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Description

Hérault, de paysages en paysages…

* Professeur Émérite de Géographie urbaine et Aménagement du territoire,
Université Paul Valéry, Montpellier 3, Laboratoire ART-DEV.

** M.C. de géographie, E.A. 4424 CRISES, Université Paul Valéry,
co-responsable du master Tourisme.

Inventer le(s) paysage(s) de l’Hérault ?

L’épaisseur historique et l’engouement des touristes à la suite des peintres et écrivains ont consacré depuis longtemps un paysage provençal, un paysage toscan, mais point de paysage languedocien, pas plus d’occitan, et encore moins d’héraultais ou de l’Hérault. Et pourtant, ce sont les paysages de l’Hérault qui sont l’objet de la seconde excursion interuniversitaire de Juin 1906 (« De la Méditerranée aux Cévennes et aux Causses ») prélude à l’institutionnalisation de cette pratique au sein de la géographie universitaire en France.

Comment saisir ce qui s’apparente à une injustice produite par un jugement peu éclairé ? À moins qu’il ne faille voir là le résultat d’une impossibilité à agir pour que soit célébré un « paysage de l’Hérault ». Il est nécessaire pour tenter de répondre à la question, sans sombrer dans les illusions de l’image et de la communication, d’éclairer ce que recèle ce terme si commun et pourtant si peu défini que celui de paysage. Recouvrant deux versants de l’action humaine, celle de la capacité à œuvrer avec plaisir, et celle de la délectation à contempler et à représenter ses œuvres, le paysage est matérialité et exercice d’une subjectivité par le regard. Le troisième tiers du paysage est sa capacité à relier les subjectivités par des positions à l’intérieur de controverses dans l’espace public. Espace public qui a engendré l’ordre politique qui est le nôtre depuis la Révolution française. Et cet ordre politique, qui se résume en une devise « Liberté, Égalité, Fraternité », a une traduction spatiale : le Département. C’est précisément ce qui est remis en cause par la nouvelle triarchie, Europe, Régions, Métropoles/Pays. Le Département serait-il sans visage, s’effaçant derrière les normes standardisantes de l’État, les héritages « régionaux » et la banalisation engendrée par le commerce de l’espace ? Serait-il impuissant à inciter les communes à « faire paysage » pour que soit traduit en forme une volonté de préserver la biosphère, la lithosphère, l’atmosphère, c’est-à-dire les conditions matérielles de l’existence humaine ? Ajoutons que cette intersection entre la nature et la culture se rencontre depuis la « Villa » romaine jusqu’à la Ville, qui sont deux opposés, et non deux contraires.

L’interrogation doit donc porter non seulement sur le statut intellectuel, épistémologique du paysage, mais sur les moyens mobilisables par l’échelon départemental, central dans l’architecture institutionnelle, entre État et Commune. Enfin, vers quel et sur quel versant du paysage ces moyens doivent-ils s’appuyer ? La matérialité bien sûr, mais cette matérialité ne devient paysagère que si elle est saisie comme paysage par nos contemporains. Comment donc faire naître du « paysage » pour nos contemporains, préoccupation pratique de l’école territorialiste italienne popularisée par les travaux d’Alberto Magnaghi, d’Ilaria Agostini et de Daniele Vannetiello. Travaux de recherche menés de l’échelle communale à l’échelle régionale, ayant débouché sur le Plan paysager de Toscane, le Plan de coordination territorial de la province de Florence ou encore la réhabilitation des paysages dans le Chianti. […]

Informations complémentaires

Année de publication

2021

Nombre de pages

18

Auteur(s)

Daniel BARTEMENT, Jean-Paul VOLLE

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf