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Description

L’Amirauté de« Cette » et la « Flotte » sétoise de 1691 à 1735

A vouloir évoquer la juridiction spéciale que recouvre ce titre il faudrait parler d’amirauté de Montpellier et de Sète car, Frontignan étant ensablé dès la première moitié du XVIIème siècle, l’édit d’avril 1691 portant « création d’amirautés en la province de Languedoc » crée, en effet, « un siège particulier d’Amirauté en la ville de Montpellier pour avoir sa juridiction dans le port de Cette », dont la pose de la première pierre du môle Saint-Louis ne remonte qu’à vingt cinq ans. En février 1692, un nouvel édit supprime donc les amirautés de Toulouse et de Frontignan. Qu’importe, pour la royauté, les « deffenses » des officiers de l’amirauté d’Agde établies sur un autre édit de 1630 « portant établissement d’un Bureau de la Marine en Languedoc », favorisant leur ville. Un découpage territorial différent s’impose du fait de l’apparition d’un nouveau port. Ainsi l’ordonnance du 7 mars 1695, prise par l’intendant de Languedoc Lamoignon de Basville à la suite de l’édit de 1691, précise-t-elle que « dépendront de l’Amirauté de Montpellier et de Cette les lieux de l’ancienne juridiction de Frontignan, de Balaruc et de Bousigues, jusques aux confins du territoire dudit Bousigues ». Des repères plantés sur le bord de l’étang de Thau à l’endroit de séparation avec la commune de Mèze et sur la plage entre les monts Saint-Clair et Saint-Loup à une lieue au-delà de Sète, déterminent, suivant une ligne imaginaire tirée sur l’étang à vue des bornes les limites du siège du côté d d’Agde alors qu’à l’est Mauguio demeure le seuil traditionnel de la compétence territoriale avec l’amirauté d’Aigues-Mortes. La frontière des diocèses n’est pas plus respectée que celle des seigneuries, et le port de Sète, répondant aux juridictions spirituelles et temporelles des prélats agathois, ses comtes et seigneurs, se trouve devoir partager avec la première ville de la province, qui sans lui n’aurait point toutefois de débouché maritime, l’honneur de posséder une amirauté.

Sète n’a, en ses débuts, qu’un personnel classique, relativement restreint : procureur du roi, lieutenant général civil et criminel, avocat, huissier et greffier, qui se diversifiera avec le temps et le développement du port. L’amirauté sétoise est d’ailleurs le « fief », comme il se doit, d’une famille de « plume », les Pouget, dont François, André-François et Joseph se succèdent de 1691 à 1789 pourvus de lettre de provision d’office les rendant inamovibles par les principes de vénalité et d’hérédité des charges qui caractérisent les deux derniers siècles de l’Ancien Régime. Ils président aux destinées d’une administration qui, sur quelque littoral qu’elle se trouve, est tout à la fois greffe et cour, aux registres témoignant de la vie d’un port. Aussi voit-on consignés à Sète, malgré quelques silences d’archives aux origines de l’amirauté sétoise, des contrats relatifs au port et à sa police, des concessions de pêcheries dans ses eaux ou dans les étangs voisins, des brevets et des commissions de la garde-côte ou des règlements plus divers encore ; mais l’intérêt fondamental de l’existence d’un greffe est la connaissance de la flotte, des marins, des routes de navigation et du commerce. Le caractère judicaire de l’amirauté qui demeure avant tout une cour de justice, permet, d’autre part, d’évoquer les procès que soulèvent les affaires maritimes non point tant d’ailleurs envers l’administration qu’entre particuliers eux-mêmes, parties aux divers contrats qu’implique un port marchand tel que Sète.

Les 292 titres de propriété et vérifications de jauge des bâtiments inscrits au greffe de l’amirauté de Sète de 1694 à 1734 autorisent, malgré l’irrégularité des sources, plusieurs remarques sur les navires, leurs capitaines et armateurs. Tenter une classification par le gréement, comme il est coutume en matière de mer, est inutile ici vu l’absence de description détaillée de la mâture cependant, grâce aux jauges régulièrement déclarées et au qualificatif retenu pour définir les navires, quatre ensembles se détachent : barques, tartanes, pinques et vaisseaux. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1983

Nombre de pages

9

Auteur(s)

Alain DEGAGE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf