L’ameublement des maisons montpelliéraines de 1600 à 1715
à travers les inventaires après décès

La maison est au cœur de la vie ordinaire, pour tous. On y voit se rencontrer, parfois se contredire, technique, économie, culture collective, choix personnel, contraintes, accommodements. Pour la consommation et la production, elle pose toutes les questions sur les instances qui organisent le réel, sur les acteurs qui le produisent (…), sur les habitudes des habitants que les modes d’appropriation de l’espace distinguent. (..) La maison est un sujet sans limites1.

Comme nombre de recherches concernant le XVIIe siècle, l’étude de la maison montpelliéraine de cette époque-là se situe à la frontière entre les disciplines : dans ce sujet sans limites, la tentation première, portée sur les « consommations artistiques en tout genre 2 » se mue, au fil des découvertes d’archives, en intérêt pour l’histoire et la sociologie des phénomènes. Sans pour autant négliger l’étude de l’objet, l’apparition, la survivance et l’accumulation des objets, l’usage qui en est fait, ainsi que le vocabulaire qui les désigne, se constituent en sujets de réflexion à part entière.

Structure de l’habitat et schéma général d’ameublement

L’étude de l’architecture civile du XVIIe siècle met en évidence un habitat aux espaces polyvalents, sans spécificité propre, et dont les proportions architecturales ne sont pas liées à un usage particulier, la fonction des pièces étant généralement déterminée par le mobilier ; la terminologie est également restreinte, salle et chambre principalement 3. D’après les descriptions livrées par les inventaires après décès – qui sont notre principale source d’informations -, à celles-ci s’ajoute la cuisine, parfois la cave et, en fonction de la profession du propriétaire ou du locataire, la boutique, située généralement au rez-de-chaussée. Un réduit – garde-meubles ou même un cabinet -, souvent « minuscules, ne dépassant pas un mètre et demi en carré, gagnés à posteriori aux dépens de la chambre grâce à une cloison 4 » – viennent occasionnellement enrichir la structure des maisons. Encore moins souvent, on trouve la mention d’une antichambre, que l’on devine parfois, d’après son ameublement, non pas un lieu de passage ou d’attente, mais plutôt comme une pièce à vivre 5.

En même temps, nous constatons les différences importantes qui séparent les maisons étudiées : de la disposition la plus simple, due en premier lieu aux dimensions réduites du logement, aux plus compliquées, nous avons pu retrouver une palette assez large de complexités de logis, en fonction, la plupart du temps, des moyens financiers du propriétaire. En règle générale, ce que nous constatons à Montpellier est, comme dans d’autres villes françaises – notamment Paris 6, et, dans la région, Nîmes 7 -, une prédominance des logements à deux ou trois pièces, et une structure du logement verticale.

Mise à part la complexité – sans doute souvent réelle – des logis, le déchiffrage des intérieurs est parfois malaisé de par la manière dont la description en est faite : même en suivant pas à pas le périple du notaire dans la maison, la distribution des pièces peut rester difficile à saisir, parce que l’on ne s’intéresse qu’aux espaces habitables, susceptibles de renfermer des biens à priser, et on peut passer sous silence, comme cela a déjà été constaté 8, les espaces – escaliers, couloirs, passages – dépourvus d’objets à inventorier.

En tout état de cause, le schéma général du logement comprend invariablement une pièce principale désignée comme « salle », avec sa variation « salle basse », pièce parfois attenante, qui peut, éventuellement, la remplacer et qui, visiblement, partage sa destination. Selon le Dictionnaire universel de Furetière, la salle est « la première partie d’un logis […]. Les sales sont d’ordinaire au bas estage au rez de chausée. Il y a aussi les sales hautes, des sales à donner le bal, à faire nopces, des sales à manger, des sales d’audience […] 9 ».

Il s’agit donc d’un espace qui fait office de pièce à vivre, ce qui fait que, hormis les meubles utiles, indispensables à la vie quotidienne, on y retrouve, notamment lorsqu’il s’agit d’un ménage fortuné, des éléments représentatifs, que l’on souhaite montrer. Vers la fin du XVIIe siècle et surtout au début du XVIIIe, on voit apparaître, notamment dans les inventaires des maisons les plus aisées, le mot « salon », qui désigne une pièce qui conserve l’ameublement et les prérogatives de la salle. Censé être porteur d’un discours, de l’image de soi-même que le maître de maison veut offrir à ceux qui franchissent le seuil de sa porte, le schéma d’ameublement des salles est en général simple et assez stéréotypé. Cependant, comme pour toutes les autres pièces de la maison, il n’est pas immuable.

Dans cette pièce, on trouve d’abord des meubles de rangement : beaucoup de coffres, selon la tradition médiévale, mais également, surtout dans les maisons les plus aisées, les armoires et buffets, renfermant de menus objets : du linge de maison – d’autant plus riche en nombre et en qualité que le ménage est riche – à la vaisselle, aux habits et parfois aux livres, aux documents ou aux bijoux.

Un autre élément essentiel de l’ameublement est constitué par les meubles de repos, chaises et bancs en tout genre, jusqu’aux fauteuils et sofas qui commencent à faire leur apparitisurabondance de ces meubles – on en relève souvent jusqu’à dix ou onze dans une pièce à vivre, auxquelles s’ajoutent ceux qui se trouvent dans la ou les chambres – peut s’expliquer par l’accumulation au fil des générations, qui est, sans doute, d’usage, mais elle doit également relever de certaines pratiques de l’hospitalité et de la convivialité.

Egalement indispensable dans le décor de la salle est la table nous en trouvons parfois plusieurs dans la même pièce, des modèles les plus simples, destinés aux repas en famille, jusqu’aux tables d’apparat que l’on voit émerger chez les plus aisés vers le début du XVIIIe siècle.

Comme cela a déjà été signalé, la présence des lits dans les pièces principales des maisons n’est pas inhabituelle au XVIIe siècle 10. Si, généralement, il s’agit du lit du maître de maison et de son épouse – présence qui place, encore une fois, cette pièce au cœur de la maison -, nous trouvons, en 1661, chez Dimanche Baillot, aubergiste de La Couronne, une salle située à l’étage qui en abrite plusieurs 11, ce qui peut s’expliquer par une surpopulation de la maison, due peut-être à une pratique de l’hôtellerie jusque dans sa propre maison.

Richement ornée, la « salle basse » de Diane de Solas, marquise de Graves, expose « une tapisserie de hautelisse/ à petits personnages en sept pièces fort vieille,/ plus treize chaises bois de noyer tournées à/ petrs moyenne valeur huit desquelles sont/ garnies d’une moquette fort vieille,/ plus un buffet bois de fayar en deux pièces bonne valeur dans lequel a esté trouvé/ deux grands bassins trois soucoupes, une/ aiguère, une jatte, trois paires flambeaux,/ une boette à poudre le tout argent aché/ et uzéj plus une table de marbre à octogonne/ avec les armes de la maison de Solas et son/ châssis bois de noyer les pieds tournés à pater/ bonne valeur, plus une tabable [sic] à buffet avec son châssis/ à quatre pieds moyenne valeur/ plus un lustre pendeu au plancher composé/ de quatre branches de corne de cerf et/ de quatre branches de fer moyenne valeur/ plus un gardemeubles bois de fayar de la hauteur de quatre pans et huit pans de/ largeur moyenne valeur […] 12 ». A cela s’ajoutent de nombreux tissus destinés à la décoration de la maison : matières plus ou moins précieuses (velours, soie, taffetas et satins) en couleurs vives et pastel (rouge, vert, jaune, gris, or) viennent témoigner, en ce début du XVIIIe siècle, d’un art de vivre aisé et d’une élégance certaine.

Quant à la chambre à coucher – selon Furetière, »lieu où on couche, & où on reçoit compagnie 13 » -, son schéma de base est également assez simple : un ou plusieurs lits, une ou des tables, des chaises ou des bancs souvent en surnombre -, des meubles de rangement – coffres, garde-robes, moins souvent un cabinet, avec tout ce qu’ils renferment de menus objets -, auxquels s’ajoutent tapis et tapisseries, éventuellement tableaux ou miroirs 14. Plus intime que la « sall », la chambre peut également avoir des destinations multiples, cumuler, quelquefois, les fonctions de la chambre à coucher et de pièce à vivre, comme le montre l’inventaire, datant de 1639, de la chambre de Marguerite de Ports, veuve d’Elie Delvert, maître apothicaire, domiciliée rue de l’Aiguillerie : « premièrement dans ladicte chambre esté treuvé un lict/ bois noyer bonne valeur garni de sa palhiasse layne […],/ plus une petite table bois noyer carée double avec ses pieds/ et traicteaux bonne valleur,/ plus une grande chaise bois noyer garnie de tapisserie/ bonne valleur/ six grandes quaquetoires bois noyer garnies de tapisserie/ bonne valleur/ une petite quaquetoire bois noyer aussi garnie de tapisserie/ moyenne valleur […],/ un petit banc bois noyer peu de valleur/ doutze tableaux ou sont peinctz les doutze apostres avec/ leurs cadres bonne valleur/ plus le portraict dudict feu Elie Delvert mari de ladicte deffuncte/ plus un petit tabouret bois noyer peu de valleur/ plus une petite table bois blanc peu de valleur/ plus un grand garderobbe bois noyer avec ses couronement/ et fermentz bonne valleur […] 15 ».

Le grand nombre de chaises trouvées dans ce que l’on désigne parfois dans l’inventaire après décès comme « chambre » ou « chambre où est décédé le deffunt » nous amène à nous demander si l’on n’assiste pas, dans ces cas-là, à une mise en scène de la mort ou de l’agonie à une époque où les pratiques en usage faisaient de la mort, autant que de la vie, un spectacle public 16.

Une pièce censée illustrer la vie domestique dans sa dimension la plus intime et familiale est la cuisine, présente dans la plupart des foyers inventoriés. La variante la plus couramment décrite par les inventaires après décès ne contient que le strict nécessaire à la fabrication de la nourriture et aux repas familiaux : une table, des chaises ou des bancs, un dressoir, buffet ou autre meuble où sont rangés ustensiles, linge et vaisselle. Cette pièce éminemment privée semble, elle aussi, quelquefois, avoir plusieurs destinations : par la présence d’un lit, certains inventaires font penser que la cuisine pouvait servir de chambre à coucher – peut-être d’un domestique 17 -, de pièce à vivre, comme celle de la même Marguerite de Ports, où aux objets habituels s’ajoutent plusieurs tableaux à sujet religieux 18 -, ou encore destinée à l’étude, comme dans le cas de Jacques Armand, personnage résolument passionné de lettres et surtout de sciences, où l’on note, jusque dans la cuisine, une multitude de livres 19.

Le périple du notaire dans les maisons nous amène parfois dans un cabinet, toujours selon Furetière, « petit lieu retiré dans les maisons ordinaires, qui n’est souvent fermé que d’une cloison : c’est où l’on estudie, & où l’on serre ce qu’on a de plus précieux 20 ». Dans la plupart des maisons étudiées, le cabinet se présente, effectivement, comme une pièce destinée à la conservation des papiers, des livres, des objets rares ou précieux, quelquefois à la dévotion, et en tout cas aux activités intellectuelles, notamment dans le cas des personnes ayant un certain niveau d’instruction. L’ameu-blement des cabinets montpelliérains s’avère le plus souvent aussi simple que celui du reste de la maison : des meubles de repos, de rangement, une ou plusieurs tables ou bien un meuble-cabinet renfermant des objets en tout genre. La présence de livres et, éventuellement, d’objets de dévotion, confirme la spécificité de cette pièce. Ainsi, Jean Donnadieu, receveur et payeur des gages à la Cour de Comptes, Aides et Finances 21, et Guillaume Boudon, receveur général et payeur des gages des officiers présidiaux de Languedoc 22, y conservent des estampes, des tableaux et quelques livres religieux ; en 1622, chez Henry de Tremoulet de Bucelly, baron de la Mosson 23, ou plus tard, au début du XVIIIe siècle, chez le chirurgien André Reynaud 24, comme chez Jean Châtelain, doyen des professeurs de médecine de Montpellier 25, le greffier note un nombre important de livres, visiblement destinés – du moins dans les deux derniers cas cités – aux activités professionnelles des propriétaires.

Cependant, à une époque qui voit se développer des nouvelles pratiques liées à la lecture et à la réflexion et où le cabinet prend parfois des proportions de bibliothèque, nous ne relevons, à Montpellier, qu’une seule bibliothèque désignée en tant que telle, et qui contient, effectivement, un grand nombre de livres : il s’agit de l’inventaire après décès, datant de 1709, de Jean de Bagnol, avocat général à la Cour des Comptes, Aides et Finances 26.

Le cabinet dans le sens que l’on donne à ce mot tout particulièrement au XVIIe siècle – c’est-à-dire celui que définit Furetière, destiné à la collection en tout genre – est également une exception à Montpellier. Parmi les inventaires que nous avons consultés, un seul, celui de Jacques-Philippe Bornier, conseiller à la Cour des Comptes, Aides et Finances, se rapproche du cabinet de curieux comme l’entend son époque : « dans le cabinet/ du deffunt a esté trouvé une grande cassette/ bois noyer […]/ […]/ dans laquelle a esté trouvé/ cinquante-quatre médailles de plomb/ antiques petites ou grandes,/ plus cinq autres médailles lune de cuivre et/ les autres de foncte,/ plus seize figures de bronze dur des pieds destau/ de bois représentant plusieurs animaux/ et figures des dieux des payens/ plus quatre culiers et quatre fourchettes de/ nacre/ plus deux médailles représentant Gustave/ Adolphe et la reyne Eleonor sa femme/ enchassées dans une petite boete/ plus trente six vieux portraits des autheurs/ du deffunt ou autres particuliers attachés/ au tour dudict cabinet, plus environ cinquante estampes représentant/ de seigneurs et dames de la Cour/ plus trois cartes de géographie une grande/ et deux petites,/ plus sur un estage dudict cabinet a esté trouvé/ six grands verres peints de figures bizarres,/ plus trois soucoupes de vere peint avec/ leurs gobelets de même,/ plus sept boules de marbre,/ plus un globe de verre, plus un œuf d’autrouche,/ plus une grande coquille de mer,/ […]/ plus un miroir a bordeure de glace et doré aux/ extremités la glace ayant environ deux pans/ et demy d’hauteur sur deux de large bonne/ valeur/ plus un miroir a cadre noir la glace ayant/ environ un pan et quart de hauteur sur un/ de large […]/ […]./ Plus sur les tablettes dudict cabinet a esté/ trouvé trenteneuf volums de romans de/ Cirus, L’Astrée, Pharamond, Almaïde,Argenis/ et autres,/ […]/ plus dans une petite boete a esté trouvé/ un jouet d’rgent avec un bouton de cristal, plus trois coliers de gez/ […]/ plus dans un coffre bahut a esté trouvé/ une boete de carton dans laquelle il y a/ quantité de boutons de gez grands ou/ petits pour un lustre/ plus sept figures d’alabastre sur de pieds/ destau/ plus une figure de même représentant/ Charlequin sur un pied destal où il y a/ quatre personnages enchaînés,/ plus un petit coffre de racine de noyer/ avec ses bandes et serrure d’acier doublé/ d’un tafetas vert bonne valeur, plus dans un autre coffre bahut a esté/ trouvé […]/ plus huit demy fauteuils rembourés de/ crin et couverts d’une toile couleur d’or bonne/ valeur, plus dans un portefeuille a esté trouvé des/ estampes représentant des oiseaux 27 ».

Hormis les pièces principales des maisons – la salle, la chambre et le cabinet, avec leurs inévitables variations -, les greffiers font souvent état de pièces – le « membre bas », le réduit, la remise, la cave, le grenier – qui font généralement office de dépôt, où l’on retrouve des provisions de vin et de blé, ainsi que les objets en tout genre que les propriétaires entendent mettre de côté. Sans présenter un schéma d’ameublement propre, ces pièces renferment des objets qui retiennent l’intérêt au même titre que les meubles et les objets de la maison, surtout que, dans les cas des ménages aisés, ces objets représentent un surplus et montrent que, comme à toute autre époque, le choix décoratif devait être soumis aux changements de goût et de mode.

Le mobilier

Les intérieurs richement meublés constituent également une exception par rapport à l’ensemble des maisons montpelliéraines, surtout dans la première partie du XVIIe siècle. Qui plus est, les indices concernant les objets inventoriés – description, auteur, provenance, prix – manquent de précision, ce qui limite considérablement la possibilité de réaliser une analyse systématique des styles. Cependant, il est possible, à partir des témoignages tels qu’ils se présentent, d’identifier les différents types d’objets – notamment le mobilier -, et de définir les mots-clés employés pour désigner ces objets, afin d’appréhender le décor des maisons dans son ensemble et dans son évolution.

Styles et vocabulaire

En matière de mobilier, l’indication la plus courante dans les inventaires après décès fait référence à l’essence du bois il s’agit le plus souvent de « boys noyer », le plus répandu, surtout dans les milieux les plus aisés, et de « boys blanc », meilleur marché et presque tout aussi répandu. Lorsque le notaire se contente d’indiquer le bois – et la valeur, « bonne », « moyenne » ou « peu de valeur » -, on peut supposer qu’il s’agit des modèles les plus simples, dépourvus de toute recherche au niveau esthétique.

Quelques autres termes reviennent de manière récurrente pour désigner des objets ayant des caractères communs ; ce sont des termes appartenant au vocabulaire usuel et que nous avons besoin de définir afin de saisir les types d’objets qu’ils désignent et de les situer dans l’histoire des arts décoratifs.

Meubles « à l'antique »

Une des indications les plus fréquentes concerne le mobilier – lits, tables, chaises, coffres, buffets – « à l’antique », qui nous fait penser aux meubles simples, d’esprit Henri II, « inspirés (…) de normes antiques, (…) réalisés en des nombreuses régions de France durant la fin du XVIe siècle, (…) en bois de noyer ou de chêne 28 ».

Les modes antiquisantes qui se succèdent entre la fin du XVe siècle et la fin du XVIe ont certainement influencé les ateliers provinciaux, qui fabriquent des modèles de qualité variable : les meubles de « bonne valeur » coexistent souvent, dans les mêmes intérieurs, avec d’autres, moins soignés, moins rigoureusement structurés, plus lourds dans leur composition, répandus au début du XVIIe siècle et qui reprennent, très probablement, à une moindre échelle, les modèles courants 29. Dans ces derniers, nous pensons pouvoir reconnaître la plupart des meubles de « peu » ou peut-être même de « moyenne valeur » décrits par les documents, comme celles – coffre, buffet – inventoriés en 1615 chez un apothicaire, Jehan d’Anchies 30, ou bien la « grande table bois noyer à l’antique avec son pied peu de valeur » trouvée, presque un siècle plus tard, dans la maison de Jacques Armand 31.

Meubles « à colonnes torses »

Une autre indication très fréquente désigne le mobilier « à colonnes torses », le plus souvent en bois de noyer, terme qui rappelle le style Louis XIII, caractérisé par une simplicité du décor et où « les motifs en bois tourné constituent l’essentiel du répertoire ornemental 32 ». Même si les meubles que nous retrouvons dans nos intérieurs, souvent de « moyenne » ou de « peu de valeur », ne sortent visiblement pas des ateliers des ébénistes qui commencent à surgir au milieu du XVIIe siècle 33, mais plus probablement de ceux, plus modestes, des menuisiers régionaux ou locaux, nous pensons pouvoir y reconnaître des traits caractéristiques du style Louis XIII, qui ont dû être repris à différents niveaux de fabrication.

Par ailleurs, étudiées et partiellement identifiées par Alexandre Cheval, les armoires bas-languedociennes du XVIIe siècle seraient, en effet, des armoires Louis XIII – « un seul corps, un fronton, des colonnes en bois tourné, des panneaux sculptés de motifs géométriques simples (pointes de diamant) » – adaptées aux goûts locaux, c’est-à-dire ornées, au lieu de colonnes en bois tourné, de guirlandes et fruits 34. Malgré la pauvreté de détails des inventaires montpelliérains, on pourrait éventuellement supposer qu’il existe, en dehors des nombreux meubles ornés de bois tourné que nous avons identifiés comme appartenant au style Louis XIII, une autre variante du même style, où l’architecture du meuble s’orne de décors sculptés autres que ceux habituels.

Nous avons évoqué plus haut l’intérieur, datant de 1711, de Diane de Solas, où le bois tourné se trouve en bonne place. A la même époque, une autre demeure aisée, celle de Jean de Bagnol, contient également de nombreux meubles « à colonne torse » apparemment de bonne qualité, mais ce style se décline également dans des variantes et des objets plus modestes, comme le « chariot pour mettre les enfans bois-noyer tourné peu de valeur » inventorié en 1704 dans la maison de Jacques Armand 35.

Chaises « à la dauphine »

Appliqué aux chaises, l’attribut « à la dauphine » reste quelque peu incertain : très présentes – fréquemment et en grand nombre – dans nos intérieurs, surtout vers la fin du XVIIe siècle et au début du XVIIIe, les chaises « à la dauphine » pourraient être une sorte de chaises pliantes à dossier bas identifiées en Provence dès la fin du XVIIe siècle ; cependant, on n’a pas pu établir avec certitude l’appartenance des chaises à la dauphine trouvées dans les inventaires montpelliérains au type provençal 36.

Une explication qui paraît également plausible concerne non pas un mécanisme, mais un revêtement : au XVIIe siècle, la « dauphine » désigne une « sorte de droguet de laine, sergé, jaspé par mélange de laines ou de soies tentés de divers couleurs (…) fabriquée à Reims et à Amiens, (…) utilisée dans l’ameublement 37 ».

Plusieurs fois citée dans notre étude, la maison Bagnol illustre l’engouement de l’époque pour le mobilier à la dauphine, ainsi que pour d’autres meubles reflétant une recherche particulière du confort et un goût certain pour les nouveautés en matière d’ameublement : « dans la chambre […] a esté trouvé/ premièrement un sopha bois noyer à la,/ dauphine garny de sangles couvert d’un droguet rayé violet et couleur or avec son matelas laine couvert d’un/ droguet rayé violet et couleur d’or avec/ son matelas laine couvert d’un droguet/ même couleur et deux petits cuissins/ plume couverts de même droguet le tout/ bonne valeur/ plus huit chezes à la dauphine bois/ noyer a sangles couvertes d’un boucassin/ vert bonne valeur,/ quatre chezes à la dauphine bois/ noyer a sangles couvertes dun boucassin/ rouge bonne valeur, plus trois tabourets bois noyer à la dauphine/ avec des sangles couverts d’un boucassin jaune/ bonne valeur,/ plus une table bois noyer à esculture à la/ nouvelle mode avec son couvert de marbre/ bonne valeur,/ plus deux rideaux de fenestre toille de couton de maison bonne valeur […] » 38.

Meubles « à chapelet »

Toujours concernant les diverses pièces de mobilier, plusieurs documents évoquent des modèles « à chapelet », ce qui signifie, toujours selon Furetière, « en terme d’architecture, […] petit ornement taillé en grain ronds, ainsi qu’on taille plusieurs baguettes 39 » ; il s’agirait donc, dans ces cas-là, de meubles décorés de grains ronds, d’inspiration, comme beaucoup de décorations utilisées en ébénisterie, architecturale ; les inventaires font état de meubles divers et de valeurs très variables, comme les « petites chaises à chapelet et à bras vieilles peu de valeur » ou la table de « moyenne valeur » trouvées chez Jacques Armand 40, ou bien ceux, généralement de meilleure facture, de la maison Bagnol 41.

Objets mobiliers « à la Chine »

Les meubles « à la Chine », peu présents dans les documents – notamment dans les inventaires de quelques demeures aisées du début du XVIIIe siècle, – apparaissent comme une curiosité et une nouveauté. Probablement inspirés de l’art décoratif chinois, que l’on découvre tout juste au XVIIIe siècle, ces objets, très appréciés par les grands collectionneurs parisiens de l’époque 42, suscitent également l’intérêt des amateurs montpelliérains. Plusieurs références aux objets de mobilier vernis « à la façon de la Chine » font penser que les arts extrême-orientaux suscitent non seulement l’intérêt, mais également l’imitation. Ainsi, toujours dans la demeure de Jean de Bagnol, non retenons non seulement « un cabaret à la Chine avec ses pieds bois bonne valeur 43 », mais aussi « un rideau de fenestre en deux pièces/ toille peinte fonds rouge, à fleurs jaunes et/ vertes façon de la Chine 44 ».

Décors sculptés et dorés

Tout au long du XVIIe siècle, les inventaires après décès mettent en évidence l’existence de meubles (armoires, mais aussi miroirs, surtout dans la deuxième moitié du siècle) « à couronnement sculpté », c’est-à-dire surmontés d’ornements sculptés dans divers matériaux, dont nous ne connaissons malheureusement pas les détails, ni la valeur précise, et encore moins les ateliers de production ou les techniques de fabrication. Au début du XVIIIe siècle, ce sont les meubles « sculptés et dorés » qui font leur apparition, mais toujours sans que l’on nous en livre la description. Etant donné le rôle primordial de la sculpture et de la dorure dans la menuiserie et l’ébénisterie, surtout à partir du milieu du XVIIe siècle 45, la présence de ces meubles, même en petit nombre, dans les décors des maisons montpelliéraines – notamment chez Jean de Bagnol (meubles de repos, table à dessus de marbre et à piètement doré et sculpté, consoles) 46 -, montre, une fois de plus, une certaine sensibilité à la nouveauté.

Les principaux types de meubles

Les meubles de repos

Une des catégories de mobilier les plus répandues est constituée par les meubles de repos, qui apparaissent – comme nous l’avons remarqué plus haut – en très grand nombre tout au long de la période étudiée. De plus, sur cette durée, les évolutions que l’on constate au niveau des structures et des destinations reflètent des changements importants au niveau des mentalités la recherche croissante du confort, de la détente, du loisir de la conversation trouveront dans ces meubles des expressions adaptées.

Les lits

Bien que, par ses multiples utilités, pièce maîtresse du mobilier 47, le lit est aussi celle sur laquelle on détient les informations les moins précises. Les termes les plus fréquemment employés par les notaires pour décrire les lits sont, comme pour tous les autres meubles, « lit boys noyer » ou « boys blanc », accompagnés souvent d’une description assez détaillée des objets les accompagnant – « pailhasse », rideaux, quantité de couvertures -, montrant l’importance de ce meuble dans l’ensemble de l’intérieur.

Les descriptions plus précises nous indiquent le lit à colonnes – peut-être le modèle le plus isolant – comme le type le plus courant. Désigné le plus souvent comme « à surciel », parfois à banc – probablement un meuble composé, à plusieurs destinations -, le lit est, de toute évidence, un des endroits les plus protégés de la maison, une véritable « pièce en réduction 48 ».

La description de ces meubles, lorsque les notaires s’y arrêtent, se limitent souvent aux lits « à l’antique » ou « aux colonnes torses », qui reprennent donc le vocabulaire décoratif que nous avons essayé de définir plus haut.

Lits de repos et sofas

Le lit de repos – ainsi qu’une de ses variantes, le lit « à la duchesse » -, créé dans la deuxième moitié du XVIIe et qui ne deviendra d’usage courant que sous le règne de Louis XV, est assez répandu dans les maisons inventoriées au début du XVIIIe siècle. Toujours au XVIIIe siècle, nous voyons apparaître dans les inventaires sofa dérivé du banc et relativement nouveau à ce moment-là 50, il répond également au désir croissant de confort qui est celui de l’époque.

Comme la définition des styles, celle des meubles eux-mêmes peut soulever des questions quant à la justesse du vocabulaire la mention, dans un inventaire datant de 1636, d’un « petit lict de repos vieux 51 », est assez surprenante et introduit un doute concernant la signification qui est donnée au mot. En revanche, la description d’un « lict bois de noyer à la duchesse avec ses ferrures/ et la tenture de cadis violet sur lequel il y a des bandes de/ soye et laine bordées d’une frange de soye doublé d’un/ taffetas serize avec le fourreau toille de coton peinte en/ gris avec deux matelas un paillasse desux linseuls toille/ de maison et une couverte blanche piquée un couverton/ de taffetas piqué rouge doublé de toille de même couleur 52 » trouvé en 1715 dans le salon du conseiller Théodore Troussel témoigne bien du décor des foyers aisés de l’époque.

Les sièges

Les sièges constituent une catégorie d’oblets particulièrement bien représentée dans les documents ; si leur nombre est très important dans les demeures, la diversité en est également assez grande.

Le modèle le plus courant est, encore une fois, la simple chaise en bois de noyer ou bois blanc, présente dans toutes les maisons, des plus modestes au plus riches. Viennent ensuite les tabourets et escabeaux, en partie garnis de divers tissus ou de cuir, les chaises « à l’antique », et même une chaire du même type, que nous trouvons – réminiscence archaïque -, en 1618, chez le chirurgien Antoine Perdrix 53.

Comme pour la plupart des autres meubles, les indications de style les plus fréquentes concernant les sièges montrent les colonnes torses comme élément prédominant de décoration. Une autre mention que l’on rencontre très souvent concerne, comme le montrent les exemples que nous venons de citer, les chaises « à la dauphine ».

La « chaise à bras », typique de la deuxième Renaissance française 54, est également très présente. Le caquetoire, qui en est une variante, apparaît fréquemment dans les intérieurs de forme trapézoïdale, favorisant le déploiement des robes et, visiblement, la conversation (d’où la confusion, parfois, avec le terme « siège à femme », ce dernier sans bras), le caquetoire sert « à se mettre auprès du feu pour parler (caqueter) à son aise 55 ». Inventorié en 1639, l’intérieur de Suzanne Dalemant, veuve de marchand, logeant Rue du Puits de Fer, contient, à part le lit, une petite table et trois portraits du défunt mari de la propriétaire, « six petites chaises à bras garnyes / de moquette verte bonne valleur/ plus autre petite chaise à bras couverte de/ cadis vert bonne valleur,/ plus six caquetoires garnyes de mouquette/ bonne valleur,/ […] deux petites chaises garnys de corde 56 ».

Une variété relativement nouvelle de chaise à bras, le fauteuil 57, n’apparaît en tant que telle dans nos intérieurs qu’au début du XVIIIe siècle, notamment dans les demeures les plus riches, comme celles de chez Henry de Grefeuille 58, Jacques- Philippe Bornier 59 ou Jean de Bagnol 60.

Egalement création de la deuxième moitié du XVIIe siècle, la chaise de commodité, héritière de la chaise à écrire médiévale, munie d’un pupitre où l’on peut poser le livre, apparaît en grand nombre, dans diverses variantes (à roulettes, à ressort), au début du XVIIIe siècle, tout comme la chaise à la capucine, plus austère 61, qui apparaît, toutefois, de manière moins fréquente dans le inventaires, à peu près au même moment (notamment chez Estienne Séverac, en 1710 62).

Un dernier type de chaise que nous avons noté et qui fait son apparition dans les documents du début du XVIIIe siècle est la chaise à porteur ; présente dans les foyers les plus fortunés, elle est souvent ornée des armes du maître de maison, comme dans le cas du trésorier général Jean Valibouze 63.

Les tables

Les modèles de table le plus courants sont, encore une fois, les plus simples, dépourvus de toute recherche, réalisés en bois de noyer ou bois blanc. Cependant, leur évolution dans le temps laisse entrevoir assez facilement une évolution au niveau du goût et du style de vie.

Il est toutefois difficile, dans cette grande diversité de tables – petites et grandes, carrées ou rondes, pliantes, à tréteaux, à colonnes, en forme d’autel -, d’établir un modèle de prédilection, du moins avant la fin du XVIIe siècle. A partir de ce moment-là, les inventaires notent des modèles nouveaux et actuels pour l’époque, témoignant d’un changement du goût et des mœurs, d’un besoin croissant de convivialité, d’intimité, mais aussi d’une plus grande recherche au niveau du décor.

Aussi, il s’agit d’une part de la multiplication des tables dans le décor des pièces les grandes seront désormais accompagnées par des petites ou par des guéridons, souvent de même fabrication ou portant les mêmes caractères de style. Le décor sculpté, lorsqu’il existe, n’est jamais décrit en détail ; étant donné le caractère actuel de ces meubles au moment où ils ont été inventoriés, on peut imaginer qu’il s’agit de motifs prisés à leur époque respective, antiquisants, au bois tourné ou décors fantaisistes du style Louis XIV 64.

La même quête de confort et d’intimité se fait sentir lorsque l’on voit apparaître, même timidement, dans les intérieurs du début du XVIIIe siècle, les tables destinées au service du thé ou du café, comme le « cabaret à la Chine » que nous venons d’évoquer dans la demeure de Jean de Bagnol.

Une autre apparition symptomatique, réservée, une fois de plus, aux maisons les plus fortunées, sera, à la même époque, celle de la table d’apparat, à piétement sculpté, avec son dessus de marbre, élément nouveau du mobilier Louis XIV, « sans rôle déterminé, sinon d’affirmer l’opulence de la demeure où elle figure (…) 65 ». Nous en avons noté une, plus haut, en décrivant la « salle » de Diane de Solas ; dans la riche demeure de Jean de Bagnol, l’inventaire retient deux tables de ce type, en marbre, avec et sans décor sculpté, de « bonne » et, respectivement, « très bonne valeur » 66.

Dans un registre différent, les tables de jeux, datant toutes du XVIIIe siècle, peu nombreuses dans nos inventaires et surtout sur lesquelles on ne dispose d’aucune indication de style montrent, à leur tour, une évolution dans les mœurs et la sensibilité de l’époque. La description la plus complète, toujours chez Jean de Bagnol, indique « un jeu de trictrac complet avec ses dames et toutes ses aparte-nances 67 ».

Les prie-Dieu

Situés, de par leur structure entre les tables, les pupitres et les sièges 68, les prie-Dieu sont, comme à Paris 69, très peu présents (à hauteur de 2 % des maisons étudiées) dans les intérieurs montpelliérains.

Comme pour tous les autres catégories de meubles, la mention la plus fréquente concerne le bois dont l’objet est fabriqué bois blanc, noyer, pièces rapportées, tels nous sont présentés les quelques prie-Dieu que nous avons pu retenir. Situés généralement dans les pièces privées de la maison – cabinet (chez Françoise de Vaux de Ginestet 70) ou chambre (M. de Bagnol – fils 71, Alexandre de Vilars 72), ils sont toujours de moyenne ou faible valeur et paraissent donc sans grand intérêt, si ce n’est pour leur fonction dans l’exercice de la pratique religieuse.

Les meubles de rangement

Une catégorie de meubles très répandus dans les maisons étudiées sont les meubles de rangement, à commencer par le coffre, héritier du mode de vie itinérant du Moyen Age, jusqu’au cabinet, typique du XVIIe siècle 73.

Coffres, armoires, garde-robes, dressoirs, commodes

Elément de base du mobilier médiéval, le coffre reste encore, au XVIIe et même au XVIIIe siècle, le plus commun de ces meubles. Productions contemporaines ou provenant d’héritages (les indices dans ce sens sont pratiquement inexistants, mais nous constatons, dans l’ensemble des maisons, la présence de nombreux coffres, dont certains très anciens), nous les trouvons non seulement dans toutes les maisons, mais souvent dans toutes les pièces, allant parfois jusqu’à plusieurs dans une même pièce. Servant à entreposer toute sorte d’objets, du linge de maison aux livres ou outils professionnels, les coffres ne semblent point attirer l’attention des notaires, si ce n’est par leur contenu ainsi, mis à part les mentions habituelles concernant l’essence de bois, nous n’avons pu retenir, en termes de style, que des rares coffres « à l’antique », comme celui de Jehan d’Anchies, que nous avons évoqué plus haut.

Les autres meubles de rangement – buffets, armoires, dressoirs, garde-robes ou « déshabilloirs » – sont recensés selon les mêmes méthodes : indication des essences de bois – toujours les mêmes -, moins souvent du style, sans plus de précision que pour les autres meubles : « buffet vieux à l’antique », « garderobbe bois-noyer à sculture », ou, moins souvent, comme chez Madeleine de Castillon, veuve du conseiller de Rozel, « marquetée moyenne valeur 74 », ou encore, comme chez Diane de Solas, « cabinet de marquetterie avec son pied à six colonnes composé de treize petits tiroirs moyenne valeur 75 », tels apparaissent les descriptions dans les inventaires. Tout juste créée et introduite dans l’usage courant 76, la commode, fabriquée en essences plus ou moins précieuses, fait également quelques apparitions ponctuelles au début du XVIIIe siècle, comme les « deux bureaux appellés commodes de bois/ de cerisier avec des rayes noires moyenne valeur » recensées dans la demeure d’Antoine Du Vidal, seigneur de Montferrier et Baillarguet 77.

Cabinets

Le meuble le plus typique du XVIIe siècle, en tant qu’objet illustrant une dimension nouvelle de la culture de l’époque, est le cabinet. « Véritable création du courant maniériste de la seconde moitié du XVIe siècle 78 », ayant son origine dans le coffre à bijoux, le cabinet évolue vers le meuble du collectionneur par excellence, « au point qu’il finit par donner son nom à la pièce où il se trouve. Au XVIIe siècle, tout homme cultivé se doit de posséder son cabinet de curiosités79 ».

Pour ce qui est des cabinets inventoriés dans les maisons montpelliéraines, leur destination semble très variable d’un cas à l’autre, tout comme la qualité du meuble. Les modèles les plus communs servent quelquefois à la conservation des denrées alimentaires 80, du linge et, occasionnellement, de quelques livres ou autres menus objets 81 ; nous sommes encore loin du cabinet de Furetière, « honneste boutique où les curieux gardent, vendent & troquent toutes sortes de curiosités, de pièces antiques, de médailles, de tableaux, de coquilles & autres raretés de la nature, & de l’art 82 ».

Des modèles plus recherchés, appartenant aux styles communément évoqués – à colonnes torses, « à la Chine » -, vernis, sculptés, font leur apparition surtout vers la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, renfermant, généralement, les documents, livres ou objets précieux de la maison.

Par ailleurs, le constat des usages inappropriés que l’on a pu donner à certains meubles – comme le cabinet qui renferme de la nourriture – soulève, une fois de plus, la question du vocabulaire, de son adaptation à la réalité vécue ; d’autre part, cela peut également montrer que l’objet en tant que tel est adopté plus facilement que la mentalité qu’exprime son usage initial. Aussi, très peu nombreux, et datant tous du début du XVIIIe siècle, sont les cabinets qui illustrent véritablement la destination initiale du meuble et les nouvelles préoccupations culturelles de l’époque : nous avons déjà évoqué les demeures de Jean de Bagnol et Jacques-Philippe Bornier, parmi les plus riches et les plus intéressantes que nous avons étudiées, et qui reflètent un mode de vie et des préoccupations qui rapprochent ces deux personnages de l’image du curieux, du collectionneur ou tout simplement de l’homme cultivé des XVIIe et XVIIIe siècles.

Bureaux

« Table garnie de quelques tiroirs ou tablettes, où les gens d’affaires ou d’estude escrivent & mettent leurs papiers 83 », le bureau apparaît également dans les inventaires montpelliérains vers la fin de la période étudiée, dans des variantes diverses en termes de qualité et d’aspect.

Même s’ils sont peu nombreux, ces exemples confirment les conclusions des études parisiennes : meuble intellectuel par excellence, lié à la maîtrise de la lecture et de l’écriture, le bureau est réservé aux milieux les plus élevés. Toutefois, si, dans les intérieurs parisiens, il est souvent associé à la bibliothèque 84, aucun des documents montpelliérains ne fait état d’un tel meuble (malgré, par ailleurs, la mention d’une pièce faisant office de bibliothèque et, effectivement, remplie de livres, dans la demeure de Jean de Bagnol, que nous évoquions plus haut).

Revêtements muraux

Censés protéger du froid et augmenter le confort, les revêtements des murs, des sols et des meubles viennent compléter le décor des maisons.

En ce qui concerne les tapisseries, nous avons relevé une majorité d’étoffes communes, comme le rasoir, l’estaminet ou le droguet ; mais le type le plus répandu reste le bergame, souvent grossier et bon marché ; les tissus de Rodez et de Rouen 85 sont également présents, même si c’est de manière plus restreinte. D’autres types de tapisseries dont l’usage paraît beaucoup plus restraint, sont celles d’Auvergne (fabriquées à Aubusson ou Felletin 86), de Flandre et, de manière tout à fait ponctuelle, des Gobelins, de Turin et de Venise.

Quant aux sujets qu’elles représentent et à leur éventuelle valeur, les notaires se montrent, encore une fois, peu précis : « verdure » ou « tapisserie à paysage » ou bien « à personnages », « vieille » ou « fort uzée » sont les indications les plus fréquentes, du moins au début du XVIIe siècle. Plus tard, vers la fin de la période étudiée, on relève plusieurs exemples de tapisseries à sujets religieux, historiques ou littéraires, souvent en provenance de Flandres et toujours dans les maisons les plus aisées 87.

Quant aux motifs purement décoratifs, hormis les motifs végétaux, nous avons encore relevé les « points d’Hongrie » ou chevrons 88 que l’on rencontre aussi dans les tapisseries des meubles, les « flammes » – rayures, losanges, carrés ou simples dégradés 89 -, et les motifs réunissant fleurs et personnages.

Un autre type de revêtement de mur qui se développe à partir de la deuxième moitié du XVIIe siècle sont les cuirs dorés, très répandus dans la région 90, qui ajoutent leurs lueurs précieuses aux couleurs automnales qui dominent traditionnellement les décors.

Des tapis, également de provenances et valeurs diverses tout au long de la période étudiée, sont aussi à signaler comme élément de décor. Des tapis en moquette ou estaminet du début du XVIIe siècle, à ceux, peu nombreux, d’Allemagne, de Lorraine ou de Rodez, les notaires identifient aussi un bon nombre de tapis orientaux dont l’existence s’étend sur toute la période étudiée, malgré le déclin de cette mode en France à partir du XVIIe siècle 91.

Les revêtements des meubles – tissus et, moins souvent, cuirs divers -, constituent des éléments de décoration omniprésents. Comme pour les tapis et les tapisseries murales, nous nous avons relevé, dans un premiers temps, une majorité d’étoffes communes, comme la moquette ou le cadis ; vers la fin du XVIIe siècle, les matières se diversifient en même temps que la diversification des meubles.

Les couleurs

Plusieurs études concernant l’intérieur domestique des Français aux XVIe et XVIIe siècles mettent en évidence la présence dominante de la couleur verte à commencer par la Cour – dans l’appartement de Louis XIII 92 – et jusque dans les foyers les plus modestes : « les couleurs de l’ameublement sont dominées par le vert et le rouge, avec la modeste serge ou les velours plus riche des rideaux, des lits et des fenêtres 93 » tandis qu’au siècle des Lumières se produit un « jaillissement, […] débordement de couleurs et de nuances » qui « bénéficient en premier lieu à la décoration 94 ».

Les recherches parisiennes relèvent donc une douzaine de couleurs pour la période 1635-1649, soulignent la dominance du rouge et du vert – avec tout de même une légère préférence pour le rouge – sous les règnes de Louis XIV et Louis XV et mettent en évidence l’inversement du rapport en faveur du vert et la percée du bleu, des tons pastel et des motifs divers au XVIIIe siècle 95. D’après les mêmes études, cette « explosion de couleurs, au XVIIIe siècle, n’est pas due seulement aux progrès de la technologie tinctoriale, mais semble liée aussi à un phénomène de sensibilité. Cet engouement pour les couleurs, au même titre que celui pour la préciosité des meubles, pour l’éclat des glaces ou pour la fantaisie des tentures murales, s’insère dans le courant des Lumières, en quête de mieux-être, de bonheur de vivre, de plaisir des sens, qui porte la décoration intérieure à son apogée 96 ».

Même si les inventaires montpelliéraines n’indiquent pas systématiquement les couleurs des objets inventoriés, nos recherches révèlent également une prédominance certaine du rouge et du vert, mais il nous semble que la préférence est tout de même accordée au vert, du moins dans la première partie de la période étudiée ; suivent le jaune et l’or – avec, notamment, les tapisseries en cuir doré -, parfois le violet.

Si, dans les intérieurs les plus modestes, on note ici et là une ou plusieurs tapisseries, un tapis ou un tapis de table -verts pour la plupart -, dans les maisons cossues, la gamme est souvent plus étendue. Chez certains propriétaires, le souci de la décoration se manifeste dans une harmonisation des tissus et des couleurs l’intérieur de Magdaleine de Castilhon, inventorié en 1636, montre une certaine propension aux tissus jaunes 97 : on note, en 1661, dans une chambre de la maison de Pierre de Clauzel, tout un ensemble de tissus vert-brun à franges de soie : couvertures de lit et des douze chaises, tapis de table 98 en 1711, chez Augustin Porte, l’inventaire fait état d’une « chambre rouge 99 », c’est-à-dire une pièce où tous les tissus s’harmonisent sur des tons rougeâtres.

Dans d’autres maisons, même parmi celles qui paraissent plutôt aisées, les différents objets s’entassent apparemment au hasard ; ainsi, dans la maison de Jehan d’Anchies, le greffier note, dans la chambre, « ung lict garny de sa palhasse […]/ une petite table bois noyer […]/ ung tapis vert/ une chaise basse à bras garnye de cuir/ rouge/ autre garnye de cadis violet,/ une caquetoire garnye de cadis vert rompue,/ autre garnye de fustaine façonné jaune 100 », mélange de meubles et de couleurs qui ne montre pas un goût particulier de la décoration.

Dans la deuxième moitié du XVIIe siècle et surtout au début du XVIIIe, les inventaires après décès laissent entrevoir non seulement une diversification du coloris – on voit apparaître le gris, le bleu, le blanc, les combinaisons de tissus et matières précieuses -, mais aussi l’apparition d’un mode de vie qui accorde une place plus importante au confort et à la beauté du décor.

L’étude des intérieurs à travers les inventaires après décès – du monde matériel à travers le document écrit – limite, inévitablement, les chances de réaliser une analyse stylistique exhaustive.

Notre tentative de définir les termes employés par les notaires et d’identifier les styles auxquels appartiennent les meubles (dont aucun ne nous est parvenu) revient à traduire, en quelque sorte, un vocabulaire imprécis, de non-spécialistes, en langage décrivant les arts décoratifs dans leur évolution. Le rapport « des mots aux choses et du vocabulaire aux nuances du vécu 101 », la question de l’adéquation du vocabulaire, de la ressemblance entre les prototypes consacrés par l’histoire des arts décoratifs et les objets qui nous sont décrits dans les inventaires, se trouvent ainsi au centre de notre démarche, comme de toute tentative de reconstitution en absence de preuve matérielle.

En lisant entre les lignes, on pourrait croire qu’il s’agit, dans la plupart des cas, de modèles dérivés de ceux issus des grands ateliers de l’époque. Ce constat a été fait, par ailleurs, pour l’ensemble des villes de province : « En 1539 fut publié à Lyon un petit livre de Gilles Corrozet, intitulé les Blasons domestiques. On y trouvait la description de l’ameublement d’une maison bourgeoise, mais il serait erroné de penser que les meubles correspondaient à ce qui était disponible à l’époque 102 ». Si l’ensemble de l’ameublement des Montpelliérains ne devait pas être très différent de ce que l’on a trouvé dans d’autres villes, la qualité de ces meubles devait également être sensiblement la même, c’est-à-dire majoritairement assez médiocre.

En même temps, malgré l’image de relative austérité que l’étude des inventaires après décès nous donne des maisons montpelliéraines du XVIIe siècle et du début du XVIIIe (surtout de celles de la première partie du XVIIe siècle), nous pouvons constater, à travers l’étude du mobilier, que ces demeures ne manquaient ni d’accueillir des nouveautés en matière de création de meubles, ni de cultiver un certain goût, croissant vers la fin de la période étudiée, pour la décoration, le confort et les loisirs. Cependant, jusque dans les demeures les plus richement meublées, nous constatons, tout au long de cette période, l’existence de meubles simples – meubles de cuisine en bois blanc ou bien meubles peints bon marché -, à destination strictement utilitaire et sans intérêt décoratif aucun.

Au-delà de la différence de valeur, nous notons également des différences d’ancienneté au sein de la même maison, des modèles archaïques cohabitent avec les nouveautés ; les désignations comme « à la vieille » ou « à la nouvelle mode » en témoignent et témoignent aussi de la transmission des objets d’une génération à l’autre et souvent indifféremment des bonnes ou mauvaises fortunes qu’aient pu connaître les familles. Le passage, évoqué par Daniel Roche, du temps où les meubles étaient rares et limités à des modèles dépouillés jusqu’à la pauvreté, à une époque qui voit se développer les modèles et la décoration, devient ainsi souvent visible et tangible au sein d’une même maison, devenue « temps pétrifié 103 ».

Notes

1. Daniel Roche, Histoire des choses banales. Naissance de la consommation, XVIIe XIXe siècles, Fayard, 1997, P. 95.

2. Daniel Roche, op.cit, p. 269.

3. Monique Eleb-Vidal et Anne Debarre-Blanchard, Architectures de la vie privée. Maisons et mentalités. XVIIe – XIXe siècles, Archives d’Architecture Moderne, Bruxelles, 1989, p. 19.

4. Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes, Montpellier : la demeure classique, Imprimerie Nationale, Paris, 1994, p. 72.

5. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 608, Inventaire après décès de Dimanche Baillot, 1661, f. 8 v° – 9.

6. Annik Pardailhé-Galabrun, La naissance de l’intime. 3000 foyers parisiens, XVIIe – XVIIIe siècles, P.U.F., Paris, 1988, p. 30.

7. Florent Bidot, « Les intérieurs nîmois au temps de Léon Ménard », in Liamne. Bulletin du Centre d’Histoire Moderne et Contemporaine de l’Europe méditerranéenne et de ses périphéries, Testaments et inventaires après décès d’amateurs et de collectionneurs du midi de la France, Actes de la journée d’études du 17 octobre 2003 réunis par Laure Pellicer, n°. 12, juillet-décembre 2003, p. 55-83.

8. Annik Pardailhé-Galabrun, op.cit., p. 30.

9. Antoine Furetière, Dictionnaire universel, contenant généralement tous les mots français tant vieux que modernes, et les tenues des sciences et des arts, Le Robert, Paris, 1984 (reéd. Amont & Reinier Leers, La Haye-Rotterdam, 1690), tome I.

10. Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes, op.cit, p. 100.

11. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 608, Inventaire après décès de Dimanche Baillot, 1661, f°. 8. Quant au nom de l’enseigne, il nous est indiqué par le registre paroissial Arch. municipales de Montpellier, GG 222, Paroisse Notre-Dame-des-Tables, Registre des décès, 1658-1664, f°. 89 v°.

12. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 165, Inventaire après décès de Diane de Solas, marquise de Graves, 1711, f°. 3 v°-5 v°.

13. Furetière, op.cit., tome I.

14. Nous avons consacré un article aux « Objets d’art et de décoration dans les intérieurs montpelliérains du XVIIe siècle », in Bulletin historique de la ville de Montpellier, n°. 33/ décembre 2008.

15. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 675, Inventaire après décès de Marguerite de Pons, 1639, f. 2 v° – 3.

16. Benoît Garnot, Sociétés, cultures et genres de vie dans la France moderne, XVIe-XVIIIe siècles, Hachette, Paris, 1991, p. 15-16 ; Annik Pardailhé-Gallabrun met la présence de nombreuses chaises dans la chambre –« dépassant couramment la vingtaine » – sur le compte de la fonction traditionnelle d’hospitalité propre à cette pièce (op. cit., p. 257).

17. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 608, Inventaire après décès de Dimanche Baillot, 1661, f. 3 v°.

18. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 675, Inventaire après décès de Marguerite de Pons, 1639, f°. 4.

19. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 161, Inventaire après décès de Jacques Armand, 1704, f°. 2 v°.

20. Furetière éd. 1984, tome I.

21. Arch. dép. Hérault, 1 B art. 11 162, Inventaire après décès de Jean Donnadieu, 1640, f°. 15v°.

22. Arch. dép. Hérault, 1 B art. 11 140, Inventaire après décès de Guillaume Boudon, 1649, f°. 2.

23. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 218, Inventaire après décès de Henry de Tremoullet de Bucelly, 1622, f°. 6 v°.

24. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 159, Inventaire après décès d’André Reynaud, 1712, f°. 2 v°.

25. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 159, Inventaire après décès de Jean Châtelain, 1715, f°. 5 v°.

26. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 200.

27. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 471. Inventaire après décès de Jacques-Philippe Bornier, 1711, f°. 33-35 v°.

28. Jacqueline Boccador, Le Mobilier français du Moyen Age à la Renaissance, Editions d’Art Monelle Hayot, Saint-Juste-en-Chaussée, 1988, p. 139.

29. Jacqueline Boccador, op. cit., p. 139.

30. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art.218, Inventaire après décès de Jehan d’Anchies, 1615, f° 53 v°, 57.

31. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 161, Inventaire après décès de Jacques Armand, 1704, f°. 7 v°.

32. Pierre Kjellberg, Le Meuble français et européen du Moyen Age à nos jours, Les Editions de l’Amateur, Paris, 1991, pp. 51-52.

33. Ibid., p. 57.

34. Alexandre Cheval, « Armoires languedociennes du XVIIe siècle à sujets inspirés de gravures: quelques sources nouvelles », in Gazette des Beaux-Arts, novembre 2000, p. 170.

35. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 161, Inventaire après décès de Jacques Armand, 1704, f°. 7 v°.

36. Nicole de Reyniès, Le Mobilier domestique. Vocabulaire tpologique. Principes d’analyse scientifique. Imprimerie Nationale, Paris, 1987, tome I, p. 46 (note n°. 6 à « siège pliant »).

37. Élisabeth Hardouin – Fugier, Bernard Berthod, Martine Chavent – Fusaro, Les Etoffes. Dictionnaire historique, Les Edition de l’Armateur, Paris, 1994, p. 164.

38. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 17-19.

39. Furetière, éd. 1984, tome I.

40. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 161, Inventaire après décès de Jacques Armand, 1704, f°. 5.

41. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 56, 74, 93, 275, 276.

42. Antoine Schnapper, Curieux du Grand Siècle. Collections et collectionneurs dans la France du XVIIe siècle, Tome II, Œuvre d’art, Flammarion, Paris, 1994. p. 53.

43. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 45.

44. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 94.

45. Pierre Kjellberg, op.cit., 1991, pp. 71-75.

46. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 44-47.

47. Annik Pardailhé-Galabrun, op.cit., p. 276.

48. G. Wilis, D. Baroni, B. Chiarelli, Le meuble des grands ébénistes aux designers, Éditions Ferand Nathan, Paris, 1984. p. 314.

49. [Appel manquant] N. Reyniès, op.cit., p. 190, 256.

50. G. Wilis, D. Baroni, B. Chiarelli, op cit., p. 306.

51. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 453, Inventaire après décès de Magdeleine de Castillon, 1636, p. 2v°.

52. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 161, Inventaire après décès de Théodore Troussel, 1715, f°. 4.

53. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 131, Inventaire après décès d’Anthoine Perdrix, 1618, f°. 23 v°.

54. Jacqueline Boccador, Le mobilier français du Moyen Age à la Renaissance, Editions d’Art Monelle Hayot, Saint-Juste-en-Chaussée, 1988, p. 287.

55. Daniel Alcouffe, Anne Dion-Tenenbaurn, Amaury Lefèbure, Le Mobilier du Musée du Louvre, Ed. Faton, Dijon, 1993, p. 28.

56. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 675, Inventaire après décès de Suzanne Dalemant, 1639, f°. 3.

57. Pierre Kjellberg, op.cit., p. 54.

58. Arch. dép. Hérault. 2 E 57 art. 471, Inventaire après décès de Henry de Grefeuille, 1710, f°. 2 v°.

59. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 471, Inventaire après décès de Jacques-Philippe Bornier, 1711, f°. 35 v°.

60. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 13, 24, 51, 93.

61. Céline Dubord, Catherine Auguste, « La Chaise », chap. 3, « Quelques chaises particulières », www.meublepeint.com.

62. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 471, Inventaire après décès d’Estienne Séverac, 1710, f°. 2.

63. Arch. dép. Hérault, 2E 61 art. 161, Inventaires après décès de Jean Valibouze. 1713, p. 7 v°.

64. Pierre Kjeiiberg, op.cit., p. 61-62.

65. Pierre Kjellberg, op.cit.. p. 71.

66. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 18 et 19.

67. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 46.

68. N. Reyniès, op.cit., tome I, p. 200 et 430.

69. Annik Pardailhé-Gaiabrun, op.cit., p. 444.

70. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 159, Inventaire après décès de Françoise de Vaux de Ginestet, 1713, f°. 13 v°.

71. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art.469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 274.

72. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 159, Inventaire après décès d’Alexandre Vilars, 1713, f°. 3 v°.

73. Pierre Kjellberg, op.cit., p. 14, 80.

74. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 453, Inventaire après décès de Magdeleine de Castilon, 1636, f°. 4.

75. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 156, Inventaire après décès de Diane de Solas, 1711, f°. 6.

76. N. Reyniès, op.cit., tome I, p. 492.

77. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 156, Inventaire après décès d’Antoine Du Vidal, 1712, f°. 7 v°.

78. Daniel Alcouffe, Anne Dion-Tenenbaum, Amaury Lefèbure, Le mobilier du musée du Louvre, Editions Faton, Dijon, 1993, p. 19.

79. Pierre Kjellberg, op.cit., p. 81.

80. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 218, Inventaire après décès de Jehan d’Anchies, 1615, f°. 56.

81. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 608, Inventaire après décès de Henry Forest, 1675, f°. 5.

82. Furetière, éd. 1984, Tome I.

83. Furetière, éd. 1984, tome I.

84. Annik Pardailhé-Galabrun, op.cit., p. 323.

85. Elisabeth Hardouin-Fugier, Bernard Berthod, Martine Chavent-Fusaro, Les etoffes. Dictionnaire historique, Didier, Paris, 1994, p. 328, 330.

86. Schnapper, 1994, p. 46.

87. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art.469, Inventaire après décès de Jean de Bagnol, 1709, f°. 11, 12, 2 E 57 art.471 Inventaire après décès de Louis de Beauxhostes d’Atgel de Pardailhan, 1710, f°. 46, 2 E 61 art. 156, Inventaire après décès de Diane de Solas, 1711, f°. 5 v°, Inventaire après décès d’Antoine Du Vidal, 1712, f°. 6.

88. Elisabeth Hardouin-Fugier, Bernard Berthod, Martine ChaventFusaro, op.cit., p. 218.

89. Elisabeth Hardouin-Fugier, Bernard Berthod, Martine ChaventFusaro, op.cit., p. 193.

90. Jean-Pierre Fournet, « Tentures et décors en cuir doré conservés en Région Languedoc-Roussillon », in Etudes héraultaises, n. 36/ 2006.

91. Pierre Veriet (éd.), Styles, meubles, décors, du Moyen Age à nos jours, tome I – Du Moyen Age au Louis XV, Librairie Larousse, 1972, p. 39.

92. Madeleine Foisil, La vie quotidienne au temps de Louis XIII, Hachette, Paris, 1992, p. 66.

93. Madeleine Foisil, op.cit., p. 251-252.

94. Annik Pardailhé-Gallabrun, op.cit., p. 398.

95. Annik Pardailhé-Gallabrun, op.cit., p. 398-400.

96. Annik Pardailhé-Gallabrun, op.cit.. p. 401.

97. Arch. dép. Hérault, 2 E 57 art. 453, Inventaire après décès de Magdeleine de Castilhon, 1636, f°. 1 v° – 3.

98. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 608, Inventaire après décès de Pierre de Clauzel, 1661, f°. 13.

99. Arch. dép. Hérault, 2 E 61 art. 156, Inventaire après décès d’Augustin Porte, 1711, f°. 3 v°.

100. Arch. dép. Hérault, 2 E 56 art. 218, Inventaire après décès de Jehan d’Anchies, 1615, f°. 56 et 56 v°.

101. Daniel Roche, op.cit., p. 187.

102. G. Beard, « La Renaissance », in Histoire du mobilier, Editios Atlas, Paris, 1978, p. 39.

103. Daniel Roche, op.cit., p. 98, 184.