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Description

La reconquête après la réforme : Sébastien Michaelis à Montpellier (1595-1599)

Après les troubles religieux de 1561-1562, le couvent des prêcheurs de Montpellier (comme les autres édifices religieux) était en ruine et les frères à la rue. Tandis que certains d’entre eux abjuraient pour se faire restituer leur biens, quelques-uns de ceux demeurés fidèles purent trouver en ville un abri, provisoire croyaient-ils. Or cette situation précaire devait se prolonger près d’un demi-siècle, jusqu’au moment où l’évêque Jean de Gravier leur concéderait l’emplacement de l’église Saint-Matthieu. Au début, probablement les prêcheurs sous-estimaient-ils la gravité de la crise qui venait de secouer la ville et la mutation durable qui s’en était suivie. En effet, dès le mois de mai 1563, le dernier prieur Jean Pouzaire (Posatoris), agissant en qualité de syndic et vicaire de sa communauté, s’adresse au gouverneur du Languedoc, Damville, pour demander réparation des dommages subis et se fait accorder l’église Sainte-Foy. Pour peu de temps, du reste, car dès février 1568 les huguenots détruisent toutes les églises de Montpellier. De l’autorité royale, les prêcheurs obtiennent des lettres patentes, datées de Paris le 25 juillet 1569, enregistrées au Parlement de Toulouse le 5 décembre suivant qui les autorisent à se retirer dans la maison de Guillaume Bonnal rebelle, jusqu’à ce que leur couvent, entièrement pillé, soit rétabli et remis en l’état où il était auparavant. Tout espoir de relever l’ancien couvent n’était pas encore perdu. Et même, en 1576, les prêcheurs passent contrat pour reconstruire un bâtiment sur leur ancien emplacement. Ce sera bien la dernière fois qu’on entendra parler d’un tel projet. Une autre reconstruction s’avérait plus urgente, celle de la communauté catholique de Montpellier.

Le chapitre général de l’ordre des prêcheurs tenu à Barcelone en 1574 avait requis tous les frères des diverses provinces et congrégations françaises de combattre l’hérésie en prêchant aussi bien pour convertir les dissidents que pour raffermir les chancelants. Or à ce chapitre de 1574 la province de Provence, à laquelle appartenait le couvent de Montpellier, était représentée par Martin de Lemos. Ce frère prêcheur d’origine portugaise, mais fixé dans la province depuis assez longtemps pour être élu par elle son définiteur au chapitre général, d’une valeur intellectuelle confirmée par le grade de maître en théologie qu’il reçoit en 1574, va devenir le premier artisan de la reconquête catholique de Montpellier. Les Mémoires manuscrits adressés en 1706 par le couvent de Montpellier au maître de l’ordre présentent ainsi le retour des frères : « Après les premiers troubles, dix ou douze religieux du même couvent étant revenus dans Montpellier par ordre des supérieurs, soit pour affermir la foi des catholiques, soit encore pour recouvrer une partie des biens et des titres qu’on leur avait enlevés, ils furent contraints de renter une maison particulière dans la Vestiairée, qui est à présent une maison appartenant à Mr le président de Belleval, à la place de la Canourgue. Ce fut donc dans ce lieu où ils recommencèrent le service divin, au grand contentement des catholiques, qui y allaient entendre la parole de Dieu et la sainte messe, recevoir les sacrements de la pénitence ou de l’eucharistie. C’était la seule église ou chapelle dans laquelle on faisait profession de la religion catholique, les autres prêtres séculiers ou réguliers n’ayant pas encore osé paraître dans Montpellier. Ainsi l’on peut dire que notre ordre a conservé la foi dans cette ville qui se voyait sur le penchant de la ruine. Le premier qui y combattit l’hérésie fut le R. P. de Lemos, portugais ».

D’autres documents permettent de situer dans la période 1580-1595 cet essai de reconstitution du couvent. En 1580, le chapitre général tenu à Rome autorise Martin de Lemos, de la province de Provence, à rétablir le couvent de Montpellier. Quinze ans plus tard, l’ordre déplace ses moyens de Montpellier à Aix : Martin de Lemos est nommé prieur du couvent d’Aix pour le réformer et les revenus du couvent de Montpellier attribués au couvent d’Aix pour y bâtir et y entretenir le noviciat. La période qui se clôt ainsi sur un constat d’échec est celle marquée par l’action de Martin de Lemos, affilié au couvent de Montpellier en 1582, autorisé à introduire dans son couvent des volontaires venus d’autres provinces en 1584, signalé par ses nombreuses prédications aux catholiques de Montpellier et par la plantation de la croix à la Canourgue sur l’emplacement choisi pour bâtir une église. Par la suite, on le trouvera prêchant dans la région montpelliéraine : à Frontignan pour l’avent 1600 et le carême 1601, à Montpellier en octobre 1601, à Mauguio en novembre 1601, où il rétablit le culte après trente-huit ans d’interruption. Il serait mort, dit-on, à Prouille.

L’année 1595 qui marque la fin d’une tentative pour faire revivre le couvent, est aussi celle ou entre en scène à Montpellier Sébastien Michaelis. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1983

Nombre de pages

6

Auteur(s)

Bernard MONTAGNES

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf