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Description

Jean-Baptiste Pillement :
Un peintre de paysage dans l’Hérault à la fin du XVIIIe siècle

Auteur de recueils d’ornements, paysagiste et peintre de marine, Jean-Baptiste Pillement (Lyon, 1728-ib., 1808) appartient à cette catégorie d’artistes dont les œuvres expriment le goût de tout un siècle pour la nature et ses représentations les plus extrêmes. Ses tableaux de paysages, de naufrages côtiers, de scènes d’orages ou ses arabesques rocailles et chinoises constituent le corpus étonnant d’un artiste dont l’écriture et le langage témoignent d’une période riche en contrastes et en contradictions.

Peu à peu oublié, l’œuvre de Pillement fut remis en lumière à l’époque des frères Goncourt. Mais à défaut d’une redécouverte totale, seul l’œuvre ornemental éveilla la curiosité. La période d’alors se passionnait pour les aspects les plus charmants de l’art de l’époque prérévolutionnaire. Dès lors, renforcée par la critique formulée sur les paysagistes du XVIIIe siècle, l’histoire de l’art occulta ses tableaux de paysages et l’on dissocia les deux activités préférant à celle du paysagiste celle qui faisait du peintre un artiste à l’invention féconde et doué exclusivement pour le dessin d’ornement.

Si plus tard les paysages de Pillement furent redécouverts, c’est en jalons d’une filiation menant à Corot et aux peintres de la nature du XIXe que la critique les sortit de l’oubli du temps. Étrangement, la complexité de l’œuvre ne fut que rarement abordée et l’histoire de l’art survolant la problématique paysage et ornement considéra ensuite Pillement comme ornemaniste ou comme paysagiste au gré des publications ou des expositions.

Aujourd’hui, les locutions « dans le goût de Pillement » ou « à la manière de Pillement » évoquent ces « ressources imaginatives des plus agréables » comme les définissaient André Chastel à propos des arabesques chinoises ; curieusement, jamais elles ne renvoient à sa peinture de paysage qui demeure encore le domaine réservé de quelques amateurs même si depuis quelques années différentes expositions ont célébré le paysagiste important et original qu’il fût. L’analyse de la fortune critique, du séjour en Languedoc et de l’art du paysage doivent permettre de replacer les paysages du peintre dans leur temps, celui où l’artiste languedocien Jacques Gamelin (1738-1803) appréciait dans les paysages de Pillement les choix esthétiques.

Le témoignage de Gamelin constitue une des rares critiques portées sur un peintre de paysage méconnu. Les documents en relation avec le séjour de Pillement dans l’Hérault sont l’occasion d’éclairer une vie à l’itinéraire souvent obscur et de comprendre un art du paysage pratiqué à la fin du XVIIIe siècle par un paysagiste de premier plan. Appréhender ces paysages revient à se rapprocher d’un processus d’élaboration qui, entre théorie et pratique, forme l’un des œuvres paysagés les plus originaux du XVIIIe siècle.

Pillement et l’Histoire de l’Art

La critique contemporaine de Pillement témoigne très rarement des activités du peintre. En France, les notes de Pierre-Jean Manette, réunies sous le titre d’Abecedario entre 1851 et 1860, ne mentionnent que le nom et le lieu de naissance de l’artiste. Pourtant, le Cabinet de l’amateur, dispersé au lendemain de sa mort, comportait deux dessins de Pillement conservés aujourd’hui dans le Département des arts graphiques du Musée du Louvre. L’absence de Pillement dans les Mémoires et Journal du graveur allemand Jean Georges Wille, dont on connaît l’activité de marchand notamment de dessins de Pillement mais aussi de Vernet, Hoüel ou Loutherbourg, rend également impossible l’appréciation critique de ses paysages. L’on pourrait multiplier la liste des répertoires ou mémoires du XVIIIe siècle, fondateurs de nombreuses fortunes critiques d’artistes, dans laquelle le nom de Pillement n’est pas retenu. Faut-il y voir un mépris ou un désintérêt dans lequel sont tenus les artistes restés aux portes de l’illustre académie royale ? Cochin s’en explique dans une lettre adressé à Marigny en 1764 : « on peut ranger ce degré de savoir [de Pillement] au nombre des talens agréables qui n’emportent aucune distinction […] il n’y paraît aucune trace de talens académiques ». Si le peintre est méconnu des biographes, paradoxalement, et malgré le jugement de Cochin, ses paysages sont collectionnés en France et à l’étranger. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2001

Nombre de pages

18

Auteur(s)

Laurent FELIX

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf