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Description

La Loge de la « Liberté » à l’Orient de Saint-Chinian de la Corne 1781-1787

A la veille de la Révolution française, la Loge établie sous le titre distinctif de « La Liberté » connaît une vie active. Son développement est lié à l’essor contemporain des fabriques de draps fixées sur les rives du Vernazobres, là où les transports doivent subir des ruptures au moment où ils s’apprêtent à franchir les pentes des monts situés entre le Vallon de Saint Chinian et celui du Jaur, entre le Vernazobres et les cités de la Montagne Noire et du Saumail.

La demande de constitution de cette loge qui est certifiée par la R.L. régulière des « Vrais Amis » à l’O… de Toulouse le 15 juin 1781, comporte déjà 24 noms. Quant au premier tableau annuel, orné de la devise « Veritas, Equitas, Concordia », il en présente 26. Enregistrée seulement le 26 mai 1783 par le G… O… de Paris, cette liste permet de définir quelques traits de la société maçonnique de Saint Chinian au début de la décennie 1780. Répartie entre 7 maîtres et 19 apprentis, elle rassemble des membres dont l’âge varie de 60 à 23 et dont certains sont parents : par exemple, le plus âgé, Pierre Fourcade, père, avocat au Parlement et viguier de la communauté n’est autre que le père d’un des deux plus jeunes, Martial Fourcade cadet, négociant. Malgré d’indéniables différences sociales, économiques et culturelles, l’ensemble suggère un certain degré d’aisance. A côté de trois prêtres dont un professeur, et de deux écuyers, la majorité appartient au Tiers. Elle réunit sûrement, un receveur des Tailles et un receveur des Domaines, un bourgeois, quatre avocats, un inspecteur des Manufactures, un entrepreneur de manufacture royale, sept négociants, un bourgeois et un maître en chirurgie. Elle est aussi formée d’un ancien officier et des seigneurs d’Assignan et de Caussade. Le Tableau des officiers dressé le 10 avril 1783 confirme l’influence des milieux d’affaires dans cette Loge :

Par la suite, les effectifs sont fluctuants. Le Tableau pour 1784, signé le 25 avril 1784, par Gondard, ne comporte plus que dix-neuf noms, ceux de quatorze membres, d’un compagnon et de quatre apprentis. En revanche, celui de 1785 en donne trente-quatre, total qui ne sera jamais plus atteint jusqu’à la Révolution. Ils se composent de douze officiers et de 22 membres affiliés, agrégés ou honoraires parmi lesquels apparaissent des personnalités du diocèse de St.-Pons et de la province. A côté de négociants comme Donnadieu, d’un receveur des Domaines, comme Nogarède, d’un Maître des postes comme Crassoux ou encore de prêtres comme Bonnel, sont en effet mentionnés l’évêque de St.-Pons, Bruyères-Chalabre et celui de St.-Omer de la même famille et quelques autres membres de celle-ci, le Marquis de Chalabre, le Comte de Bruyères, Capitaine de vaisseau, le Vicomte de Bruyères, lieutenant de gendarmerie. D’autres noms du second ordre sont aussi mentionnés : ceux du Comte de Voisins, capitaine d’infanterie, de Pierre de Belveze et le Comte d’Aguilar, tous deux capitaines de cavalerie, Fr. de Pardailhan, enseigne des Suisses de Monsieur et deux écuyers, MM. de Lama et Niocel de Tegra.

Les deux derniers tableaux conservés pour la période antérieure de la Révolution, ceux de 1786 et de 1787 laissent apparaître une baisse des effectifs. Chacun, en effet, ne signale que quinze membres dont huit honoraires, recrutés toujours pour la plupart au sein de la famille de Bruyères-Chalabre. L’évêque de Saint-Pons est toujours mentionné.

Ces tableaux annuels de la Loge de la Liberté de Saint-Chinian, conservés à la Bibliothèque nationale, permettent donc de saisir tout à la fois la réelle hétérogénéité sociale de ses membres et la présence importante, et sans doute l’influence, de la famille Bruyères-Chalabre à laquelle appartenait l’évêque de Saint-Pons. […]

Informations complémentaires

Année de publication

1988

Nombre de pages

2

Auteur(s)

Michel MARTINEZ

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf