GRHISTA Numéro 2 – Année 2010
Publications du
GRHISTA
Groupe de Recherches
Historiques Agathoises
Numéro 2 - Année 2010
148 pages
Présentation
L’histoire de la vigne et du vin en Bas-Languedoc est un thème d’étude classique car la région, depuis le milieu du XIXème siècle, est une des principales régions viticoles du monde. Mais parler de viticulture à Agde a une résonance particulière parce que cette ville est une colonie grecque fondée au VIème siècle avant notre ère et que l’on admet aujourd’hui que ce sont les Grecs qui ont introduit la culture de la vigne en Gaule à partir justement de colonies comme Agde, Marseille ou Nice.
Mais ce sont les Romains, au cours de leur longue occupation de six cents ans, qui ont développé la culture de la vigne et, au 1er siècle de notre ère, Pline l’Ancien mentionne différents vignobles dont celui de Béziers, tout proche d’Agde. De l’Antiquité jusqu’au milieu du XIXème siècle, et pendant des siècles, la vigne a été un élément de la polyculture méditerranéenne avec la culture de l’olivier, des céréales et avec l’élevage du mouton. Souvent cultivée sur des terres pauvres, la vigne a été surtout une culture populaire valorisée plus par le travail du vigneron que par le capital investi même s’il a toujours existé des exceptions à Agde comme ailleurs. […]
Réflexions sur l'histoire de la vigne agathoise et méridionale
Outre la curiosité que l’on peut avoir pour la vigne quand on a grandi dans un pays dont elle a été pendant longtemps la principale ressource, un concours de circonstances devait m’amener à m’intéresser à ce genre de recherches. Il y eut d’abord ma présence à l’Escolo daï Sarret, association créée en 1932 pour perpétuer les traditions agathoises et dont les fondateurs s’étaient donné pour but d’en rassembler les témoignages matériels, aboutissant en 1935 à la fondation du Musée Agathois. Quatre ans plus tard, ils ont tout naturellement pensé à consacrer plusieurs salles à la vigne et au vin, et on leur doit les plus beaux objets que nous possédons actuellement. Cependant, l’exiguïté des locaux leur interdisait une collecte exhaustive de tous les instruments plus communs qui venaient de faire ou qui faisaient encore le travail quotidien du vigneron agathois. Ils ne pouvaient non plus penser à conserver les plus lourds et les plus encombrants comme les pressoirs, qui pourtant étaient emblématiques de ce métier. […]
Éléments matériels d'histoire de la vigne agathoise
Les archéologues et les historiens de la vigne savent que le Languedoc est l’une des premières régions de France où le vignoble a été planté. On peut même préciser : par un heureux hasard, il se trouve qu’Agde est peut-être la ville où l’on but du vin pour la première fois. La coupe proto-corinthienne trouvée dans la nécropole du Peyrou et datée des environs de 640 av. J.-C., est sans doute le plus ancien témoin actuellement connu d’importation des coupes à boire grecques. Toujours sur la commune d’Agde, les tombes à incinération fouillées au Bousquet par Élian Gomez ont donné un matériel de même époque que celles du Peyrou, dont également des vases grecs. […]
Note sur les importations de vins à Agde au XVIIIème siècle
Dès la plus haute antiquité, les Étrusques, les Grecs et les Romains ont importé du vin dans notre région. Les nombreuses amphores contenant encore du vin découvertes dans la mer, tout le long du littoral, et dans le lit de l’Hérault en attestent. Le port, d’abord probablement un simple mouillage près du cap d’Agde, s’est en effet déplacé rapidement au bord du fleuve au pied de la colline où s’élevait la ville grecque antique. […]
Aspects du vignoble agathois au XIXe siècle
En 1823, sur le terroir agathois, les terres labourables, sur lesquelles on cultive le froment, l’orge, l’avoine et les fourrages, occupent 1960 hectares, soit 41 % de la superficie de la commune. La vigne vient seulement en seconde position avec 1 332 hectares soit 28 %. Moins importante est le troisième groupe de cultures composé d’olivettes, de bois, de jardins et de pacages. […]
La maison Noilly Prat vitrine internationale du vermouth
Les Établissements Noilly Prat produisent depuis près de deux siècles un vermouth sec fabriqué à partir de vins blancs, héraultais en majorité, qui sont infusés avec un mélange de vingt herbes et épices. Depuis leur création, leur gamme de produits s’est élargie et à l’heure actuelle, ils fabriquent trois sortes d’apéritif : un vermouth sec (le Dry), un vermouth doux (le Rouge), et un vermouth doux plus aromatisé (l’Ambré).Implantée à Marseillan, la société, qui exporte son vermouth dans le monde entier, est une véritable vitrine touristique pour la ville et sa région, ainsi qu’un important débouché commercial pour les producteurs de vin du département. […]
Histoire de la cave coopérative d'Agde, 1936-1984
Pour mener à bien mon étude, j’ai fait le tour des différents lieux susceptibles de conserver des documents permettant de reconstituer l’histoire de la cave coopérative d’Agde. Beaucoup de documents se trouvent toujours à la cave coopérative, notamment les registres de délibérations du Conseil d’Administration (CA) que j’ai pu consulter jusqu’en 1984, ils ont aussi conservé les dossiers réalisés par le Génie Rural à l’occasion de chaque agrandissement, ces derniers ne sont pas toutefois complets, il manque de nombreux plans, un double de ce travail est conservé aux Archives Départementales de l’Hérault. Ces dernières conservent aussi d’autres documents très utiles, on peut consulter des dossiers concernant les caves coopératives de vinification (cote 7M137 et 7M140 à 188). Plus précisément sur la cave coopérative d’Agde nous pouvons consulter les dossiers 7M141 à 144 et 7Ml71 à 188. […]
Témoignage. Un domaine viticole agathois au milieu du XXème siècle :
Saint-Joseph
Ce que je vais dire doit être pris comme un témoignage, avec un élément sentimental et aussi un peu de pudeur, car l’histoire de ce domaine est en partie l’histoire de ma famille. Je suis né dans une famille de viticulteurs dont les vignes poussaient le long du Canal de Midi, entre Agde et Vias. On accédait à la propriété de Saint-Joseph qu’occupaient ma grand-mère, mon oncle et ma tante par un pont à dos d’âne qui enjambe depuis 1733 le canal. Ce pont dit des Trois Yeux, le seul sur le canal à posséder trois arches, est certainement des ouvrages du canal un des plus agréables au regard de celui qui arpente le chemin de halage. Ces terres sont des terres qui appartiennent au fleuve Hérault depuis des temps immémoriaux. […]