Description
Jean-François l’Épine et François Bedos de Celles,
parcours croisés de deux facteurs d'orgues languedociens
Guilhem BEUGNON * & Hans STEINHAUS **
* Directeur du centre de ressources de Vailhan ;
** Organologue.
Grand amateur de musique classique et amoureux inconditionnel du patrimoine piscénois auquel il consacra sa thèse de doctorat soutenue en 1969, Jean Nougaret ne pouvait manquer de s’intéresser à l’orgue de la collégiale Saint-Jean. En 1998, alors conservateur du patrimoine au Service régional de l’Inventaire de la Direction régionale des Affaires culturelles du Languedoc-Roussillon, il publie Pézenas, Hérault, en hommage à une ville dont le « capital historique et patrimonial est un atout culturel majeur ». Parmi les quelque deux cents édifices présentés dans l’ouvrage, la collégiale Saint-Jean occupe une place de choix et, en son sein, l’orgue qui « tempère et réchauffe l’austère rigueur de l’édifice ».
L’histoire des orgues historiques est émaillée de relevages, de restaurations et de reconstructions. Celui de Saint-Jean n’échappe pas à la règle. L’écroulement du clocher et l’effondrement de la voûte de la collégiale en janvier 1733 entraînent la reconstruction complète de l’église et le remplacement de l’orgue édifié en 1598 par le facteur cambrésien Arnaud Carrade et refait à neuf par Jean-Baptiste Lanes en 1727. C’est alors qu’entrent en scène Jean-François L’Épine et son protecteur, Dom Bedos de Celles, natif du village de Caux, à quelques encablures de Pézenas. Aux liens tissés entre les deux facteurs d’orgues nous consacrons cet article dédié à Jean Nougaret.
Naissance d’une cordiale amitié
Après avoir fait ses humanités au Collège de l’Oratoire de Pézenas, François Bedos de Celles intègre comme novice le monastère toulousain de Notre-Dame de la Daurade, rattaché à la congrégation bénédictine réformée de Saint-Maur. Nous sommes en mai 1725, il n’a alors que seize ans. Dans la ville rose, Dom Bedos va sans doute côtoyer des organistes et organiers célèbres : Mathieu Lanes peut-être, organiste de la cathédrale Saint-Étienne, tout juste avant sa mort, ou Jean-Charles Desforats, son successeur, Jean-Esprit Isnard, Joseph Cavaillé, et bien sûr François Picard dit L’Épine, à la famille duquel il restera toute sa vie fidèle. « Il est probable, écrivent Jean Barraud et Denis Bordage, que Dom Bedos trouva en la fréquentation et l’enseignement du facteur toulousain d’origine picarde le ferment propre à faire éclore son talent. » Natif d’Abbeville, dans l’actuel département de la Somme, François L’Épine est à Bordeaux en 1711 où il restaure l’orgue de la cathédrale Saint-André. On le trouve établi à Toulouse dès 1727, époque où il signe un marché pour la construction du grand-orgue des Cordeliers. Il s’y marie en 1730 avec Jeanne Bonnet qui donne naissance deux ans plus tard à Jean-François puis à Adrien en 1735. Tous deux passeront pour les élèves de Dom Bedos « avec qui ils entretinrent toute leur vie, comme aussi avec les Cavaillé, des relations de respectueuse ou de cordiale amitié ».
En témoignage d’une conduite irréprochable
L’expert, pour Dom Bedos, se doit d’être un facteur aguerri, et c’est sans doute pendant la construction de l’orgue de l’abbaye Sainte-Croix de Bordeaux qu’il livrera sa première expertise, pour l’abbaye Saint-Bénigne de Dijon. Pendant trente ans, et pratiquement jusqu’à la fin de ses jours, il répondra avec impartialité et loyauté à de multiples sollicitations, dont la moitié concernent des orgues L’Épine : successivement François, le père, pour l’orgue des Cordeliers de Toulouse, Jean-François pour neuf instruments et Adrien pour l’orgue de l’École royale militaire de Paris. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2016 |
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Nombre de pages | 7 |
Auteur(s) | Guilhem BEUGNON, Hans STEINHAUS |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |