Description
La bibliothèque de l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert répertoire des sources
* Chargé de recherche au C.N.R.S. (I.R.H.T. Paris).
Fondée en 804, l’abbaye de Saint-Guilhem-le-Désert (anciennement Saint-Sauveur de Gellone) au diocèse de Lodève, dut posséder très tôt une bibliothèque importante. Dispersée sans doute en grande partie à la fin du XVIe siècle, à l’époque des guerres de religion, cette collection n’est aujourd’hui représentée que par quelques vestiges.
Ainsi, les manuscrits qui ont pu lui être rattachés jusqu’ici et sur lesquels on reviendra plus loin, sont-ils pour la plupart liturgiques et ne semblent en mesure de livrer que des renseignements partiels sur le rôle que l’abbaye a pu jouer au Moyen Age en tant que centre intellectuel. Ainsi, comme pour de nombreux autres monastères bénédictins du Midi, nous n’avons conservé aucun inventaire médiéval de la bibliothèque de Saint-Guilhem. Au-delà de ce premier constat cependant, l’ensemble de ces documents, dont on dresse ici le répertoire, permet de dégager un certain nombre de pistes de recherche pour reconstituer l’histoire de la bibliothèque.
Nous savons, par exemple, qu’elle étai t en rapport avec celles d’autres abbayes de la région. Aussi, au cours du XIIIe siècle, l’abbé Guillaume « de Duabus Virginibus », ancien religieux d’Aniane qui gouverna Saint-Guilhem entre 1249 et 1287, y promouvant une réforme, avait emprunté deux ouvrages de droit (un exemplaire du Décret de Gratien et des Dêcrétales, sans doute d’Innocent III) auprès de la bibliothèque de l’abbaye de Saint-Pons-de-Thomières. Un document de 1276 en témoigne.
Nous savons également qu’aux XVIe et XVIIe siècles, la bibliothèque de Saint-Guilhem renfermait encore de nombreux manuscrits. Ainsi, les témoignages transmis, souvent au détour de récits historiques, par les Bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur, nous apprennent qu’à l’époque des incursions protestantes, en 1560, de nombreux manuscrits, documents d’archives et pièces d’argenterie avaient été apporté à Lodève pour y être mis à l’abri.
On y fait encore mention d’un livre d’évangiles, conservé dans l’église, à côté d’un petit autel dédié à saint Antoine – ce manuscrit n’a très vraisemblablement pas été conservé ainsi que d’un sacramentaire, qui nous est, lui, parvenu : il s’agit de l’actuel Paris, Bibliothèque nationale, lat. 12048.
Largement cité et consulté par les Mauristes, cet important manuscrit, édité dans le Spicilegium de Dom Luc d’Achery, figure également dans les notes établies au milieu du XVIIe siècle par Dom Estiennot (mss. Paris, Bibl. nationale, lat. 12770 et 12772), ainsi que dans une courte liste de codices de Saint-Guilhem transmise dans les notes de Dom Anselme Le Michel (Paris, Bibl. nationale, lat. 13817, f. 445). Deux autres livres sont mentionnés dans cette liste : l’un, un « vieil commentaire sur les Psaumes sans commencement ni fin » n’a pu être identifié, alors que l’exemplaire du De regimine principum de Gilles de Rome correspond à l’actuel ms. Montpellier, Bibl. municipale 9, du XIVe siècle.
Au-delà de ces témoignages indirects et fragmentaires, qui ne permettent pas toujours de reconnaître les manuscrits correspondants , trente-cinq codices, pour la plupart (vingt-six) conservés à la Bibliothèque municipale de Montpellier, ont pu à ce jour être rattachés à Saint-Guilhem. A côté des livre s liturgiques, les plus nombreux comme on l’a dit, figurent des textes de droit canon (ms. Montpellier 21), de didactique et de morale (Montpellier 10-11),des encyclopédies médiévales (l’actuel Montpellier, qui contient le Catholicon du dominicain Jean de Balbi), ainsi que d’importants témoins de textes littéraires, tels le manuscrit de la « Chanson de geste du cycle de Guillaume au Court-Nez » (actuel ms. Paris, Bibl. nationale, français 774), conservé à Saint-Guilhem d’après un témoignage de Catel, conseiller au Parlement de Toulouse († 1626).
Si les manuscrits conservés datent principalement des XIIIe, XIVe (les plus nombreux, à savoir seize) et XVe siècles, le fonds médiéval de Saint-Guilhem est également représenté par des manuscrits plus anciens. On en conserve ainsi trois du IXe siècle, un du XIe, quatre autres du XIIe siècle.
Certains codices plus anciens encore, car copiés au VIIe siècle, tels le sacramentaire, déjà mentionné plus haut (Paris, Bibl. nationale, lat. 12048) et les évangiles, actuel Montpellier, Bibl. municipale, bien qu’originaires d’autres scriptoria, semblent être parvenus très tôt, peut-être dès le IXe siècle, dans la bibliothèque de notre abbaye.
L’examen paléographique et codicologique de la plupart de ces manuscrits reste à faire. Sans doute permettra-t-il de se faire une idée de la variété des apports qui ont contribué, entre IXe et XVe siècle, à la formation et à l’accroissement de la bibliothèque de Saint-Guilhem. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1996 |
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Nombre de pages | 8 |
Auteur(s) | Donatella NEBBIAI-DALLA GUARDA |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |