Jean Nougaret :
Études sur Pézenas et Études sur l’Hérault

* Professeur émérite à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne

Hommage à Jean Nougaret

[ Texte intégral ]

Pézenas et sa région, couverture, Études sur Pézenas et l’Hérault, IX, 4, 1978
Pézenas et sa région,
couverture, Études sur Pézenas et l’Hérault, IX, 4, 1978

Lorsque la revue intitulée Études sur Pézenas et sa région fut lancée, à la fin de l’année 1969, elle avait sa place au sein des activités de l’association « Les Amis de Pézenas », alors présidée par François Hüe. À ce moment-là, les liens entre Jean Nougaret et cette ville étaient déjà anciens et dans l’association on n’ignorait pas quelles orientations il avait données à ses activités, tant scientifiques que professionnelles, d’ailleurs liées les unes aux autres. Dans le groupe qui travailla à donner vie au projet, sa place était nécessairement réservée et ses responsabilités quasiment tracées. Il s’attachait depuis plusieurs années déjà à explorer l’histoire urbaine et le développement artistique dans la ville, ayant reçu de Jean Claparède, conservateur du musée de Montpellier et son maître en histoire de l’art à l’université, la charge de mener à bien ce sujet de doctorat de 3e cycle, fort judicieusement choisi, mais d’une grande difficulté en raison même de son ampleur : c’étaient plusieurs siècles de constructions, publiques, privées et religieuses qu’il fallait analyser dans le détail et auxquels il importait d’ajouter des arrière-plans concernant les artisanats et les données financières. Mais Jean Nougaret avait aussi démontré toute l’ampleur de ses connaissances dans ce domaine en participant avec une grande efficacité à la rédaction du Guide de Pézenas qui semblait alors un indispensable outil touristique et culturel et qui était paru dès 1965. Jean Nougaret et Claude Alberge étaient mes aînés et si, comme l’explique l’introduction de ce petit ouvrage qui fut réédité en 1972, nos rencontres s’étaient nouées aux Archives municipales de Pézenas, qui étaient alors conservées au musée Vulliod Saint-Germain, c’était parce que, en 1962-1963, pour composer le mémoire annexe qu’il fallait rédiger lorsque l’on préparait le diplôme d’études supérieures (DES), Jean Combes, qui enseignait à la faculté des Lettres et Sciences humaines de Montpellier l’histoire médiévale et la paléographie, m’avait confié la publication de documents relatifs aux foires de Pézenas. Il les avait repérés dans ce dépôt d’archives municipales, où il était possible de multiplier les rencontres : c’est là que j’eus en particulier l’avantage de rencontrer Max Derruau, un grand professeur de géographie dont le manuel de géographie physique était devenu la bible des étudiants, et sa fille, Monique, c’est-à-dire la spécialiste des campagnes médiévales languedociennes Monique Bourin.

Avec Jean Nougaret, il convient d’évoquer aussi Claude Alberge 1, lui aussi trop tôt disparu à la fin de l’année 2013. Claude Alberge, alors professeur d’histoire et de géographie au collège de Pézenas, avait déjà fait largement ses preuves en publiant sous le nom de Guillaume Lauribel un essai sur Pézenas et le coup d’état de Louis-Napoléon Bonaparte. Il y mettait en valeur l’enracinement de la tradition républicaine dans cette ville, comparable à ce que l’on connaissait en d’autres lieux du Languedoc, tels Béziers auquel s’intéressait André Burgos, ou bien Capestang qu’allait mettre en valeur Robert Ferras 2. Ce fut un thème repris par la suite 3, avec une préface de Maurice Agulhon, le grand spécialiste des années 1848-1852 et, plus généralement, de la France républicaine, comme l’ont montré ses thèses de doctorat, sa belle trilogie sur Marianne et le magnifique recueil de travaux, une autre trilogie, intitulé Une histoire vagabonde. Jean Nougaret avait depuis plusieurs années déjà non seulement parcouru, à Pézenas et ailleurs, les archives de l’époque moderne, mais il avait aussi arpenté les rues, les auberges, les hôtels et les jardins de Pézenas, il avait photographié sans jamais se lasser façades, escaliers, décors intérieurs (fig. 1). La thèse qu’il allait soutenir en cette même année 1969 mûrissait lentement. Quelques années plus tôt, lorsque la préparation du guide fut envisagée – nous étions vraisemblablement dans l’été ou au début de l’automne 1964, et la rédaction des diverses parties par les auteurs s’effectua dans l’hiver et au printemps de 1965 –, la matière documentaire de son doctorat était rassemblée pour l’essentiel et c’était vers la phase d’écriture qu’il s’acheminait : aussi, tout au long du Guide, dans la rédaction des notices qui scandent le parcours du visiteur, on relève aisément la précision des descriptions et la fermeté des jugements, la richesse des informations, soutenues par une illustration bien choisie. Un peu plus tard, l’avertissement qu’il inséra au début de la publication résultant de son doctorat donnait la mesure des appuis qu’il recevait et dont il savait reconnaître l’utilité et l’efficacité. Il s’agissait de personnes attachées au renom et au progrès de la ville où elles exerçaient à divers titres des responsabilités. Jean Bène, maire de Pézenas, avait donné un avis favorable à la candidature de Jean Nougaret comme conservateur du musée municipal, tâche non rétribuée. François Hüe avait encouragé avec une grande bienveillance et une attention soutenue la réalisation du projet de guide que nous lui avions soumis. Albert Alliès avait aussi encouragé une entreprise qui se plaçait dans les perspectives tracées par son père. Le Guide de Pézenas, dont Jean Nougaret avait aussi suivi de très près la composition et la fabrication à l’imprimerie Paul Déhan, à Montpellier, parut à l’été 1965. Il avait eu la responsabilité de rechercher l’illustration de couverture, et finalement notre choix s’était porté sur la vue cavalière de Tassin, datée de 1636. La date de cette gravure correspondait au moment de l’apogée de la ville.

Le lancement de la revue, intitulée alors Études sur Pézenas et sa région, vint prolonger, quelques années après, ce premier travail collectif. Le premier numéro 4 vient signaler la soutenance du doctorat le 20 décembre 1969, en même temps que la publication de l’arrêté ministériel attribuant les fonctions de conservateur du musée Vulliod Saint-Germain. Le second numéro (la revue paraissait selon un rythme trimestriel), sous la plume de Claude Alberge, proposait une présentation de la thèse récemment soutenue à l’université de Montpellier, afin de livrer aux lecteurs suffisamment d’informations sur le travail réalisé, qui avait été considéré comme remarquable par le jury. Si l’on pouvait envisager une publication, c’était une tâche complexe et difficile à mener car, à première vue, l’ouvrage était imposant par le nombre de pages qui avaient été rédigées et il était impensable de ne pas l’illustrer abondamment : l’association des Amis de Pézenas pourrait-elle faire face ? Mais déjà les premiers développements de son œuvre s’exprimaient par des expositions qui assuraient au musée une fréquentation de plus en plus soutenue. On retiendra celles qui se rapportaient à des bâtiments emblématiques de la ville qu’il étudiait, la maison consulaire sur la place Gambetta, anciennement place du Marché-au-bled (en 1969 : Autour de la Maison Consulaire), puis la Collégiale Saint-Jean (en 1970 : Autour de la Collégiale Saint-Jean). Chacune des expositions avait reçu de sa main un catalogue qui constituait, en attendant la publication de la thèse, un outil essentiel, par la précision des références et la clarté de l’information.

Les Quatre Saisons représentées dans le jardin Michel, sur la rive gauche de la rivière Peyne.
Les Quatre Saisons représentées dans le jardin Michel,
sur la rive gauche de la rivière Peyne.
À droite, M. Nougaret père, à gauche Michel Christol
(cl. Jean Nougaret, début 1965)

Par la suite, les expositions élargirent l’échelle des présentations, et des monographies on passa aux ensembles cohérents. Il commença par la ville de Pézenas elle-même (1971 – Pézenas au XVIIIe siècle). Puis, à l’occasion du Tricentenaire de la mort de Molière, qui eut un grand écho en Languedoc et particulièrement à Pézenas, il pouvait présenter une exceptionnelle collection de 178 pièces, rigoureusement cataloguées, comme en témoigne la publication qui fut insérée dans Études sur Pézenas, IV, 1973, 3, p. 59-102. Elle conserve la trace d’une minutieuse et solide enquête documentaire. L’avertissement (p. 61-62) révèle la qualité des recherches préliminaires, conduites avec justesse et pertinence auprès de grandes institutions. La répartition en quatre parties s’avère le choix le plus efficace. Trois d’entre elles mettaient en évidence la référence essentielle, liée au tricentenaire : Molière, Molière en Languedoc, Molière et Pézenas, cette dernière partie lui permettant de dresser un panorama de la ville au milieu du XVIIe siècle, remarquablement structuré. La quatrième partie (Le mouvement moliériste et la Comédie Française à Pézenas) ajoutait la dimension d’histoire culturelle indispensable, en faisant renaître les étapes d’une histoire sans cesse renouvelée, liant l’institution parisienne et un lieu privilégié de la province, mais aussi faisant ressentir d’une manière très concrète, grâce à la délicatesse d’Albert Alliès qui avait ouvert avec générosité les archives paternelles, toutes les résonances locales de l’événement et la réception d’un élan culturel. L’exposition (Molière en Languedoc) dura du milieu de février à la fin de septembre 1973 et elle suscita, pour le musée Vulliod Saint-Germain, une fréquentation exceptionnelle.

Peu après, en 1975, se tint à Pézenas le congrès annuel de la Fédération historique du Languedoc méditerranéen et du Roussillon. Pour Jean Nougaret, comme pour Claude Alberge et moi-même, le choix de Pézenas fut une immense satisfaction. Deux ans après les grands efforts du tricentenaire, grâce aussi à l’énergie organisatrice de Jean Servières, le projet ne paraissait pas irréalisable. C’est peut-être grâce aux liens qui provenaient des collaborations à Études sur Pézenas et sa région, que le nombre des participants fut élevé. En témoigne l’ampleur de la publication qui en résulta, un livre de 400 pages, même s’il avait fallu limiter quelque peu les champs disciplinaires, les thèmes retenus étant ceux d’histoire médiévale, d’histoire moderne et d’histoire contemporaine. Ce fut un plaisir de retrouver maîtres et amis. Et notre plaisir commun provint aussi, grâce à la délicatesse de l’instance organisatrice, du choix de Jean Combes, un de nos maîtres à la faculté des Lettres de Montpellier, pour la grande conférence qui marquait la réunion. À l’occasion, Jean Nougaret était revenu sur l’œuvre de Jean-Baptiste Franque, l’architecte de la collégiale Saint-Jean, pour montrer l’originalité du projet réalisé à Pézenas dans l’ensemble de sa production. Dans la première série de la revue, qui s’étend jusqu’à la quinzième année (1985) et que j’examinerai ici plus particulièrement, car j’assumais la direction de la rédaction, l’action de Jean Nougaret s’exprima de diverses manières. Donnons d’abord la liste de ses contributions :

  • I, 1970, 1, p. 21-30 : Notes d’archéologie campanaire.
  • I, 1970, 2, p. 34 : Complément à un article récent : à propos du fondeur Dominique Geoffroy.
  • I, 1970, 2, p. 36-37 : Musée Vulliod Saint-Germain, rapport d’activité et perspectives. I, 1970, 3, p. 43 : Note sur deux expositions du musée Vulliod Saint-Germain.
  • I, 1970, 4, p. 30-31 : Un coffre breton du XVIIe siècle au musée Vulliod Saint-Germain.
  • II, 1971, 3, p. 37 : Une exposition au musée Vulliod Saint-Germain : Pézenas au XVIIIe siècle.
  • III, 1972, 1, p. 18-32 : Retables piscénois du XVIIe siècle.
  • IV, 1973, 1, p. 3-9 : Recenser, faire connaître. L’Inventaire général des monuments et richesses artistiques de la France.
  • IV, 1973, 3, p. 59-102 : Molière en Languedoc, catalogue de l’exposition.
  • IV, 1973, 4, p. 3-14 : Pézenas vers 1650 : le cadre urbain et architectural.
  • VI, 1975, 3, p. 43-46 : Un diocèse languedocien : Lodève, Saint Fulcran.
  • X, 1979, 4, p. 31-45 : Archéologie médiévale, Histoire de l’art et traditions populaires : revue des publications récentes (1976-1979).
  • XII, 1981, 3, p. 33-46 : Le décor intérieur et le mobilier à Pézenas aux XVIIe et XVIIIe siècles.
  • XIII, 1982, 6, p. 33-40 : Archéologie médiévale, histoire de l’art, architecture rurale (1979-1981).
  • XV, 1984, 3, p. 31-34 (en collaboration avec L. Dulieu) : Documents sur la médecine et la chirurgie à Pézenas au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle.
  • XV, 1984, 4, p. 15-21 : Notes sur quelques tapisseries à Montpellier au XVe siècle.

D’abord cantonnée dans un cadre strictement piscénois, sa production s’épanouit peu à peu en concordance avec l’élargissement des intérêts et des objectifs scientifiques qui étaient les siens, à l’Inventaire général des monuments historiques. Secrétaire de la commission régionale d’Inventaire des monuments et richesses artistiques du Languedoc-Roussillon : tel était le titre qui précisait ses responsabilités et qui l’attachait à Montpellier, la ville de ses études et de l’affermissement de sa vocation, où se trouvaient de nombreux amis, notamment Jacques Lugand, conservateur du musée des Beaux-Arts de Béziers, un aîné avec qui il eut des échanges permanents. C’est ainsi, qu’en même temps qu’il offrait aux lecteurs des études essentielles sur les décors intérieurs des édifices religieux et des demeures privées à Pézenas, il tint compte de l’évolution de ses propres préoccupations, avec le rôle qu’il assumait dans les services de la Direction régionale des Affaires culturelles.

Élargissement des préoccupations et non abandon de Pézenas, car le sujet n’était pas épuisé et un attachement profond le liait à la ville. C’est ainsi qu’il va, entre autres, donner à Pézenas la publication de sa thèse et d’autres travaux, dont un des plus attachants est sans aucun doute une plaquette – rédigée en collaboration – qui remet en scène le théâtre local, cher aux habitants de la ville et de ses environs 5. La publication de la thèse était souhaitée, mais faire face à l’ampleur du manuscrit pouvait dépasser les forces d’une association, même la plus dynamique, sur les finances de laquelle veillait avec le souci du présent et de l’avenir Jean Servières. Il convenait de choisir, de hiérarchiser les sujets, et même de tailler, de résumer, de simplifier. Il fallait produire autre chose que ce qui avait été soumis au jury pour la soutenance, presque un autre ouvrage. Une telle tâche aurait pu décourager bien des chercheurs. Jean Nougaret s’imposa cette obligation, ingrate et frustrante, mais il réussit en définitive à relever le défi et à surmonter toutes les hésitations, tous les scrupules, tous les remords. Les talents financiers de Jean Servières apportèrent aussi, in extremis, les solutions espérées. Les capacités techniques de l’imprimeur biterrois qui fabriquait la revue, s’appelant alors Études sur Pézenas et l’Hérault, permirent d’offrir un ouvrage digne de la ville étudiée : un texte toujours suffisant, des notes d’accompagnement, une bibliographie établie selon les règles, un index indispensable, une illustration composée de 192 plans, figures, reproductions remarquablement choisis. Les exigences scientifiques et les possibilités d’agrément étaient convenablement conciliées. L’association « Les Amis de Pézenas », maître d’œuvre de cette réalisation, avait rempli son rôle d’accompagnement, et Jean Nougaret avait donné à la ville qu’il avait choisie comme lieu d’étude un ouvrage que l’on pouvait considérer comme attendu. L’année 1979, celle de la dixième année de l’entreprise éditoriale qui avait été engagée avec le souci de la continuité de l’effort, gage de la permanence, était marquée brillamment par une publication importante. L’élargissement de son rôle intellectuel s’exprime aussi dans la recherche de collaborations, toujours orientées vers la meilleure connaissance du patrimoine architectural et artistique. La table des matières de la revue en donne témoignage. Les sujets sont d’abord concentrés sur Pézenas et son proche environnement, pour lui-même, comme on l’a signalé, mais aussi pour d’autres auteurs qu’il attire vers la revue. Vias fournit la matière d’un sujet en 1972, Agde fait son entrée en 1976. En 1977 se présenta l’opportunité de faire connaître le plafond du château de Capestang, incursion à l’ouest de Béziers, déplacement un peu lointain et qui pouvait surprendre, mais justifié par la nécessité de bien faire connaître un monument menacé, cependant sauvé grâce à l’opiniâtreté de Michel Adgé. Mais d’autres plafonds peints, ceux-ci de Pézenas, permirent de revenir à l’esprit des origines en 1978, et la même année il fut possible de présenter une étude spécifique d’histoire de l’art sur le peintre bédaricien Pierre-Auguste Cot.

Néanmoins, peu à peu, s’imposait la nécessité d’élargir les horizons scientifiques. On ne peut faire de bonne histoire locale qu’en multipliant les effets d’échelle et en les croisant. Le titre même de la revue s’infléchit donc, en sorte que les excursions à plus ou moins longue distance, dans le département et même parfois à l’échelle du Languedoc, n’étaient plus exceptionnelles et paraissaient plus légitimes. Il fut donc possible de repartir en 1984 pour un long périple par les « châteaux » du Biterrois, alors même qu’un peu plus tôt, c’était la musique à Montpellier qui avait été étudiée en 1982, donnant à Alice Gervais, remarquable enseignante d’histoire au lycée puis à la faculté des Lettres, l’occasion de traiter un sujet très original, car difficile à maîtriser. Cet élargissement géographique, qu’imposait aussi la prise en charge plus directe du département de l’Hérault, explique qu’il ait convaincu son maître Jean Claparède de livrer, en 1982, une exégèse du portail du château de Cambous, au nord de Montpellier.

Sans aucun doute à partir de 1979, la publication des chroniques (d’histoire de l’art, d’histoire moderne, de géographie, etc.) constituait pour le rédacteur de ces lignes, un élargissement nécessaire : c’était donner aux lecteurs les outils pour suivre le développement des travaux de recherche dans un cadre qui englobait la région et c’était disposer ainsi d’un angle d’attaque très large, propre à bien soutenir la réflexion. Comme d’autres le firent dans des domaines voisins, je citerai Henri Michel pour l’histoire moderne et R. Ferras pour la géographie – mais il fut le premier à accomplir la tâche demandée – Jean Nougaret fournit alors des chroniques qui embrassaient ses domaines de prédilection. Une première parut en 1979, une seconde en 1982 et ainsi de suite. Tout autant que ses articles, elles donnent la mesure de son souci d’étreindre largement un champ de recherches et de son sens des responsabilités scientifiques.

Au musée, dont il fut le conservateur jusqu’au moment où le département mit en place une nouvelle organisation, il savait s’écarter de la superficialité et de la facilité, il se refusait à l’à-peu-près. Pour animer la rédaction de la revue, il conseillait toujours de ne pas se départir de ces principes. Il ne m’appartient pas, en ce qui la concerne, de franchir la borne de la quinzième année. Sauf pour exprimer à cet ami toute ma gratitude pour l’engagement durable qu’il s’imposa par la suite, comme l’a rappelé H. Michel dans une notice nécrologique qui embrasse toute une vie scientifique 6, afin d’assurer l’existence et la pérennité d’une revue vouée au rassemblement de tous les savoirs, lieu d’accueil pour tous les chercheurs attentifs à la mise en valeur du passé régional, sous toutes ses formes, soucieuse de faire connaître ce que l’on peut considérer, que l’on soit languedocien ou pas, comme le patrimoine d’une communauté humaine, mais aussi capable d’apporter à celle-ci autant des repères sur le passé que des réflexions sur le présent.

NOTES

1. Nos, André, « Claude Alberge (1935-2013) », Études héraultaises, 44, 2014, p. 127-128.

2. Volle, Jean-Paul, « Robert Ferras (1935-2013) », Études héraultaises, 44, 2014, p. 123-126.

3. Études sur Pézenas et l’Hérault, XII, 1981, 2.

4. Études sur Pézenas et sa région, I, 1970, 1, p. 40.

5. Demore, Myriam, Nougaret, Jean et Oddon, Marie, Les grandes heures d’un petit théâtre, Pézenas, Association Galope, 1992, 128 p.

6. Michel, Henri, « In memoriam, Jean Nougaret (1939-2013) », Études héraultaises, 44, 2014, p. 3-5.