Description
Le saint-simonisme en Languedoc
Tracer une galerie des disciples saint-simoniens en Languedoc, c’est essayer de trouver les quelques hommes qui, éloignés de la grande famille parisienne, du centre de Ménilmontant que dirigeait le Père Enfantin, gardien de l’héritage du maître Saint-Simon et directeur spirituel de la communauté qui s’était formée pour étudier la doctrine, étaient cependant des adeptes convaincus qui, par leur caractère et par leur situation, réussirent à exercer une influence dans la région. Par leurs écrits, leur parole, leur action, ils ont contribué à rendre véridique cette affirmation de A. Thibaudet : « c’est par ses disciples plus que par son œuvre qu’il (Saint-Simon) a vécu ». Il y a lieu pourtant de distinguer entre ceux qui, issus du terroir languedocien, se vouèrent à la nouvelle doctrine, découvrant en elle une réponse aux questions qui parfois confusément s’agitaient dans leurs esprits, et les hommes qui, membres de la secte à Paris, furent des délégués, semblables aux apôtres du christianisme, sur le champ de mission du Midi. Les uns, tel Jacques Rességuier, premier des saint-simoniens en Languedoc, propagateur de la doctrine en cette province et chef de la grande Église de Soèze qu’il avait fondée, avaient été séduits par les écrits saint-simoniens et étaient devenus des disciples zélés, s’efforçant de convaincre ceux qui les entouraient ; les autres, tel Hoart, l’un des plus grands parmi les missionnaires que le Midi reçut, étaient des saint-simoniens ardents, presque des fanatiques de la bonne parole.
I – LES DISCIPLES LANGUEDOCIENS DU MOUVEMENT SAINT-SIMONIEN
C’est dans la ville de Sorèze que la doctrine saint-simonienne prit implantation en Languedoc. D’un premier voyage, fait par Enfantin dans « l’évêché du Frère Rességuier », nous avons la relation ravie du Père Suprême, « à la vue de ces hommes ardents, enthousiastes », groupés autour de Rességuier.
Rességuier, né à Durfort, s’était établi à Gaudets près de Sorèze. Dès 1829, autour de cet agriculteur philosophe, de cet esprit enthousiaste et réfléchi, un petit noyau se constitua. C’est par le journal le « Producteur », feuille saint-simonienne dont il fut le premier abonné provincial, que Rességuier avait été amené à connaître puis à adopter les nouvelles thèses saint-simoniennes ; à la cessation de la parution, il entra en relations épistolaires avec Enfantin, M. Chevalier, Péreire et A. Petit, tous membres importants de l’école saint-simonienne qui s’était constituée à Ménilmontant après la mort du maître. Ils l’instruisirent et l’éclairèrent sur les points de doctrine que son esprit, curieux et très lucide, n’admettait qu’après explication. Devenu disciple fervent, il joignait une activité débordante à de nobles pensées, voulant rendre le monde plus heureux, les hommes meilleurs. Son extrême bienveillance, son jugement droit, sa solide instruction, le placeront à la tête de la première des églises saint-simoniennes du Midi. Dès lors un lien de plus en plus fort s’établit entre Paris et le centre de Sorèze, qui allait devenir le noyau de propagation de la doctrine en Languedoc.
Enfantin, père suprême de la communauté parisienne, sera enthousiasmé par la foi de ces néophytes lors de sa première visite en février 1830 ; pendant quelques jours il participa aux discussions dans les villes de Sorèze, Carcassonne et Castelnaudary, émerveillé de voir ces hommes « si loin de nous qui savent mieux que nous ce que nous avons écrit, qui connaissent le Producteur, Comte, Le Nouveau Christianisme, l’Organisateur, Saint-Simon, qui citent par cœur une foule de passages… ». L’accueil du petit concile provincial fut mémorable et dès lors Enfantin songea à créer la première église du Midi, projet immédiatement réalisé à Sorèze. Elle fut placée sous la direction […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1984 |
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Nombre de pages | 4 |
Auteur(s) | Magali SCHAEFFER |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |