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Description

Le Concert de Montpellier au siècle de Louis XV

Le fait le plus frappant de la vie musicale montpelliéraine, dans les années qui séparent le dernier tiers du règne de Louis XV de la Révolution, et constaté à Paris comme dans les capitales provinciales, est la vie intense de la scène lyrique. Prenons pour exemple l’année 1772 : on y compte jusqu’à seize représentations par mois, dont près des 2/3 sont voués à l’opéra-comique, à l’« opéra bouffon », la comédie mêlée d’ariettes, beaucoup plus rarement au grand opéra. On y relève encore le « ballet héroïque » et le ballet dit « en action ». En 1789 seize représentations sont assurées pendant huit mois, douze pendant quatre mois.

Ce prodigieux succès du théâtre lyrique, dont nous recueillons maints témoignages, n’est pas forcément l’expression la plus pure du goût musical : il y entre pour une bonne part la curiosité à l’égard du spectacle en lui-même, du faste de la mise en scène, comme l’intérêt que suscitent les danses qui l’accompagnent généralement, et aussi certains acteurs et de jolies actrices lyriques – les critiques du temps se révèlent sensibles aux « grâces » des artistes, à leur « figure intéressante ». Comptons enfin avec l’amour qu’un public méridional a, de tout temps, accoutumé de porter à la virtuosité vocale.

Il nous a paru intéressant de rechercher, en dehors du théâtre lyrique, quelques témoignages touchant un aspect moins connu de la vie musicale montpelliéraine en ce grand siècle musicien, pour essayer d’atteindre de plus près le goût musical au sein d’une capitale provinciale active et riche, qui se piquait volontiers de donner chez elle une place privilégiée aux Beaux-arts.

L’ÉTABLISSEMENT DU CONCERT- LE CADRE

L’établissement d’un concert public à Montpellier, en 1752, coïncide avec l’une des heures les plus brillantes de la vie locale. C’est le moment où la ville, déjà dotée du jardin botanique, de la promenade de l’Esplanade, va faire du Peyrou un admirable ensemble architectural, se pare de nouveaux hôtels particuliers, s’apprête enfin à édifier un Opéra. La création du Concert, liée à cet épanouissement urbain, devait, dans l’esprit des contemporains, contribuer à l’éclat et au renom de la cité, très fréquentée par les étrangers, siège des États du Languedoc et d’une Cour des Aides, résidence du commandant-en-chef de la province et du gouverneur de la ville, résidence habituelle de l’intendant de la Généralité ; de surcroît, centre intellectuel, fier de son École de Médecine et de son Collège de chirurgie, d’une des premières Académies des Sciences de province, comme d’une Académie des Beaux-arts, qui organisera, à la veille de la Révolution, sa première exposition de peinture.

Les Montpelliérains se vantaient volontiers de cette place privilégiée des Arts en leur cité, où la Musique, en particulier, faisait « surtout leurs délices », écrivent les Annonces du 1er Octobre 1770 et le Journal de la Généralité, dans le « Prospectus » publié pour sa quatrième année, de situer le Concert parmi tous les éléments de fierté que pouvait compter la ville… « en est-il une autre » (cité) « Ou les Sciences, les Lettres et les Arts soient en plus grande considération, où le Commerce soit plus actif et plus varié, où l’imagination vive des habitants fournisse plus d’évènements singuliers, de projets utiles, d’inventions ingénieuses ? Universités célèbres de Médecine et de Droit, Tribunaux de toutes les sortes, Académies de Sciences et Arts, Collège renommé de chirurgie, Concert public, spectacles il y a de tout à Montpellier… ». […]

Informations complémentaires

Année de publication

1982

Nombre de pages

24

Auteur(s)

Alice GERVAIS

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf