Description
Le temps des innovateurs : Ferdinand Bouisset à Montagnac
Le fléau phylloxérique et l’expérimentation des plants américains
Ferdinand Bouisset (1845-1936) est issu d’une famille montagnacoise de distillateurs et de propriétaires viticulteurs. Bien qu’il ait suivi des études supérieures (droit), il préfère se donner tout entier à la viticulture. Philanthrope, il intervient dans le domaine de la charité avec la société de Secours Mutuel qu’il préside pendant près de 40 ans et se mêle à la vie de la paroisse. La défense de l’enseignement libre de Montagnac occupe également une place importante dans sa vie. Ferdinand Bouisset prend aussi de nombreuses responsabilités syndicales dont celles de président du Syndicat professionnel des propriétaires-viticulteurs de Montagnac et de membre du bureau local de la CGV. Comme son père Stanislas et son grand-père Louis, il exerce des responsabilités politiques au sein du conseil municipal de Montagnac.
Il possède un bien de village dans la commune. Ce patrimoine, d’abord constitué à l’occasion de son mariage en 1871, s’est progressivement agrandi par une donation partage en 1879 et des achats. En 1894, la superficie de la propriété est de 32 ha. C’est dans ce contexte d’expansion que le phylloxéra fait son apparition dans la région. En effet, au milieu des années 1860, on signale trois foyers : Saint-Rémy-de-Provence, Pujaut (Gard) et Floirac (Gironde). A partir du foyer du Midi, le phylloxéra envahit le Languedoc, la Provence et le Beaujolais. Le Gard voit disparaître en une dizaine d’années plus de 80% de son vignoble. Dans l’Hérault, en 1874, la plupart des communes des arrondissements de Montpellier et de Lodève sont touchées. Le Biterrois et l’Aude seront atteints plus tardivement. Quant à la Corse, elle est contaminée en 1875. Depuis la Gironde, le fléau gagne le Sud-Ouest et la vallée de la Loire. On le constate même en Algérie en 1885.
Plusieurs remèdes ont été expérimentés sans être généralisés : injection de sulfure de carbone dans le sol, submersion des vignobles, plantation dans des terrains sableux et plantation d’hybrides résistants mais de faible qualité. Ils sont surtout le fait des grands propriétaires. Mais c’est le greffage des vignes françaises sur des plants américains qui a permis la reconstitution du vignoble. Une fois l’efficacité de la vigne américaine reconnue, sa diffusion a été rapide.
De 1875 à 1884, la superficie du département de l’Hérault plantée en vigne chute de 214 000 ha à 87 000 ha. Par conséquent, la valeur des terres plantées en vigne diminue. La production est réduite de trois quarts. Le phylloxéra semble avoir ébranlé la commune de Montagnac de 1876 à 1884. Il est fait mention, lors d’une séance du conseil municipal du 4 février 1877, des « ravages du phylloxéra dans la commune de Montagnac où un tiers des vignes a été arraché et l’autre tiers le sera avant la récolte », En février 1878, le Conseil constate « l’état déplorable des vignes de la Commune qui seront presque complètement détruites cette année ».
Vers 1884, les cantons de l’ouest, et en particulier ceux de Béziers, Roujan, Capestang, Servian et Montagnac, commencent à surpasser ceux de l’est du département par le nombre de plantations en vignes américaines. En 1890, à Montagnac, 1 200 hectares sont déjà replantés avec des cépages américains. L’année suivante, le terroir en compte […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1996 |
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Nombre de pages | 10 |
Auteur(s) | Catherine NOUGARET |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |