Description
L’âme et la langue des pays d’Oc.
Les chantres du Midi
* Docteur en Histoire
Au cours du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe, un fort courant parcourt le Midi qui remet en honneur la littérature occitane et la culture populaire, au moment même où l’école combat le parler local. A l’occasion des discours des prix des lycées et collèges, nombre d’orateurs exposent la beauté des paysages, les grands traits de l’histoire de cette région occitane, sa richesse culturelle et artistique. Or cette histoire n’est pas enseignée : ces chantres du Midi demandent donc « l’aumône d’une place » pour cet enseignement. Plusieurs prônent également l’apprentissage de la langue d’Oc. Bernard Sarrieu propose à une Université hostile, un plan d’études dans les classes du secondaire.
The soul and language of occitan country The champions of the Midi
During the 19th and first half of the 20th Century there was a strong trend in the Midi towards highlighting the importance of Occitan literature and folk culture, at the same time that education in schools was fighting the use of local dialect. On the occasion of the prizegiving speeches made in colleges and grammar schools, a majority of the speakers tell about the beauty of the Occitan landscape, the major historical events of this Occitan region, its cultural and artistic wealth. Yet this history was not taught in schools: these defenders of the Midi therefore begged for this subject to be taught. Several people advocated the study of Occitan language. Bernard Sarrieu suggested a study plan for secondary schools to a hostile educational environment.
Cap a long del sègle XIX e dins la primièra mitat del sègle XX, un flòt poderόs cor per lo Miègjorn que torna onorar la literatura occitana e la cultura populara, dementre que l’escòla defug lo parlar local. Per l’escasença dels discorses pels prèses dins los licèus e collègis, fòrças orators espausan la belesa dels paisatges, los grands traches de l’istòria d’aquela region, sa riquesa culturala e artistica. Pasmens aquela istòria es pas ensenhada : aqueles cantorals del Mièjorn adonc demandan « l’almòina d’una plaça » par aquel ensenhament. Mai d’un presica atanben per l’aprendissatge de la lenga d’òc. Bernat Sarrieu prepausa a una Universitat ostila d’estudis dins las classas del segondari.
Le thème de cet article provient de plusieurs de nos ouvrages portant sur les villages du Midi et du livre écrit en collaboration avec Jean Sagnes intitulé « Ils ont parlé à la jeunesse » qui analyse un certain nombre de discours des prix prononcés dans les lycées de notre région dans les années 1880 à 1950. L’idée clé est que le Languedoc a une âme originale, toute imprégnée de l’héritage des Grecs et des Romains. La présentation de toutes ces richesses a constitué un des thèmes majeurs que se sont plu à mettre en valeur nombre de professeurs appelés à faire le discours des prix, tout particulièrement aux lycées de Montpellier ou de Béziers. Pierre Brun en 1902, Bernard Sarrieu en 1909, Henri Gautier, Paul Marres en 1925, M. Sauvage en 1932, M. Gaston Galtier en 1936, M. Berne en 1937, Charles Camproux (1939) s’y attelèrent, chacun à leur tour, avec passion et enthousiasme. Ils demandent que soit faite sa place à l’histoire locale.
Une place pour l’histoire locale
Ces enseignants expriment avant tout, à partir d’un manque, une exigence : que l’on fasse à l’histoire du pays l’aumône d’une place. Leurs discours expriment en effet un regret cuisant : l’histoire « locale » n’a pas dans l’enseignement du second degré la place qu’elle mériterait. Cette remarque formulée par M. Berne en 1937 rejoint les critiques faites par Paul Marres douze ans plus tôt, dans la belle fresque dont voici un extrait :
« Cette histoire locale si riche en souvenirs, je n’ai presque rien vu qui parle d’elle dans nos programmes. C’est à peine si de récentes instructions ont bien voulu lui faire, parmi nos disciplines, l’aumône d’une place effacée. Cendrillon dédaignée, elle contribuerait pourtant à faire mieux comprendre l’histoire générale, sa sœur aînée, la seule connue et honorée. Humble servante du passé, elle nous attacherait davantage à ce foyer spirituel que composent pour nous les pierres dorées de nos arènes, les portails ciselés de nos églises romanes, les murailles altières de nos cités fortes, dont la couronne de créneaux découpe le bleu de notre ciel incomparable. Le premier but de l’histoire locale doit être de vivifier et d’illustrer l’histoire générale, mais cette histoire locale ne saurait limiter sa tâche à celle d’une discipline auxiliaire de l’histoire générale. »
Et de montrer à travers un large panorama historique « la personnalité vigoureuse que notre province développe à travers les âges », ce qui justifie à ses yeux, le mot de Lavisse : « L’histoire, c’est un ciel, un climat, qui se traduisent en pensée et en actes. » Il conclut qu’ainsi comprise, l’histoire locale est « susceptible de donner plus qu’aucune autre forme d’histoire le sens historique, la curiosité du passé, l’intérêt pour le présent, la confiance dans l’avenir ». L’esprit acquiert ainsi le sens de la continuité, de la solidarité des générations. La connaissance de notre passé local nous attache davantage à nos horizons aimés. L’amour de notre province, mieux connue, est de nature à atténuer les progrès fâcheux d’une centralisation parfois excessive. Il peut épargner à bien des jeunes les amères déceptions des déracinés. » […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2016 |
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Nombre de pages | 9 |
Auteur(s) | Louis SECONDY |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |