Description

Publication du
G.R.E.C. n° 46-48
(janvier à juillet 1988,)

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Au sommaire de ce numéro

Gaston nous a quittés. 45 ans d’amitié respectueuse de celui qui fut si longtemps la mémoire vivante du terroir clermontais me forcent à évoquer, pour le G.R.E.C., quelques souvenirs. Natif moi-même de Nébian, nommé instituteur à Octon après la guerre, je ne tardais pas à faire sa connaissance lorsque je préparais, avec mes élèves la « Monographie d’Octon ». De longues conversations sur le terrain, près des dolmens ou du menhir de Toucou, la révélation de la lecture correcte des noms (le col de là « Merquière », m’avait-il appris, signifiait col de Mercure – et cette révélation fut suivie d’innombrables autres), sa connaissance approfondie des documents anciens, cartulaires et compoix, sa culture personnelle, sa connaissance de l’allemand qui facilita les contacts avec les élèves du professeur Dhen, de Marbourg qui visitait notre région presque chaque année, sa « convivialité » (dans le sens de capacité à favoriser la tolérance et les échanges réciproques), son esprit toujours pétillant qui rendait son commerce si agréable, furent, avec d’autres traits de son caractère et le fait que nous soyons « pays », des éléments fondamentaux de ma formation en archéologie. […]

Il est toujours difficile de parler de « sa » ville, et ceci plus encore si l’on se trouve lui être profondément attaché, sans y avoir puisé ses racines. D’où ce « digest », que nous espérons point trop…indigeste !

Étageant les terres de son canton depuis les berges d’Hérault, à 40 m environ d’altitude, jusqu’aux environs de 500 m sur la commune de Salasc, Clermont offre à ses visiteurs des terrasses en pente douce, à l’est, pour y substituer un relief plus accidenté, et présenter un relief de moyenne montagne, à l’ouest. […]

Le 12 juillet 1790, l’Assemblée nationale vote la constitution civile du clergé par laquelle, entre autres résolutions, est supprimée l’existence du diocèse de Lodève. Ainsi peut apparaître anecdotique la disparition d’une institution qui a pourtant rythmé pour ne pas dire centralisé pendant plus de mille cinq cent ans la vie religieuse, politique et parfois sociale de notre région. […]

Mourèze… Saint-Privat de Naves… Le domaine de Naves, situé en contrebas de la route qui relie Clermont à Bédarieux, localise la « villa de Navas » dont l’église était dédiée à Saint-Privat de Mende. Où se trouvait exactement cette église ? Aucune carte, ni ancienne, ni moderne, ne l’indique. […]

L’église d’Aspiran n’est ni une cathédrale, ni une collégiale, pas plus qu’une abbaye attirant les foules, cependant elle est inscrite sur la liste complémentaire des Monuments Historiques et elle est signalée dans le « Dictionnaire des Églises de France » publié chez Robert Laffont en 1966 ; cet ouvrage reprend d’ailleurs, en citant ses sources, le texte plus ancien de Fisquet dans « La France Pontificale » (1868). C’est que, modeste par ses proportions, sobre dans son décor, meurtrie au cours des ans par les hommes et les intempéries, elle présente cependant encore une architecture digne d’intérêt et quelques pièces de mobilier remarquables. […]

ASPIRAN au temps jadis

Je me permets de répondre à l’article de Madame Birouste, qui demande si gentiment une éventuelle réponse sur la maison style Renaissance, aux savantes décorations assez difficiles à interpréter.

Il s’agit surtout des initiales G.P. qui permettraient d’identifier le propriétaire. Comme je possède quelques archives remontant à 1625, je suis autorisé à penser que cette vétuste demeure à appartenu à la famille La Pierre, qui figurait au compoix parmi les plus vieilles et plus riches du pays.
D’après mes archives et celles de chercheurs bien informés, il peut y avoir deux versions ; voici celle d’Alligné : au cours de ce siècle, des renseignements furent demandés à la Mairie, de la part d’un américain concernant la famille La Pierre, (Sir Edward I. Strater, Harrods Creek Kentucky U.S.A…). En voici un extrait : « Mon ancêtre Etienne La Pierre né à Aspiran vers 1628 était Huguenot. A cause des Dragonades, il dut se réfugier en Irlande, où il mourut à Dublin en 1724… La Mairie répondit à Monsieur Strater, d’après des renseignements fournis par Monsieur Bonnery François, communiqués également à la dernière des Vezian : le père d’Etienne La Pierre se prénommait Pierre et sa mère Marie Vezian.

Il paraîtrait que les armes de la famille La Pierre, furent sculptées sur une colonne de l’entrée, après le 2e porche de la grand’rue à main gauche !

Pierre La Pierre dut abjurer sa religion le 9 octobre 1685, le même jour que son fils aîné, prénommé également Pierre ; sa fille Marguerite âgée de 18 ans abjura le 17 octobre. Quant à Etienne, il préféra s’expatrier en Irlande.

Déjà en 1682 les Dragonades étaient très « barbares » et Pierre dont la femme était catholique, se vit contraint de faire abjurer la petite Marthe qui avait 9 ans. Comme ses frères et sœurs cette enfant était protestante. (Le procès-verbal de cette cérémonie existe et se trouve dans les archives paroissiales d’Aspiran). D’autres familles abjurèrent également pour éviter l’exil.

En 1790, Aspiran est chef-lieu de canton, Paulhan et Canet dépendent de son autorité ; cessant de relever administrativement de Béziers, il est rattaché au district de Lodève. L’abbé d’Aniane, Monseigneur de Soussineau de Tourdonnet fut le dernier des seigneurs d’Aspiran.

Dans mes archives personnelles, j’ai retrouvé une certaine Marthe Lapierre de Montvert. Était-elle la petite-fille ou l’arrière-petite-fille de l’héroïne des Dragonades, pourquoi pas ?

Le 25 Mai 1800, eut lieu à Aspiran, le mariage d’un de mes aïeux prénommé Laurent Ayot 24 ans, veuf de Suzanne-Marthe La Pierre de Montvert, avec Anne Fargues, 24 ans également et veuve de François-Claude Ayot.

Quant aux initiales gravées sur la frise de l’entrée de la demeure, l’énigme G.P. reste encore à élucider, mais j’opterai plutôt pour la version de La Pierre, la main du sculpteur qui est représentée ne symbolise-t-elle pas l’outil de l’artiste !

Pourquoi pas Guillaume, Gaston, Gilles, Gontrand ou bien Gustave comme le dit Madame Birouste ?

Marcel Ayot

* Selon Alliqué, les armes de la famille LAPIERRE (LA PIERRE), y seraient sculptées.

De très nombreux enfants de notre proche région ont fait retraite dans ce domaine, sis à proximité des Matelles, et ont souhaité, comme les adultes les y ayant accompagnés, en connaître l’histoire. Nous devons à l’obligeance de notre ami Pierre Grau, à qui le GREC est redevable de maints autres articles, les précisions ci-après données sans aucune prétention, dans le seul but de permettre une approche historique, à partir de l’ouvrage publié sous la direction du Professeur Gérard Cholvy et cité en référence. […]

Cet article n’a d’autre visée que de tenter de répondre aux interrogations du promeneur qui, attiré par d’imposantes ruines médiévales, découvre un espace mort envahi par des décombres. Avant toute description, il faut considérer le site archéologique. […]

La route de Neffiès à Vailhan abandonne à regret les ruines ocres de la grange de Garenq, se tortille et vient déchirer le paysage. A main droite, quelques vignes escaladent les coteaux entrecoupés de murettes de grès et de dolomies, puis cèdent le pas à la garrigue rase des Louvières Hautes. A main gauche, la colline du Bousquet se couvre de chênes verts qu’égaie parfois le feuillage plus tendre d’un chêne blanc. […]

En plusieurs occasions, de 1820 à 1923, la question fut agitée du rattachement éventuel de la commune de Villeneuvette à celle de Clermont-l’Hérault. Entre quelques arguments, de poids divers, mais qui ne rallièrent jamais l’ensemble des suffrages, l’un, qui fut invoqué à deux reprises, repose sur une erreur de fait : la commune de Villeneuvette, a-t-on assuré, serait de création fort tardive. […]

« Le pays d’Hérault« , l’expression peut surprendre comme le dit l’auteur, né au pied du mont Saint-Baudile, et qui a « tant parcouru cette région que bordent Lodève, Ganges, Montpellier, Montagnac et Pézenas » qu’elle lui a donné l’envie d’y revenir pour y prendre sa part de l’aventure collective et la vigne est devenue l’une de ses préoccupations quotidiennes. Mais ce pays existe pour les hommes et les femmes qui vivent dans ce quadrilatère. […]

Un groupe d’hommes avance péniblement sur le chemin muletier de Caylus. En tête, bavardent le maire de Neffiès, Henry Vedel, et son procureur, Marie François Sales. Suivent trois officiers municipaux, Barthélémy Couderc, Pierre Déjean et Jean Cavalier, accompagnés du greffier, Louis Couveignes.

Tous, bien sûr, parlent de l’affaire qui les fait se retrouver, ce 13 juillet 1790, sur un sentier de colline.

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Informations complémentaires

Année de publication

1988

Nombre de pages

66

Disponibilité

Produit téléchargeable au format pdf