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Description

Le castrum de Montoulieu et le peuplement dans la vallée de l’Alzon au Moyen Âge

Le peuplement rural de la basse plaine Languedocienne et des garrigues a fait l’objet ces deux dernières décennies d’études sérieuses éclairant sous un autre aspect le phénomène de l’incastellamento et nous permettant de mieux saisir les mutations de l’habitat au cour du Moyen Âge. Or, pour l’arrière-pays et en particulier pour le piémont Cévenol, les recherches restent à faire. Les processus de concentrations et de dispersions ne dépendant pas exclusivement de l’apparition apparemment spontané du castrum, il ne faut pas omettre le poids de l’habitat intercalaire. Les observations et réflexions qui suivent ne sont qu’un jalon qui pourront peut-être permettre de nuancer certaines conclusions et d’affiner les connaissances sur la genèse et l’évolution des peuplements des contreforts montagneux.

1.1 Situation du château

La commune de Montoulieu (canton de Ganges) est limitrophe avec Moulés-et-Baucels, Laroque, Saint-Bauzille-de-Putois, Notre-Dame-de-Londres, Ferrières-les-Verreries, dans l’Hérault, Pompignan, Saint-Hippolyte-du-Fort et la Cadière dans le Gard. Cette zone peut être géographiquement considérée comme faisant partie du piémont Cévenol (Fig. 1).

Le château de Montoulieu n’est plus aujourd’hui qu’un vaste amas de ruines, perdu au milieu d’un univers minéral, duquel se détachent quelques pans de murs et une tour accrochés à une colline culminant à 311 m d’altitude. Sa position lui fait dominer vers le sud et le sud-ouest le village actuel, composé de plusieurs hameaux et maisons isolés se développant dans la vallée, à une hauteur moyenne de 180 m. Si le relief est nettement marqué entre village et château, c’est parce que ce dernier se trouve sur la terminaison orientale du massif du Thaurac, atteignant 488 m dans sa partie ouest, avant d’être coupé par le cours de l’Hérault. A son contact, le fleuve a creusé au fil du temps une profonde gorge, en témoignent encore aujourd’hui les abruptes falaises qui bordent les rives du fleuve entre Saint-Bauzille-de-Putois et Laroque. Son action érosive a séparé le Thaurac primitif en deux parties : la plus importante s’étend vers l’est sur près de 4 km, l’autre vers l’ouest (Mont-Micisse) a accueilli à l’époque carolingienne le siège d’une viguerie (Agonés). Le massif s’abaisse vers l’est jusqu’au niveau de la colline appelée Autignac (commune de Montoulieu). C’est sur le versant sud-est de la Serre d’Autignac, au sommet d’une petite éminence isolée, que se trouvent les vestiges du castrum de Montoulieu.

Au pied du Thaurac, sur les versants sud sud-est, se développe la vallée de l’Alzon. Ce petit affluent de l’Hérault, situé sur sa rive gauche, est protégé au sud par un réseau collinaire (350 m d’altitude moyenne) sur lequel s’est accrochée la garrigue (Bois de Sauzet, Bois de Triadou, Bois de Monnier). Ces bois forment une ligne axée ouest nord-est, plus ou moins parallèle au Thaurac. L’Alzon cours dans une petite dépression 2, confinée entre ces deux reliefs et prend sa source à moins de 500 m à l’est du castrum de Montoulieu. Le terroir communal se développe ainsi entre l’extrémité orientale de la vallée de l’Alzon, dans la plaine, et les premiers contreforts de garrigues, en forme d’entonnoir. Le château quant à lui barre le passage de la vallée en direction de la Cadière – Saint-Hippolyte-du-Fort, c’est-à-dire vers l’ancienne voie de communication appelée chemin des Ruthènes. Sa position de hauteur en fait un véritable poste d’observation sur une grande partie de la vallée de l’Alzon. On peut penser que celle-ci était utilisée comme un itinéraire permettant de rejoindre, en partant de la Cadière (voie des Ruthènes), la route Ganges – Montpellier au niveau de Saint-Bauzille-de-Putois, sans être obligé de passer par Ganges, donc comme un raccourci. Dans ce schéma le château de Montoulieu occupe une situation stratégique idéale sur cet itinéraire. Il joue le rôle de poste de surveillance : les voyageurs empruntant la vallée de l’Alzon ne peuvent échapper aux guetteurs du château. Cette idée de château / poste de surveillance est renforcée par le contexte frontalier que la commune occupe encore aujourd’hui. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2003

Nombre de pages

26

Auteur(s)

Vivien VASSAL

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf