Description
L’enquête postale de 1847 Repérer des hameaux ou compter des lettres
A l’automne 1847 tous les établissements de poste aux lettres de France – soit 800 distributions et plus de 2 500 directions – reçoivent une circulaire du nouveau directeur général, Benjamin Barthélémy Dejean. Elle annonce une double « demande de renseignements » : d’une part, « constater le mouvement des correspondances » durant deux semaines (du 15 au 28 novembre), d’autre part, « transcrire correctement, dans l’ordre alphabétique, et suivant la véritable orthographe, les noms des hameaux, fermes, châteaux, etc. ». Et cela pour chacune des communes desservies par les bureaux. A cet effet, un formulaire par commune est envoyé ; il comporte en particulier un tableau pour le courrier et un pour les lieux-dits. Les formulaires remplis ont été par la suite rassemblés à Paris, plus ou moins exploités et reliés en volumes (deux ou trois par département) qui furent déposés en 1862 à la Bibliothèque impériale (l’actuelle Bibliothèque nationale).
Cet article se propose de faire connaître ce document puis de présenter quelques données chiffrées pour l’Hérault. La comparaison avec les moyennes nationales permet de situer ces résultats départementaux. Quelques pistes explicatives qui se sont révélées fécondes au niveau de la France entière seront avancées également en ce qui concerne l’Hérault. Mais les interprétations fines doivent s’appuyer sur la connaissance de la région, avant de l’enrichir en retour. Ce sera la tâche des lecteurs érudits.
Présentation du document
Le formulaire imprimé sur quatre pages se présente comme une suite de tableaux à remplir. Le premier, le tableau « du mouvement des correspondances », occupe toute la page 2 du formulaire. Il sépare d’emblée deux courants : « les correspondances adressées dans la commune » et celles « recueillies dans la commune » pour être expédiées plus loin. Au sein de ces deux flux, il distingue les lettres, le courrier des fonctionnaires et, pour les arrivées uniquement, les journaux et imprimés. Les lettres elles-mêmes se répartissent en deux catégories, les lettres lointaines et les locales, c’est-à-dire celles qui ne quittent pas l’aire du bureau (en gros, le canton). Ces distinctions procèdent de critères tarifaires franchise pour les fonctionnaires, taxes particulières appliquées aux imprimés et aux journaux, tarif unique de 10 centimes pour le courrier local, affranchissement plus complexe des autres lettres. En effet, à cette date qui précède l’introduction du timbre (1849), le port est le plus souvent payé à l’arrivée, par le destinataire ; il est proportionnel au poids et surtout à la distance.
Le directeur doit faire les relevés 14 jours consécutifs, la dernière ligne du tableau servant de récapitulation pour les deux semaines. On ne peut douter du soin apporté par les responsables des bureaux de postes qui sont habitués à tenir rigoureusement leur comptabilité et à fournir des états statistiques. Le comptage des objets qu’ils ont manipulés pendant cette quinzaine paraît fiable, en particulier le relevé des lettres arrivées, et celui des taxes perçues.
Malheureusement pour nous, seules les communes rurales devaient fournir ces renseignements postaux, les communes sièges d’établissements de poste en étaient dispensées. Là se marque une des ambiguïtés de l’enquête qui semble tiraillée entre un désir tout moderne d’exhaustivité, d’homogénéité, de possibilité de synthèses avec tous les tableaux dont le cadre est imprimé et des habitudes plus anciennes, où la pensée se nourrit de monographies, de fragments, d’impressions individuelles. Le tableau A montre la représentativité de l’enquête postale selon la taille des communes. Pour repérer les communes et les habitants touchés par l’enquête de 1847 une comparaison a été établie avec les chiffres du recensement de 1851.
Les communes de moins de 2 000 habitants sont presque toutes là. En revanche la représentation chute au-delà : une commune sur deux entre 2 000 et 5 000 habitants, une sur dix pour les plus de 5 000. Si l’on passe du nombre des communes à leur population, les écarts se creusent encore car les communes les plus peuplées ont été écartées. Quelques petites villes sont toutefois prises en compte. Ce sont les chefs-lieux de cantons sans bureau comme Capestang, Claret, Lunas, Mauguio, Murviel, Roujan et Servian, et les rares chefs-lieux avec bureau dont le directeur a quand même rempli entièrement le formulaire : Le Caylar, Les Matches, Olargues et surtout Bédarieux. Le zèle de son directeur nous donne une idée du trafic postal dans une ville de près de 10 000 habitants.
Les lieux habités, en revanche, doivent être relevés pour toutes les communes, sièges de bureaux de poste compris. Ils figurent effectivement pour toutes les communes, à quelques unités près. Il est prévu une page et demie pour leur nomenclature, et même des feuilles supplémentaires, qui se révèlent utiles dans certaines régions d’habitat dispersé. A Riols il a fallu transcrire 55 noms, à Fraisse-sur-Agout, 79 noms, et jusqu’à 180 à La Salvetat. Aux injonctions de la circulaire du […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1998 |
---|---|
Nombre de pages | 8 |
Auteur(s) | Danièle POUBLAN |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |