Description
Henri Pitot (1695-1771),
l’ascension du constructeur de l’aqueduc de Montpellier
* Ingénieur Génie civil
Henri Pitot n’est pas inconnu à Montpellier. Une rue, un « espace » et une piscine portent son nom. Juste récompense pour ce Languedocien qui a doté la ville d’une alimentation pérenne en eau et a laissé un important témoignage de ses qualités de constructeur à travers l’aqueduc reliant les sources de Saint-Clément au Peyrou. Son nom est aussi rattaché au « tube de Pitot », appareil qu’il avait inventé pour mesurer la vitesse de l’eau et qui, aujourd’hui, équipe tous les avions et est utilisé dans tous les domaines de l’hydraulique.
Rien ne prédisposait Henri Pitot à ce destin. Malgré de médiocres études, il réussira une remarquable ascension tant professionnelle que sociale. Autodidacte, il deviendra pourtant académicien des sciences puis directeur des travaux publics en Languedoc. D’extraction bourgeoise, il obtiendra l’anoblissement et sera décoré de l’ordre de Saint-Michel.
Henri Pitot, the rise of the inventor of the Montpellier aqueduct
Henri Pitot is not an unknown in Montpellier. A street, a residential area and a swimming pool are named after him. Just reward for this native of Languedoc who gave Montpellier a sustainable water supply through an aqueduct which he constructed, between the springs of St. Clement to the Peyrou, a fine example of engineering prowess. His name is also associated with the “Pitot tube”, a device that he invented to measure the speed of water and which, now, equips all aircraft and is used in all fields of hydraulics.
Nothing predisposed Henri Pitot to this fate. Despite mediocre studies, he managed a remarkable professional and social rise. Self-taught, he eventually became a member of the Academy of Sciences and director of public works in Languedoc. From middle-class origins, he is eventually ennobled and decorated with the Order of St. Michael.
Enric Pitot (1695-1771), l’ascension del bastisseire del pòrtaiga de Montpelhièr…. Loís Gabard
Enric Pitot es pas un desconegut dins Montpelhièr. Una carrièra, un « espaci » e una piscina pòrtan lo sieu nom. Justa recompensa per aquel Lengadocian que porgiguèt a la ciutat un provesiment d’aiga e daissèt un testimoniatge consequent de sas qualitats de bastisseire a travèrs del pòrtaiga jonhent las fonts de Sant-Clamenç al Peiron. Lo sieu nom es ligat tanben al « tube de Pitot », aparelh qu’aviá inventat per mesurar la velocitat de l’aiga e que, uòi, arnesca tots los avions e es aprofechat dins tots los domenis de l’idraulica.
Res predispausava Enric Pitot per aquela astrada. Al despièch d’estudis mediòcres, capitarà una remirable ascension tant profesionala coma sociala. Autodidacte, pasmens serà fach academician de sciéncias puòi director de las òbras publicas en Lengadòc. De tracha borgesa, obtendrà l’anobliment e serà ondrat de l’Òrdre de Sant-Miquèl.
Cinquième enfant de la famille Pitot, Henri naît le 31 mai 1695 à Aramon, petite ville languedocienne bordée par le Rhône. Six jours après sa naissance, il est baptisé dans l’église paroissiale qui n’est qu’à deux pas de la maison familiale :
L’an ci-dessus [1695] et le cinquième de juin fut baptisé Henri Pitot, âgé de six jours, fils de M. Anthoine Pitot, bourgeois, et de demoiselle Jeanne de Juilhan, mariés. Son parrain M. Henry Juilhan, sa marraine demoiselle Marguerite de Martin, pour demoiselle Catherine de Maillian, femme de M. Jean Fouquet, conseiller du Roy, commissaire des inventaires de la ville et viguerie de Nismes.
Notre connaissance de l’enfance d’Henri Pitot aurait pu se limiter à ces lignes figurant sur le registre paroissial d’Aramon. Heureusement, un manuscrit autobiographique de vingt pages, corrigé de la main même de Pitot, mais s’arrêtant hélas en 1722, nous renseigne sur ses premières années à Aramon et ses débuts parisiens. Ce texte écrit sous la forme d’une Lettre de Mr P **** à Madame de *** et datant vraisemblablement du milieu du XVIIIe siècle, donne plus particulièrement l’image que Pitot a voulu laisser transparaître de sa jeunesse. Ratte et Grandjean de Fouchy y puiseront pour rédiger leurs éloges funèbres.
Une famille bourgeoise
La famille paternelle d’Henri est originaire de Marguerittes, à proximité de Nîmes. De tradition très catholique, c’est sans doute à la suite des guerres de religion qu’elle a dû quitter ce village pour venir s’installer à Aramon où plusieurs Pitot occuperont la fonction de notaire royal. Le père d’Henri n’a pas suivi cette voie. Militaire, il a terminé sa carrière comme capitaine, avant de se retirer dans sa ville natale pour y mener une vie de bourgeois et d’exploitant agricole.
La mère d’Henri, Jeanne Juilhan, est issue d’un milieu bourgeois de Beaucaire car, dans l’acte de baptême d’Henri, il ne faut pas prendre la particule qui précède son nom comme un signe nobiliaire. Ratte et Grandjean de Fouchy n’hésiteront pourtant pas à indiquer dans leurs éloges que la mère de Pitot était native d’une famille noble de Beaucaire et que son père était écuyer. Ces assertions ne prouvent rien et faisaient partie d’une complaisance courante dans ce genre de circonstance. Pitot, dans sa lettre à Madame de *** ne s’aventure pas sur ce terrain et se contente d’écrire qu’il est issu « d’une famille qui a prétendu depuis longtemps être noble », en ajoutant toutefois qu’elle « fut distinguée dans le pays, puisque mon bisaïeul Denis Pitot épousa la sœur du seigneur d’Aramon et Jean Pitot, mon grand-père, épousa la nièce du même seigneur ». Affirmation flatteuse ! Lorsque Denis Pitot, son arrière-grand-père, avait épousé Françoise Sauvan, il n’était pas encore question de la fille du seigneur d’Aramon, mais seulement de celle d’un riche marchand, Jean Sauvan, trésorier de la communauté d’Aramon. L’anoblissement et la seigneurie ne viendront que plus tard, après que celui-ci ait acheté en 1634 une charge de secrétaire du roi pour son fils aîné, Jacques. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 2016 |
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Nombre de pages | 16 |
Auteur(s) | Louis GABARD |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |