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Description

Le vent, élément paysager et ressource énergétique

* Professeur agrégé h.c., docteur en sociologie.

Introduction

Le département de l’Hérault offre une remarquable diversité de paysages dont les géographes décrivent une organisation en six grands espaces facilement identifiables en raison de leurs contrastes naturels. Cette vision globale ne peut pas faire abstraction des particularismes locaux qui permettent à ceux qui les vivent de les désigner par le terme de « paysage local ». Cette manière de voir et surtout de percevoir nous incite à relever cette phrase du philosophe Michel Serres : « Pas de paysage, pas d’œuvre ni d’histoire sans accidents ou événements singuliers diffusant autour d’eux quelque emprise cantonale, inattendue pour qui vient du voisinage. La singularité qui les touche s’y rapporte difficilement. Il faut du travail et du temps pour tracer les chemins vicinaux qui séparent ou enchaînent, cousent ou mêlent ces circonstances voisines ». Il s’agit bien de la transformation, d’origine anthropique, du paysage et il convient d’en préciser le sens retenu dans cet article. « Le paysage désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations dynamiques ». Cette approche étudie le territoire dans ses dimensions tout à la fois observables et interprétables. Le paysage est ainsi saisi en tant que représentation collective dont le partage serait susceptible d’accompagner sa transformation.

Un regard sur la construction du paysage par les générations d’Hommes qui l’ont transformé, permet d’en mesurer l’évolution. Parmi ces modifications, un usage de la force motrice du vent a conduit ses utilisateurs à élaborer divers mécanismes au cours de l’histoire. Ceux qui ont laissé une trace, encore visible de nos jours, sont les moulins à vent. La carte des vents dominants en France témoigne de leur activité plus intense sur la frange littorale et plus particulièrement celle de la Méditerranée. Ces vents sont parfaitement identifiés par les héraultais, et leur appellation fait partie du langage courant, tels le Mistral, le Cers, le Grec, le Marin ou la Tramontane. Les usages locaux dans le domaine de la météo marine apprennent même à identifier, en bord de mer, un certain vent méconnu, le labech dénommé par les pêcheurs sétois le « vent des femmes », car il n’offre pas la violence du vent qui lui est directement opposé, le Mistral, venant du Nord-Est. Ainsi le vent participe à la construction du paysage local, par la plantation, à titre d’exemple, d’une végétation permettant de protéger les cultures, et participe ainsi à la vie quotidienne des hommes. Il est également un des facteurs d’érosion de la couverture pédologique. Rabelais lui-même a écrit dans Pantagruel : « Oh ! me disait un petit enflé, qui pourrait avoir une vessie de ce bon vent du Languegoth que l’on nomme Cierce ! Le noble, médecin, passant un jour par ce pays, nous contait qu’il est si fort qu’il renverse les charrettes chargées ». Ces paysages sont donc parcourus par des vents dont la puissance a marqué les représentations psycho-sociales au fil du temps. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2021

Nombre de pages

19

Auteur(s)

Christian GUIRAUD

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf