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Description
Hérault, de paysages en paysages…
Jean-Paul VOLLE * & Daniel BARTEMENT **
* Professeur Émérite de Géographie urbaine et Aménagement du territoire,
Université Paul Valéry, Montpellier 3, Laboratoire ART-DEV.
** M.C. de géographie, E.A. 4424 CRISES, Université Paul Valéry,
co-responsable du master Tourisme.
Le paysage ne peut être abordé sans en qualifier par le regard la complexité. Il relève de la matérialité des « choses » qui le composent et tout autant du système de représentation qui lui attribue les valeurs qui le définissent. C’est finalement une invention qui entrelace le matériel et l’idéel avant que l’idée de projet ne le définisse comme objet d’action aux caractères multiples. Construction du regard et « décor » d’une réalité géographique le paysage est devenu le révélateur d’un équilibre à construire et consolider entre les trois pôles du développement durable du territoire : économie, société, environnement. Le département de l’Hérault l’a inscrit comme forme et figure du développement équilibré de son territoire, en tant qu’atout majeur de son attractivité.
Hérault, from landscape to landscape
The landscape cannot be taken in without gazing and describing its complexity. It comes from the pertinence of the « things » that compose it as well as the portrayal of the values that define it. It is ultimately an invention that interweaves the material and the quintessential before the project defines it as an object of action with multiple characters. Construction of the gaze and « decor » of a geographical phenomenon, the landscape becomes the revelation of a balance that is built and consolidated between the three poles of the sustainable development of the territory: economy, society, environment. The department of Herault has enrolled it as a form and figure of the balanced development of its territory, as a major asset of its attractiveness.
Erau, de païsatges en païsatges
Lo païsatge pòt pas èsser abordat sens ne qualificar la complexitat per l’agach. Relèva tant de la materialitat de las « causas » que lo compausan que del sistèma de representacions que li atribuisson las valors que lo definisson. Aquò’s fin finala una invencion qu’entremescla lo material e l’ideal davant que l’idèa de projècte lo definisca coma objècte d’accions dels multiples caractèrs. Construccion de l’agach e « decòr » d’una realitat geografica, lo païsatge es vengut lo revelator d’un equilibri de construire e de consolidar entre los tres pòls del desvolopament durable del territòri : economia, societat, environa. Lo departament d’Erau l’a inscrich coma fòrma e figura del desvolopament equilibrat de son territòri, en tant qu’atot màger de son atractivitat.
Inventer le(s) paysage(s) de l’Hérault ?
L’épaisseur historique et l’engouement des touristes à la suite des peintres et écrivains ont consacré depuis longtemps un paysage provençal, un paysage toscan, mais point de paysage languedocien, pas plus d’occitan, et encore moins d’héraultais ou de l’Hérault. Et pourtant, ce sont les paysages de l’Hérault qui sont l’objet de la seconde excursion interuniversitaire de Juin 1906 (« De la Méditerranée aux Cévennes et aux Causses ») prélude à l’institutionnalisation de cette pratique au sein de la géographie universitaire en France.
Comment saisir ce qui s’apparente à une injustice produite par un jugement peu éclairé ? À moins qu’il ne faille voir là le résultat d’une impossibilité à agir pour que soit célébré un « paysage de l’Hérault ». Il est nécessaire pour tenter de répondre à la question, sans sombrer dans les illusions de l’image et de la communication, d’éclairer ce que recèle ce terme si commun et pourtant si peu défini que celui de paysage. Recouvrant deux versants de l’action humaine, celle de la capacité à œuvrer avec plaisir, et celle de la délectation à contempler et à représenter ses œuvres, le paysage est matérialité et exercice d’une subjectivité par le regard. Le troisième tiers du paysage est sa capacité à relier les subjectivités par des positions à l’intérieur de controverses dans l’espace public. Espace public qui a engendré l’ordre politique qui est le nôtre depuis la Révolution française. Et cet ordre politique, qui se résume en une devise « Liberté, Égalité, Fraternité », a une traduction spatiale : le Département. C’est précisément ce qui est remis en cause par la nouvelle triarchie, Europe, Régions, Métropoles/Pays. Le Département serait-il sans visage, s’effaçant derrière les normes standardisantes de l’État, les héritages « régionaux » et la banalisation engendrée par le commerce de l’espace ? Serait-il impuissant à inciter les communes à « faire paysage » pour que soit traduit en forme une volonté de préserver la biosphère, la lithosphère, l’atmosphère, c’est-à-dire les conditions matérielles de l’existence humaine ? Ajoutons que cette intersection entre la nature et la culture se rencontre depuis la « Villa » romaine jusqu’à la Ville, qui sont deux opposés, et non deux contraires.
L’interrogation doit donc porter non seulement sur le statut intellectuel, épistémologique du paysage, mais sur les moyens mobilisables par l’échelon départemental, central dans l’architecture institutionnelle, entre État et Commune. Enfin, vers quel et sur quel versant du paysage ces moyens doivent-ils s’appuyer ? La matérialité bien sûr, mais cette matérialité ne devient paysagère que si elle est saisie comme paysage par nos contemporains. Comment donc faire naître du « paysage » pour nos contemporains, préoccupation pratique de l’école territorialiste italienne popularisée par les travaux d’Alberto Magnaghi, d’Ilaria Agostini et de Daniele Vannetiello. Travaux de recherche menés de l’échelle communale à l’échelle régionale, ayant débouché sur le Plan paysager de Toscane, le Plan de coordination territorial de la province de Florence ou encore la réhabilitation des paysages dans le Chianti. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2021 |
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Nombre de pages | 18 |
Auteur(s) | Daniel BARTEMENT, Jean-Paul VOLLE |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |