Description
Jean Sabatier, « sculpteur en plâtre » languedocien du XVIIe siècle
Le XVIIe siècle languedocien est une période particulièrement riche en création artistique. C’est, en effet, à cette époque que de nombreux artistes, souvent méconnus, réalisent des peintures, des sculptures, mais aussi des décors en gypserie particulièrement remarquables, que l’on retrouve encore aujourd’hui, surtout dans l’Hérault, mais aussi dans les départements voisins, de l’Aude au Gard, en passant par les Pyrénées-Orientales et au-delà dans les territoires limitrophes, notamment en Aveyron.
Après les historiens Emile Bonnet et André Joubin, Jean Claparède, conservateur du musée Fabre entre 1945 et 1965, a attiré l’attention des amateurs sur la grande qualité de plusieurs ensembles de gypseries montpelliéraines du XVIIe siècle, tout en soulignant le manque de connaissance sur leur histoire et les artistes qui les ont réalisées. Il cite, entre autres, dans son article publié en 1969, les gypseries de l’hôtel de Manse, celles de l’hôtel de Castries et de l’hôtel de Mirman. Ces œuvres, nous le verrons, pourraient être attribuées au sculpteur Jean Sabatier.
La découverte récente d’une abondante documentation permet d’esquisser une biographie de ce fils de maître-gipier biterrois, qui deviendra dans la deuxième moitié du XVIIe siècle, l’un des plus grands sculpteurs du Bas-Languedoc.
Autour du retable des Pénitents Gris d’Aigues-Mortes, des cheminées du palais épiscopal d’Uzès et du décor de l’église du chapitre de Saint-Paul-de-Fenouillet du même artiste, cette étude propose également de s’intéresser à un ensemble d’œuvres diverses (plafonds, cheminées, retables) réalisées par un même atelier. Très proches des gypseries citées par Jean Claparède, elles présentent toutes de grandes qualités esthétiques et plastiques et pourraient, elles aussi, être attribuées à Sabatier.
Le début de la carrière de Jean Sabatier à Béziers
Comme de nombreux artistes du XVIIe siècle, Jean Sabatier est issu d’une famille d’artisans. Son père Guillaume exerce à Béziers le métier de maître-gipier. Marié à Antoinette Capelle aux alentours de 1618-1620, Guillaume a deux autres enfants, Marquise et Jeanne.
Guillaume semble actif jusqu’à sa mort survenue en 1657. Il est référencé dans divers actes. En 1654, il reconstruit le four du maître pâtissier Michel Girandel. Comme les maîtres-gipiers de son temps, il « mahonne » les sols (pose le carrelage de terre cuite), construit des « bougets » – cloisons légères – et refait de vieilles cheminées en plâtre, autant de travaux ordinaires pour un plâtrier du XVIIe siècle. On peut citer pour exemple, le travail réalisé en 1655 pour Charles de Vaissière, conseiller du roi et auditeur à la Cour des Comptes, Aides et Finances de Montpellier. Guillaume réalise deux cheminées dans la maison que le conseiller a achetée à Pierre Dumas, sieur de Mus, l’une dans la salle basse « en laquelle il n’y avait point auparavant » ; l’autre à la salle haute. Il déplace le « bouget » qui sépare la salle haute de la chambre et refait à neuf le pavé en mauvais état. La cheminée dont le « manteau fort élevé est à l’ancienne mode », est remise au goût du jour. L’armoire qui la flanque est déplacée ; Sabatier la reconstruit entre la salle et l’antichambre. Il reprend les grandes ouvertures qui se trouvaient entre l’armoire et la cuisine, dont la muraille est « rhabillée ». Le sol de l’antichambre est pavé de « mahons ». Il fournit tous les matériaux nécessaires aux réparations et touche 125 livres. Le jeune Jean a probablement été formé dans l’atelier paternel. C’est certainement de là que lui viendra le goût pour le travail du plâtre.
Jean épouse en 1638 Jeanne Pascal, originaire de Caux. Le jeune époux reçoit 1500 livres de son père et le ménage s’installe chez ses parents. Il obtient son premier contrat en 1640. Les consuls lui confient la réalisation d’un groupe statuaire pour le vœu de Saint-Joseph. Dans le prix fait, le jeune homme est nommé sculpteur et non plâtrier. Il a probablement complété l’enseignement reçu de son père par une formation chez un sculpteur dont le nom ne nous est pas parvenu. Peut- être est-il allé se former à Toulouse auprès de Pierre Affre, lui aussi originaire de Béziers, ou d’Artus Legoust. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2011 |
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Nombre de pages | 30 |
Auteur(s) | Denis NEPIPVODA |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |