La place royale du Peyrou à Montpellier
la statue équestre, le paysage et le territoire

L’histoire de la place royale du Peyrou de Montpellier commence le 31 octobre 1685 avec le vote des États du Languedoc en faveur de l’érection d’une statue équestre à la gloire de Louis XIV 1.Après le choix de la ville de Montpellier fait par le roi, un premier projet de création d’une place royale intra muros, devant le collège des Jésuites, reçoit un début de réalisation 2. Lui succède l’idée d’un aménagement de la place de la Canourgue (une place existante dans la ville). Vient enfin en 1715 la proposition d’érection de la statue équestre sur la colline du Peyrou, là où une promenade avait été créée en 1689, et un arc de triomphe construit peu après, en 1691, à l’emplacement d’une vieille porte de ville 3. Les États approuvent ce dernier projet en 1716. La statue équestre transportée depuis Paris et mise en place sur la promenade est inaugurée le 27 février 1718 (fig. 1).

Inauguration de la statue équestre de Louis XIV à Montpellier, eau forte par Poilly, d'après un dessin de Caumette, s.d. [début XVIIIe siècle], in Charles d'Aigrefeuille, Histoire de Montpellier. Repro. J.-M. Périn © Inventaire général, ADAGP, 1993.
Fig. 1 Inauguration de la statue équestre de Louis XIV à Montpellier, eau forte par Poilly, d'après un dessin de Caumette, s.d. [début XVIIIe siècle], in Charles d'Aigrefeuille, Histoire de Montpellier. Repro. J.-M. Périn © Inventaire général, ADAGP, 1993.

Dans la seconde moitié du siècle, les impératifs édilitaires imposent une reconsidération du programme monumental initial et son achèvement en liaison avec l’aqueduc de Saint-Clément, construit entre 1753 et 1764 par l’ingénieur Pitot pour l’approvisionnement en eau de la ville. Jean-Antoine Giral réalise à partir de 1766 la composition architecturale actuelle, exceptionnelle, transformée au XIXe siècle avec la plantation d’arbres sur la terrasse haute 4 (fig. 2 et 3).

Vue du Peyrou, n.s., n.d. [XVIIIe siècle] (Montpellier, Musée Languedocien, carton 21). A gauche, la ville et la porte du Peyrou. A droite, l’aqueduc de Saint-Clément. A l’arrière plan, la mer méditerranée et les collines de la Gardiole. Les plantations sur la terrasse haute ne seront réalisées qu’au début du XIXe siècle. © Inventaire général, ADAGP, 1978.
Fig. 2 Vue du Peyrou, n.s., n.d. [XVIIIe siècle] (Montpellier, Musée Languedocien, carton 21). A gauche, la ville et la porte du Peyrou. A droite, l’aqueduc de Saint-Clément. A l’arrière plan, la mer méditerranée et les collines de la Gardiole. Les plantations sur la terrasse haute ne seront réalisées qu’au début du XIXee siècle. © Inventaire général, ADAGP, 1978.
La place royale du Peyrou : le temple des Eaux et l’arc de jonction avec l’aqueduc de Saint-Clément. Phot. T. Lochard © Inventaire général, ADAGP, 2006.
Fig. 3 La place royale du Peyrou : le temple des Eaux et l’arc de jonction avec l’aqueduc de Saint-Clément. Phot. T. Lochard © Inventaire général, ADAGP, 2006.

Cette chronologie sommaire appelle naturellement de nombreux développements. Ainsi le vote des États, pris à l’initiative du cardinal de Bonzy, leur président-né, familier de la Cour, s’inscrit dans le contexte d’une véritable « entreprise de propagande monarchique » qui explique le contrôle du projet par le milieu versaillais (choix des sculpteurs, dessin de la statue et du piédestal, fonte de la statue) 5. De même, le choix de Montpellier assure la continuité d’un projet politique qui date du début du siècle, après la reprise de la ville protestante par Louis XIII 6. Celui d’une place devant le collège des Jésuites en cours de construction répond quant à lui au contexte religieux particulièrement mouvementé dans la Province ; l’édifice le plus emblématique d’une Contre-Réforme agressive constitue d’ailleurs également un signe fort dans la lutte contre le jansénisme qui divise le clergé et pénètre la société languedocienne 7. Enfin, l’abandon du projet de 1685 s’explique certes par les difficultés liées au tissu urbain montpelliérain très dense, hérité du Moyen-Âge, mais aussi et surtout par les tensions intérieures au royaume, économiques et religieuses, et les revers militaires qui imposent la mise en sommeil des projets de place royale, à Montpellier comme à Lyon, Dijon ou Nantes 8.

Le projet de 1715 pour l’érection de la statue sur la promenade du Peyrou retient plus particulièrement l’attention. Il émane du cercle de l’intendant Lamoignon de Basville qui s’en fait le défenseur dans une lettre du mois d’août, première mention connue d’un dessein audacieux : « Nous avons beaucoup travaillé depuis quelques jours, Monsieur, sur le lieu où la statue du Roi peut être mise […]. Je puis vous assurer que toute la ville de Montpellier est de notre avis et souhaite fort qu’on mette la statue au Peyrou… » 9. Un dessein audacieux en effet, car en contradiction totale sur deux points essentiels avec l’idée que l’on se fait, au tout début du XVIIIe siècle, d’une place royale : située hors la ville, la promenade du Peyrou s’ouvre très largement sur la campagne environnante (fig. 4). On connaît l’artifice par lequel l’intendant et son cercle écartent la première difficulté : la place sera englobée dans la ville avec le déplacement des fossés et le comblement de ceux qui la séparent de l’arc de triomphe 10. Et Basville s’oppose également aux contre-propositions faites pour résoudre l’inconvenance des proportions de la promenade et de l’ouverture sur le paysage, pourtant relayées par le syndic général de la Province :

La porte du Peyrou et la promenade vers 1700, peinture anonyme (coll. part.). Détail.
Fig. 4 La porte du Peyrou et la promenade vers 1700, peinture anonyme
(coll. part.). Détail.
La place royale du Peyrou. A l’arrière plan à gauche, derrière la statue équestre, l’Arc de Triomphe et la ville ; à l’horizon à droite, la mer méditerranée. Phot. T. Lochard © Inventaire général, ADAGP, 2004.
Fig. 5 La place royale du Peyrou. A l’arrière plan à gauche, derrière la statue équestre, l’Arc de Triomphe et la ville ; à l’horizon à droite, la mer méditerranée. Phot. T. Lochard © Inventaire général, ADAGP, 2004.

« J’ai beau représenter à M. de Basville que la place du Peirou est d’une étendue immense et que rien ne borne […] je suis persuadé que les États prendront la solution de faire des maisons autour de la statue […] c’est l’avis général, car en vérité le Roi est mal placé au milieu des champs pour ainsi dire et la dépense de faire l’élévation des maisons avec un mur d’enceinte pour agrandir la ville n’est pas plus considérable que celle des grands fossés… » 11.

L’intendant, « roi » du Languedoc, critique en particulier vivement la proposition d’« un architecte de Paris », Jacques Gabriel : sollicité par les opposants au projet, l’architecte ordinaire du roi envisage de diviser la promenade en deux et de fermer la partie dédiée à la statue 12 par des arcades grillagées ; un « triste objet » selon Basville 13 qui défend au contraire vigoureusement le dessein d’un belvédère. Ce parti d’ouverture sur le paysage, aujourd’hui perturbé par les plantations du XIXe siècle (fig. 5), donne précisément à la place royale du Peyrou son caractère très exceptionnel. A l’opposé, le modèle parisien de la place Louis-le-Grand définit un rapport strict entre la statue et le cadre architectural de la place elle-même : « la statue à elle seule ne définit pas la place royale. C’est la relation entre un espace ordonnancé, signifiant, et l’image du monarque qui fonde l’existence d’une place royale » 14.

La Logique de Port Royal

Quelle est donc cette relation et comment fonctionne-t-elle ? Avec la critique cartésienne de la ressemblance, le statut de la représentation renouvelé au XVIIe siècle éclaire ce lien et permet de mesurer la modernité du projet de propagande. La statue fonctionne en effet non pas comme un symbole interprétable par une lecture conventionnelle, par un emprunt de sens à l’extérieur de l’objet symbolique lui-même, mais bien comme un « signe » tel que le définit, à la même période, la Logique de Port-Royal :

« Quand on considère un objet en lui-même et dans son propre être sans porter la vue à ce qu’il peut représenter, l’idée qu’on en a est une idée de chose, comme l’idée de la terre ou du soleil. Mais quand on ne regarde un certain objet que comme en représentant un autre, l’idée qu’on en a est une idée de signe, et ce premier objet s’appelle signe. C’est ainsi qu’on regarde d’ordinaire les cartes et les tableaux. Ainsi le signe renferme deux idées : l’une de la chose qui représente; l’autre de la chose représentée ; et sa nature consiste à exciter la seconde par la première » 15.

Le signe contient donc en lui-même l’idée de son rôle de représentation et l’exprime dans le monde sensible : « le signe non seulement signifie; non seulement il est, pour Port-Royal, cette chose qui en représente une autre mais il est encore marqué visiblement de ce pouvoir de représenter » 16. L’enjeu autour de la statuaire et son contrôle direct par l’entourage du Roi (parti de composition, fonte à Paris en une seule partie, dessin du piédestal, etc.) s’expliquent donc aussi par l’effet de la représentation : rien ne doit en atténuer la puissance signifiante ; par un enchaînement de signes au contraire, tout doit l’orienter vers ce qui est à « exciter » : l’absolutisme royal et sa déification. Nul ne doit douter qu’à travers la statue, c’est la présence même du roi et son pouvoir absolu qui sont rendus visibles (fig. 6).

La nouvelle statue de Louis XIV inaugurée en 1838. Phot. T. Lochard © Inventaire général, ADAGP, 2006.
Fig. 6 La nouvelle statue de Louis XIV inaugurée en 1838. Phot. T. Lochard © Inventaire général, ADAGP, 2006.

La Logique de Port-Royal signale la portée du dispositif à travers les représentations spatiales et graphiques, la carte et le tableau, deux « espaces-fenêtre » 17 délimités par un cadre dont le rôle se précise : le cadre « autonomise l’œuvre dans l’espace visible » et « met la représentation en état de présence exclusive » comme le souligne Louis Marin qui cite la lettre de Poussin à Chantelou accompagnant l’envoi de La Manne :

« Quand vous aurez reçu votre tableau, je vous supplie de l’orner d’un peu de corniche [d’un cadre] car il en a besoin afin que, en le considérant en toutes ses parties, les rayons de l’œil soient retenus et non point épars au-dehors en recevant les espèces des autres objets voisins qui venant pêle-mêle avec les choses dépeintes confondent le jour » 18.

L’analogie évidente avec le programme de la place royale mérite d’être relevée. Comme pour la carte ou le tableau, le cadre ordonnancé de la place délimite un espace de représentation spécifique dans l’« espace visible » de la ville, isolé du cadre urbain « profane » de la vie quotidienne. Grâce à la régularisation de l’espace et à l’ordonnancement architectural, la mise en scène urbaine « autonomise » la représentation signifiante, objet exclusif de l’opération urbaine, et concourre à sa puissance signifiante : la statue du roi, comme signe, prend « toute la place ». On comprend mieux, dès lors, pourquoi l’opération de propagande vise la création d’espaces urbains ordonnancés, dédiés à la statue. Le premier projet montpelliérain de place, devant le collège des Jésuites, répondait ainsi aux exigences du modèle ; celui de la place royale sur la colline du Peyrou s’en écarte radicalement. Et pourtant…

Un projet novateur ?

La comparaison avec les places royales contemporaines met en évidence le caractère novateur du projet de 1715. A Lyon, Rennes ou Dijon, la présence signifiante du roi dans la ville impose un renouvellement du cadre urbain préexistant, l’ordonnancement architectural constituant l’écrin de la statue. Les projets bordelais et nantais, quant à eux, se rapprochent du cas montpelliérain. A Bordeaux en effet, l’intervention de l’intendant Boucher concrétise en 1726 des propositions antérieures, en particulier celle faite en 1700 par un particulier, Durfort-Boissière, qui sert de base au projet de Gabriel de 1729 : la place royale accueillant la statue équestre devait s’ouvrir sur la Garonne, au centre d’un alignement uniforme de maisons à la tête duquel était prévue la construction de l’hôtel des Fermes 19. A Nantes, au moment où l’on envisage en Languedoc la création d’une place dans la ville (avant même le dessein du belvédère du Peyrou), les négociants et l’intendant proposent d’aménager pour la statue équestre une place ouverte sur le fleuve, la place du Port-aux-vins, sur laquelle doit être construite une nouvelle Bourse de commerce la place établirait ainsi le double lien politique et topographique entre le roi et le monde du commerce, entre la ville intra-muros, sertie dans ses murs, et le faubourg de la Fosse, le quartier des négociants 20. Les projets de Nantes et de Bordeaux ont-ils pu influencer en 1715 l’intendant du Languedoc ? Rien ne permet de l’affirmer. Il n’en va pas de même pour la place Dauphine à Paris, avec la statue équestre dédiée à Henri IV, inaugurée en août 1614, et la place triangulaire fermée : Basville connaît bien la composition urbaine exceptionnelle formée par la place, la statue érigée sur le terre-plein et le Pont-Neuf, largement ouverte sur le bassin du Louvre (fig. 7) ; il n’est donc pas interdit de penser qu’il ait pu s’en inspirer dans le projet montpelliérain, associant deux composantes essentielles de l’aménagement des villes de la période moderne, la place royale et l’ouverture paysagère 21.

La place Dauphine et le Pont-Neuf à Paris au milieu du XVIIIe siècle (coll. part). © Inventaire général, ADAGP, 2006.
Fig. 7 La place Dauphine et le Pont-Neuf à Paris au milieu du XVIIIe siècle (coll. part). © Inventaire général, ADAGP, 2006.

Le paysage

« … Sortant de la ville, il fallait qu’il n’y eut rien qui put empêcher de voir tout à coup sur la droite la beauté de la montagne et la forêt des oliviers, et sur la gauche de voir une assez grande étendue de mer, surtout cette ancienne et tant renommée Île de Maguelone… » 22 La référence à l’Île de Maguelone, le lieu le plus prestigieux de la topographie religieuse du Montpelliéret médiéval, inscrit le regard dans l’histoire, mais le chroniqueur du XVIIe siècle insiste surtout sur l’effet de surprise : au sortir de la ville et en opposition totale avec son atmosphère minérale et la densité du bâti, le regard s’ouvre brusquement à l’infini sur un paysage au charme indéniable, comme un tableau d’ambiance méditerranéenne (voir fig. 4).

Le « beau coup d’œil » favorise donc sans conteste le projet de l’intendant qui intervient d’ailleurs dès 1710, à la demande des consuls, pour protéger le panorama du belvédère contre un particulier dont les constructions « bornent les vues étendues de la promenade, ce qui prive le public du plaisir qu’il s’était proposé lors de la construction de ladite promenade… » 23 Le « plaisir » : l’agrément du lieu résulte des vues dégagées ; les valeurs esthétiques et humanistes héritées de la Renaissance italienne, depuis Fiesole en passant par Bury, Meudon ou Saint-Germain, trouvent à Montpellier comme ailleurs un écho, signe du « changement symptomatique d’une nouvelle sensibilité au paysage, du besoin d’élargir le regard sur l’extérieur, d’un intérêt pour la vue plongeante » 24.

Tout au long du siècle, la beauté du Peyrou frappe les esprits, comme en témoignent la description de l’historien et chanoine Charles d’Aigrefeuille en 1737 ou celle d’un anonyme dans les années 1750, celle de Jean-Antoine Giral vers 1764 ou celle d’Arthur Young à la fin du siècle 25 :

« …La vue est aussi singulièrement belle. Au sud, l’œil se promène avec délice sur une riche vallée, parsemée de villas et bornée par la mer ; au nord, une série de collines cultivées. D’un côté, la grande chaîne des Pyrénées s’estompe peu à peu dans le lointain ; de l’autre, les neiges éternelles des Alpes percent les nuages. Toute la perspective est l’une des plus étonnantes que l’on puisse voir, quand un ciel rapproche ces objets éloignés ».

Le lyrisme du grand voyageur animé par le sentiment de la nature contraste avec les termes plus conventionnels des agents royaux. Entre temps il est vrai, Haller écrit son poème Die Alpen et Rousseau la Nouvelle Héloïse… Les voyages, les échanges entre artistes, la circulation des ouvrages, l’influence de l’Italie ont en effet favorisé l’émergence d’une sensibilité nouvelle 26 (fig. 8).

>« Montpellier. Environs » [vue du versant sud du vallon du Peyrou], crayon, par Amelin, 1822 et 1835 (B.M. Montpellier : vol. 1, p. 4, n° 7). Repro. M. Descossy © Inventaire général, ADAGP, 1987.
Fig. 8 « Montpellier. Environs » [vue du versant sud du vallon du Peyrou], crayon, par Amelin, 1822 et 1835 (B.M. Montpellier : vol. 1, p. 4, n° 7). Repro. M. Descossy © Inventaire général, ADAGP, 1987.

Mais au moment au Basville défend son projet de place royale, alors même qu’apparaissent les premiers signes de cette sensibilité faisant place au sentiment, le charme qui opère dans l’imaginaire des élites urbaines est celui d’une nature productive et sage, calme et tempérée. La peinture de paysage et la figure de l’Arcadie en particulier avaient d’ailleurs contribué, en référence aux Antiques, à l’instauration de la campagne idéalisée en paysage, prolongeant l’espace de la ville et de ses jardins 27. Il en va de même pour la mer proche, espace de commerce, milieu nourricier, mer « paisible et comme apprivoisée, un prolongement de cette Campagne, qui plaît au regard cultivé » 28.

En 1715 donc, les beautés de la campagne s’apparentent encore à celles d’un tableau 29. Le procédé du cadre rattache toujours l’expérience concrète de la nature et de sa « bizarrerie » 30 à la représentation :

« Nous sommes montés dans le bateau par le plus beau temps du monde. J’y ai fait mettre le corps de mon grand carrosse d’une manière que le soleil n’a point entrée dedans. Nous avons baissé les glaces. L’ouverture du devant fait un tableau merveilleux ; celles des portières et des petits côtés nous donne tous les points de vue qu’on peut imaginer. Nous sommes dans ce joli cabinet, sur de bons coussins, bien à l’air, bien à notre aise » 31.

Telle est l’ambiguïté du regard porté sur la nature à la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, lorsque l’émotion esthétique prend encore sa source dans une idéalisation et un cadrage qui instituent la représentation, l’organisent et lui confèrent sa beauté.

Cette émotion est également fondée sur une perception mentale de l’espace dans laquelle le jardin, conçu comme une « troisième nature », complète celles décrites par Cicéron, la campagne et les montagnes où vivent les dieux 32. La réinterprétation des schémas antiques s’inscrirait ainsi à Montpellier dans le projet de l’intendant du Languedoc : à l’instar du jardin, la place royale constitue cette troisième nature, la plus élaborée, celle qui accueille la figure royale, et d’où l’on admire les deux natures cicéroniennes. La tripartition de l’espace, telle que la représente le frontispice des Curiosités de la nature et de l’art de Pierre Le Lorrain de Vallemont (1703) par exemple 33, établirait alors ainsi le lien symbolique entre la place royale et l’Olympe, lien qui commande le territoire des hommes, toujours sujets et non pas encore peuple.

Le territoire

Le « beaucoup d’œil » n’a pourtant pas qu’une dimension culturelle car, avant de prendre une signification esthétique, le mot « paysage » recouvre aussi au XVIe siècle une réalité tangible : « au sein de cette perspective géographique, le paysage n’est pas défini comme l’étendue de pays que l’on découvre d’un seul regard depuis un point élevé, selon la formule devenue classique depuis le XVIIe siècle dans l’histoire de la peinture. Il est compris comme espace objectif d’existence, plutôt que comme vue embrassée par un sujet » 34. Cet espace, ce milieu qu’ont représenté des peintres comme Bruegel, des cosmographes et des cartographes comme Ortelius, les hommes l’appréhendent de manière concrète, mesurant ses caractéristiques physiques, comptant sa population, évaluant ses ressources économiques : « d’une matérialité presque tangible, il [le paysage] n’appartenait à la sphère esthétique que de façon tout à fait secondaire » 35.

Le territoire est certes déjà à l’œuvre dans les jardins de Mansart et de Le Nôtre ; sa subordination au château établit une relation qui exclue « le troisième interlocuteur de la villa italienne, à savoir le paysage » 36 et aboutit à une mise en ordre dont l’expression répond au contexte politique et culturel d’une société fortement hiérarchisée 37. Mais le territoire est aussi celui du royaume : « On peut faire remonter [son] acte de naissance […] à la fin du règne de Louis XIV, au moment où se précise la nécessité de politiques d’aménagement cohérentes et où le monde savant se préoccupe de fixer enfin l’image de la réalité géographique » 38 Animées par l’Académie des sciences fondée en 1666, les recherches cartographiques jouent en effet un rôle très important dans l’émergence d’une nouvelle conscience de l’espace. Les enquêtes passionnées et les découvertes scientifiques de la fin du XVIIe siècle trouvent leur origine dans le mouvement de la modernité qui libère l’exploration du monde de la subjectivité humaine et du « poids » de la scolastique ; les acquis intellectuels légués au début du siècle par les savants et les philosophes tels Bacon, Galilée ou Descartes autorisent à penser le monde physique « au prix d’un décentrement à la fois cosmologique et ontologique » 39.

L’implantation par Claude Perrault de l’Observatoire de Paris en 1664 illustre de manière exemplaire cette idée nouvelle du territoire. Les rapports privilégiés entre le contrôle de l’espace et la glorification de l’absolutisme monarchique s’y concrétisent avec une évidence toute politique : le jour du solstice d’été est le moment idéal pour repérer la méridienne et inscrire le lieu dans une cohérence géographique planétaire fondée sur l’hymne à la gloire du soleil, assurant ainsi le « rayonnement » de la monarchie française.

Dans ce contexte, la personnalité de l’abbé Picard se dégage. Grâce à ses recherches en optique et à ses instruments nouveaux, l’abbé réalise en 1668 une triangulation entre Malvoisine et Sourdon dont il déduit la mesure exacte du rayon terrestre : « ces treize triangles en enjambant Paris changèrent bel et bien l’idée de territoire » 40. Avec La Hire, il lève notamment en 1679-1680 la « Carte de France corrigée sur ordre du Roi sur les observations de Mrs de l’Académie des sciences », carte générale des côtes souhaitée par Colbert et présentée à l’Académie en 1682 avant son édition en 1693. Cette première carte établie sur le méridien d’origine de Paris donne une représentation précise du territoire. L’important est ici de mesurer l’écart entre ces travaux animés par l’esprit scientifique et leurs précédents : cosmographies universelles et atlas des XVIe et XVIIe siècles 41 (fig. 9) ; enquêtes administrative 42 ; cartographie de places fortes, ouvrages de prestige et de propagande qui conservent une vision conventionnelle et théâtrale de la guerre 43 ; produits de vulgarisation qui répondent aux attentes du public pour un savoir géographique et pour l’art des fortifications, cartes militaires levées à l’occasion de la politique d’expansion du royaume et des opérations militaires, comme celles des Naudin par exemple 44, qui deviennent obsolètes à la suite des recherches savantes 45. A la fin du XVIIe siècle, l’intérêt du roi et de ses ministres pour une représentation du territoire du royaume trouve les moyens intellectuels à la hauteur des besoins ; les travaux scientifiques ont profondément renouvelé la perception du territoire (fig. 10).

>« Carte du Languedoc », par Christophe Tassin, extrait des Plans et Profilz des principales villes de la province de Languedoc avec la carte générale et les particulières de chascun gouvernement d'icelles, Paris, 1634 (Montpellier, Musée Languedocien). Repro. J. Vallon © Inventaire général, ADAGP, 1978.
Fig. 9 « Carte du Languedoc », par Christophe Tassin, extrait des Plans et Profilz des principales villes de la province de Languedoc avec la carte générale et les particulières de chascun gouvernement d'icelles, Paris, 1634 (Montpellier, Musée Languedocien). Repro. J. Vallon © Inventaire général, ADAGP, 1978.
« Triangles de la Carte Générale du Languedoc… », v. 1730-1740 (Montpellier, Musée Languedocien).
Fig. 10 « Triangles de la Carte Générale du Languedoc… », v. 1730-1740 (Montpellier, Musée Languedocien).

Lamoignon de Basville qui a soutenu sa thèse Ex optica et astronomia selecta mathemata le 10 juillet 1666, l’année même de la fondation de l’Académie des sciences 46, alors que son frère aîné Chrétien avait débattu de la condamnation de Copernic et de Galilée, n’en ignore certainement rien. L’intendant est d’ailleurs avant tout un homme politique et un aménageur et, pour lui, le paysage n’est à l’évidence pas uniquement une représentation mentale mais aussi une réalité physique et politique, une province, un espace de pouvoir, un territoire. En bon administrateur de la Province, Basville contrôle et réalise en Languedoc des grands chantiers d’aménagements, en particulier le réseau routier des Cévennes et le canal des Deux Mers.

Concernant les routes, l’enjeu économique se double ici de considérations stratégiques. L’entreprise s’inscrit dans la tragédie de la Révocation et des « dragonnades » et concerne principalement le réseau routier des Cévennes que l’intendant complète en deux ans à peine à partir de 1689 : 47 « le seul endroit dans cette province où il manquait des chemins était le pays des Cévennes et du Vivarais, pays autrefois impraticables et nourrissant des peuples enclins à se révolter, mais à présent rendus très soumis par les grandes routes et ouvertures qu’on y a fait depuis quelques années » 48. En 1716, l’ingénieur de la Province Gautier dédicace d’ailleurs à l’intendant son Traité de la construction des chemins… : « Les belles routes que vous avez fait faire en Languedoc ont servi de modèle à l’ouvrage que j’ai l’honneur de vous présenter. Elles ont fait l’admiration des étrangers, la commodité des voyageurs et l’utilité des peuples » 49. Basville intervient également dans la construction du Canal du Midi entrepris avant son arrivée en Languedoc (fig. 11), et dans l’aménagement du port de Sète. Enfin, il met en défense la nouvelle frontière du royaume depuis 1659 (Mont-Louis, fort de Bellegarde, Villefranche-de-Conflent, Prats-de-Mollo, Perpignan, Collioure et Port-Vendres) 50 et les côtes menacées par la flotte anglaise depuis 1704.

Arc de Triomphe du Peyrou. Médaillon représentant la jonction de l’Océan et de la Méditerranée. Phot. J.-M. Périn © Inventaire général, ADAGP, 1985.
Fig. 11 Arc de Triomphe du Peyrou. Médaillon représentant la jonction de l’Océan et de la Méditerranée. Phot. J.-M. Périn © Inventaire général, ADAGP, 1985.

L’intendant connaît donc bien ce territoire visible depuis la promenade du Peyrou et ses enjeux stratégiques, ces « lointains » qui ne sont pas qu’un décor naturel mais aussi des lieux très significatifs de la politique d’unification du royaume et d’affirmation de l’absolutisme. Une description datée des années 1750 souligne l’ampleur du programme de la place royale : « La promenade du peirou est une terrasse au dehors de la porte de ville de même nom […]. On y voit la mer, les montagnes des Cévennes, les deux extrémités du royaume c’est-à-dire les Alpes et les Pyrénées » 51.

La statue et le Languedoc

Dans le projet pour la place royale, le paysage idéalisé et le territoire de la Province établissent avec la statue équestre un rapport qui répond de manière paradoxale au modèle conventionnel de la place royale. Dans un dispositif scénique particulièrement novateur, ils endossent le rôle du cadre architectural et « servent » la statue précisément parce qu’ils sont vus et reconnus en tant qu’espaces « signifiants », ramenant ainsi le regard vers l’effigie royale, signe puissant de la présence du roi. La place royale n’est pas localisée dans la ville elle-même : le Languedoc tout entier reçoit la statue équestre et lui est offert comme un espace de représentation qui se confond avec le territoire « profane » des sujets. En Languedoc, à travers la personnalité de l’intendant et les influences diverses dont il se fait l’écho, cette affirmation prend la forme d’un espace exceptionnellement ouvert, dégagé, sans aucune architecture (fig. 12) ; une place où la statue équestre signe le pouvoir du roi et son autorité absolue non seulement sur la ville qui l’accueille, mais aussi et surtout sur la Province, partie intégrante du royaume unifié.

La ville et de la place royale du Peyrou. Vue aérienne prise en 1954. Phot. Coll. Henrard © Inventaire général, ADAGP, 1985.
Fig. 12 La ville et de la place royale du Peyrou. Vue aérienne prise en 1954. Phot. Coll. Henrard © Inventaire général, ADAGP, 1985.

Notes

   1.Délibération des États, 31 octobre 1685 (Montpellier, Arch. dép., C 7932). Le présent article reprend les éléments d’une intervention faite à l’occasion du colloque « La place publique urbaine (XIIe siècle – XXIe siècle) », Arras, Université d’Artois, 24-26 mai 2004. Sur l’histoire de la place royale, voir Jean-Pierre THOMAS, Mémoire sur la place du Peyrou à Montpellier, Paris, 1827 – Rééd. Montpellier, Edition de l’Entente Bibliophile, 1981 Léon COSTE, Les transformations de Montpellier depuis la fin du XVIIe siècle jusqu’à nos jours, Montpellier, Charles Boehm, 1893, p. 6 sq. Lucien SOLANET, Rôle des autorités administratives dans l’urbanisme et le développement artistique du Bas-Languedoc aux XVIIe et XVIIIe siècles, Th. Droit, Montpellier, Faculté de Droit : 1953 Jean BAUMEL, Le Peyrou de Montpellier, s.l., Les Presses Universelles, 1979 ; Projets et dessins pour la place royale du Peyrou à Montpellier, Paris, C.N.M.H.S. – Montpellier, Inventaire Général Languedoc-Roussillon, 1983 Jean NOUGARET, Montpellier monumental, Paris, Monum-Editions du Patrimoine, 2005, t. I, p. 240 sq.

   2.Montpellier, Arch. comm., DD 140. Également Montpellier, Arch. dép., 2 E 59/40, f° 408 : ordonnance de l’intendant du 23 février 1688 (l’information nous a été transmise par M. A. Gensac à qui vont nos remerciements). Voir aussi le « Plan d’une place proposée pour placer la statue équestre du roy devant les Jésuittes », n.s., n.d. [vers 1688 ?] (Montpellier, Arch. dép., C 7931).

   3.Thierry LOCHARD, « Les promenades à Montpellier aux XVIIe et début du XVIIIe siècles », Études héraultaises, n° 33-34, 2002-2003, p. 88 sq. Sur la porte du Peyrou, voir J. NOUGARET, op. cit., t. I, p. 214 sq.

   4.Voir le pamphlet de Jean Thuile s’élevant contre cette « improvisation » dans Thème sur le Peyrou, Montpellier : Causse, Graille et Castelnau, 1946, p. 11 sq.

   5.Michel MARTIN, Les monuments équestres de Louis XIV : une grande entreprise de propagande monarchique, Paris : Picard, 1986, p. 63 sq.

   6.Anne BLANCHARD, « De Pézenas à Montpellier, transfert d’une ville de souveraineté », Revue d’Histoire moderne et contemporaine, janvier-mars 1965, t. XII, p. 35-49.

   7.Sur le collège des Jésuites, voir J. NOUGARET, op. cit., t. I, p. 138-143.

   8.M. MARTIN, op. cit., p. 170.

   9.Montpellier, Arch. dép., C 7931.

   10.Voir en particulier le plan de l’ingénieur La Blottière dressé en 1731 (Projets et dessins pour la place royale du Peyrou à Montpellier, op. cit., p. 27).

   11.Lettre de Joubert, 14 septembre 1717 (Montpellier, Arch. dép., C 7931). Les oppositions au projet sont commentées dans Projets et dessins pour la place royale du Peyrou à Montpellier, op. cit., p. 21-22.

   12.Sur le projet de Gabriel, voir Projets et dessins pour la place royale du Peyrou à Montpellier, op. cit., p. 23-24.

   13.Lettre n.s. [Basville] au Duc du Maine, n.d. [vers 1716] (Montpellier, Arch. dép., C 7931).

   14.Daniel Rabreau, « La place royale, espace iconographique », in La place et la ville, 50 rue de Varenne, n. 16, Instituto Italiano di Cultura, 1985, p. 52.

   15.Antoine ARNAUD, Pierre NICOLE, La logique ou l’art de penser, Paris, Flammarion, 1970, p. 80, chapitre « Des idées des choses et des idées des signes » ajouté à la cinquième édition de 1683. Voir aussi Michel FOUCAULT, Les mots et les choses une archéologie des sciences humaines, Paris, Gallimard, 1966, p. 78 sq. Mes remerciements vont à Jean-Marie Baudoin pour son aide précieuse dans la rédaction de cette partie.

   16.Louis MARIN, « Les voies de la carte », in Cartes et figures de la terre, Paris, Centre Georges Pompidou – C.C.I., 1980, p. 48.

   17.Selon l’expression de Catherine Bousquet-Bressolier, « De la peinture géométrale à la carte topographique », in L’œil du cartographe et la représentation géographique du Moyen-Âge à nos jours, Paris, CTHS, 1995, p. 94.

   18.Nicolas POUSSIN, Lettres et propos sur l’art, Paris, Ed. Hermann, 1989, p. 45, citée par Louis MARIN, De la représentation, Paris, Gallimard-Le Seuil, 1994, p. 347.

   19.Paul COURTEAULT, La Place royale de Bordeaux, Paris, A. Colin, 1923, p. 11 sq.

   20.Les indications concernant ce projet peu connu nous ont été transmises par Françoise Lelièvre à qui vont nos remerciements Françoise LELIEVRE, Dossier d’inventaire Nantes Bourse de commerce, Nantes, DRAC-Inventaire.

   21.L’hypothèse a déjà été développée et les références sont données dans T. LOCHARD, op. cit., p. 90.

   22.André DELORT, Mémoires inédits sur la ville de Montpellier au XVIIe siècle (1621-1693) tome second (1678-1693), Montpellier, Impr. Jean Martel, 1878, p. 220-221. Mes remerciements vont à Galle Aggeri pour son aide précieuse dans l’étude de cette partie.

   23.Montpellier, Arch. comm., DD 140.

   24.Françoise BOUDON, « Jardins d’eau et jardins de pente dans la France de la Renaissance », in Architecture, jardin, paysage l’environnement du château et de la villa aux XVe et XVIe siècles, Paris, Picard, 1999, p. 152. Sur l’ouverture paysagère des villes à la période moderne, voir également Daniel RABREAU, « La promenade urbaine en France aux XVIIe et XVIIIe siècles : entre planification et imaginaire », in Histoire des jardins de la renaissance à nos jours, sous la dir. de Monique Mosser et Georges Teyssot. Paris, Flammarion, 1991, p. 301-312.

   25.Charles d’AIGREFEUILLE, Histoire de la ville de Montpellier depuis ses origines jusqu’à notre temps, Montpellier, Jean Martel, 1737 – Marseille, Laffite Reprints, 1976, t. 2, p. 206-207. Histoire et statistique générale et particulière du diocèse et de la ville de Montpellier, n.s., n.d. [1750] (Montpellier, Arch. dép., C 46). Mémoire de Giral et Donnat, vers 1764-1766 (Montpellier, Arch. dép., C 7931). A. Young, Voyages en France…, éd. Par H. Sée, Paris, 1931, t. I, p. 132, cité par Daniel RABREAU, op. cit., p. 308.

   26.Jardins en France. 1760-1820 Pays d’illusion, Terre d’expériences, Paris, CNMHS, 1977, p. 57-58. Numa BROC, « Une découverte “révolutionnaire” : la haute montagne alpestre », in Composer le paysage, [Seyssel], Champ Vallon, 1989, p. 47.

   27.Sur la campagne au XVIIe siècle : Alain ROGER, Court traité du paysage, Paris, Gallimard, 1997, p. 79 sq., Yves LUGINBUHL, « La palette des artistes », in L’atlas des paysages ruraux de France, Paris, Ed. J.-P. de Monza, 1992, p. 123, André BERQUE, « Une certaine conception de l’environnement », in L’atlas des paysages ruraux de France, op. cit., p. 117 et Les raisons du paysage, Paris, Hazan, 1995, p. 111-115, Jean-Pierre LE DANTEC, Jardins et paysages, Paris, Larousse, 1996, p. 93-94.

   28.Alain ROGER, « Esthétique du Paysage au siècle des Lumières », in Composer le paysage, op. cit., p. 75. Piero CAMPORESI, Les belles contrées, Paris, le Promeneur-Gallimard, 1995, p. 113 sq.

   29.A. ROGER, Court traité du paysage, op. cit., p. 102. Louis MARIN, Philippe de Champaigne ou la présence cachée, Paris, Hazan, 1995, p. 44. Jean-Marc BESSE, Voir la terre, Arles, Actes Sud – ENSP – Centre du paysage, 2000, p. 50-51, n. 4.

   30.Roger de PILES, Cours de peinture par principe, Paris, 1708 – Gallimard, 1989, p. 100, au chapitre « Du paysage » et à propos du style « champêtre ».

   31.Lettre de Mme de Sévigné à Mme de Grignan, 16 mai 1680, citée par Jean-Louis LIBOUREL, « Les voitures de côté, ou l’art d’admirer la nature », in Le voyage en france, 1750-1914, Compiègne, Société des amis du Musée national de la voiture et du tourisme, 2000, p. 34.

   32.John Dixon HUNT, L’art du jardin et son histoire, Paris, Ed. Odile Jacob, 1996, p. 26 sq., J.-P. LE DANTEC, Jardins et paysages, op. cit., p. 44.

   33.J.-D. HUNT, L’art du jardin et son histoire, op. cit., p. 60-65.

   34.J.-M. BESSE, Voir la terre…, op. cit., p. 40.

   35.P. CAMPORESI, Les Belles Contrées, op. cit., p. 11.

   36.Margherita AZZI VISENTINI, Histoire de la villa en Italie, Paris, Gallimard, 1996, p. 302.

   37.Jean GUILLAUME, « Le jardin mis en ordre : jardin et château en France du XVe au XVIIe siècle », in Architecture, jardin, paysage l’environnement du château et de la villa aux XVe et XVIe siècles, op. cit., p. 121-123.

   38.Antoine PICON, Architectes et ingénieurs au siècle des Lumières, Marseille, Ed. Parenthèses, 1988, p. 96.

   39.A. BERQUE, Les raisons du paysage, op. cit., p. 109.

   40.Bruno-Henri VAYSSIERE, « “La” carte de France », in Cartes et figures de la terre, op. cit., p. 255.

   41.Mireille PASTOUREAU, « Feuilles d’atlas », in Cartes et figures de la terre, op. cit., p. 442-444 et Les atlas français, XVIe-XVIIe siècles. Répertoire bibliographique et étude, Paris, BnF, 1984.

   42.Monique PELLETIER, La carte de Cassini, Paris, Presses de I’E.N.P.C., 1990, p. 21 sq.

   43.M. PASTOUREAU, « Feuilles d’atlas », op. cit., p. 450 et 446-447. M. PELLETIER, La carte de Cassini, op. cit., p. 32. Marie-Anne CORVISIER DE VILLELE, « Les Naudin et la cartographie militaire française de 1688 à 1744 », in L’œil du cartographe, op. cit., p. 151-163.

   44.Anne-Marie CORVISIER, « Un aperçu sur la cartographie militaire des bords du Rhin au début du XVIIIe siècle : le Théâtre de la guerre en Allemagne de Naudin l’Aisné (1726) », Bulletin du Comité Français de Cartographie, 1991, n° 130, p. 17 sq.

   45.Pour le Languedoc : François de DAINVILLE, « Cartes anciennes du Languedoc (XVIe-XVIIIe siècles) », Bulletin de la Société languedocienne de géographie, juillet-décembre 1960, 2ème série, t. XXXI, p. 89-305.

   46.F. MOREIL, L’intendance de Languedoc à la fin du XVIIe siècle, op. cit., p. 43

   47.Documents sur les routes en Languedoc-Roussillon 1680-1789, Association pour la promotion des Archives en Languedoc-Roussillon, 1985 (non paginé) : doc. n° 6 et 7. Jean-Luc MASSON, « Les infrastructures de transport dans les Cévennes », in Les routes du sud de la France de l’Antiquité à l’époque contemporaine, Paris, CTHS, 1985, p. 416-417.

   48.Françoise MOREIL, « Le testament politique de l’intendant Basville », Études sur l’Hérault, 1982, XIII, n° 4-5, p. 20.

   49.Cité dans Documents sur les routes en Languedoc-Roussillon 1680-1789, op. cit.

   50.Voir les notices de Nicolas FAUCHERRE dans Le Guide du Patrimoine – Languedoc-Roussillon, Paris, Hachette – Ministère de la Culture, 1996 et Antoine de ROUX, Alain AYATS, Atlas historique des villes de France Collioure, Port-Vendres, Paris, CNRS, 1997.

   51.Histoire et statistique générale et particulière du diocèse et de la ville de Montpellier, n.s., n.d. [1750] (Montpellier, Arch. dép., C 46).