Description

La tête dans les étoiles, le ciel comme terrain d’aventure :
Gustave Tramblay (1855-1918), un mérifonois d’adoption

* Docteur en histoire des sciences, Qualifié Maître de Conférences, section 34 (Astronomie-Astrophysique),
Directeur du Centre Culturel d’Astronomie de Montpellier. Contact : contact@faidit.fr
** Professeur Agrégé, Docteur en sociologie,
Président de l’association Le MAS des Terres Rouges. Contact : chguiraud@orange.fr

Nous avons choisi le titre de cet article en hommage à « la vision poétique » du ciel de Gustave TRAMBLAY, telle qu’elle se présente dans ses écrits avec la rigueur d’un scientifique.
Remerciements à Michel MAURIES, secrétaire général de l’association, pour sa bienveillante relecture de l’article et sa collaboration sur le terrain. Remerciements à Guy LAURANS pour ses conseils.

La rédaction de cet article est liée à notre découverte, dans les archives d’une famille de Mérifons, d’un grand nombre de plaques photographiques, du XIXème et du début du XXème siècle, laissé en héritage par un ancêtre doté d’une curiosité insatiable. Ce dernier, détenteur d’une formation littéraire et juridique, ainsi que d’un goût prononcé pour l’observation du ciel et du monde, a utilisé une démarche technique et scientifique de la photographie qui ouvre, aujourd’hui, un regard neuf sur son époque.

Cet homme, Gustave Tramblay, est un photographe amateur des années 1880-1918 qui a développé la connaissance de l’astronomie au travers de nombreux clichés, dont un grand nombre restent inédits. Nous utilisons le terme « d’amateur » pour désigner une pratique qu’il développe en dehors de son activité professionnelle. Notre attention se porte sur sa technique, l’originalité de sa démarche et le choix des sujets ou objets divers photographiés. Cette approche permet de saisir le regard qu’il porte sur son milieu de vie et d’en identifier une manière de penser et de voir le monde. Ses observations et ses questionnements scientifiques permettent d’ouvrir une fenêtre sur l’astronomie moderne et divers domaines sociétaux.

Son activité professionnelle, se situe, dans un premier temps, dans le domaine juridique et comptable puisqu’il exerce une fonction au sein d’un service déconcentré de l’administration des finances puis, dans un second temps, industriel, comme copropriétaire d’une usine de fabrication de lits en fer à Montpellier. Cependant, la qualité de son activité photographique et d’astronomie en fait un éminent praticien et un scientifique à l’égal de professionnels de ce champ social. Mais il est vrai que cette activité marginale conduit à le désigner, par ses contemporains, comme un simple « observateur-amateur », car il n’a pas, tout simplement, ni le statut ni l’expérience d’un astronome de métier. Il en est de même pour son statut de photographe. Toutefois cette dénomination laissera la place à celle d’observateur en raison de son utilité dans le processus d’élaboration de savoirs et de sa large contribution dans la plupart des domaines de l’étude du ciel. Il alterne en effet le suivi des éclipses ou des comètes, le dessin des taches du Soleil ou des cratères de la Lune, la surveillance des étoiles variables ou des essaims d’étoiles filantes, le calcul et la représentation graphique des conjonctions planétaires ou encore des transits de planètes devant le disque du Soleil, sans oublier l’aspect instrumental du bricolage d’une lunette à l’expérimentation encore rare de la photographie

Mais qu’est-ce exactement un observateur-amateur à la fin du XIXème siècle ? Comment le devient-on ? Enfin, comment, à partir de cette position, Gustave Tramblay a-t-il élargi son regard à de nouveaux objets d’étude ?

Répondre à la première question, c’est considérer qu’un observateur-amateur est avant tout, pour l’astronome de profession, un auxiliaire qui le décharge de tâches « éloignées de sa science ». Comment le devient-on ? L’adhésion à une « société » de passionnés d’astronomie semble une voie incontournable pour être reconnu, à la condition de faire preuve d’un dévouement à l’intérêt collectif et d’une compétence affirmée. C’est le cheminement de Gustave Tramblay.

Une trajectoire sociale familiale déterminante

Gustave Tramblay est né le 27 janvier 1855 à Paris. Son père, Adolphe, né en 1814 et décédé en 1871 à Paris, et sa mère Herminie Martin, née en 1821 à Lodève et décédée en 1859 à Maisons-Laffite, résident dans l’ancien second arrondissement de la capitale. Son père se déclare négociant en vins.

Tramblay est bachelier es lettres en 1873 (faculté des lettres de Poitiers) et bachelier en droit en 1876 (faculté de droit de Paris). Il poursuit ses études de droit jusqu’à la licence, est nommé, à Paris, receveur-contrôleur au ministère des finances, puis est affecté à l’Escarène en 1877. Il obtient, le 24 janvier 1881, un poste de receveur de l’enregistrement, des domaines et du timbre à Gignac, dans le département de l’Hérault. Cette profession semble être de tradition familiale car son grand-père maternel, Pierre Martin, a occupé la même fonction à Lodève. En outre, son oncle maternel, Charles, est un directeur de cette même administration à Châteauroux (Indre), puis à Paris. Son autre oncle maternel, Jean-Gabriel Martin est conservateur des hypothèques à Paris après avoir exercé plusieurs années à Agde. Cet ensemble d’éléments situe un environnement social et géographique qui peut expliquer sa nomination et sa rencontre avec la famille de sa future femme.

Informations complémentaires

Année de publication

2013

Nombre de pages

26

Auteur(s)

Christian GUIRAUD, Jean-Michel FAIDIT

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf