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Description

Le four banal et les pressoirs vinaires des habitants de Montblanc
(Hérault) (1814-1924)

Les fours banaux et les pressoirs vinaires étaient en pays languedocien deux aspects essentiels de ces monopoles économiques que constituaient souvent, sous l’Ancien Régime, les droits seigneuriaux. Avant 1789 chacun allait, moyennant redevance, à l’unique four à cuire son pain et à l’unique pressoir faire son vin. Or malgré la Révolution tout ceci a survécu dans Montblanc, jusqu’à l’aube du XXe siècle sous une autre forme certes, et dans un contexte différent. Étrange survivance qui méritait incontestablement une attention particulière.

I – La renaissance du Four et la mise en place de la copropriété :

Sous l’Ancien Régime il existait à Montblanc un Four et des Pressoirs seigneuriaux. Comme tous les autres biens privilégiés ces banalités furent supprimées en 1789 et devinrent Biens Communaux. De ce fait le Four cessa très vite son commerce. Les gens les plus fortunés firent alors construire des fours privés. Quant aux autres ils se contentèrent de l’aumône de la cuisson. Sous la Restauration un groupe de montblanais eut l’idée de rouvrir l’ancien Four banal. Et c’est ainsi que, dans un premier temps, le 10 Janvier 1814, Raymond Jani, greffier de la Justice de Paix du canton de Servian mais domicilié à Montblanc, racheta le local désaffecté et les pressoirs pour la somme de 1315 francs. Quelques semaines plus tard Jani faisait cession de son acquisition aux habitants de la localité pour le même prix de 1315 francs. L’acte de cession fut passé le 27 février 1814 devant Me Eustache, notaire à Servian. Les acheteurs étaient extrêmement nombreux : au départ 977 copropriétaires répartis en 217 chefs de famille, 249 femmes et 511 enfants. Si l’on tient compte du fait que la population ne devait guère dépasser 1100 habitants on peut dire que c’est la presque totalité des montblanais qui participa à cet achat. Cette acquisition comprenait un local avec Four à cuire le pain et trois pressoirs vinaires. Le four, situé dans la rue de la Révolution face aux jardins du Presbytère, était un petit bâtiment datant du début du XVIIe siècle, précédé d’un enclos. Les pressoirs, solidement fixés en terre, dataient du début du XVIIIe siècle : l’un était situé Place du Jeu de Paume, l’autre Place de l’Église et le troisième sur le « Plan de las Cours ». Un quatrième pressoir roulant fut construit en 1817 par François Estournet « mestre charron ». Il couta 450 francs. L’article 7 de l’acte de cession faisait état des conditions ,et des clauses relatives aux sommes avancées par Raymond Jani. De 1814 à 1816 quatre versements suffirent pour payer le vendeur.

II – L’Administration et le fonctionnement de la copropriété jusqu’en 1875 :

Ils furent clairement définis par Raymond Jani, juriste de métier. Le Four et les Pressoirs étaient gérés par un Conseil d’Administration composé de 9 personnes, élues à vie, par leurs collègues déjà en place. Ce mode de recrutement équivalait à une cooptation pure et simple des administrateurs et de ce fait le Conseil eut parfois tendance à devenir la « chasse gardée » de certaines familles influentes : Amiel, Deves, Feulie, Pailhes. Le premier Conseil fut nommé d’autorité par Raymond Jani. C’est ce premier Conseil qui établit les règlements de fonctionnement du Four et des Pressoirs. Ces règlements restèrent en vigueur jusqu’au début du XXe siècle. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1975

Nombre de pages

4

Auteur(s)

Guy VIBAREL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf