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Description

Le nouveau Dictionnaire Topographique et Étymologique de l’Hérault

C’est en 1865 que l’archiviste départemental de l’époque, Eugène Thomas, fit paraître dans la série officielle publiée par l’Imprimerie Impériale son Dictionnaire Topographique du Département de l’Hérault. L’année suivante, dans une étude parue dans le Bulletin de la société archéologique de Béziers, E. Carou critiquait sévèrement déjà l’information que cet ouvrage contient. Pendant plus d’un siècle, les érudits ont suivi l’exemple de Carou les lacunes, les erreurs de transcription ou de datation, les fausses identifications font du dictionnaire de Thomas un outil de travail bien médiocre. Fait dont je me suis rendu compte, à mon tour, pendant les années 1957-59, époque où je préparais ma thèse Le Suffixe – acum dans la toponymie de l’Hérault. Encouragé ensuite par plusieurs spécialistes français et étrangers et inspiré par l’exemple qu’offraient les excellents travaux de l’English Place Name Society (série de monographies toponymiques consacrées aux comtés de l’Angleterre), j’ai conçu l’ambition de fournir pour le département de l’Hérault un ouvrage comparable – répertoire à la fois topographique et étymologique – et qui ne se contenterait pas de réviser le dictionnaire de Thomas mais serait fondé directement sur les meilleures sources primaires. Cette ambition a abouti, après des recherches interrompues à plusieurs reprises, au volume qui vient de paraître.

Aux trois phases principales de mes recherches correspondent les éléments qu’on trouvera dans ce dictionnaire : un répertoire de la toponymie et de la microtoponymie modernes – noms de villages, de lieux-dits, de rivières, etc. -, répertoire qui se veut exhaustif pour les lieux habités, assez complet aussi en ce qui concerne les lieux-dits ; une abondante collection de formes anciennes, dont l’identification est soigneusement contrôlée, y compris les indications utiles concernant les lieux disparus ; un commentaire étymologique, facilité par un regroupement à l’intérieur de l’ordre alphabétique général – d’après les termes qui ont servi à la désignation toponymique. Dans une appendice sont regroupés, par ordre de cantons et de communes, les principaux noms qui possèdent un intérêt historique.

La nomenclure moderne que j’ai retenue est, pour l’essentiel, celle de la Nouvelle Carte de France au 20.000e ou au 1 : 25.000e (suivant les feuilles), avec le complément de tous les noms figurant sur la carte de Cassini (levée, sur le territoire de ce département, entre 1770 et 1775). Pour atteindre à l’exhaustivité, il aurait fallu ajouter tous les lieux-dits portés au cadastre ou faisant partie seulement de la tradition orale : des raisons d’ordre pratique m’ont empêché de relever toute cette documentation supplémentaire, mais le nombre de microtoponymes – noms de lieux-dits, d’accidents du terrain, de ruisseaux – contenus dans le nouveau dictionnaire est déjà fort important.

Reconnaissons aussi qu’il m’ a été matériellement impossible de dépouiller toutes les sources anciennes relatives à ce département, mais que ce dépouillement est néanmoins assez complet en ce qui concerne le Moyen Age. Pour la période allant du 14e au 18e siècles, j’ai cherché à opérer un choix judicieux parmi les nombreuses sources existantes, choix visant à inclure les répertoires les plus importants et à combler les lacunes de l’information médiévale. Dans tous les cas, j’ai retenu, parmi les formes anciennes, les toutes premières attestations – à condition que l’identification de celles-ci soit assurée et qu’elles ne proviennent pas d’une documentation secondaire – ainsi qu’un nombre variable de références plus récentes. Pour chaque toponyme, le linguiste trouvera donc, dans les limites des renseignements à ma disposition, tous les éléments nécessaires pour retracer le fil de son histoire, tandis que l’historien aussi trouvera une collection des références les plus importantes. Si, pour l’ancien diocèse de Saint-Pons, les formes anciennes sont plus rares que pour le reste du département, ce fait est le résultat d’une ferveur révolutionnaire particulièrement intense qui livra aux flammes tout ce qui pouvait avoir l’apparence de justifier les anciens privilèges féodaux.

C’est l’étude étymologique qui constitue sans doute l’aspect le plus complexe de ce travail. Étude qui se doit de respecter les principes et l’enseignement d’un siècle et demi de recherches linguistiques et dialectales, qui écarte les explications en contradictions avec ces principes – pour agréables ou pittoresques qu’elles soient – et qui cherche toujours à s’appuyer sur une solide documentation. Malheureusement, les documents qu’on aurait souhaité posséder font complètement défaut dans un grand nombre de cas, résultat de l’état fort lacunaire où nous sont parvenues les archives du passé. Ajoutons que l’origine d’un toponyme peut remonter à l’époque gallo-romaine (voire bien au-delà) ou être seulement une création du siècle actuel ; quelle que soit la date de cette origine dans chaque cas particulier, un témoignage écrit, contemporain de la désignation même, est le plus rare des documents. Il s’ ensuit que l’étude toponymique n’arrive à peu près jamais qu’à des explications probables, probabilité toutefois fort voisine de la certitude dans un grand nombre de cas où la comparaison des données permet de reconstituer des séries de noms possédant une commune origine. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1983

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Frank R. HAMLIN

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf