Description
Les belligérants dans le ciel du Languedoc
pendant la Seconde Guerre Mondiale 1939-1945
Cette note se veut sans prétention, elle tente de rétablir l’ambiance et le climat de l’activité aérienne en R3 pendant la WWII Loin d’être exhaustive, la liste des faits avancés tend à démontrer que cette activité ira crescendo, le pic se situant entre le 16 et le 27 août 1944. Cette activité cesse brutalement lorsque la dernière colonne allemande quitte le département du Gard.
1939-1945 : Le 10 mai 1940 met fin à la drôle de guerre. Dès lors, la Wehrmacht et la Luftwaffe déferlent sur la France et le gouvernement acculé, accepte qu’un vieux Maréchal demande l’armistice.
Certains songent à continuer le combat en Afrique du Nord et le Général d’Harcourt donne l’ordre à l’Armée de l’Air de passer la Méditerranée. Les terrains de Saint-Laurent-la-Salanque et de Fréjorgues sont envahis par les chasseurs, les avions d’observation et les bombardiers légers. Jusque-là le passage en AFN s’effectuait par la Corse compte tenu du faible rayon d’action des avions de l’époque. Le parcours entre le Bas-Languedoc et l’Algérie varie selon les points de chute de 700 à 950 km. Les Dewoitine 520 et les Curtiss 75A peuvent tenter l’opération à condition toutefois d’être pris en charge par un équipage avec navigateur, les Potez 63-11, les Lioré Olivier 45 et les Bloch 174 remplissent cette condition. Les Morane 406 et les Bloch 151/152 à faible rayon d’action restent sur place. Ainsi du 19 au 22 juin 1940, les envols se succèdent à cadence élevée malgré les difficultés d’approvisionnement. Il faut bien souvent refaire les pleins à la main avec des bidons de 5 litres, les mécaniciens sont débordés. Certains avions en provenance de Saint-Martin-du-Touch et de Toulouse-Blagnac n’ont même pas leur équipement de guerre… Les décollages et les atterrissages se font dans le plus grand désordre par manque d’infrastructures et l’on frôle parfois la catastrophe. Il arrive que les chasseurs soient livrés à eux-mêmes sans carte parce que l’avion guide n’est pas au rendez-vous. Les liaisons radio sont inexistantes et il faut suivre la côte espagnole en dehors des eaux territoriales. En cas d’ennui mécanique il faut accepter le risque d’internement en Espagne.
Si 14 groupes de Bloch et de Morane restent en Métropole (onze groupes seront dissous par application des conditions d’armistice.), dix groupes de Curtiss et de D520 réussissent la traversée.., pour être désarmés à leur arrivée en AFN !, (dépose des hélices et des gouvernails, vidange des réservoirs, etc.). Les autorités de Vichy craignent en effet que certains pilotes tentent de rallier Gibraltar ou l’île de Malte. Ils seront donc peu nombreux à tenter l’aventure car les avions sont surveillés par des sentinelles armées ! Il va sans dire que leur moral s’en trouve fortement atteint, d’autant qu’ils sont déchirés, ne sachant pas toujours où se situe leur devoir ! Avec les événements de Mers-El-Kebir puis de Dakar, beaucoup de pilotes qui songeaient à rallier la France Libre renoncent à rentrer en dissidence selon le vocable vichyste. Cela incite les commissions d’armistice italiennes et allemandes à autoriser le réarmement partiel des avions, le gouvernement de Vichy assurant qu’il défendrait l’AFN contre tout agresseur.
L’aviation de Vichy se fait discrète sur les terrains de Fréjorgues et de Lézignan qui accueillent les GC 1/8 et 11/8. L’on peut assister avec un peu de chance à de rares vols d’entraînement car l’essence est rare (4 heures de vol par mois et par pilote). Les Bloch 152 arborent les capots rouge et jaune aux couleurs de l’esclavage comme le disent les pilotes ! Quelques Potez 63-11 d’observation affectés au GR 11/22 sont déployés à Fréjorgues tandis que Lezignan accueille les Breguet 693 des GBA 1/51 et 1/54. Une escadrille de chasse de nuit du GR 11/14 investit et déploie ses Potez 63-11 sur le terrain d’Avignon-Pujaut tandis que les Potez 631 des GR 1/14, 3/13 et ECN 1113 sont mis en œuvre à partir de Perpignan et Nîmes-Garon. A noter que huit Potez du 3/13 gagneront Gabès par la Corse en juin 1941 afin de pallier les fréquentes attaques britanniques sur la côte tunisienne, les « protocoles de Paris » ayant admis un réarmement partiel de la base de Bizerte. Dans le même temps ceux du GCl/3 reprennent leur entraînement du côté de la Senia. Le Général Weygand, Proconsul en Afrique du Nord n’a-t-il pas déclaré devant les pilotes :
« Il est bien entendu que la guerre n’est pas terminée et que, dans cette guerre, nous avons un seul ennemi, c’est l’Allemagne. Un jour, nous reprendrons les hostilités contre elle. Notre devoir est de préparer nos troupes pour être en mesure de jouer dans ces combats futurs le rôle qui nous reviendra. Patientez et espérez. »
Les mois s’écoulent et la surveillance des commissions d’armistice se relâche. C’est l’instant mis à profit par trois pilotes du groupe pour rejoindre Gibraltar avec leur Dewoitine 520. Les Sergents Marcel Albert, Durand et Lefèvre faussent compagnie à leurs camarades au cours d’un entraînement dans les environs d’Oran le 14 octobre 1941. Ils rejoindront ultérieurement le fameux Normandie Niemen ! L’affaire fait grand bruit d’autant que la radio de Londres s’en fait l’écho. Le GC 1/3 est menacé de dissolution et le Commandant du groupe, le capitaine Challe ainsi que les chefs d’escadrille Pierre Salva et Émile Thierry sont relevés de leur commandement. Curieusement l’incident est clos avec la livraison de 17 camions aux italiens ! […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2001 |
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Nombre de pages | 8 |
Auteur(s) | Jean ROBIN |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |