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Description
Lac du Salagou, lac de Naussac :
Mémoires des dernières vallées englouties d’Occitanie.
Comparaisons au XXe siècle en France et à travers le monde.
Compte-rendu de la conférence d’Armelle FAURE *
EDF, Archives du Cantal et Archives de la Corrèze, 2016.
L’auteure, anthropologue, a donné une conférence à Octon le 20 juin 2019, à l’invitation de la mairie et de l’association Le Mas des Terres Rouges. Le thème des personnes déplacées par les grands barrages est décliné à travers le monde, puis en France et dans les deux cas particuliers de Naussac et du Salagou, en Occitanie. Naussac est le dernier chef-lieu de commune englouti en France, en 1980. Le Salagou témoigne de la remarquable résistance des anciens habitants, leur persévérance durant 50 ans, et la réalisation de leur volonté de faire sortir le village de Celles de ses ruines, en accueillant de nouveaux habitants.
Lake Salagou, Lake Naussac: Memories of the last sunken valleys of Occitanie.
A comparison between France and other sites in the world in 20th C.
The author, who is an anthropologist, gave a conference in Octon on 20th June 2019, invited by the village council and the Mas des Terres Rouges association. The theme was of people who are displaced following the construction of large dams throughout the world and then more specifically in France notably with two examples in Occitania: Naussac lake and the Salagou lake. Naussau was the last county town to be engulfed in France in 1980, and the Salagou is an example of the resistance of the previous inhabitants and their perseverance over 50 years – their determination to rebuild Celles from its ruins and welcome new inhabitants.
« Lac de Salagon, lac de Naussac » : Memòrias de las darrièras vals aprigondidas d’Occitania.
Comparasons al sègle XX en França e a travèrs lo mond.
L’autora, antropològa, balhèt una conferéncia en Octon lo 20 de junh 2019, sus la convidacion de la Comuna e de l’Associacion del Mas de las Tèrras Rojas. Lo tèma de las personas desplaçadas pels grands barratges es descrich a travèrs lo mond puèi en França ; e dempuèi los dos cases particulars de Naussac e de Salagon en Occitania foguèron evocats. Naussac es lo darrièr caplòc de comuna aprigondit en França, e Salagou mostra lo cas remirable de la resisténcia dels vièlhs estatjants, amb lor teneson pendent 50 ans, e la concretisacion de lor volontat de far respelir lo vilatge de Celas de sas roïnas amb l’acuèlh d’estatjants novèls.
Lago del Salagou, Lago Naussac: Recuerdos de los últimos valles hundidos de Occitania.
Comparaciones en el siglo XX en Francia y en todo el mundo.
El autor, un antropólogo, dio una conferencia en Octon el 20 de junio de 2019, por invitación del ayuntamiento y la asociación Le Mas des Terres Rouges. El tema de las personas desplazadas debido a la construcción de grandes presas se rechaza en todo el mundo, después en Francia y en los dos casos particulares de Naussac y del Salagou, en Occitania. Naussac es la última capital de la comuna absorbida por Francia, en 1980. El Salagou da testimonio de la notable resistencia de los antiguos habitantes, su perseverancia durante 50 años y la realización de la voluntad de hacer abandonar la aldea de Celles de sus ruinas, acogiendo nuevos habitantes.
Extrait
La première partie de cette approche comparative présente les cas les plus connus à travers le monde de la construction de « grands barrages » afin de mieux identifier les caractéristiques des politiques publiques mises en œuvre. Les déplacements de population, engendrés par la réalisation de ces grands travaux, et leur réinstallation dans d’autres espaces de vie constituent l’objet de l’étude proposée.
Le continent Africain
En Afrique, le grand barrage d’Assouan demeure le cas le plus remarquable pour le sauvetage du patrimoine culturel matériel. Les nations ont répondu à l’appel de l’UNESCO pour sauver de l’engloutissement Abou Simbel et Philae, ainsi que vingt-cinq autres temples nubiens. La province nubienne en Égypte et au Soudan est engloutie sous les hautes eaux du lac Nasser, sur plus de 500 kilomètres de longueur. Des travaux gigantesques ont été réalisés : découpage des temples et leur réinstallation sur le plateau à 60 mètres du site primitif, creusement de la montagne, construction d’une falaise artificielle, reconstruction des façades et des chambres… Vingt cinq temples ont été sauvés, mais il en reste encore plus d’une cinquantaine sous le niveau du lac ! Ce travail colossal a été précédé par une campagne archéologique sans équivalence à ce jour. Il a été rendu possible grâce à une coopération internationale, scientifique et technique de grande ampleur.
Le sauvetage du patrimoine archéologique de la Nubie est une prouesse extraordinaire. Cependant, il n’y a pas eu de conservation, pour les peuples déplacés, d’une continuité rituelle, voire d’un attachement symbolique, en osmose avec les monuments transférés. La réinstallation de ces temples n’a donc pas atténué le choc engendré par la destruction de leur patrimoine culturel « immatériel », ce bien étant le plus important à leurs yeux. Ce sont les liens sociaux et la vie autour de leur production traditionnelle dans les palmeraies qui ont perdu le sens du vivre ensemble.
Une grande partie des habitants de la Nubie se sont trouvés déracinés, contraints à l’exode par la montée des eaux et la submersion de leurs villages. Plus de 90.000 personnes ont été déplacées dans de nouveaux villages, exilées dans un habitat dépourvu de vie sociale. La lecture des rapports d’études « ex-post »,permet de savoir ce que ces populations déplacées regrettent le plus : la culture collective des palmiers avec un système d’irrigation complexe autour des « norias ». Ils regrettent les fêtes du partage annuel de la récolte des palmeraies, dont la répartition reflétait une connaissance minutieuse, et quasi notariale, de la vie sociale autour de l’eau et du rôle de chaque famille dans l’entretien des palmiers-dattiers. Tout ce mode de vie a été détruit par l’aménagement d’espaces irrigués modernes, où le salariat domine. En outre, on relève toutes les conséquences environnementales majeures causées par ce grand barrage, parmi lesquels la perte de la fertilité des sols due aux crues du Nil. Cette carence est aujourd’hui compensée par un usage accru d’engrais.
L’Amérique du sud
Le deuxième cas de cette présentation internationale se porte en Amazonie brésilienne, avec le barrage très controversé de Belo Monte sur le fleuve Xingu. Il succède, parmi les « ouvrages géants » d’Amérique du sud, appelés aussi des « méga-barrages », au barrage d’Itaipu situé à la frontière du Brésil et du Paraguay. Belo Monte est le plus important ouvrage de la dizaine de barrages prévus le long du fleuve Xingu, dont l’objectif est de favoriser l’exploitation minière en fournissant l’énergie électrique nécessaire.
Belo Monte enrichit le thème du « patrimoine culturel immatériel », ce bien commun irremplaçable, car il aborde la thématique des peuples autochtones et indigènes. Ce thème est important aussi en Asie du sud-est, où les réservoirs sont souvent construits dans les montagnes peuplées de minorités ethniques. Les peuples amérindiens Kayapo, Jaruna et d’autres, avec à leur tête le fameux chef Raoni, ont combattu ce barrage pendant des décennies. Ainsi, étudier les barrages conduit à observer et comprendre la résistance des peuples déplacés par l’engloutissement de leurs territoires. Face à la mobilisation des populations, les États, dans la majorité des cas, répondent par une répression souvent violente.
Les peuples indigènes vivent des ressources primaires, issues des rivières et de la forêt. La pêche, la chasse, les produits forestiers et les jardins composent leurs ressources vivrières principales. Il leur est impossible de s’adapter rapidement à un autre mode de vie et à son environnement économique. Du point de vue des politiques publiques, le droit international 3 inclut la reconnaissance de leurs usages coutumiers sur les territoires de chasse et de pêche, ainsi que l’accès à leurs sites sacrés. Il en est de même de leur propriété intellectuelle sur leurs arts et sur leurs biens culturels et matériels.Ces droits garantissent un partage équitable des bénéfices issus des ressources de leurs territoires, qu’elles soient minières, forestières, de savoirs locaux, de pratiques pharmacologiques ou artistiques. Le déplacement des populations autochtones réclame donc une ingénierie anthropologique fine dont le but est de les faire revivre économiquement et socialement après la perte de leur environnement biologique. Cette intervention peut contraindre les politiques publiques à différer la construction des barrages, lorsque la vulnérabilité des peuples indigènes est reconnue, sans que le projet puisse proposer de solution alternative viable… […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2019 |
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Nombre de pages | 7 |
Auteur(s) | Armelle FAURE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |