Joseph Daubian Delisle, né à Castres le 1er mai 1734, était le fils de Benoit Daubian et de Magdeleine Bardou. Par ses origines il appartient à la bourgeoisie castraise. Après des études de droit faites à l’Université de Toulouse il se fait recevoir avocat. Il exerce auprès du Sénéchal de Carcassonne, et le Chapitre de la cathédrale le nomme lieutenant-de-juge, le 7 août 1762, pour toute une série de seigneuries qui lui appartenaient. Daubian abandonna le Sénéchal de Carcassonne pour revenir à Castres. Là encore, outre sa charge au Sénéchal de la ville, il sera juge des seigneuries de Brassac, Roquecourbe, Lacrouzette et viviers. En 1792 il sera membre du Tribunal civil de Castres. Il se retira rapidement des affaires et mourut à Castres le 21 août 1822.
Telle est, brièvement résumée, la biographie de cet homme de loi, de ce robin, comme il y en avait tant dans la France d’Ancien Régime. S’il demeure connu il le doit à ce que, comme le dit son biographe Nayral, il fit parler à sa muse « le langage patois ».
Le patois, c’est-à-dire l’occitan, était alors d’un usage universel dans le petit peuple, mais était aussi utilisé dans l’intimité par les bourgeois. Les écrivains occitans issus du même milieu que Daubian sont nombreux au XVIIIe siècle et il serait bien intéressant de savoir quelles motivations les ont poussés à faire ce choix linguistique qui les condamnait à ne recueillir qu’une renommée toute locale. Est-ce par souci de l’expressivité, ou de l’authenticité ? Est-ce par esprit « provincial » ?
Quoi qu’il en soit Daubian choisit l’occitan. Une bonne partie de son œuvre est demeurée inédite, renfermée dans les manuscrits que, vers 1834, possédait son neveu Lacroix, juge d’instruction. Aujourd’hui on connait de lui des noëls qui ont longtemps joui d’une belle popularité dans le pays castrais, Los coulets farcits, poème satirique d’une certaine ampleur, et le Misanthrope travesti.
Los coulets farcits se moque sans grande méchanceté de la gourmandise des francs-maçons d’une loge de Castres qui sont déçus dans leur espoir de goûter aux choux farcis qu’ils avaient commandé à un traiteur réputé. […]