Description
La céramique commune réductrice tardive du Languedoc occidental
(Ve-VIe s. ap. J.-C.)
* 3, place du 14-Juillet, 34120 Pézenas, Chercheur associé à l’UMR, 154 de Lattes et aux GDR 926 et 954 du CNRS.
Manuscrit achevé le 23 septembre 1997. Tous nos remerciements à Ch. Pellecuer qui a bien voulu relire cet article et qui nous a fait part de plusieurs critiques constructives dont nous avons tenu compte.
Cet article constitue la seconde livraison d’une série de notes portant sur la céramique antique en Biterrois nord-oriental où s’est mise en place depuis sept ans une dynamique de recherche portant sur l’occupation du sol entre le début du Ier Age du Fer et le haut Moyen Age, dynamique qui, nous l’espérons, s’étendra au reste de ce secteur du Languedoc correspondant au territoire de l’ancienne cité de Béziers. Cette série d’articles est avant tout destinée ci fournir les résultats d’un certain nombre d’acquis céramologiques, sous une forme pratique et rapide, ci la communauté scientifique et à un public aussi large que possible.
Elle concernera, soit de nouvelles catégories céramiques mises en évidence à partir de sites consommateurs (habitats ruraux, nécropoles), soit des productions issues des officines, nombreuses et actives sur cette zone (Mauné à part.) Le développement prochain des fouilles lié à la multiplication des grands travaux (gazoduc aujourd’hui achevé, autoroute A75, TGV plus au sud) apportera sans nul doute sa moisson d’informations cette rubrique aura également pour but de mettre à la disposition des chercheurs œuvrant sur ces programmes, des données inédites qui, nous le souhaitons, rendront quelques services.
Introduction
Le développement des fouilles programmées et des opérations de prospections archéologiques depuis le début des années 1980 a permis à un groupe d’archéologues et d’historiens du Midi de la Gaule, réunis au sein du groupe CATHMA, de proposer une récente synthèse sur les céramiques languedociennes du haut Moyen Age (VIIe-XIe s.) à travers l’étude d’ensembles micro-régionaux, d’importance certes inégale, mais qui constituent, dans l’état actuel des recherches, les seules références disponibles (CATHMA 1993). Une large introduction (ibid. 112-122) faisant le point des connaissances sur les céramiques tardo-antiques permet de disposer d’une définition assez précise des faciès des Ve-VIe s. à partir de laquelle il est possible de situer le Biterrois nord-oriental. Si la presque totalité des notices sort de notre- cadre chronologique puisqu’elle concerne le Moyen Age, les données issues des ensembles des Ve et VIe s. constituent de très intéressants repères pour affiner les datations d’un certain nombre de sites. L’effort a principalement porté sur les céramiques communes régionales qui étaient assez mal connues : céramique à pisolithes du Gard, productions kaolinitiques de la vallée du Rhône et de ses abords, céramiques à cuisson réductrice et pâte sableuse du Languedoc occidental et du Roussillon. Les datations fournies par ces catégories sont souvent précieuses car elles complètent celles issues de l’analyse des céramiques fines céramique calcaire engobée, céramique luisante, sigillée claire D. Elles permettent bien souvent de descendre la chronologie d’un site vers le haut Moyen Age (VIIe s. et suivants) et la plupart du temps d’allonger sa durée d’occupation.
Cependant, du point de vue géographique, on note une répartition très inégale de l’avancement des recherches ; on ne sera guère étonné d’apprendre que celles-ci ont été particulièrement dynamiques de part et d’autre du Rhône (voir par exemple pour la Provence, Démians d’Archimbaud 1994, Raynaud 1990 et CATHMA 1993, 150-160 pour Nîmes et le Gard) et que le Biterrois, étendu au Languedoc occidental, reste un peu le « parent pauvre » de cette synthèse.
Depuis 1992, date à laquelle nous avions proposé un premier bilan local du peuplement et de l’occupation du sol entre le IIe s. av. J-C. et le VIe s. (Mauné 1992), ces premières avancées céramologiques ont permis d’affiner de manière significative et à travers la céramique, notre perception du passage de l’Antiquité au haut Moyen Age. Ainsi, l’accroissement du nombre de sites occupés à cette période constitue un important acquis à mettre au compte de ces travaux céramologiques. Certains habitats dont on datait l’abandon aux IVe-Ve s. ont vu ainsi leur chronologie s’étendre vers le VIe s. et le haut Moyen Age. Depuis, nos recherches ont bénéficié du dynamisme des équipes œuvrant en Lodévois et sur les pourtours de l’étang de Thau ; les travaux de L. Schneider dans la moyenne vallée de l’Hérault (en dernier lieu Schneider (996) sur l’habitat du haut Moyen Age ont permis d’apporter les premiers éléments de réponse à un certain nombre d’interrogations concernant cette période. Plus à l’est, autour du bassin de Thau et sur le littoral, en Agathois, les recherches menées par I. Bermond, M. Lugand, Ch. Pellecuer et H. Pomarèdes ont également amené leur lot d’informations (Pomarèdes 1992, Lugand, Pellecuer 1994). Compte tenu de ces avancées et du développement actuel des recherches de terrain et même s’il reste encore à formaliser un certain nombre de données, il est aujourd’hui possible de définir de manière relativement satisfaisante le faciès céramologique local entre les années 450 et 600. La moyenne vallée de l’Hérault et le Biterrois ne se distinguent pas du reste du Languedoc puisqu’on note la même persistance des importations africaines et méditerranéennes à la fin de l’Antiquité. Sigillée claire D, lampes à huiles, amphores d’Afrique du Nord, d’Espagne et de Méditerranée orientale sont présentes jusque vers le milieu du VIe s. sur les habitats ruraux. Les productions régionales sont cependant majoritaires aux Ve et dans la première moitié du VIe s. : dérivées de sigillée paléochrétienne (DSP) du groupe languedocien et céramique à pisolithes du Gard, bien diffusées jusqu’en nord-Biterrois (Mauné et alii à par.). Si ces quelques catégories, auxquelles on peut ajouter la luisante savoyarde et des céramiques calcaires engobées, sont assez bien connues, il n’en va pas de même des céramiques communes à pâte réductrice ou oxydante dont on ne connaît ni les centres de production ni les aires de diffusion précises.
Informations complémentaires
Année de publication | 1998 |
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Nombre de pages | 7 |
Auteur(s) | Stéphane MAUNE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |