », ce qui ferait quelque 8 000 m², qui constituerait la « sauveté » de l’église. Un peu plus tard, l’évêque d’Agde Bernard « confirmait » aux casadéens la cella – petite maison de moines – de Bessan, qu’ils prétendaient leur avoir été donnée par l’évêque Gontaine… au mépris des droits que possédait une abbaye locale, Saint-Thibéry, à laquelle son prédécesseur, Béranger, l’avait précédemment soumise. Le pape Pascal II confirma la cession à l’abbé Aimeric en 1106.

Ce fut le début d’un conflit que le synode d’Agde, en 1129, présidé par l’archevêque de Narbonne, trancha en faveur de Saint-Thibéry. Mais La Chaise-Dieu était opiniâtre… et puissante. Elle refusa de s’incliner et le pape Innocent II chargea l’archevêque de Rouen, Hugues, son légat, de résoudre le conflit. Le prélat réunit à Montpellier, peut-être en 1134, plusieurs évêques et abbés, et convoqua les supérieurs des deux maisons antagonistes. Celui de La Chaise-Dieu, qui était alors Étienne de Mercœur, un des plus grands abbés casadéens, ne parut pas et ne se fit pas représenter, contrairement à celui de Saint-Thibéry qui présenta des témoins, lesquels affirmèrent que l’évêque Bernard d’Agde, convaincu du bon droit des moines de Saint-Thibéry lors d’une réunion tenue aux Cabrils, leur avait restitué Bessan qu’ils tenaient depuis des années. Aussi l’assemblée confirma-t-elle Saint-Thibéry dans la possession de Bessan, ce qu’il annonça au pape.

Les casadéens firent la sourde oreille, en appelèrent au pape qui chargea, en 1139, le cardinal Guy, son légat, d’examiner l’affaire. Ce fut l’objet de l’assemblée d’Uzès, qui aboutit à un compromis Saint-Thibéry gardait Bessan, mais abandonnait à La Chaise-Dieu l’église de Saint-Martin d’Aumes, non loin de Pézenas et devrait payer chaque année à la Pentecôte une redevance de 15 sous à La Chaise-Dieu, pris sur les revenus de Bessan. D’où il ressort que bien mal acquis peut quelquefois profiter… On était au tiers du XXIIe siècle et les casadéens avaient agrandi leurs possessions dans la région. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1988

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Pierre-Roger GAUSSIN

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf