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Description
Le vent, élément paysager et ressource énergétique
* Professeur agrégé h.c., docteur en sociologie.
Le vent est une force motrice à l’origine de divers développements technologiques. Les vestiges des anciens moulins à vent rappellent, dans le paysage rural, leur rôle essentiel dans l’activité agricole traditionnelle. L’évolution actuelle des besoins socio-économiques et des modes de production modifient les regards sur notre milieu de vie. La recherche d’un équilibre écologique entre la nature, l’économie et l’homme engendre un nouvel usage de cette force motrice. Les parcs éoliens deviennent un des marqueurs du paysage sous le vent. Les représentations psycho-sociales qu’ils suscitent transforment nos perceptions de la nature et de ses usages.
The wind, a landscape feature and energy resource
Wind is a driving force behind various technological developments. In rural landscapes the remains of the old windmills recall their essential role in traditional agricultural activity. The current evolution of socio-economic needs and modes of production are changing the way we look at our living environment. The search for an ecological balance between nature, the economy and mankind generates a new use of this driving force. Wind farms are becoming one of the markers of the downwind landscape. The psycho-social representations they generate challenge our perceptions of nature and its uses.
Lo vent, element païsatgièr e ressorsa energetica
Lo vent es una fòrça motritz a l’origina de maites desvolopament tecnologics. Los vestigis dels ancians molins de vent rapèlan, dins lo païsatge rural, lor ròtle essencial dins l’activitat agricòla tradicionala. L’evolucion actuala dels besonhs socio-economics e dels mòdes de produccion modifican nòstre agach sus nòstre mitan de vida. La recèrca d’un equilibri ecologic entre la natura, l’economia e l’òme engendra un novèl usatge d’aquela fòrça motritz. Los pargues eolians venon un marcaire de païsatge jol vent. Las representacions psico-socialas que congrèan transfòrman nòstras percepcions de la natura e de sos usatges.
Introduction
Le département de l’Hérault offre une remarquable diversité de paysages dont les géographes décrivent une organisation en six grands espaces facilement identifiables en raison de leurs contrastes naturels. Cette vision globale ne peut pas faire abstraction des particularismes locaux qui permettent à ceux qui les vivent de les désigner par le terme de « paysage local ». Cette manière de voir et surtout de percevoir nous incite à relever cette phrase du philosophe Michel Serres : « Pas de paysage, pas d’œuvre ni d’histoire sans accidents ou événements singuliers diffusant autour d’eux quelque emprise cantonale, inattendue pour qui vient du voisinage. La singularité qui les touche s’y rapporte difficilement. Il faut du travail et du temps pour tracer les chemins vicinaux qui séparent ou enchaînent, cousent ou mêlent ces circonstances voisines ». Il s’agit bien de la transformation, d’origine anthropique, du paysage et il convient d’en préciser le sens retenu dans cet article. « Le paysage désigne une partie de territoire telle que perçue par les populations, dont le caractère résulte de l’action de facteurs naturels et/ou humains et de leurs interrelations dynamiques ». Cette approche étudie le territoire dans ses dimensions tout à la fois observables et interprétables. Le paysage est ainsi saisi en tant que représentation collective dont le partage serait susceptible d’accompagner sa transformation.
Un regard sur la construction du paysage par les générations d’Hommes qui l’ont transformé, permet d’en mesurer l’évolution. Parmi ces modifications, un usage de la force motrice du vent a conduit ses utilisateurs à élaborer divers mécanismes au cours de l’histoire. Ceux qui ont laissé une trace, encore visible de nos jours, sont les moulins à vent. La carte des vents dominants en France témoigne de leur activité plus intense sur la frange littorale et plus particulièrement celle de la Méditerranée. Ces vents sont parfaitement identifiés par les héraultais, et leur appellation fait partie du langage courant, tels le Mistral, le Cers, le Grec, le Marin ou la Tramontane. Les usages locaux dans le domaine de la météo marine apprennent même à identifier, en bord de mer, un certain vent méconnu, le labech dénommé par les pêcheurs sétois le « vent des femmes », car il n’offre pas la violence du vent qui lui est directement opposé, le Mistral, venant du Nord-Est. Ainsi le vent participe à la construction du paysage local, par la plantation, à titre d’exemple, d’une végétation permettant de protéger les cultures, et participe ainsi à la vie quotidienne des hommes. Il est également un des facteurs d’érosion de la couverture pédologique. Rabelais lui-même a écrit dans Pantagruel : « Oh ! me disait un petit enflé, qui pourrait avoir une vessie de ce bon vent du Languegoth que l’on nomme Cierce ! Le noble, médecin, passant un jour par ce pays, nous contait qu’il est si fort qu’il renverse les charrettes chargées ». Ces paysages sont donc parcourus par des vents dont la puissance a marqué les représentations psycho-sociales au fil du temps. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2021 |
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Nombre de pages | 19 |
Auteur(s) | Christian GUIRAUD |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |