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Description

Le pari de l’adaptation contemporaine :
le château de Flaugergues aux portes de Montpellier

Le site du château de Flaugergues est lié, depuis l’antiquité, à la vigne et au vin. Le vignoble de la Narbonnaise fut repris, au terme des ravages barbares, par les moines; en l’occurrence, ceux de Grammont furent particulièrement actifs sur les terres qui nous intéressent ici.

En 1696, Étienne de Flaugergues, receveur des tailles du diocèse, conseiller au parlement de Toulouse et à la cour des comptes de Montpellier, acquit une résidence campagnarde qu’il transforma en « folie » : une maison des champs surplombant la ville de Montpellier, siège d’une exploitation viticole où l’on cultivait aussi l’olivier. Le domaine fut repris par le colonel de Saizieu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ; celui-ci fut immédiatement confronté à l’entretien d’une exploitation directe difficile ; dès 1947, il fut contraint de réduire la superficie viticole à moins de trente hectares. La crise de surproduction des années 1950 ne l’épargna pas, il imposa un effort de modernisation du système de production. A la mort du colonel de Saizieu, ses héritiers Henri de Colbert (neveu du défunt) et son épouse décidaient d’habiter la propriété familiale et d’en faire une entreprise dynamique (1973).

De l’héritage à la gestion directe de l’exploitation

Remettre les bâtiments en état, créer une véritable entreprise moderne, restructurer l’exploitation, telles sont les étapes à parcourir dans le but de fonder une exploitation viticole prospère dans une viticulture méridionale en crise. Le comte de Colbert quitte son emploi d’ingénieur pour mieux se consacrer à l’entretien du château, à la rénovation du vignoble et de la vinification, à l’élevage des vins.

C’était sans compter avec des difficultés de maintien du patrimoine : après avoir acquitté 55% de frais de succession, les propriétaires se voient contraints de céder quelque neuf hectares à la ville de Montpellier en 1985. Le château de Flaugergues, situé à trois kilomètres de la capitale régionale, se situe sur un axe principal de communication vers l’aéroport, la route et les plages, il barre le chemin de l’expansion choisie. Les premières expropriations visent à favoriser la réalisation du vaste complexe périurbain dit « le Millénaire », Au terme de la transaction, le comte de Colbert achète le domaine de la Perdigalière (dix hectares) afin de rééquilibrer l’exploitation. En 1992, l’expropriation prévue par le district concerne dix hectares, et cette fois nouvellement replantés entre 1975 et 1983 ; la perte financière est conséquente.

Le comte de Colbert afferme alors d’autres domaines aux alentours du château : la Garrigue, le Grand Grès, Montauberou et au mas de Calage ; il s’agit souvent de parcelles dispersées, inférieures à deux hectares, mais qui permettent de pallier la réduction de la propriété.

A la tête de 24,5 hectares 3 de propriétés et de 18,5 hectares de fermages, le comte-vigneron sait qu’il doit penser qualité et profit, investissement et amortissement, c’est-à-dire gérer son exploitation comme une véritable entreprise commerciale. Ainsi, l’exploitation familiale traditionnelle se transforme-t-elle en une véritable entreprise où chaque employé, diplômé ou formé sur place, se doit d’être spécialiste et polyvalent.

Pour les travaux saisonniers, l’accent est mis sur le travail à façon ; le temps des vendanges fait recruter étudiants et chômeurs de préférence aux colles espagnoles de l’après-guerre. Cependant, depuis 1991, l’exploitation loue une machine à vendanger à la Société civile du mas de Calage, dont M. de Colbert est actionnaire, tout en continuant à assurer une partie des vendanges à la main.

Autant de tentatives d’adaptation pour un renouvellement de la viticulture.

Une viticulture renouvelée

Le terroir de Flaugergues bénéficie d’un emplacement idéal pour y implanter des cépages aptes à produire des vins de qualité. Mais il fallait pour le rentabiliser que le commerce y fut favorable. Les vignes du colonel de Saizieu produisaient, pour répondre à la demande, des vins de consommation courante, de qualité médiocre, caractéristiques du marché languedocien jusque dans les années 1970. Toutefois, l’appellation Château de Flaugergues était reconnue, pour les meilleures vendanges, depuis 1949. Des vins de qualité supérieure (V.D.Q.S.) complétaient la gamme. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1996

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Hélène CLAVREUIL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf