Description
Le journal d’Héroard, médecin de Louis XIII
Présenter le Journal d’Héroard à Montpellier, c’est évoquer en sa patrie le premier médecin de Louis XIII. En effet, il est né à Montpellier d’une famille de médecins, chirurgiens, notables protestants de la ville et il a fait ses études dans la célèbre université de médecine d’où sont sortis les plus grands médecins du Royaume et bon nombre de médecins des Rois. Bien que premier médecin de Louis XIII, la réputation d’Héroard n’aurait point dépassé son temps s’il n’avait écrit et tenu pendant 27 ans le célèbre Journal de l’hygiène du Prince dit Journal d’Héroard. Cité, utilisé, paraphrasé, tronqué, tourné en dérision ce texte reste un document mal connu et cependant l’historiographie contemporaine éprise d’ethnohistoire peut en tirer des résultats considérables sur une densité d’informations exceptionnelles. Encore faut-il pour cela disposer d’un texte continu et complet et qu’une rigoureuse analyse interne ait permis de prendre la mesure de sa définition et de ses possibilités. C’est dans ce but qu’a été entreprise, depuis quelques années, la publication critique de ce document conservé à la Bibliothèque Nationale.
Immense sujet que le Journal d’Héroard. Aussi dans le bref exposé que nous faisons ici avons-nous choisi de le définir dans ses traits les plus saillants et les plus essentiels : ampleur et performance ; nature et situation par rapport à un genre ; personnalité d’Héroard dans l’évolution d’un genre. Malgré la publication, bien connue de tous les historiens et utilisée par tous les spécialistes de Louis XIII, qui a été faite par deux érudits, Soulié et Barthélémy, on peut considérer qu’actuellement il n’y a pas de publication du Journal d’Héroard et que celui-ci est encore à l’état de manuscrit. Et l’on sait les difficultés d’utilisation d’un document en cet état : fragile, peu accessible et peu maniable.
Les chiffres suffiront à convaincre la publication de Soulié et Barthélémy comprend un total de 794 pages en deux volumes, alors que le texte manuscrit original conservé à la bibliothèque nationale comprend six gros volumes in-folio d’une somme de 11 054 pages. L’édition dans ces conditions ne représente que 6,22 % du texte original. Lacunes considérables auxquelles s’ajoute l’absence de tout critère scientifique. En effet, le Journal d’Héroard est avant tout autre chose un Journal de santé or tout le discours médical dont des calculs ont fait valoir la place qu’il tient dans le texte a été supprimé : le document dans ces conditions perd tout son sens.
Les éditeurs se sont attachés au pittoresque, à l’anecdotique plus propre à séduire le lecteur mais, même dans ce cas, ils ont opéré des tris, ils ont fait des transcriptions discontinues : trop souvent des récits sont incomplets, tronqués, inachevés.
L’orthographe n’a pas été respectée. Or, dans le Journal d’Héroard, il est un domaine où il est capital d’y être scrupuleusement attentif. Héroard a fait une retranscription phonétique de ce qu’il entendait dire au jeune prince. Il nous a ainsi transmis la prononciation de l’enfant, ses maladresses de langage, ses hésitations, tout cela se traduisant par une orthographe très particulière. On se représente le prix d’une telle information qui n’a pas son équivalent pour l’étude du langage parlé d’un enfant du XVIIe siècle. Toute négligence, toute altération fait perdre à ces dialogues leur intérêt pour une étude scientifique. Soulié et Barthélémy ne l’ont pas compris.
Enfin, les deux éditeurs disposaient de deux textes : un original et une copie. La copie était d’un accès plus facile parce qu’à l’époque elle appartenait à une collection particulière ; de plus, la graphie plus régulière est d’une lecture beaucoup plus aisée. A leur gré, sans méthode, les auteurs ont utilisé les deux textes les interpolant l’un et l’autre.
Toutes ces fautes de méthode aboutissent à une défiguration et dénaturation du texte initial. Si Soulié et Barthélémy ont eu le mérite de faire connaître aux historiens et au public l’existence d’un document et de le faire lire de manière agréable, ils n’en ont pas permis l’utilisation scientifique, car leur édition favorise les erreurs d’interprétation. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1984 |
---|---|
Nombre de pages | 6 |
Auteur(s) | Madeleine FOISIL |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |