Description
L’école des Ponts et Chaussées de Montpellier 1787-1790
* Doctorante, Université Toulouse II – Jean-Jaurès
Au cours du XVIIIe siècle, les États de Languedoc lancent de grands projets pour le développement du réseau de communication. Pays d’états, le Languedoc possède sa propre administration des travaux publics, indépendante du corps des Ponts et chaussées. Pour disposer d’un personnel formé et compétent, les États décident au milieu de la décennie 1780 de mettre en place des écoles des ponts et chaussées, à Toulouse et à Montpellier. Celles-ci se développent à partir des écoles de dessin adossées aux Académies des arts des deux villes. La fusion de l’administration provinciale avec le corps des Ponts et chaussées en 1791 sonne le glas des ambitions de la province. L’école de Toulouse a été étudiée dans plusieurs publications, ce qui n’est pas le cas de celle de Montpellier. L’objet de cet article est de présenter ce que les sources disponibles révèlent de l’organisation et de l’enseignement de cette école, et de la replacer en perspective avec les institutions de Toulouse et Paris.
The Montpellier ponts et chaussées civil engineering school 1787-1790
During the eighteenth century, ambitious projects were launched, to improve the communication network in Languedoc, a region that retained its administrative autonomy and independence from the Ponts et Chaussées (national civil engineering body). In mid 1780s, the local authorities of Montpellier and Toulouse decided to establish civil engineering schools to provide qualified employees. Stemming from the Academy of Arts, the schools implemented in Toulouse and Montpellier developed their own programme. Eventually in 1791, the provincial public service was merged into the Corps des Ponts et chaussées, and both Languedoc institutions were closed. The Toulouse school has been reviewed in several publications, but not the one in Montpellier. Based on available archives, the present article aims at describing the organisation and teaching of the school in Montpellier and to put it in perspective with Paris and Toulouse.
L’escòla dels Ponts e Cauçadas de Montpelhièr, 1787-1790
Dins lo cors del sègle XVIII, los Estats de Lengadòc endralhan de projèctes grands per lo desvolopament del malhum de comunicacions. Païs d’Estats, Lengadòc possedís la sieuna administracion pròpria d’òbras publicas, independenta de l’institucion dels Ponts e Cauçadas. Per dispausar d’un personal plan format e competent, los Estats prenon la decision al mitan de la decennia 1789 d’establir d’escòlas de Ponts e Cauçadas dins Tolosa e Montpelhièr. Aquestas se desvolopan a partir d’escòlas de dessenh apiejadas sus las Acadèmias dels Arts de las doas ciutats. La fusion de l’administracion provinciala amb l’institucion dels Ponts e Cauçadas sona los classes de las ambicions de la província. L’Escòla de Tolosa foguèt estudiada dins mantas publicacions, çò que foguèt pas lo cas de la de Montpelhièr. La tòca d’aquel article es de porgir çò qu’es revelat par las fonts disponiblas sus l’organizacion e l’ensenhament d’aquela escòla, e de la tornar botar en perspectiva amb las institucions de Tolosa e París.
Au cours du XVIIIe siècle, les États de Languedoc ont lancé des projets de grande envergure pour le développement du réseau de communication de la province. Pays d’états, le Languedoc possède sa propre administration des travaux publics qui s’est organisée et mise en place tout au long du Siècle des Lumières, et qui a gardé son indépendance vis-à-vis du corps des Ponts et chaussées qui intervient dans les pays d’élection.
Soucieux de disposer d’un personnel formé et compétent, les États décident au milieu de la décennie 1780 de mettre en place des écoles des ponts et chaussées, à Toulouse et à Montpellier. L’école implantée à Toulouse a été étudiée dans plusieurs publications, mais hormis une mention dans un texte de Jean Claparède sur la société des Beaux-arts, paru en 19932, l’établissement de Montpellier semble être resté dans l’ombre de l’historiographie.
Le présent article se consacre à l’école des Ponts et Chaussées de Montpellier. Après un rappel sur l’organisation de l’administration des travaux publics de la province dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, nous préciserons en nous appuyant sur les sources disponibles, les conditions de la fondation de cet établissement, son développement à partir de l’école de dessin, son fonctionnement et son programme pédagogique, que nous pourrons ensuite mettre en perspective avec ceux des institutions homologues de Toulouse et Paris.
L’administration des travaux publics en Languedoc au XVIIIe siècle
La constitution d’un corps d’ingénieurs provinciaux
À partir du milieu du XVIIe siècle, en particulier par l’arrêt du conseil du 4 septembre 1651, le roi autorise la province à imposer chaque année 30 000 livres pour les réparations des ponts, routes et chemins. La situation des travaux faits et à faire doit être établie par les députés des assemblées de chaque sénéchaussée et présentée aux commissaires du roi qui doivent procéder aux répartitions des impositions et des dépenses dans les différents diocèses.
Après quoi, au fil du temps, le pouvoir central incita les États à accroître leur contribution au financement des ouvrages, quitte à augmenter l’imposition, ce qu’ils firent, sans pour autant avoir la conduite des travaux.
Au début du XVIIIe siècle, par une délibération prise lors de leur assemblée de 1709, les États s’accordent le droit de juger eux-mêmes des projets à entreprendre. Puis, en corrélation avec leur responsabilité financière, ils décident la mise en place d’un personnel technique propre à la province, ce qui se fait de manière très progressive. Jusqu’à la décennie 1710, les États font appel à des ingénieurs du roi comme Gautier (1660-1737), à qui il est demandé de faire des devis et toisés pour les travaux de contention du Rhône ou encore de faire les mesures annuelles de la profondeur du port de Sète. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2016 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Catherine ISAAC |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |