La constitution de la paroisse de Lattes

* Président de l’association Lattes Loisirs et Culture

[ Texte intégral ]

L’histoire de la paroisse de Lattes s’apparente à la construction d’un puzzle.

Il est en effet étonnant de lire dans le compte rendu des réunions du conseil municipal de 1864 le texte d’une lettre envoyée à l’évêque de l’époque, Monseigneur Lecourtier (1861-1874) :

« Monseigneur, notre commune aujourd’hui presque privée du secours religieux, renfermait avant 1789 les paroisses de Lattes, Soriech et Maurin ; les curés de St Hilaire, de St Marcel et de Montels desservaient plusieurs domaines qui en dépendaient ; la Céreirède avait son chapelain ; deux aumôniers étaient chargés de l’hôpital de Lattes et de la maladrerie des chevaliers de Malte » 1. (Fig. 1)

Les paroisses autour de Lattes au XVIIIème siècle. Carte de Cassini 1744 (BVa86).
Fig. 1 - Les paroisses autour de Lattes au XVIIIème siècle.
Carte de Cassini 1744 (BVa86).

Les édiles de l’époque sont soucieux de la vie religieuse de la commune. Ils se sont tournés de la même manière vers le préfet qui, à cette époque, est en charge de la gestion des « cultes ». Dans le passé, comme il est dit, le territoire communal relevait de plusieurs paroisses. Qu’en était-il à proprement parler de la paroisse de Lattes ?

Au moment où les conseillers municipaux écrivent ces lettres, l’église de Lattes est une chapelle annexe de l’église de Pérols. Les relations entre les deux communes ne sont pas des plus sereines et le conseil municipal de Lattes souhaite un développement de la vie religieuse sur son territoire.

Il parait instructif de revenir sur l’histoire même de la commune pour comprendre la place des différentes églises mentionnées et l’organisation de la paroisse.

Lattes, une commune vide et pourtant réelle

L’activité portuaire qui a fait sa renommée s’est complètement tarie au XVIIème. Lattes, comme ensemble habité, a disparu à son tour. Elle est à peine évoquée dans un document juridique établi en 1743, par les Jésuites qui sont propriétaires du Mas d’Encivade :

« La ville de Lattes lez Montpellier estoit jadis assez considérable pour ses habitants, ses murailles, ses fossés, ses privilèges et son commerce, ayant même un port de mer, mais depuis de longues années, il ne reste plus rien de tout cela qu’une chapelle et quelques petites masures, de sorte que les consuls dudit Lattes sont toujours pris des principaux habitants de Montpellier qui ont de gros domaines, la plupart nobles, dans ce terroir grand et fertile. » 2

Plus important encore, l’Intendant Le Nain, gestionnaire de la Province du Languedoc, avait déclaré en 1740 :

« Le lieu de Lattes est inhabité depuis plus d’un siècle et il a été déclaré tel par arrêt du conseil du 19 décembre 1676 de sorte qu’il n’y a absolument aucun habitant (autre) que les valets qui cultivent les métairies répandues sur le terroir, (ils) sont de divers pays et ne demeurent dans les métairies que d’une année sur l’autre. Les propriétaires de ces métairies résident tous à Montpellier et depuis plus de cinquante ans il ne s’est peut-être pas fait deux baptêmes dans la paroisse de Lattes. » 3

Ce texte mérite quelques commentaires. (Fig. 2)

Les grandes propriétés de Lattes.
Fig. 2 - Les grandes propriétés de Lattes.

Lattes s’est développée près du site de l’antique Lattara qui avait sombré dans la lagune à la fin du IIIème siècle. C’est à l’initiative de Guilhem V au XIIème siècle que l’intérêt du commerce maritime a pris de l’ampleur. Le seigneur de Montpellier avait ainsi souhaité amplifier la dimension écono-mique de la ville. Le port lagunaire a pris de l’expansion du XIIème jusqu’au XVème siécle. Cela s’est traduit par la construction d’un castrum et la délimitation de son territoire. Jacques d’Aragon en 1241 4 en avait précisé le contour.

Les changements dans les flux économiques (découverte de l’Amérique modifiant l’intérêt de la Méditerranée, entrée de Marseille dans le royaume de France et création du port de Sète) ainsi que des décisions royales ont modifié la physionomie de Montpellier et de son environnement.

Leroy-Ladurie,professeur au lycée Joffre, s’est intéressé à l’analyse des compoix, c’est à dire les anciens cadastres, de Lattes. Il est arrivé au constat que Montpellier était passée d’une ville marchande à une ville administrative, durant le XVIème siècle. La mise en place de plusieurs juridictions financières avait abouti en 1623 à l’institution, dans la ville de Montpellier, de la Cour des Comptes Aides et Finances du Languedoc. Pour l’historien, l’évolution de ces organes administratifs est à l’origine de l’émergence d’une nouvelle classe sociale, celle des fonctionnaires royaux. Ces personnages manipulent beaucoup d’argent. Ils peuvent investir. Et l’historien constate que, au fil des ans, les propriétés s’agrandissent, que des terres nouvelles sont conquises sur les étangs mais que cela conduit peu à peu à évincer la petite propriété lattoise 5.

Les habitants reconnus de Lattes sont les grands propriétaires des métairies. Ils habitent Montpellier mais occupent les places de consuls. Les plus petits propriètaires sont représentés par un syndic « des habitants forains ». Il y a bien des ouvriers agricoles dans ces mas mais ils n’ont pas le titre d’habitants. C’est une population migrante peu stable, mouvante selon les travaux saisonniers. Il n’y a pas ou très peu de baptêmes : on ne vit pas à Lattes, on n’y vient que pour y travailler.

Lattes apparait comme une sorte de fantôme. (Fig. 3) On fait référence au nom, à la communauté, mais ce n’est qu’un espace cultivé que gèrent les 20 à 25 possesseurs des mas. L’absence d’habitants sera parfois un prétexte utlisé par ces consuls pour échapper aux obligations qu’exigeait le pouvoir royal. Pas de tirage au sort pour envoyer quelqu’un à l’armée, pas de désignation pour faire partie de la milice, pas de réquisition de matériel ou d’animal de trait : il n’y a pas d’habitants !

Cela durera jusqu’à la Révolution mais, à cause de cela, Lattes a failli ne pas exister. Ces possédants seront cependant assez influents pour faire reconnaitre la réalité de ce territoire.Ils écrivent à la Convention pour faire reconnaitre l’existence de Lattes : « C’est par erreur que l’administration du département de l’Hérault a écrit au comité que la commune de Lattes était inhabitée. » (Fig. 4)

Au début du XIXème siècle, le centre de la commune est encore embryonnaire (Cadastre napoléonien, 1818). (ADH, 3 P 3557).
Fig. 3 - Au début du XIXème siècle, le centre de la commune est encore embryonnaire (Cadastre napoléonien, 1818). (ADH, 3 P 3557).
Lettre de la municipalité de Lattes à la Convention nationale (ADH, L1131).
Fig. 4 - Lettre de la municipalité de Lattes à la Convention nationale (ADH, L1131).

Lattes, un territoire aux multiples paroisses

La liste des paroisses auxquelles fait allusion la lettre du Conseil Municipal de 1864 est bien réelle. Chacune d’elles gère une fraction de l’espace lattois de telle sorte que, pour chacune de ces portions, la notion de « paroisse » de Lattes est différente selon les périodes. (Fig. 5)

St Michel de Montels

Elle se situe au sud-ouest de Montpellier sous la colline de Cholet. Elle existe encore mais vendue comme bien national à la révolution, elle est une demeure particulière.

Elle englobait les Mas de Manse, Desplans, Fromiga, Mariotte, Rondelet, Saporta. Parfois même celui d’Encivade 6.

Les évêques ont souvent organisé des visites pastorales. Les enseignements qu’ils en retirent sont parfois instructifs.

Carte des lieux de culte recensés.
Fig. 5 - Carte des lieux de culte recensés.

Résultat de la visite de 1684 à Montels :

Description de l’église On a retranché la moitié de la nef pour héberger le prêtre.
St Patron St Michel, 29 septembre.
Fonds baptismaux Oui, il y a une piscine.
Curé, origine et formation M. Jean Revel, 38 à 40 ans, originaire du diocèse de Vabre, est vicaire depuis le 6 juin 1676.
Clerc
Hôpital Non.
Seigneur temporel Le Roi.
Nb. de métairies 23 à 24.
Revenu 4 000 livres.
Nombre de communiants 20 au moins.
Concubins Oui, à la métairie du Poujol.
Danse le dimanche Non.
Hérétiques 6 à 7.

La description ci-dessus est issue d’un recueil d’informations que l’évêque Charles de Pradel voulut avoir sur chacune des paroisses qu’il visita à la fin du XVIIème. Les rubriques définies décrivent tout autant des données factuelles sur l’état de l’église et son desservant, que des observations sur la vie religieuse. Cela sera repris pour les autres églises visitées 7. (Fig. 6)

Ainsi à St Michel de Montels, le bâtiment est en état précaire. Le curé est hébergé dans une partie de la nef car la « maison curiale » est en piteux état. Il y a cependant une piscine pour baptiser, un cimetière non fermé. Pour les travaux, il sera fait appel aux consuls de Lattes.

Le nombre de métairies qui en dépendent est important. Le revenu de ce fait est conséquent.

La pratique religieuse est en partie observée puisqu’il y a 20 communiants mais il reste encore quelques hérétiques. On ne danse pas le dimanche (il n’y a donc pas de mauvaises mœurs) mais on y rencontre quelques concubins.

Il y a quelques hérétiques mais cela est moins préoccupant que les bonnes mœurs.

Saint Michel de Montels, vu par Amelin en 1820 (Médiathèque centrale de Montpellier Agglomération)
Fig. 6 - Saint Michel de Montels, vu par Amelin en 1820 (Médiathèque centrale de Montpellier Agglomération)

Par ailleurs, il faut signaler le souvenir d’une villa gallo-romaine à l’origine des mas Desplans et Manse. On y trouve la mention d’une église dans un dessin du XVIIème siècle. (Fig. 7)

Ce sont les traces d’une ancienne église érigée durant la période mérovingienne sous le vocable : St Jean de Cocon. Il en fut question dans une bulle papale de 896 et une lettre du roi.

Cette paroisse sera ensuite intégrée à celle de Montels.

L’existence de ces paroisses remonte à la période carolingienne :

« Au nom de la Sainte et Indivisible Trinité, Louis, par la divine providence empereur vénérable des Francs, à Raymond, évêque de Maguelone et à ses successeurs qui continueront conformément à la règle et au saint couvent de son église.

Nous vous concédons en propriété perpétuelle le château de Villeneuve avec toutes ses dépendances… Gigean,… le Terral,… Montpelliéret, avec toutes leurs dépendances, ainsi que des droits sur Guilhem de Montpellier avec toutes ses paroisses et le château de la Palud.

St Jean de Cocon. (ADH, G 3587 f°)
Fig. 7 - St Jean de Cocon. (ADH, G 3587 f°)

Nous vous rendons hommage et vous donnons la villa d’Exindre, la villa de l’Amancon, la villa de Maurin, et la villa de Cocon avec toutes leurs dépendances lesquelles sont dans le castrum de Villeneuve » 8.

Les évêques, à partir de Villeneuve investie après la destruction de Maguelone par Charles Martel, se font reconnaitre un territoire où l’on découvre entre autres Maurin et Cocon. A cette époque, Lattes n’a pas pris toute son importance : on parle du château de la Palud (autre nom du tènement de Lattes) mais pas du tout d’une quelconque paroisse. Lattes à cette époque est embryonnaire.

Au XXème siècle, la messe sera célébrée dans un mas voisin, le mas de Mariotte.

Saint André de Maurin

« Sant Andrea de Maurino » est l’église d’une villa au XIème siècle. Celle-ci deviendra la propriété des évêques de Maguelone et de son chapitre. Ces derniers seront très soucieux de faire respecter leur juridiction face au seigneur de Montpellier. C’est une propriété considérable qui pourra atteindre 900 ha. Elle s’étend jusque vers le bois de Maurin en incluant la Jasse qui en est tout simplement la bergerie. C’est une paroisse qui ne se différenciera pas de la propriété.

Le compoix de 1788 mentionne l’existence de l’église mais dans le milieu du XVIIIème, la paroisse avait été intégrée à St Michel de Montels.

On n’a pas de document représentant ce bâtiment mais seulement la description issue du compte rendu de la visite pastorale :

Description de l’église Elle a été démolie ; il n’en reste qu’une partie du chœur et une chapelle où on a mis le maitre autel ; l’un et l’autre est vouté ; soutenu de bonnes murailles ; le tout fermé à clef ; mais il y a un pigeonnier au dessus.
St Patron St André, fête le 30 novembre.
Sacristie Il y a un réduit sombre derrière l’autel.
Fonds baptismaux ?
Curé, origine et formation Barthélémy Journé, 89 ans, du diocèse de Narbonne, du lieu de Gruissan.
Clerc Non.
Maison curiale La maison est toute petite, il n’y a pas même une chambre.
Cimetière Il y en a un, tout ouvert.
Hôpital Non.
Seigneur temporel Le chapitre de Maguelone.
Nb de métairies Aucune autre que Maurin.
Revenu 2 000 livres en argent, 2000 setiers de blé, 2 000 setiers d’avoine, 9 setiers à l’hôpital St Eloi, 60 setiers pour les pauvres passants, outre que le gérant est obligé de nourrir le garde terre et de lui donner 50 livres de gages. Les prairies sont à part et l’on en donne toutes les années 1950 livres.
Nombre de communiants 9 à 10.
Concubins Point.
Danse le dimanche Non.
Hérétiques 28, sans compter les bergers qui sont au nombre de 10 ; ils ne sont pas encore de retour de la montagne.

On voit bien dans cette description que la « paroisse » se calque sur l’exploitation. Il n’y a pas d’autre métairie. Le contrat de fermage est cependant précis à ce sujet. Même si paroisse et exploitation se confondent, la pratique religieuse doit être respectée.

« Premièrement, le dit rentier sera tenu de nourrir et entretenir le prêtre et le clerc qui viendront faire le saint et divin service en l’église de Maurin ; pendant le séjour qui est et suivront les dimanches et les fêtes et autres jours qui y viendront administrer les sacrements le dit chapitre paiera le séjour du prêtre et du clerc ». (Fig. 8)

Extrait du contrat passé entre le Chapitre de Maguelone et un certain Estelle, gérant de la propriété de Maurin.
Fig. 8 - Extrait du contrat passé entre le Chapitre de Maguelone et un certain Estelle, gérant de la propriété de Maurin.

Le bâtiment en cette fin du XVIIème n’est pas flamboyant. Il ne reste que le chœur et une chapelle. Il ne semble pas avoir été la préoccupation ni du chapitre ni du fermier. L’église est située sous un pigeonnier.

Le fait d’être propriété du chapitre ne semble pas avoir eu une conséquence sur la pratique religieuse de cette paroisse-métairie. Il y a bien quelques pratiquants catholiques mais ils sont bien moins nombreux que les « hérétiques ». On peut se demander si les chanoines n’étaient pas plus intéressés par le rendement de leur ferme que par l’orthodoxie religieuse des personnels qui y étaient employés.

Il est clair que c’est une exploitation importante. Au moment de la visite de l’évêque, une cinquantaine de personnes y travaille à résidence. Elle a, à ce moment-là, une grande valeur économique au vu de la description des revenus qui en est faite.

Les bonnes mœurs semblent respectées. Pas de danse, pas de concubins… Le personnel de l’exploitation, à part le régisseur représentant le fermier et qui y vit en famille, est la plupart du temps composé d’ouvriers agricoles célibataires. Ils sont originaires des régions montagneuses et ne s’engagent que pour des travaux saisonniers. On ne connait pas de « registre de catholicité » pour cette paroisse : pas de baptêmes, ni mariages ni enterrements. Il y a pourtant l’indication d’un cimetière mais son emplacement reste à être déterminé.

Vendu comme bien national en 1791, l’un des acheteurs du domaine en sera un certain Sabatier. Les descendants de cette famille, devenue au XIXème, Sabatier d’Espeyran, se déferont progressivement de parties de la propriété, mais il restera encore près de 300 ha lorsque la SAFER l’acquerra en 1962.

Lors de la réalisation du quartier de Maurin, la chapelle œcuménique reprendra le patronyme de St André.

Saint Etienne de Soriech

C’est la troisième paroisse mentionnée par la lettre des conseillers municipaux de 1864.

Il semble qu’elle ait été constituée sur la base d’une villa gallo-romaine au patronyme de « Soregia » dont des éléments furent mis à jour au XIXème siècle. L’ordre du Temple s’y installera e bâtira une grande propriété incluant l’Estagnol et Boirargues. Les bâtiments de la paroisse seront plus ou moins inclus dans la « Grange » des templiers mais l’ensemble sera vendu comme bien national en 1791. Les Chevaliers de Malte avaient remplacé les Templiers.

Description de l’église ?
St Patron St Etienne, le 3 août, le jour de son invention.
Fonds baptismaux ?
Curé, origine et formation On y envoie un des prêtres du bas chœur de la cathédrale. Formé à Montpellier.
Clerc Pierre Durand a signé.
Maison curiale Point de maison curiale ce qui a incité « M. de Boirargues, trésorier de France, à offrir une chambre dans sa métairie voisine de l’église pour que le sieur curé puisse y loger et résider dans la paroisse en attendant que la maison presbytérale soit finie ».
Cimetière Il y en a un, sans croix et sans murailles.
Hôpital Non, ni maladrerie.
Seigneur temporel M. le marquis de Grave.
Nb de métairies 8.
Revenu 730 livres et 30 setiers de blé.
Nombre de communiants Environ 10. Il y a 2 valets de la métairie de Mme de Ricard qui n’ont pas encore fait leurs pâques. Ce sont de nouveaux convertis.
Concubins Point.
Danse le dimanche Non, grâce à Dieu.
Hérétiques Il y en a 9 ou 10 à savoir 2 à Figuières et le reste dans la métairie de Ricard. Religionnaires, (c’est à dire protestants).

Cette paroisse desservait les mas situés au nord-est de la commune actuelle : Boirargues, Fitzgérald, Mas rouge, Jaume, mais aussi Figuières. Les archives départementales détiennent les « registres de catholicités » tenus jusqu’à la Révolution, qui témoignent des divers événements familiaux qui s’y déroulèrent entre 1658 et la Révolution. (Fig. 9)

En cette fin des années 1680, l’état de la paroisse n’est pas reluisant. On ne connait pas l’état du bâtiment. On sait seulement qu’il n’y a pas de cloche ni de clocher. La maison curiale n’existe pas, ce qui a incité M. de Boirargues à accueillir le curé dans sa métairie.

On peut s’étonner de l’affirmation de l’absence d’hôpital et de « maladrerie » alors qu’en 1864, la lettre adressée à l’évêque évoque une telle possibilité. Est-ce un souvenir de l’activité des Templiers ?

Extrait de registre paroissial de St Etienne de Sorièch, 1749. (ADH, 1 MI EC 129/1)
Fig. 9 - Extrait de registre paroissial de St Etienne de Sorièch, 1749.
(ADH, 1 MI EC 129/1)

Il y a un cimetière, mais il est sans croix et sans murailles. Sa localisation serait intéressante. On notera par ailleurs qu’il a été utilisé comme cimetière de secours lorsque celui de Lattes ne pourra plus accueillir de nouvelles tombes.

Le seigneur temporel n’est pas directement le roi mais le Marquis de Grave qui a reçu ce titre de Louis XIV en 1695 afin de pouvoir mener à bien l’endiguement du Lez pour le rendre navigable.

Le nombre de métairies est faible : 8 seulement et la richesse en est bien inférieure à celle de Maurin.

Le « grâce à Dieu » exprimé pour souligner l’absence de danse du dimanche, est évocateur de l’ambiance puritaine qui semble prédominer dans cette période qui suivit les guerres de religion.

Les communiants et les « hérétiques » semblent se partager la population.

Quelques autres lieux de culte

Dans la lettre du Conseil Municipal sont évoqués d’autres lieux de culte.

Saint Hilaire de Centrayrargues

Cette paroisse du sud de Montpellier desservait les métairies du quartier actuel de la Rauze. Le mas de la Céreirède en faisait partie. Il semble que ce mas eut une chapelle, dans le temps, sous le vocable de St Claude.

En 1670, l’évêque, suite à une visite, recommanda la fermeture de ce lieu de culte. « …de plus ordonnons que l’acte de fondation de la chapelle St Claude faite dans la métairie de la Céreirède dont M. de Cadoule jouit à présent nous sera remis et cependant interdisons ladite chapelle. » (Fig. 10)

Ordonnance de fermeture de la chapelle de la Céreirède. (ADH, 2232).
Fig. 10 - Ordonnance de fermeture de la chapelle de la Céreirède. (ADH, 2232).

Saint Michel de Fréjorgues

Mentionnée dans la lettre, elle pouvait avoir eu un rayonnement sur les mas de Fangouse ou Bonneterre. Le bâtiment pourrait être localisé vers Vauguières, il a été démoli durant le XVIIème siècle.

Saint Vincent de Salvignac

Ce lieu de culte n’est pas mentionné dans la pétition du Conseil Municipal. C’est pourtant un ancien foyer d’habitation. La Villa de Salvignac est à l’emplacement du mas de l’Estelle. Elle est associée à St Sauveur de Pérols.

Son rattachement à Lattes fut un temps indécis car la frontière entre Lattes et Pérols traversait son territoire :

« Il est certain que la métairie appelée de l’Estelle appartenant à M. de Girard, est bâtie partie dans le terroir de Lattes et partie dans le terroir de Pérols, la limite de séparation des deux terroirs étant dans la cuisine de la métairie ». (Fig. 11)

Limite de paroisse au mas de l’Estelle. (ADH, EDT 8 f° 41).
Fig. 11 - Limite de paroisse au mas de l’Estelle. (ADH, EDT 8 f° 41).

L’hôpital

La lettre de 1864 mentionne un aumônier de l’hôpital.

On connait l’existence d’un hôpital à Lattes car, chaque année, après leur élection, les consuls devaient prêter serment le 25 mars, puis après ils allaient visiter l’hôpital. Il y avait aussi, à côté d’eux, un « procureur des pauvres » chargé du suivi des soins apportés dans cet établissement.

Cet hôpital a comme premier objectif d’être un lieu d’accueil et non un lieu de traitement.

La gestion en est confiée à l’Ordre de St Lazare, mais en 1705, celui-ci fut supprimé et l’hôpital rattaché à l’hôpital général de Montpellier. (Fig. 12)

L’hôpital lui-même était situé près de la muraille sud du château de Lattes.

Définition des buts de l’hôpital de Lattes.
Fig. 12 - Définition des buts de l’hôpital de Lattes.

Notre Dame de Palud / Saint Laurent de Lattes

La paroisse de Lattes n’apparaît que tardivement dans les documents. Le port et le château sont des créations des seigneurs de Montpellier à partir de la moitié du XIème siècle.

Le bâtiment primitif fut construit par Guilhem VI, seigneur de Montpellier et de Lattes, cité dans son « castrum » en 1143 9. Sa première dénomination est celle de « Notre Dame » et plus précisément « Notre Dame de la Palud » en raison du surnom de Lattes situé au milieu des étangs. En 1186, dit le prévôt du chapitre de Maguelone : « Dono et concedo in perpetuum ecclesiae sanctae Mariae de Latis … Je donne à perpétuité à l’église Ste Marie de Lattes la moitié de la dime de blé. » 10

Cette église subit les vicissitudes des guerres de religion, en particulier en 1652. Montpellier étant devenu une place forte des Protestants, l’armée royale catholique s’empara de Lattes et installa son campement sur le domaine d’Encivade. Les escarmouches qui s’en suivirent provoquèrent des bombardements qui achevèrent de ruiner le château de Lattes et l’église.

Un deuxième passage de l’armée royale en 1670 ravagea la région. Lattes à nouveau subit des destructions.

Il fallut attendre 1693 pour qu’une reconstruction soit entreprise. Celle-ci est réalisée dans « l’enceinte de l’ancienne église » selon le compte rendu de la bénédiction du 10 août. L’église est reconstruite plus petite en utilisant les matériaux trouvés sur place. Un appel d’offre minutieux détaille le travail à réaliser.

L’ancien édifice a été passablement dévasté. Il semble que seules l’abside principale et l’absidiole sud soient les rescapées de l’édifice roman. Toutes les voûtes ont été effondrées. Mais cette reconstruction a conservé les restes d’un mur gothique qui apparaissent dans l’estampe de 1763. (Fig. 13)

Les ruines de Lattes, église Notre-Dame de la Palud (1763).
Fig. 13 - Les ruines de Lattes, église Notre-Dame de la Palud (1763).

Les destructions ont dû être telles qu’il a fallu abandonner l’absidiole nord, rebâtir les voutes du chœur, de la nef et de l’absidiole sud. Il fallut également combler l’espace entre les piliers ce qui donnera les contreforts que l’on voit actuellement à l’extérieur.

On a réemployé certains éléments de décoration, des modillons, que l’on peut voir sur la façade actuelle et à l’extérieur de l’abside. Ils représentent des têtes d’hommes entre lesquelles apparaissent des têtes d’animaux. Leur signification est assez obscure. (Fig. 14)

Modillons de l’abside (photo de l’auteur).
Fig. 14 - Modillons de l’abside (photo de l’auteur).

La reconstruction n’a pas pris en compte la façade gothique. Pendant une centaine d’années, elle va rester dressée à quelques mètres (7 à 10) de la façade actuelle. L’usure du temps la rendit non seulement inutile mais surtout dangereuse. Le conseil de communauté envisage de la détruire en 1788 :

« Fargeaud, premier consul a été dit qu’il a été informé depuis longtemps que la façade de l’ancienne église de la communauté menace ruine, que plusieurs fermiers, domestiques et autres personnes qui habitent dans la paroisse sont obligés d’aller entendre la messe ailleurs dans la crainte de se trouver sous les ruines de la dite façade, par la porte de laquelle il faut de toute nécessité passer pour aller dans l’église actuelle ; que cette façade n’est d’aucune façon utile à la communauté, qu’en conséquence il l’a faite vérifier par Sieur Dumas, maître maçon architecte de la présente ville, lequel par le certificat qu’il a donné décide que la façade menace une ruine prochaine par son ancienneté, les pieds de laquelle ne peuvent plus la soutenir étant presque rongés par le temps.

Desplans a dit que si l’assemblée trouvait à propos de faire démolir la dite façade, il offrait de la faire démolir à ses frais et depuis jusqu’à la hauteur de la partie d’enceinte de l’ancienne église moyennant les matériaux dont partie serviront à réparer et faire bâtir aussi à ses frais et depuis les brèches qu’il y a, à ladite partie d’enceinte tant à droite qu’à gauche et sur le devant de la façade qui restera et de faire mettre une fermeture à clairevoie à la porte qui se trouvera au milieu de la façade. » 11 (Fig. 15)

Église Saint Laurent, vue par Amelin vers 1820 (Médiathèque centrale de Montpellier Agglomération).
Fig. 15 - Église Saint Laurent, vue par Amelin vers 1820
(Médiathèque centrale de Montpellier Agglomération).

L’église prendra alors l’allure que nous lui connaissons. Entretemps, elle changera de nom. Ce ne sera plus « Notre Dame » mais St Laurent. Cela se constate au moment de la reconstruction. L’édifice est béni par le vicaire général le 10 août, fête de St Laurent. On peut se demander si le nom est dû au jour de la bénédiction ou bien si celle-ci s’est déroulée le jour de la fête du Saint patron.

Elle sera classée monument historique le 22 juillet 1922. En dehors de ces références architecturales, quel est l’état de la paroisse visitée par l’évêque ?

Description Mal couverte, il pleut dedans.
St Patron St Laurent 10 août.
Fonds
baptismaux
Il y en a un avec son dôme.
Clocher
et cloche
Il n’y a point de clocher mais deux cloches !
Curé, origine
et formation
Maison curiale
Cimetière Le cimetière est plein ( ?) et « présentement on enterre dans l’église ; il n’y a point de croix, la vieille église est fermée à clef ».
Hôpital Il y en a un ; il est administré par les Mrs de St Lazare ; on ne dit plus de messe pour cet hôpital.
Seigneur
temporel
Le marquis de Grave.
Nb de
métairies
Le curé dit deux (Encivade et Moulin), mais le vérificateur rectifie et écrit « on dit que ces deux métairies sont de la paroisse de Montels » !
Revenu 900 livres.
Nombre de
communiants
?
Concubin Point.
Hérétiques Il n’y a point d’exercice de la R.P.R.. Il n’y a point d’hérétique dans la paroisse si ce n’est un certain Bresse ( ?) qui se tient à Montpellier et qui a été établi par Messieurs de la communauté pour arroser les prés. Il vient souvent à une petite maison qui est en deçà de la rivière vis-à-vis le moulin de Melle de Solas avec une femme de Montpellier qu’on nomme Berthoumine de la paroisse de Ste Anne ; cela scandalise toute la paroisse ; outre cela c’est un blasphémateur du saint nom de Dieu. Il serait à propos de le faire virer de cette charge pour le bien de cette paroisse.

C’est à partir de cette visite que la reconstruction sera décidée. On peut noter cependant la pauvreté de la « paroisse » par rapport à Maurin ou Montels. On n’est même pas sûr de son étendue, ni du nombre de communiants, mais il n’y a point d’hérétiques ! Le couple « scandaleux » n’habite pas en permanence près du moulin de la 3ème écluse.

Cela donne l’impression d’une certaine vacuité. On peut se rappeler alors les mots de l’intendant Le Nain à la page 2.

Les cloches et la cuve baptismale ont disparu.

Le tournant de la Révolution

Les chamboulements qui vont pendant dix ans profondément bouleverser la France ont eu des répercussions à Lattes et sur sa paroisse. L’adoption de la Constitution Civile du Clergé le 12 juillet 1790 provoque la rupture au sein de l’Église de France. Il y eut des prêtres constitutionnels et des prêtres réfractaires. Les parcours différents de deux curés de Lattes illustrent ces événements.

Le Curé Porre

Il est en fonction à Lattes en 1789. Il est curé d’une paroisse pauvre, comme on vient de le voir. Il doit faire partie de ces prêtres qui sont à la « portion congrue », c’est-à-dire à faibles revenus. On sait que ce bas clergé s’allia au Tiers État lors de la tenue des États Généraux qui déclenchèrent la Révolution. Dans un premier temps, ce clergé est favorable à une réorganisation du pays pour plus d’égalité. Le curé Porre y adhère.

La gestion de la communauté ayant été modifiée, une nouvelle municipalité a été élue à Lattes, le 25 mars 1789. Le curé Porre est enthousiasmé par les changements qu’il sent poindre, aussi il n’hésite pas, en montant en chaire, à saluer ces temps nouveaux et les nouveaux élus :

« Pénétré d’admiration et même de reconnaissance pour le zèle qui vous fait aviser aux moyens de parvenir au bien général de la monarchie française après lequel tout bon citoyen soupire, je dois également y contribuer autant qu’il est en moi, et y contribuer avec d’autant plus d’effusion que j’en connais le prix » 12.

Pour le moment rien n’est remis en cause, ni la royauté, ni la place de l’Église. Il adhère donc pleinement au mouvement. Les derniers mots cités préfigurent la suite.

Dans son élan à tout remettre en cause, la Révolution s’en prend à la richesse de l’Église et à son privilège face à l’impôt. Elle nationalise ses biens. La rupture viendra cependant lors de la Constitution civile du clergé. La gestion de la religion est alors considérée comme toute autre activité publique ce qui soumet l’organisation de l’Église à n’être qu’un rouage de l’État. C’est le gouvernement qui nomme évêques et prêtres comme n’importe quels fonctionnaires. Le pape ayant condamné cette décision, car il y a risque de main mise sur le dogme, le clergé est partagé.

Le curé Porre, comme Cambon de Soriech, Ricome de St Hilaire et Poussigues de Montels 13 n’accepteront pas la Constitution civile. Pendant un temps ils recevront une rétribution de 500 frs. Plus tard, ils seront déportés ou devront se cacher. (Fig. 16)

Prédication du curé Porre.
Fig. 16 - Prédication du curé Porre.

Le curé Ruyter

Ce personnage apparait brusquement au moment de la Révolution sans que l’on connaisse son origine. Il est nommé dans des documents du 13 septembre 1791. Ayant prêté serment, il reçoit un traitement de 1200 frs. Comme la foule est hostile aux curés jureurs, Jean Baptiste Flandio, procureur de la commune, prend les devants pour assurer l’installation du titulaire 14 :

« (Nous) sommes partis de la maison commune 15 à 9 heures du matin, en compagnie dudit Ruyter, du sieur Fulcrand Castan, secrétaire greffier communal, et d’un détachement de 15 hommes de cavalerie, tant de troupe de ligne que de garde nationale, que la municipalité de Montpellier nous avait donné » ; le secrétaire greffier, dépositaire des clés a ouvert l’édifice. « Étant rentré dans l’église, revêtu de nos écharpes, le sieur Ruyter s’étant présenté en aube devant nous » a juré de « veiller avec soin sur les fidèles de la paroisse qui lui est confiée, d’être fidèle à la nation, à la loi et au roi, et de maintenir de tout son pouvoir la constitution décrétée par l’assemblée ». Il a été ensuite installé et mis en possession de sa cure, « conformément aux déclarations de Monsieur l’évêque du département de l’Hérault » 16. Il a signé le procès verbal de l’opération. (Fig. 17)

Signatures lors de l’entrée en fonction du curé Ruyter. (ADH, 5 MI 1/1 f° 19).
Fig. 17 - Signatures lors de l’entrée en fonction du curé Ruyter. (ADH, 5 MI 1/1 f° 19).

Il restera présent pendant toute la période révolutionnaire dans Lattes. Il n’interviendra pas lorsque l’église sera transformée en « temple de la raison » ; il demandera à être protégé contre les accusations de « fédéralisme » qui pourraient être portées contre lui. Il semble qu’il se soit ensuite fondu dans la vie locale, n’apparaissant que rarement dans les registres d’état civil. On ne sait pas ce qu’il est devenu.

La paroisse au XIXe siècle

La France a été profondément transformée par la Révolution. Les provinces disparaissent et sont remplacées par les départements. Pour l’Hérault, les cinq diocèses sont réunis en un seul autour du siège de Montpellier.

Il en est de même pour les paroisses. Montels disparait, Centrayrargues également. Soriech est rattaché à Lattes 17. Le Maire de Lattes s’activera pour accélérer la vente de ces divers édifices « si longtemps perdus pour la société (qui) pourraient être enfin utilisés et servir à l’agriculture » 18.

Les biens d’église sont vendus comme biens nationaux. Ainsi Maurin, en tant que propriété du Chapitre de Maguelone, est racheté par un groupe de personnes dont émergera la famille Sabatier qui deviendra d’Espeyran au cours du XIXème et qui en restera propriétaire jusqu’en 1962.

La commune de Lattes est reconnue de justesse malgré le peu de population. Il y a environ 170 habitants, résidents, en 1795 ; elle progressera peu à peu, atteindra 350 habitants en 1836 et 1 000 à la fin du siècle.

Malgré cela, la paroisse reste longtemps incertaine. Elle n’est pas mentionnée comme « église succursale » de la grande paroisse de Notre Dame des Tables en 1807. C’est Castelnau et Pérols qui sont cités 19.Le curé de Pérols dessert Lattes.

En 1846, la municipalité se met en quête d’un lieu de culte. On ne sait pas ce qui existait auparavant ni comment se déroulaient les offices. L’ancienne église avait été englobée dans la propriété d’Encivade. Celle-ci, appartenant aux Jésuites, fut vendue à la Révolution. Le bâtiment était devenu la propriété privée d’un certain Charles Fajon. La municipalité lui proposa de le lui louer. Celui-ci accepta facilement et signa un bail de 9 ans, ceci « dans l’unique but de favoriser le culte catholique » 20. Le loyer était de 200 frs mais M. Fajon fait aussitôt abandon de la somme en faveur de la commune « voulant que M. le Maire en touche le montant pour en disposer au mieux ».

La ferveur religieuse semble progresser. En témoigne cette pétition envoyée par les habitants de Boirargues 21. Ils demandent la réfection du chemin de Soriech, car en hiver il est très difficile, aux cent personnes de ce quartier, de l’emprunter le dimanche pour venir à la messe à Lattes.

Lattes est maintenant dotée d’un lieu de culte. Mais il n’y a toujours pas de curé attitré. Une convention a été signée avec la « fabrique » de la paroisse de Pérols. Un prêtre en serait détaché « chaque dimanche pendant l’été et le premier dimanche du mois pendant l’hiver ». Mais l’on constate que la convention n’est pas respectée. Ceci est d’autant plus grave que le Conseil Municipal inscrit annuellement sur son budget 200 frs pour les frais de culte et 700 frs pour défrayer le prêtre qui célèbre la messe. La lettre du Conseil Municipal de 1864 à l’évêque et au préfet témoigne de la volonté de s’émanciper de Pérols. Lattes qui a maintenant près de 500 habitants voudrait avoir un desservant sur place.

La présentation de la situation de la commune est remarquable. « Pour nous Monseigneur, nous sommes heureux de constater et de favoriser de tout notre concours, le mouvement religieux qui s’opère. Nous venons à peine de clore le mur du cimetière et d’acquérir l’église dont la révolution nous avait dépossédés… Et de plus nous avons voté des fonds pour réparer l’église et le presbytère… Tel est le vœu d’une population de près de 500 âmes établie aux portes de votre ville épiscopale composée d’ouvriers que l’isolement et le travail des champs ont mis à l’abri des vices des grands centres ». Et, est-il ajouté dans la conclusion de la lettre au préfet, « qui toujours par son vote a su manifester son attachement à la dynastie impériale ». L’objectif était d’aboutir à la création d’une succursale à Lattes, peu importe les moyens.

L’évêque répondra favorablement de même que le ministre des Cultes sollicité. La « fabrique » de Pérols donnera son accord en 1865 pour la séparation des deux paroisses. Dans l’Annuaire du Clergé de 1870, la liste des succursales de Notre-Dame des Tables fait apparaître la paroisse de Lattes aux côtés de Castelnau, le Crès, Pérols et Palavas. (Fig. 18)

L’église St Laurent aujourd’hui.
Fig. 18 - L’église St Laurent aujourd’hui.

Une fois dotée d’une église ainsi que d’un curé, la commune se devait de perfectionner son équipement. Ainsi en 1873, le bâtiment de la mairie fut inauguré. Il devait accueillir les locaux municipaux mais aussi l’école primaire et le logement du curé.

Au XXème siècle, la croissance de Lattes nécessitera la construction d’une église plus grande et plus adaptée à l’époque.

NOTES

1. ADH, 129 EDT 57 f° 44.

2. ADH, 43H1 7S721.

3. ADH, C 1114.

4. Joffre, Archives de la ville de Montpellier, tome 2-3, pp. 245-254.

5. Leroy Ladurie, Emmanuel, « Sur Montpellier et sa campagne aux XVIIe et XVIIIe siècles », Annales. Économies, Sociétés, Civilisations Année 1957, Volume 12 Numéro 2 pp. 223-230.

6. Note du curé de St Michel de Montels, ADH, G2233.

7. ADH, G1354.

8. Ch. Secondy, Histoire de Lattes, p. 46.

9. Bonnet, Répertoire archéologique de l’Hérault, p. 27.

10. Archives de la ville de Montpellier, III, p. 400.

11. Extrait des délibérations communautaires, ADM, EDEP BB16.

12. ADH.

13. Saurel, Histoire religieuse du Département de l’Hérault, t 2, p. XXVII.

14. ADH.

15. A cette date, la Mairie est à Montpellier. Elle y est depuis 1680, elle y restera jusqu’en 1873.

16. Il s’agit de l’évêque constitutionnel, Pouderous.

17. Saurel, Histoire religieuse du département de l’Hérault, p. 195.

18. ADH, Lettre du Maire de Lattes, A. Costes, au département en 1793.

19. Annuaire du clergé.

20. ADH.

21. ADH.