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Description

Le Verdet à Montpellier dans les derniers siècles du Moyen âge

Si c’est seulement à partir du XVIe siècle qu’on a des renseignements abondants et précis sur l’industrie montpelliéraine du verdet – l’étude exhaustive de Mlle Fabre montre bien ce qu’on peut en tirer -, il est permis cependant d’affirmer que cette industrie existait déjà quelque deux cents ans auparavant dans notre région méridionale. La présence du verdet dans plusieurs tarifs de leude et de péage remontant au XIIIe ou au XIVe siècles l’atteste. Le 25 mars 1248 était enregistrée chez un notaire marseillais une commande à destination de Pise ; il s’agissait de monnaie mêlée valant 50 l. de raimondins qui étaient investies en draperie et en verdet. Certes le texte est marseillais, mais les rapports étroits qui s’étaient établis à ce moment-là notamment entre Marseille et Montpellier autorisent à supposer que ce verdet était de provenance montpelliéraine. Environ soixante-et-dix ans plus tard on retrouve le verdet dans les comptes de la Chambre apostolique. Il figure parmi les matières colorantes achetées à Montpellier pour les travaux de peinture et de décoration du palais d’Avignon et du château de Pont-de-Sorgues : voici dans le compte de Simon de Peirotes un quintal et six livres de vert valant 9 l. 6 d.t. (15 février 1319) et dans celui de Philippe de Cruzols deux quintaux de verdet qui avaient coûté 19 l. 15 s. (19 octobre 1321). Dans un extrait des registres de la leude de Majorque il est fait état en mai 1330 de quatorze poids de verdet apportés par deux Montpelliérains. Nous revenons à Marseille avec une commande chargée dans ce port pour Alger au commencement de 1334 sur la galée Sainte-Aventure : il s’y trouvait un poids de verdet. A la date du 24 avril 1342, nous rencontrons une commande remise cette fois à Montpellier à l’un des plus gros merciers de cette ville, Jacques de Londres, qui part pour Naples avec 38 l. 14 s. de verdet.

Bientôt apparaît un texte essentiel, c’est le tarif des impôts extraordinaires levés à Montpellier en 1356 à la suite du désastre de Poitiers. On y mentionne le verdet : Item cascun quintal de verdet, quant se pezara al pes, 2 s. 6 d.. Les indications du registre d’entrée et de sortie du port d’Aigues-Mortes de 1357-1358 ne sont pas moins suggestives : il s’agit d’expéditions en Provence et en Italie. On envoyait trois poids de verdet à Marseille (20 janvier 1358) et un à Arles (8 juin), deux balles et six poids gagnaient Gênes et l’Italie péninsulaire (23 janvier, 24 mars, 25 août et 10 novembre). Parmi les exportateurs, on rencontrait, avec des marchands italiens, l’un des principaux dignitaires de l’administration montpelliéraine, le notaire Maître Philippe de Lantilla, qui fut plusieurs années durant recteur de Montpelliéret il était en rapport avec la Provence et l’Italie, faisant venir des épices, de la soie et de la mercerie, expédiant laines, tissus et safran.

A la fin du XIVe siècle et au début du XVe, grâce à l’accroissement d’ailleurs momentané des échanges avec le Levant, le verdet figure assez fréquemment dans les actes commerciaux. Le 10 juin 1380, il en partait pour Rhodes et Beyrouth sur deux galées de Marseille avec des commandes montpelliéraines et narbonnaises. En décembre 1382, il est question d’une balle de ce produit que le pebrier sobeyran de Montpellier Jean Porole essaie de recouvrer sur le patron de deux linhs à qui elle avait été confiée avec d’autres marchandises. Le 8 février 1412 un marchand de Montpellier, Pierre Vidal, procureur de Bernat Valliter, marchand de Perpignan, reconnaît avoir reçu en commande de l’important chargeur, de Montpellier également, Jean de Sérières, 749 l. 10 s.t. partiellement investis en deux poids de verdet chargés sur la nef d’Andreu Borreil qui avait quitté Collioure en décembre 1411 pour l’Orient, nommément pour Rhodes, la Sicile et Alexandrie. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1981

Nombre de pages

8

Auteur(s)

Jean COMBES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf