Description
Fumel, Lodève et la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus
Monseigneur de Fumel, le dernier évêque à occuper le siège de Lodève, introduisit dans ce diocèse la dévotion du Sacré-Cœur de Jésus par un mandement du 12 Novembre 1767. Il n’est pas, et de loin, le premier évêque à adopter cette dévotion, il n’est même pas un des tout premiers, pourtant il figure en très bonne place dans l’histoire de la diffusion du culte du Sacré-Cœur puisqu’il est l’auteur d’un ouvrage entièrement consacré à la question : « Le culte de l’amour divin ou la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus ». Cette œuvre permet d’analyser la théologie pastorale d’un évêque de la seconde moitié du XVIIIe siècle, mais elle introduit aussi à des recherches mettant en cause la situation de l’Église de Lodève, la situation de l’Église de France et la situation de l’Église Universelle. L’œuvre se place, en effet, dans la perspective d’une réponse aux tendances de dévalorisation du sacré qui apparaissent au XVIIIe siècle grâce à la diffusion d’une dévotion que l’on souhaite populaire et massive.
D’entrée, Monseigneur de Fumel se place dans une perspective apologétique ; il veut « confondre les incrédules » et dénoncer « les esprits superbes, masqués d’un zèle apparent pour la pureté et la sainteté de la religion qui ne tendent qu’à lui ravir tout ce qui sert d’aliment dans le cœur du fidèle ». L’entreprise est bien dans l’optique apologétique imposée par le courant incrédule – lisons l’idéologie des Lumières et par la tendance rigoriste d’une partie des fidèles et des prêtres – lisons jansénistes. Pour s’opposer à ces deux systèmes, l’évêque entreprend de justifier et d’encourager la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus-Christ, capable de convaincre l’incrédulité et de « donner un aliment au cœur du fidèle », ce qui va amener un plan dans lequel, succèdent aux arguments capables de convaincre, des instructions pour pratiquer la dévotion au Sacré-Cœur. Le double aspect de l’œuvre est clair : à l’apologétique succède la catéchèse, à la théologie succède l’enseignement des vérités qui viennent d’être prouvées.
L’évêque établit d’abord la tradition dans laquelle s’insère la dévotion et rattache le culte du Sacré-Cœur au culte du Corps du Christ reçu dans l’Église depuis le XIVe siècle et qui a donné naissance à l’importante procession de la Fête-Dieu. L’évêque de Lodève n’a aucune difficulté à montrer que les objections faites à la dévotion du Corps du Christ au XIVe siècle sont les mêmes que celles qui sont faites à celles du Sacré-Cœur et qu’elles ont été surmontées victorieusement par les deux Papes qui ont fait du Corpus Christi une fête officielle : Urbain IV (1262) et Clément V (1311).
C’est donc à d’autres objections que répond ensuite l’évêque de Lodève ; cette référence à l’histoire de l’Église montre bien que l’ouvrage ne se place pas à l’origine de la dévotion mais dans une perspective temporelle où le Sacré-Cœur est déjà adoré et où ce culte a déjà été l’objet de critique. […]
Informations complémentaires
Année de publication | 1975 |
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Nombre de pages | 18 |
Auteur(s) | Michel PERONNET |
Disponibilité | Produit téléchargeable au format pdf |