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Description

L’économie de la garrigue et le travail des hommes à la fin du XVIIIe siècle

A la fin du XVIIIe siècle, l’économie de la vallée de l’Hérault est essentiellement agricole. La culture des céréales y tient une place importante mais la vigne occupe, plus de la moitié des terres cultivables. Le bois y est rare et l’élevage peu répandu.

Dans la zone des garrigues, au contraire, la vigne ne « fournit que la boisson » et la culture des céréales ne répond aux besoins de la population que les années de bonnes récoltes. En revanche, l’élevage ovin-caprin et l’exploitation forestière y sont florissants.

L’exploitation forestière :

Au XVIIIe siècle, l’exploitation des forêts est réglementée, par les ordonnances royales du 13 août 1669, qui imposent des rotations de coupes sur vingt années au minimum. Elles limitent strictement les campagnes de coupe du 15 septembre au 15 avril, et précisent également les conditions de pâturage dans la forêt interdiction de mener les chèvres dans les forêts royales et de pâturer l’année qui suit une coupe. Ces ordonnances vont être respectées et leur application confirmée au temps de la Révolution française.

Dans le canton d’Aniane, la forêt couvre, environ, 6000 hectares (la sétérée d’Aniane vaut 4 892 m²). Ce sont donc 300 hectares qui sont exploités par an en moyenne.

La thèse récente de Rémy Marchal permet d’évaluer les productions annuelles de bois. La forêt fournit 1 tonne d’écorce, 20 tonnes de gros bois et 10 tonnes de petites branches à l’hectare. Le canton d’Aniane produit donc, en moyenne, par an : 300 tonnes d’écorce, vendues aux tanneurs pour la préparation du tan ; 6 000 tonnes de bois, les troncs étant vendus comme bois de chauffage et les branches transformées en charbon de bois. Les brindilles et les broussailles fournissent 3 000 tonnes de fagots. Compte tenu du cours du bois à Aniane en 1791, 10 sol le quintal de gros bois et 20 sols le quintal de fagot, on peut estimer le chiffre d’affaire de la forêt dans le canton d’Aniane supérieur à 100 000 livres par an.

Au XVIIIe siècle, la « disette des bois » sévit en Languedoc. Les cours sont élevés et le commerce des coupes offre aux exploitants des possibilités de spéculation particulièrement rentable.

L’élevage

Le cheptel total, dans le canton d’Aniane, représente environ 9 500 moutons et chèvres répartis en une soixantaine de troupeaux. Les chèvres sont, en principe, interdites sur l’étendue du royaume en raison de « leur dent empoisonnée », elles ne sont tolérées que dans les régions les plus pauvres. Dans la garrigue, elles représentent environ 20 % du cheptel.

Les chèvres et les moutons sont élevés pour la boucherie et les marchés montpelliérains offrent un débouché important aux éleveurs des garrigues.

Il est remarquable qu’une activité économique aussi importante soit quasiment absente dans la documentation. La vente des peaux et le commerce de la laine sont toujours passés sous silence. Les déclarations de cheptel sont révélatrices de la façon dont les éleveurs dissimulent leurs revenus. En pleine période d’agnelage, le propriétaire d’un troupeau de 600 bêtes déclare zéro agneaux. Les enquêteurs, des notables nommés par les municipalités, n’y trouvent d’ailleurs rien à redire.

L’agriculture

L’agriculture dans la zone des garrigues souffre d’un handicap la pauvreté des sols, aggravée par leur surexploitation. Les meilleures terres ont un rendement de 1 à 5 mais la majorité ne fait que tripler la semence. Les vignes et les champs sont, en principe, fumés tous les ans mais il est fréquent que les amendements ne se fassent que tous les 3 ans et, dans quelques cas extrêmes, une année sur 9. Certains propriétaires se contentent de remplacer, à l’occasion du fossoyage, la terre autour des racines par de la terre neuve récoltée au bord de la parcelle. Le cycle de la jachère qui consiste à mettre la terre au repos un an sur deux, ce qui se dit en « estival », est également rarement respecté, il est généralement d’un an sur quatre. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1990

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Jean-François LALANNE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf