Description
Le Castellas de Tournemire (Moulès-et-Baucels, Hérault)
Les ruines du Castellas de Tournemire se trouvent sur le domaine de Blancardy, commune de Moulès-et-Baucels, à quelques kilomètres à l’est de Ganges. Établi au pied de la montagne du Bois de Laroque, il commande une large plaine qui s’ouvre entre la route de Saint-Hippolyte-du-Fort (l’antique voie des Ruthènes) au nord, et le cours épisodique du Merdanson au sud. En face, s’élèvent, à peu de distance l’un de l’autre, le château de Ginestoux (avec sa tour quadrangulaire haute de 25 m) et celui des Oliviers, tous deux de fondation ancienne.
Il semblerait que Tournemire ressortissait de la puissante baronnie de Sauve, dont les possessions étaient innombrables dans les Cévennes et le Languedoc méditerranéen. Plusieurs membres d’une famille de Tournemire apparaissent dans des actes liés à la baronnie ou à ses vassaux, tel Bertrand, témoin de la cession en fief du mas de Moulès par Bernard VII d’Anduze à Vierne, dame de Ganges, en 1175, ou Pierre, « de la paroisse de Baucels », cité en 1315 parmi les nobles chargés de désigner le délégué qui allait prêter serment de fidélité au roi. En 1567, le château était « la demeure seigneuriale de noble Jehan de Tornamyre », qui le légua à ses enfants, par acte du 19 juin 1571. Ceux-ci durent s’en séparer en 1617 au profit de Pierre de Blancard, baron de Moissac en vallée Française et autres lieux, dont la terre éponyme de Blancardy. En 1654, Tournemire et Blancardy passèrent aux mains de la famille de Ginestoux et ne cessèrent de former un seul et même domaine jusqu’à nos jours. Les vestiges actuels ne paraissant comporter aucun élément postérieur à la fin du XVe siècle ou au début du XVIIe, Tournemire dut être progressivement abandonné, victime de son isolement, de son archaïsme ou d’une destruction intempestive.
Un ensemble parfaitement lisible
Construit en bas de pente, le château occupe une assise contournée par un fossé du côté de la montagne et confortée par d’épais murs de soutènement du côté de la plaine. C’est un long rectangle parallèle à celle-ci, qui aligne une tour maîtresse, une première enceinte, contenant le logis d’habitation, et une deuxième enceinte, précédée, à l’est et à l’ouest, de terrasses maçonnées, possibles restes de défenses avancées. La tour maîtresse se dresse au sud, face à la montagne. De plan rectangulaire, elle est magnifiquement appareillée en bossages rustiques sans liseré. Les trois niveaux intérieurs étaient séparés par des planchers, dont subsistent les moulures continues en quart-de-rond sur lesquelles les planchers prenaient appui. Le dernier étage s’arrondissait sous une voûte en berceau conservée aux deux tiers. Au-dessus, jadis accessible par une trappe centrale, se trouvait la plate-forme sommitale, munie d’un parapet crénelé ou non.
Ces trois niveaux recevaient un maigre jour au moyen de courtes archères à ébrasement triangulaire, dont la plupart se concentrent sur la face sud, la plus exposée. Seule la face opposée s’éclairait davantage, grâce à une porte à linteau droit ménagée à hauteur du second étage. Les quatre boulins alignés qui en bordent le seuil, à l’intérieur comme à l’extérieur, sont probablement les vestiges d’une défense en surplomb, destinée à protéger la porte d’entrée de la tour, curieusement ouverte au rez-de-chaussée, sous un tympan cerclé d’un arc de décharge à grands claveaux. Par son inhabitabilité (environ 4 mètres sur 3,50 mètres dans oeuvre), ce « donjon » est le type même de ces tours-beffrois du Bas-Languedoc attribuables à la seconde moitié du XIIe siècle ou au début du XIIIe. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2001 |
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Nombre de pages | 3 |
Auteur(s) | Thierry RIBALDONE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |