François et Philomen Mioch, de Florensac,
deux ouvriers agricoles au devant de la vie

Site :http://rose.mioch.free.fr/
* Docteure en langues romanes, spécialité occitan.
Rattachée au RedOc (L.L.A.C.S.) à l’Université Paul Valéry.

Introduction

Nés autour de 1900 à Florensac, François et Philomen Mioch deviennent, dès leur sortie de l’école, ouvriers agricoles. Leur engagement syndicaliste et communiste les conduit ensuite à travers l’Europe « Au-devant de la vie » 1.

Philomen Mioch (1903-1990) laisse des « souvenirs » sous le titre Les tribulations d’un ouvrier agricole2, présentés à la Fête de la Fédération communiste de l’Hérault en 1984. Il aurait pu intituler son livre Souvenirs d’un fondateur du Parti communiste en Languedoc ou encore Souvenirs de Fau ma tèsta3. Ce surnom languedocien – langue parlée par tout le monde au village alors – lui a été donné par son grand-père et souligne son caractère bien trempé.

L’édition, à compte d’auteur, est l’aboutissement d’une première écriture sur des cahiers d’écolier, au début des années 1960. Philomen Mioch habite alors à Montpellier et a cessé toute activité, terrassé par la maladie. Certificat d’études en poche, il quitte l’école à 12 ans, mais il a toujours écrit avec un certain plaisir comme en témoignent ses lettres de prison. Entre la rédaction des cahiers et leur édition, il prend soin de vérifier les faits notables au travers d’une correspondance avec d’anciens camarades ou compagnons.

La sortie des « Tribulations » suscite des témoignages sur la vie des ouvriers agricoles, leur engagement au Parti communiste et dans la Résistance. Nous les avons confrontés aux documents d’archives et aux journaux que nous avons pu consulter ainsi qu’aux études sur le communisme rural et ses dirigeants 4. Dans la préface du livre qui comprend onze chapitres 5, Paul Balmigère, député de l’Hérault, écrit : « Philomen Mioch […] est le type d’homme qui développa dans l’entre-deux-guerres, le PCF en terre languedocienne ».

La complexité des relations biographe-biographié(s) est connue, et nous allons tenter de développer notre récit en référence à la définition de Serge Wolikow 6 : « L’approche biographique en histoire est d’abord une lecture du social à hauteur des individus… ».

Nous suivrons les frères Mioch dans leur formation, leur engagement dans la section française de l’Internationale communiste (SFIC) dans l’entre-deux-guerres jusqu’à la guerre d’Espagne et le Front populaire, enfin de la guerre d’Espagne à la Résistance.

La vie de la famille Mioch à Florensac au début du XXe siècle

Des événements, encore présents cinquante ans après dans la mémoire des habitants, ont marqué le village de Florensac. En 1848, éclate la première grève des ouvriers agricoles 7. Pendant près d’un mois, six cents paysans tiennent en échec les autorités. Fin 1851, les partisans de La Sociale prennent la Mairie et manifestent au son du tambour et du hautbois avant de procéder à l’arpentage d’un tènement, la Trabatelle, pour le partager entre les sans-terre.

Le coup d’État de Louis Napoléon, balayant les institutions républicaines, trouve donc Florensac dans un état insurrectionnel. Comme l’indiquent Jean Sagnes et René Merle, l’opposition au coup d’État concerne le Midi tout entier 8. Ainsi, « un terreau favorable » 9 à l’implantation du communisme existe à Florensac. L’analyse de Lynch, basée sur la vision du paysan par Marx « considéré comme le rempart de l’ordre social et de la bourgeoisie » 10, ne peut pas s’appliquer dans ce contexte.

En 1903 11 à la naissance de Philomen, le cinquième enfant de Marius Mioch et Marie-Claire Roux, Florensac compte 3 677 habitants. Les deux familles y travaillent depuis des générations comme « brassiers et manœuvriers » pour les Mioch, comme jardiniers spécialisés dans la prune reine-claude pour les Roux. Les 3 600 hectares de la commune sont pour la plupart la propriété de gros exploitants. Les commerces fleurissent. Le village est doté de deux gares de chemin de fer, des écoles publiques de filles, de garçons et d’une maternelle. Trois tournées de facteur complètent le tableau. Notons aussi un médecin, un vétérinaire et un professeur de musique. Les établissements Pera existent déjà sur la route d’Agde 12 et fabriquent des vélocipèdes.

Quand Philomen naît, son père a 37 ans et sa mère 35. Vivent au foyer : Rose 12 ans, François 4 ans et Hermine 18 mois. L’aîné Pierre et la cadette Annette meurent en bas-âge. Les deux parents travaillent la vigne, le père depuis l’âge de 10 ans. La mère Clairette, qui travaille déjà à 9 ans, ne parle que languedocien et ne sait ni lire ni écrire. Marius, le père, qui a été maître d’armes sous les drapeaux, adopte très tôt « les idées les plus avancées pour l’époque : il devint radical socialiste. Il savait à peine lire et écrire et travaillait beaucoup allant jusqu’à faire trois journées en 24 h » 13. Le grand-père Mioch est ouvrier agricole, fils d’ouvrier agricole et le grand-père Roux, Hercule de son deuxième prénom, a fait la guerre de Crimée.

Le curé de Florensac refuse au nouveau-né le prénom de son parrain Marceau Roux, trop révolutionnaire à son goût, et accepte le masculin de Philomène, prénom de la marraine, ce qui crée régulièrement des quiproquos14. Les deux familles sont catholiques. Une fois la sœur aînée partie, restent à la maison trois enfants d’âge très proche, vendangeant ensemble, grappillant 15 ensemble, trouant ensemble toutes les cuillères de la maison pour être égaux en mangeant des macaronis 16 !

François a des souvenirs des manifestations de 1907 auxquelles les Florensacois « ont participé en nombre » 17 mais son cadet ne se souvient que du froid, des engelures, et qu’il se réfugiait avec sa sœur Hermine dans le moulin à huile de la rue de l’Hérault ! Son père et ses camarades plus anciens lui parlent de « la mévente et la misère qui s’ensuivit ». Il note cependant qu’après 1907 « le syndicat des ouvriers agricoles de Florensac était à direction révolutionnaire 18 ».

En ce début de XXe siècle, l’école devenue laïque par la séparation de l’église et de l’État, est un facteur de progrès. Comme leur aînée Rose, née en 1891, qui a obtenu des premiers prix, les deux frères sont bons élèves, mais comme sa sœur Hermine, François quitte l’école avant le certificat d’études. Il écrit : « Dès avant ma douzième année, quoique souvent le premier de la classe et très studieux, je dus quitter l’école pour aller travailler dans un jardin où je gagnais 10 F par mois et la nourriture » 19. Si l’école amène l’alphabétisation en français, langue du pouvoir et des patrons, elle forme aussi les consciences, comme la volonté de revanche sur la guerre perdue de 1870 20. Philomen Mioch reprend à ce propos une partie de l’analyse du Parti communiste d’alors 21. L’école enseigne aussi les guerres de religions et Philomen, avec « l’accord tacite de son père », réussit à ne pas faire la communion 22.

La situation de leur aînée constitue un double traumatisme pour les trois enfants : elle se marie contre la volonté de leurs parents et ils ne la revoient qu’en 1918. Son mari au front, elle revient à la maison pour y mourir de la grippe espagnole, laissant une petite fille de 4 ans que son père confie à l’orphelinat, les visites de sa famille maternelle lui étant interdites.

Philomen Mioch, dans ses souvenirs, souligne la différence de traitement des femmes dans le village pour les salaires mais aussi pour la nourriture, quand la mère réserve la meilleure part aux hommes et aux garçons. Il est attentif à l’opprobre jetée sur elles et seulement elles quand elles se retrouvent « dans une situation soi-disant immorale » qui peut les amener au pire 23.

De son côté François, en permission en 1919, « enlève » sa future épouse, Reine Bertoni, qui a perdu son frère dès le début de la guerre et dont la mère ne veut pas se séparer. Elles sont toutes deux très croyantes.

Les frères Mioch jouent au foot dans l’un des quatre clubs dont les sièges sont dans les cafés du village. François est à l’origine, pendant l’hiver 1916-1917, du club l’Olympique. En mai 1927, ils sont cités 24 comme les meilleurs joueurs florensacois lors d’un match de la division d’honneur, l’élite du football amateur de l’époque. Philomen a joué avec l’équipe du collège des frères chrétiens de Tripoli pendant son service en Syrie. Ils pratiquent aussi le billard. François, ténor léger, chante l’opérette et l’opéra 25.

Leur vie quotidienne est très proche de celle du XIXe siècle 26. Le carnaval était l’occasion de monter des pièces de théâtre : dans celle d’Émile Barthes « Los maridaïres ou La mal maridada » 27, Philomen joue Margarida, la mère de la mariée, habillé par la boulangère. Cette sociabilité, issue des traditions languedociennes, se complète des relations nouées au travail. La grève est une autre forme de convivialité avec ses piquets, ses tours de ville, ses soupes populaires, ses collectes et sa musique. D’autres ont suivi celle de 1848, notamment celle de 1911 à laquelle « toutes les catégories de salariés prirent part » 28 et qui, malgré l’envoi d’un régiment de cuirassiers, fut victorieuse.

L’armée n’a pas bonne presse auprès du cadet des frères qui, relatant une algarade avec un enfant de troupe, se définit déjà comme antimilitariste, plutôt anarchisant 29. Il refuse de suivre le peloton des caporaux lors de son service militaire. Son frère (fig. 1), monté au front avec le 149e Régiment d’infanterie en mars 1918, est « un vrai patriote » 30. Volontaire pour des coups de main, il est fait caporal sur le champ de bataille à la prise de la tranchée d’York lors de l’offensive en Champagne. Cependant, comme ses pairs, il est marqué par la boucherie de la « Der des der. » Dans ce contexte, la question de Molinari se révèle pertinente : « Tradition républicaine, exploitation précoce, haine de la guerre : n’a-t-on pas ici la matrice la plus générale […] de l’adhésion paysanne au communisme ? » 31.

François Mioch (1898-1945) en 1918 avant sa montée au front en Champagne
Fig. 1 François Mioch (1898-1945) en 1918 avant sa montée au front en Champagne. (Coll. particulière)

Formation et engagement politique et syndical

Le premier engagement de Philomen est syndical. Il est favorisé par les amis de son oncle, socialistes, lors de la reconstitution du syndicat des ouvriers agricoles fin 1918. Sa première action est de lutter contre le chômage.

Avant le départ au régiment de François, Philomen a parcouru avec lui, en pleine guerre, les grandes « colles » 32 en période de sulfatage pour faire passer la journée de travail de 7 heures à 5 F par jour 33. François, constatant à son retour la situation des ouvriers agricoles, rejoint le syndicat dont il fut l’animateur de 1921 à 1933 34. Ainsi, lors de la commission paritaire de la grève de 1926, François Mioch dirige 35 en Mairie la délégation ouvrière face à son patron le baron de Vulliod, un des plus gros propriétaires du Midi 36. Les ouvriers agricoles obtiennent alors de travailler 7 heures payées 8. Ce syndicat reste autonome 37 au moment de la scission de la CGT en 1922 38 et envoie des délégués tant au congrès de la CGTU qu’à celui de la CGT (fig. 2).

Manifestation du 1er Mai 1930 à Florensac avec la cellule du Parti Communiste : Philomen en haut à droite, François à sa gauche sous la personne au poing levé
Fig. 2 Manifestation du 1er Mai 1930 à Florensac avec la cellule du Parti Communiste : Philomen en haut à droite, François à sa gauche sous la personne au poing levé.
(Coll Brousse)
Philomen Mioch en 1923 au 22e Régiment d’Infanterie Coloniale d’Aix en Provence
Fig. 3 Philomen Mioch en 1923 au 22e Régiment d’Infanterie Coloniale d’Aix en Provence.
(Coll. particulière)

C’est en mars ou avril 1924 que Philomen rejoint le Parti communiste dont il lisait déjà la presse. Décidé à adhérer au Parti communiste, il ne le fait qu’à la fin de son service militaire en Syrie (fig. 3). Son aîné l’avait informé de la constitution, à l’occasion des législatives, de la cellule du village dont il était secrétaire.

La période qui suit l’Armistice pour l’aîné, la présence en Syrie pour le cadet sont des moments de lectures intenses. Deux exemples le démontrent : la présence dans la bibliothèque de Philomen d’un livre acheté à la librairie syrienne Joseph Zablith de Tripoli, en mai 1924 39, qu’il a dû lire pendant ses journées de prison du camp Legoult, journées consignées avec précision sur son « Carnet de Syrie » 40. De son côté, François, qui identifie les tombes des combattants « morts pour la France », est logé près de Gerardmer chez une dévote qui posséde « tous les évangiles en petits opuscules ». Il apprécie particulièrement celui de Saint Matthieu 41.

Philomen s’est déjà passionné pour les écrits de Jaurès, ses controverses avec Jules Guesde 42, ses discours à propos du Maroc, grâce aux brochures trouvées chez le père Maraval, vieux socialiste chez qui arrivent les 15 Humanités de Florensac 43. La soif de connaissance des deux frères rejoint celle des autres communistes qui, dès les lendemains du congrès de Tours, se lancent dans l’éducation populaire pour « développer la culture générale des adhérents dans un sens humaniste » 44.

Philomen, dès son retour à la vie civile, prend la responsabilité de créer les Jeunesses communistes sur le rayon 45 de Florensac avec pour objectif la bataille contre la guerre du Rif 46. Il travaille alors à Saint Apolis, campagne dont le régisseur, un ancien secrétaire du syndicat de Quarante lors des grandes grèves de ce village en 1904-1910, l’incite à la discussion politique.

Bientôt, il participe aux réunions régionales. Il lit et relit Marx et Lénine et participe au Martinet dans le Gard, en 1925, à sa première école du parti dirigée par André Ferrat, délégué du Comité central à la jeunesse 47. Ses soirées sont mises à profit pour dévorer des livres de théoriciens 48, lectures qui lui permettent de préparer ses interventions en réunions 49. Celles-ci, mais aussi les grèves de Mai 1926 à Florensac, de l’été 1927 dans l’Hérault, constituent une autre façon de se former. Philomen Mioch devenu, en raison du départ d’Hervé Galinier (1907-1988) au service militaire, secrétaire de la 21e entente de la Jeunesse communiste, parcourt la région en fin de semaine, du Gard aux Pyrénées Orientales.

Il commence à prendre la parole en public avec Raoul Calas 50 (1899-1978) à Pomerols et Marseillan. Se trouvant très mauvais dans cet exercice, il refuse de remplacer Étienne Fajon 51 (1906-1991) comme secrétaire régional pendant la période de réserve de celui-ci au Larzac en août 1932 52.

Lire ne suffit pas, écrire, prendre des notes, rédiger des cahiers revendicatifs, des tracts font aussi partie de son apprentissage. L’Humanité du Midi puis Le Travailleur du Languedoc vont jouer pour les deux frères, comme pour l’ensemble des dirigeants communistes, un rôle majeur.

Calas puis Fajon dirigent pendant quelques mois une école pour les jeunes le dimanche après-midi à Béziers. « Je m’y rendais souvent à bicyclette » raconte Philomen qui participe ensuite à l’école centrale de Saint-Denis 53. Il est élu au Comité central lors du VIIe congrès, en même temps qu’Étienne Fajon, en qualité de suppléants. Il devient, pour quelques mois à Paris, responsable de la section agraire et de La Voix paysanne. Après une tournée en Beauce au moment des louées, il rentre à Florensac 54.

Responsabilités à la section française de l’Internationale communiste

Après sa participation au Comité central du 4 octobre 1932, Philomen reçoit la proposition d’aller à l’école léniniste : « J’avais fait l’école centrale, je ne pouvais refuser ce que le Parti me proposait. Aller à Moscou parfaire mon éducation ne pouvait qu’être profitable au Parti et à moi-même 55 ». Muni d’un faux passeport, il part clandestinement comme responsable de la délégation via Berlin – où il est témoin de la montée de l’hitlérisme – pour Moscou où il arrive en janvier 1933.

C’est à ce moment qu’est créée la section des cadres de l’Internationale communiste (IC) qui a pour tâche, entre 1932 et 1943, de recueillir les informations sur la trajectoire politique des collaborateurs de son Comité exécutif et des cadres du Parti communiste 56. « Elle procédait à un tri plus méthodique [dont] le principal critère de choix était l’accord avec la ligne de l’IC » 57.

A Moscou, il prend le pseudonyme de Célestin Bertomieu 58. Son esprit critique le conduit devant le tribunal de l’école de Moscou. Sur intervention des dirigeants de l’Internationale communiste, il n’est pas sanctionné mais exempté de cours. Il participe même à une réunion des partis occidentaux du Komintern, invité par Maurice Thorez. Cette réunion, en présence de Marty 59 que Thorez tentait de convaincre, porte sur la stratégie à adopter face au fascisme concernant la « social-démocratie ». Après avoir suivi également des cours de l’Institut agraire sur la paysannerie 60, il rentre en France fin février 1934, après la journée d’émeute des ligues fascistes.

Philomen Mioch est alors désigné par Thorez pour combattre Doriot 61 dans le rayon de Saint-Denis. Doriot, député-maire de la ville, est accusé « d’opportunisme et de collaboration de classe » : il interprète « dans un sens nouveau les principes du front unique prôné par l’IC ». Cependant, il semble que sa critique de la ligne politique lui ait servi pour ses ambitions personnelles 62. Philomen Mioch décrit ainsi l’atmosphère : « Pour les membres du rayon de Saint-Denis, Jacques Doriot était leur Dieu. Il avait su entretenir le culte de sa personnalité. Il avait toujours raison. Il s’était entouré d’une équipe qui lui était dévouée… » 63. Philomen Mioch mentionne dans ses écrits : « Maurice Thorez avait tenu à souligner le rôle très positif que j’avais eu dans la lutte contre Doriot… » 64.

Mais il s’épuise à la tâche, ne sachant pas refuser les sollicitations du Parti et de ses organisations, et c’est donc avec joie qu’il repart pour Florensac.

De 1931 à 1933, François pour sa part est rédacteur au Travailleur du Languedoc à Béziers, tout en poursuivant son activité professionnelle et militante à Florensac 65 : « En plus d’être salarié agricole, il avait pris pour s’en sortir quelques lopins de terre en fermage. […] Il s’était réconcilié avec sa belle-mère, remariée. […] Ils vivaient dans la même maison… » 66. Dans une lettre adressée au bureau régional, il écrit qu’il est « inscrit comme élève à l’école par correspondance » 67. Il aurait participé à une autre école une fois arrivé à Paris en 1933.

Le Parti communiste et la question paysanne

La politique du Parti communiste en matière paysanne a été définie au congrès de Marseille en 1921 68. Renaud Jean, député du Lot-et-Garonne élu en 1920, est depuis le congrès de Tours le théoricien d’une « synthèse » entre les traditions socialistes françaises et la doctrine de l’Internationale communiste.

Les chercheurs qui étudient le mouvement syndicaliste et politique en Languedoc, des lendemains « de la crise phyloxérique dans ce qui est devenu une véritable usine à vin du Midi… » 69 au début du XXe siècle 70, retiennent le terme de « prolétariat viticole ».

Le choix du titre Les tribulations d’un ouvrier agricole par Philomen Mioch marque son attachement à cette classe ouvrière qui travaille sous différents statuts et dont les salaires permettent juste de survivre.

L’opposition aux gros propriétaires vaut à Philomen un mois de prison qu’il effectue en décembre 1929 à Béziers 71. Son arrestation est annoncée à la « une » de La Provence ouvrière et paysanne72.

Louis Molinier, natif de Sérignan dans l’Hérault, constate : « Le Parti [communiste] était écouté des ouvriers agricoles où il recrutait la majorité de ses membres avec quelques petits propriétaires et un petit nombre d’ouvriers d’industrie » 73. Jean Sagnes compte en 1926 en Languedoc 41 % d’ouvriers agricoles parmi ses dirigeants 74.

À ce titre, le Languedoc ne correspond pas à l’analyse développée par Julian Mischi 75 sur une « faible promotion partisane des ruraux, […] les directions départementales étant dans ce cas relativement homogènes, avec des cadres issus d’usines et formés à Paris, voire à Moscou ».

En effet, comme le confirme Claude Pennetier 76, le Languedoc est la seule région où s’observe une promotion des ouvriers agricoles. Mis à part Waldeck Rochet, second « paysan » à l’école léniniste de Moscou en 1931, tous ceux 77 que nous avons recensés viennent de la région Aude-Hérault 78.

Le centralisme du Parti communiste est double si l’on considère le rôle de l’Internationale. Cette situation n’est pas exempte de contradiction comme le montrent deux exemples pris dans la région. Lors des élections municipales de 1925, la cellule communiste de Florensac participe à une liste « de défense ouvrière et unité socialiste » malgré les directives nationales 79 et dans une atmosphère très anticommuniste, relayée par les média. Elle comporte sept représentants communistes dont François Mioch 80. Parmi les 23 candidats, 22 sont élus 81 dès le premier tour 82. De même, en 1930, la crise viticole pose aux communistes la question de leur participation aux comités de défense fondés par Dorgères. La venue à Béziers de Renaud Jean et Desnots 83 de la section agraire du Parti communiste pour une conférence sur ce thème n’aboutit pas 84. « Le sectarisme qui régnait dans le parti ne nous permettait pas d’avoir une position juste sur ce problème, […] nous restions isolés de la masse des viticulteurs » reconnaît dans ses souvenirs Philomen Mioch 85.

Ce qui frappe cependant c’est une certaine fébrilité du « centre » dans la gestion des cadres : ceux-ci doivent répondre souvent très rapidement à ses sollicitations. Le « Komintérnien » héraultais justifie cette attitude par les propos de Maurice Thorez sur la nécessité de « changer les militants pour ne pas les user complètement » 86. En décembre 1932, François Mioch écrit à la direction du parti en s’insurgeant contre le départ de trop nombreux « camarades héraultais » 87. Et, constatant que « le centre ne tient aucun compte des avertissements qui lui viennent de la base », François Mioch informe le bureau régional qu’il n’assisterait plus à ses réunions.

Edmond Roca, rentré également de Moscou 88, est préféré à Philomen Mioch comme secrétaire Aude-Hérault. Philomen ne se pose apparemment pas de question : il retourne travailler à la journée et anime le comité de chômeurs de Florensac. En décembre 1934, il finit par remplacer Roca. Il consacre son temps, aidé par Raymond Barbé 89, à renforcer les cellules en agissant pour la victoire du Front populaire dans les entreprises et parmi les ouvriers agricoles au chômage. Il est candidat en 1936 et 1937 dans des secteurs où le Parti communiste est peu ou pas implanté. A Limoux 90, Philomen Mioch avec ses 472 voix augmente le score de 1932 de son parti de 210 voix. Sa candidature à l’élection cantonale de Mèze est du même type 91. L’objectif de renforcer le Parti est atteint.

François, qui déjà en 1925 au Congrès régional ouvrier et paysan a traité de la question viticole 92, est interdit d’embauche pour activité politique 93 après sa candidature aux législatives de 1932 94. Sollicité depuis longtemps pour participer à la section agraire, il se décide contre l’avis de sa femme qui refuse de le suivre à Paris en mai-juin 1933. Il se pose la question de l’appartenance de classe de ceux qui tout en « conservant leur lopin de terre sont obligés de louer leurs bras » avec la Confédération générale des paysans travailleurs (CGPT).

De La Voix Paysanne à La Terre

Après le Congrès de Tours, le journal La Voix Paysanne, créé par Compère-Morel député socialiste du Gard, est repris par Renaud Jean, puis devient l’hebdomadaire de la Confédération générale des paysans travailleurs lors de sa création en 1929. Renaud Jean en est le président et François Mioch le secrétaire général. Parallèlement, ce dernier participe à l’élaboration de la page « Vie paysanne » de L’Humanité entre 1934 et 1939 95.

Waldeck Rochet, qui contrairement à François Mioch a été l’élève de l’école léniniste internationale à Moscou et membre du Comité central, intervient dans sa séance de février 96, montrant les possibilités d’actions révolutionnaires dans les campagnes 97. C’est à ce moment que François monte à Paris pour la CGPT, son journal et la section agraire du Parti communiste 98.

La Voix Paysanne commence alors une campagne contre les saisies des métayers. Mais ce journal ne correspond pas à la ligne éditoriale défendue par Waldeck Rochet. Sous son impulsion, le Parti communiste décide la création d’un nouveau journal en novembre 1936 : La Terre.

Quand paraît le premier numéro, François Mioch écrit toujours à La Voix Paysanne. En mars 1937, un rapport lui est demandé sur la situation de ce journal, de la CGPT et de la presse paysanne 99. En mai, il rejoint La Terre, dont il devient le premier rédacteur en chef. A côté des articles politiques, François Mioch y publie sous pseudonyme quelques contes et des conseils techniques pour la vigne. Sa présence comme instructeur à l’école des cadres paysans de 1935, ses relations avec Lucien Camus 100 confirment le choix de privilégier la cohésion de l’équipe rédactionnelle pour éviter les luttes intestines qui ont marqué dans les premières années la section agraire 101.

La vente de La Terre – un peu plus de 20 000 exemplaires sur un tirage de 35 000 – ne progresse pas en Languedoc. La CGPT « avait très peu d’influence » remarque Philomen Mioch, « ici 70 % des ouvriers agricoles étaient petits exploitants. Depuis la réunification syndicale, ils avaient rejoint la CGT ». Ce journal pensé pour la paysannerie correspondait-il aux besoins des ouvriers de la monoculture de la vigne ?

L’engagement de François Mioch pour la cause paysanne

De nombreux articles, écrits dans La Terre et L’Humanité par les deux frères Mioch et en particulier François, témoignent de leur action 102.

De même, l’édition de Le statut viticole et la défense des petits vignerons103 est qualifiée dans sa préface par Renaud Jean, Président de la commission de l’agriculture, de « brochure utile ». On peut y suivre, au fil des chapitres, le raisonnement de François Mioch, membre de la commission interministérielle de la viticulture : des causes de la crise viticole en France en 1929 au statut viticole et au décret-loi de juillet 1935. N’oubliant pas la situation des « ouvriers occupés dans le vignoble… », il s’appuie sur la situation du chômage dans l’Hérault 104 pour fustiger l’égoïsme et l’ingratitude des « gros possédants ». Cette prise de position se démarque de celle d’Édouard Barthe 105, député de l’Hérault 106 qui « envisage la question viticole […] sans jamais faire allusion au prolétariat de la vigne » 107.

François Mioch a déjà exposé dans ses professions de foi 108 des propositions qui s’affinent d’une élection à l’autre. En 1928, il est candidat du « bloc ouvrier et paysan » à Lodève (fig. 4). Au plan national, « la progression des communistes est de 20,3 % ; elle est de 136,7 % dans l’Hérault. […] Le Parti communiste a gagné en crédibilité par rapport à 1924 grâce au travail politique plus soutenu et plus systématique… » 109. Cependant, la circonscription de Lodève fait exception car elle est « très nettement la plus défavorable au Parti communiste qui n’obtient que 410 voix et 2,9 % des inscrits » 110. Candidat « parachuté » par excellence, l’ouvrier agricole affronte le radical Germain-Martin, professeur de la Faculté de Droit de Paris, membre de l’Institut et le républicain-socialiste Raillac, député sortant avocat à Lodève.

Profession de foi de François Mioch, candidat du PC (SFIC) dans la circonscription de Lodève en avril 1928
Fig. 4 Profession de foi de François Mioch, candidat du PC (SFIC) dans la circonscription de Lodève en avril 1928. (Coll. particulière)

En 1932, il est candidat dans la 1re circonscription de Béziers. Il rassemble au premier tour 897 suffrages, soit 4 % 111, avec 6 % à Florensac et Pézenas. Comme l’analyse Jean Sagnes : « la tactique classe contre classe est responsable du reflux électoral » 112.

Dans sa profession de foi de 1932, François Mioch dénonce la loi Barthe-Tardieu en l’analysant, avant d’exposer, sous le titre « le Parti communiste exige », des propositions pour les ouvriers agricoles et les paysans pauvres. Aucune des deux professions de foi que nous avons consultées (1928 et 1932) ne contient l’affirmation tendant à « l’expropriation des domaines fonciers », contrairement à celle de Renaud Jean de 1924 113. Les thèmes développés en 1928 semblent correspondre au complément à la thèse agraire de Marseille établi en décembre 1924 114.

François Mioch a résumé l’action de ces années dans sa défense devant le Tribunal militaire de Montpellier en 1942 : « De 1933 à 1939, […] je ne me suis préoccupé que des réformes sociales intéressant la paysannerie. […] J’ai parcouru de nombreux départements de France, allant dans les villages les plus reculés parler aux paysans de la réforme du métayage, du fermage, de la retraite des vieux, des calamités agricoles, des lois sur le blé, le vin, etc. 115 ». Après la parution des Tribulations, un petit viticulteur de la Loire, Raphaël Masson de Monteaux écrit à Philomen : « J’ai bien connu ton frère François, je l’avais contacté par La Voix paysanne, il avait fait plusieurs réunions dans le coin, je l’hébergeais 116 ».

Au plan national en 1933, la Confédération nationale paysanne est formée sous les auspices de la SFIO et, en 1934, le Parti communiste réorganise, suite à l’exclusion de Doriot et à la rupture de Desnots, sa section agraire, en remplaçant Renaud Jean par Waldeck Rochet 117. Pour ce dernier, la CGPT doit à l’instar de la CGT devenir « la grande organisation syndicale du monde paysan, sans négliger le prolétariat agricole ». Le Parti communiste dès 1932 développe de « nombreuses tentatives d’union et tente de travailler avec toutes les organisations de défense des paysans qui existent y compris les agrariens » 118. Ainsi, après le meeting de Châteauroux en octobre 1933 où il a été marginalisé, François Mioch critique l’organisation socialiste dans La Voix Paysanne.

Secrétaire de la Confédération générale des paysans travailleurs, François Mioch devient en 1939 secrétaire du Comité national de défense viticole et participe à de nombreux congrès au plan national 119 et international.

Au plan international, le travail unitaire a eu lieu. Le Krestintern, conseil paysan international, affilié à l’Internationale communiste créée en 1923, est remplacé par l’Institut agraire international (IAI). François Mioch y travaille aux côtés de plusieurs radicaux et socialistes 120.

Il se rend au congrès de la Commission internationale d’agriculture à La Haye 121 où il fait un rapport en 1937. En février 1938, il est à Genève avec la délégation du Centre agraire 122. En juillet 1938, François Mioch est présent aux Assises agricoles internationales à Prague. Le Centre agraire international a publié les études des Dr Delsinne et Miglioli 123, du professeur Dumont, d’ingénieurs et de Mioch sous le titre Problèmes agraires sur le plan international124.

La guerre d’Espagne

Dans l’Hérault fin décembre 1935, le Comité régional et le bureau sont élus démocratiquement 125. À partir de fin 1936 et de 1937, l’essentiel de l’activité du secrétaire régional Philomen Mioch est consacré à l’Espagne républicaine.

C’est à ce moment qu’il rencontre Carmen Antonio dont les deux frères sont partis volontaires pour lutter contre les franquistes. L’aîné Joseph est mort le 25 décembre 1936 en défendant Madrid 126. Philomen et Carmen se marient en toute intimité en février 1937 et, le soir même, Philomen part faire passer des armes en Espagne.

A la fin de l’année, le 14 décembre, naît leur fille aînée juste avant la participation de Philomen au congrès d’Arles. Sa candidature au Comité central n’est pas renouvelée, malgré sa présence et ses interventions en séance 127. Il a donc cru de bonne foi que « c’était un honneur [pour lui] de partir en Espagne » 128, comme une lettre du Comité central le lui demandait, afin d’aider Marty dans l’organisation des brigades internationales 129. Mais à Barcelone, il est reçu un peu fraîchement par Marty qui n’attend personne 130. À son retour, il est convoqué devant la commission de contrôle du Parti, suite à une lettre de Marty 131. Partir à la guerre simple soldat comme le suggère un rapport du Comité régional 132, Philomen Mioch ne peut l’imaginer, y a-t-il eu malentendu ?

Le Comité régional s’est rallié aux positions du « centre » avec quelques nuances. Philomen Mioch, sans ressource, va trouver, paradoxalement au sein du Parti lui-même, une solidarité lui permettant de travailler dans différents métiers. Dans ses après-midi libres, sur demande du Parti, il conduit Marie-Claude Vaillant-Couturier en reportage sur les vendanges pour « l’Huma » ; il devient ensuite ouvrier du bâtiment, et met son patron aux Prud’hommes…

En septembre 1938, seul le Parti communiste voyait dans les accords de Munich non la préfiguration de la paix mais plutôt un prélude à la guerre.

De la lutte pour la paix à la guerre

En 1930, Philomen est au Bureau régional du Parti communiste en charge du « travail illégal dans l’armée bourgeoise ». Ce refus de la guerre, cet antimilitarisme prennent racine dans l’expérience des aînés. François Mioch exprime le même refus dans les multiples réunions pour la paix auxquelles il participe avec le Comité Amsterdam-Pleyel et lors du Congrès universel pour la paix (Bruxelles, 3-6 septembre 1936).

Malgré la lutte pour la paix et contre le fascisme à l’échelle nationale et internationale, ce dernier s’étendit sur l’Europe et le monde. Le 23 Août 1939, le pacte germano-soviétique est signé, le 26, la dernière Humanité à paraître est saisie.

François Mioch est revenu à Florensac. C’est la fête du village, toute la famille est réunie, les discussions sont vives à propos de la nature de la guerre 133. Les deux frères défendent le pacte : « A la maison, dans la rue, sur l’Esplanade, dans les cafés, des disputes éclataient. […] Nous expliquions en vain. Pour eux, l’URSS et les communistes étaient de connivence avec Hitler. Nous leur rappelions Munich, la cinquième colonne, le rôle de la presse, le procès de Lucien Sampaix… » 134. Philomen reprend le travail à Montady, il fait état de discussions : « Entre communistes, nous pensions que nous étions à la veille d’évènements graves » 135.

Le 2 septembre, c’est la déclaration de guerre : quatre jours après, Philomen est mobilisé sur le front en avant de Merlebach, puis au-delà de la ligne Maginot. Du front, il écrit tous les jours à sa femme, profitant de cette correspondance pour apprendre l’espagnol 136. C’est au front qu’il apprend la dissolution du Parti par le gouvernement, le 26 septembre.

Le 17 Mai 1940, François écrit à son cadet. Ayant fait la guerre en 1918, il est au Gua-Aubin près de Decazeville dans l’Aveyron, d’où il analyse pour Philomen la situation : « C’est maintenant la grande bagarre avec des hauts et des bas, plus de bas que de hauts peut-être étant donné l’avantage des hordes hitlériennes qui depuis quelques années ont pu en faisant croire au monde qu’elles se destinaient à une autre besogne s’armer jusqu’aux dents. Aujourd’hui, il faut faire face au péril, en tant que Français [sic] et en tant que partisans d’un ordre social meilleur ; l’occupation de notre pays par Hitler ne permettrait certainement pas de l’obtenir ».

L’occupation, les arrestations, la Résistance

Revenus tous deux à Florensac après la débâcle consignée minutieusement par Philomen, les frères Mioch repassent à l’action avec Carmen Antonio-Mioch, Jean Roux, des cousins et des communistes restés fidèles à leurs idées. Ils distribuent des tracts que Carmen, dans un premier temps, va chercher à Béziers, sa fille au bras. C’est aussi la famine pour les familles de ces ouvriers de la monoculture.

Le 3 avril 1942, ils sont convoqués à la Mairie par le Commissaire de la PJ de Montpellier. Les biographies des deux frères et de Jean Roux, réalisées pour le Parti, sont trouvées à Sète chez Pierre Arraut 137 qui vient d’y être arrêté. La relation des faits par la Gendarmerie et les Renseignements généraux concorde avec le récit de Philomen 138. Les gendarmes ne mentionnent pas le rôle de Carmen Antonio-Mioch, peut-être dans le but de la protéger, si l’on en croit les échanges entre Philomen et les gendarmes de Florensac, qui connaissaient depuis longtemps les auteurs des actes de résistance 139.

Philomen, pour tentative d’évasion et voie de fait sur le commissaire, est placé à l’isolement, les deux frères sont torturés dans les locaux de la PJ à Montpellier. Devant la section spéciale du Tribunal militaire, le « conseil de guerre », les Florensacois sont jugés en même temps que Pierre Arraut, Marcel Weill 140, Barre et Albert Solié 141. Les deux frères Mioch écopent de huit ans de travaux forcés avec suppression des droits civils et politiques et confiscation des biens présents et à venir. Tous accueillent le verdict par « une vibrante Marseillaise ».

Les condamnés à plus de 5 ans sont transférés de la Prison militaire de la 32e à Montpellier à Lodève et se retrouvent à quarante politiques, « tous communistes » 142, en treillis et sabots comme des forçats. Les conditions sont telles que l’un d’entre eux, originaire des Pyrénées-Orientales, y meurt de faim. (fig. 5) En septembre, ils peuvent enfin recevoir des colis de nourriture de leurs familles : une nouvelle fois la solidarité familiale et des camarades a joué à plein. Le 20 novembre 1942, ils partent pour une destination inconnue, la Dordogne, le Camp de Mauzac (Sauveboeuf), puis la prison du Puy-en-Velay.

Réponse du Général de Lattre de Tassigny à Mme Mioch refusant l’autorisation d’apporter des vivres à la prison de Lodève
Fig. 5 Réponse du Général de Lattre de Tassigny à Mme Mioch refusant l’autorisation d’apporter des vivres à la prison de Lodève. (Coll. particulière)

Philomen va écrire longuement à sa femme, restée à Lodève où elle a trouvé du travail tout en continuant l’action dans la résistance mais il ne peut pas le faire en espagnol 143, la censure l’interdisant. Carmen conserve précieusement les lettres qui lui sont parvenues. Après avoir été repris lors d’une première évasion 144, une seconde qui concerne tous les prisonniers permet à Philomen et à François, qui n’a pas voulu participer à la première 145, de se retrouver libres et clandestins en Auvergne.

Leurs chemins cependant se séparent ce 2 octobre 1943. Les participants à la première évasion ont rejoint en camionnette le canton de Pionsat et le maquis Gabriel Péri 146 ; les autres, dont François, sont partis à pied vers Langeac et Yssengeaux. C’est au bord de la route dans les broussailles que Jean Roux voit François pour la dernière fois 147, un responsable communiste étant venu le chercher pour s’occuper des paysans. Carmen Mioch dans la Résistance à Agen au printemps 1944 attend en vain sa venue 148.

Le 10 Mai 1944, François Mioch est arrêté à Saint-Étienne par la milice, transféré à la prison St Paul de Lyon le 12, torturé à nouveau 149. Il part de Lyon le 29 juin dans le convoi de 720 déportés livrés par le gouvernement de Vichy. Arrivé à Dachau 150 le 2 juillet 1944, matricule 75982 151, il est transféré à Mauthausen le 18 août, matricule 89963, et affecté à l’usine de chars de Saint-Valentin le 28. Il revient au camp central le 4 janvier 1945 et est mort quatre jours après, le 8 janvier probablement du typhus « au block 8 baraquement des pestiférés 152 ».

Le 22 août 1944, François Mioch avait été désigné pour les fonctions de Maire par délibération du Comité local de Libération de la commune de Florensac (fig. 6), Mlle Marie Gourou, catholique résistante, assurant l’intérim « jusqu’à son retour ». Un an après, une plaque en mémoire de François Mioch est posée face à la Marianne de l’Esplanade.

Délibération du Comité Local de Florensac le 24 Août 1944 désignant François Mioch aux fonctions de Maire
Fig. 6 Délibération du Comité Local de Florensac le 24 Août 1944 désignant François Mioch aux fonctions de Maire. (Coll. particulière)

De son côté, Philomen participe au Maquis Péri 153. Après l’échauffourée de Sarpoil (Puy-de-Dôme), il erre, reprend contact avec la Résistance, est sauvé dans les villages de Fournols et Échandelys et fonde le maquis Guy Môquet avec des jeunes du coin, mais aussi des déserteurs allemands, des Yougoslaves, des Luxembourgeois… Sous le nom de Commandant Titin Clavel, il prend une part décisive dans la libération de Thiers 154, puis continue sur Clermont-Ferrand et Nevers. (fig. 7)

Laissez- passer permanent délivré au Capitaine chef de corps Titin Clavel (Philomen Mioch)
Fig. 7 Laissez- passer permanent délivré au Capitaine chef de corps Titin Clavel (Philomen Mioch) par les FFI du Puy de Dôme le 30 Août 1944. (Coll. particulière)
Conseil National de la Résistance : Carte de Délégué de l’Hérault aux Assises de la Renaissance Française (Paris 10-14 Juillet 1945) de Philomen Mioch
Fig. 8 Conseil National de la Résistance : Carte de Délégué de l’Hérault aux Assises de la Renaissance Française (Paris 10-14 Juillet 1945) de Philomen Mioch (CGT).
(Coll. particulière)

Début septembre, il reçoit pour la première fois du courrier, redescend enfin dans le Midi pour retrouver sa femme et sa fille à Agen. Carmen, lieutenant FTPF, reste dans le Lot-et-Garonne encore quelques mois. Philomen revient à Montpellier s’occuper du ravitaillement des ouvriers agricoles, en lien avec Jacques Bounin, le Commissaire de la République qui, en 1974 dédicaça son livre 155 à « Mes camarades, Monsieur et Madame Mioch, […] très amicalement ».

Il trouve un logement réquisitionné au Chemin du Triolet où la famille est enfin réunie. C’est là que, début juin 1945, Philomen apprend la mort de François, de la bouche de Paul Balmigère. En juillet, il est délégué par la CGT aux États Généraux de la Renaissance Française à Paris (fig. 8) et participe à ce titre au premier défilé du 14 Juillet de la Libération.

L’après-guerre et la poursuite de l’engagement

En 1951, Philomen et Carmen Mioch et leurs deux plus jeunes filles assistent à l’inauguration du monument du Souvenir de Ste Bernadette à Montpellier
Fig. 9 En 1951, Philomen et Carmen Mioch et leurs deux plus jeunes filles assistent à l’inauguration du monument du Souvenir de Ste Bernadette à Montpellier, en présence de l’Abbé Paul Parguel et des habitants du quartier dit alors « de la maternité ».

Philomen a eu à diverses reprises des débats sur la convergence d’action des communistes et des chrétiens 156. Avec Carmen, d’autres communistes, l’Abbé Parguel de retour des camps, d’autres résistants, ils participent à la création du Comité de Libération du quartier de la Maternité 157. (fig. 9) Philomen devient également membre du Comité départemental de la Résistance de l’Hérault.

Pendant quelques années encore, Philomen Mioch s’occupe du monde agricole avec Émile Blancher 158 pour la CGT et la Confédération générale agricole. Il est administrateur de la Mutualité sociale agricole, donnant des cours de droit du travail à l’école d’agriculture. Puis à la naissance de sa troisième fille – la seconde est née en octobre 1945 – il passe le concours de la Sécurité sociale en mars 1948.

Philomen Mioch en 1981 avec le portrait et les médailles de son frère François : Croix de guerre avec palmes (1914-1918)
Fig. 10 Philomen Mioch en 1981 avec le portrait et les médailles de son frère François : Croix de guerre avec palmes (1914-1918), Lieutenant FTPF, Croix de guerre avec palmes 1939-1945, Médaille de la Résistance, Combattant volontaire et Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume (JO du 10 Janvier 1952).

Militant communiste et syndical, membre du Comité de section de Montpellier, membre du Comité fédéral, il est Président de l’amicale des vétérans du PCF de l’Hérault. Côté syndical, il milite à la CGT, il est représentant du personnel, membre du Conseil d’administration de la Caisse d’allocations familiales, il en sera Vice-président…

Les frères Mioch (fig. 10) étaient syndicalistes quand ils ont adhéré au Parti de la IIIe Internationale. Par l’organisation de l’action collective qu’ils initiaient, ils tentaient d’arracher pied à pied des droits fondamentaux : ceux de vivre mieux, de ne plus survivre, de ne pas tomber dans la misère en cas de maladie ou de vieillesse. Ces axes continuent d’être la préoccupation de Philomen toute sa vie au travers de son action pour la Sécurité sociale et dans le cadre de l’Union des vieux de France dont il a été Président départemental. En 1985, il reçoit pour celle-ci les insignes de Chevalier de l’Ordre national du mérite 159.

Établis à Marcorignan dans l’Aude, Philomen et Carmen ont œuvré avec succès pour rendre hommage à Jean Moulin, l’unificateur de la Résistance : la place de la Mairie porte désormais son nom.

Extraits de La Terre, hebdomadaire de défense paysanne : François Mioch, rédacteur en chef et secrétaire de la C.G.P.T.
Fig. 11 Extraits de La Terre, hebdomadaire de défense paysanne :
François Mioch, rédacteur en chef et secrétaire de la C.G.P.T.
(Collection Particulière)
Extrait d’une lettre manuscrite - censurée - de Philomen Mioch depuis la prison du Puy-en-Velay, 16 mai 1943
Fig. 12 Extrait d’une lettre manuscrite - censurée - de Philomen Mioch depuis la prison du Puy-en-Velay, 16 mai 1943. (Arch. dép. Hérault - fonds 222 J - non classé)

Conclusion

Nous avons essayé au travers des parcours des deux frères Mioch de montrer la complexité humaine de militants qui ne se considéraient pas comme « des professionnels de la politique » 160. Le syndicalisme agricole auquel ils appartenaient était celui du prolétariat viticole du Midi. Son organisation remonte dans leur village au milieu du XIXe siècle et différent de celui de la paysannerie d’autres régions. Cette spécificité ouvrière apparaît dans la prise de responsabilité dans le Parti communiste et la formation à l’école léniniste de Moscou d’ouvriers agricoles tous issus de la région Aude-Hérault.

Si l’on se place dans la perspective de ce que l’on appelle la hiérarchie communiste, les deux frères Mioch comptent parmi la quarantaine de dirigeants du secteur agraire. Si l’on compare leurs trajectoires à celles de Renaud Jean ou Waldeck Rochet, nous soulignerons d’abord la différence de type d’exploitation, ces deux dirigeants paysans venant de la petite propriété de polyculture. Du point de vue de l’âge, ils sont d’une génération située entre les deux leaders.

Leur adhésion à la SFIC est en même temps un positionnement à partir de l’expérience syndicale de bras de fer avec les gros exploitants et de l’espoir que représente pour eux l’édification d’un socialisme réel en Union soviétique. Sans certificat d’études, François Mioch a été le rédacteur en chef du journal La Terre, fondé par Waldeck Rochet, qui a compté chez les paysans. Il était en même temps secrétaire général de la CGPT, que présidait Renaud Jean. Malgré leur engagement, les deux frères ne se sont jamais trouvés en position éligible comme représentants du peuple, à un moment où le Parti communiste tendait à devenir celui de la Nation française et donc un parti d’élus.

Antifascistes de la première heure au travers des Comités Amsterdam Pleyel et de l’aide à l’Espagne républicaine – guerre d’Espagne qui fut l’occasion du renvoi à la base du Parti de Philomen Mioch – leur soutien à l’Union soviétique mais aussi leur analyse géopolitique de la montée du nazisme les a conduits à soutenir le pacte germano-soviétique lors de sa signature.

Dès leur retour de l’armée, ils sont entrés en Résistance. Leur arrestation à Florensac a provoqué en avril 1942 une importante manifestation populaire. Leur évasion de la prison du Puy-en-Velay leur a permis de reprendre leur place dans le combat en Auvergne et dans la clandestinité paysanne pour François déporté et mort à Mauthausen.

Nous n’avons fait qu’esquisser le parcours exceptionnel de ces deux ouvriers agricoles du Languedoc. Leurs actions et leurs écrits méritent d’autres recherches, à fin d’articuler leurs trajectoires individuelles aux destinées collectives du prolétariat agricole. Ainsi serait redonnée leur juste place aux deux frères Mioch, mais aussi sortiraient de l’ombre d’autres acteurs de la vie militante syndicale et politique parmi ceux et celles qui ont cru aux « lendemains qui chantent ».

NOTES

1. En référence aux paroles de la chanson « Allons au-devant de la vie » (1935), musique de D. Chostakovitch, tirée du film Contre plan, paroles françaises de Jeanne Perret devenue le symbole du Front Populaire.

2. Mioch, Ph, Les tribulations d’un ouvrier agricole, Nîmes, Offset Avenir, 1984.

3. Occitan : « Je n’en fais qu’à ma tête. »

4. Études rurales, « Les « Petites Russies » des campagnes françaises », imprimerie Chirat, Saint-Just-La Pendue n°171-172, 2005 ; Robin, Pierre et Vigreux, Jean, direct, Renaud Jean, la voix rouge des paysans, éditions de l’Albret, association des amis de Renaud Jean, ICN, Orthez, 2012 ; Vigreux, Jean, Waldeck Rochet, une biographie politique, La Dispute, Courtry, 2000 ; Lynch, Édouard, Moissons Rouges, les socialistes français et la société paysanne durant l’entre-deux-guerres (1918-1940), pref de Serge Berstein, Villeneuve d’Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2002 ; Vigreux, Jean et Wolikow, Serge Direct, Cultures communistes au XXe siècle, entre guerre et modernité, Paris, La Dispute, 2003 ; Wolikow, Serge, « L’Internationale Communiste 1919-1943 », direct Gotovich José et Narinski Mikhaël, Kominterm : l’histoire et les hommes, Dictionnaire biographique de l’Internationale Communiste, Lonrai 2001.

5. Leurs titres : « Ouvrier agricole de Florensac ; Premiers contacts avec le mouvement ouvrier ; L’expérience militaire en Syrie ; Jeune communiste ; Les écoles du Parti ; Les premières responsabilités importantes ; Le travail d’un secrétaire régional sous le Front Populaire ; Mes ennuis avec la direction du Parti et le retour à la base ; Soldat puis prisonnier politique ; Dans les maquis d’Auvergne ; La fin des tribulations. »

6. Citée par Vigreux, Jean, Waldeck Rochet, une biographie politique, La Dispute, Courtry, 2000, p. 14.

7. Grenier, Antonin, Florensac à travers les âges, Béziers, imp du Sud, 1964, pages 79-82.

8. Sagnes, Jean, « La gauche politique et syndicale dans les campagnes viticoles du midi (1848-1939) » sur http://www.urbi-beziers.fr/articles-en-ligne.html visionné en nov 2013. Voir également Merle, René, L’insurrection varoise de 1851 contre le coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte, Marseille, Gaussen, 2013.

9. Roche, Agnès « Un terreau favorable », Lagrave, Rose-Marie direct, Études rurales, Saint-Just-la-Pendue, 2005, n° 171-172, p. 105-114.

10. Lynch, Édouard, « Socialistes et Communistes dans l’entre-deux-guerres », Lagrave, Rose-Marie direct, op. cit., 2005, p. 46.

11. Arch. dép. Hérault, Annuaire du département de l’Hérault 1903, en ligne, visionné en novembre 2013.

12. Elle porte depuis 1945 le nom de François Mioch.

13. Mioch, Ph., 1984, id, p. 12.

14. Mioch, Ph., Ibid, p. 25.

15. Jusqu’à la fin des années 1960, le grappillage après la vendange était autorisé pour les enfants et les économiquement faibles.

16. Arch Ph. Mioch, Souvenirs sur les cahiers d’écoliers.

17. Grenier, Antonin, op. cit., 1964, p. 106.

18. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 17.

19. Arch Mioch, Mioch, François, Défense de François Mioch devant le tribunal Militaire de Montpellier, ms, Mai 1942.

20. Arch Mioch, Mioch, Ph, 1972, ms. cit.

21. Sagnes, Jean, Politique et syndicalisme en Languedoc, 1986, Saint-Estève, Michel Fricker, 136-137.

22. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 25.

23. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 145.

24. Petit Méridional, Mai 1927.

25. Arch Mioch, Mioch, Ph., 1972, ms. cit.

26. Fabre Daniel et Lacroix Jacques, La Vie quotidienne des paysans du Languedoc au XIXe Siècle, Hachette, Poitiers, 1978.

27. Les marieurs ou la mal mariée.

28. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 16.

29. Mioch, Ph., 1984, Ibid, p. 31.

30. Arch Mioch, Mioch, Ph., 1972, ms. cit.

31. Jean-Paul Molinari (Molinari, Jean-Paul, Les ouvriers communistes, sociologie de l’adhésion ouvrière au PCF, Paris, L’Harmattan, 1996), cité par Vigreux, Jean « L’étoffe d’un dirigeant : Waldeck Rochet », in Études rurales, 2005, p. 203.

32. Colle : équipe en occitan.

33. Arch Mioch, Mioch, Ph, 1972, ms. cit.

34. Arch Mioch, Mioch, Ph., 1972, id.

35. Pech, Rémy, « Renaud Jean, Défenseur des petits viticulteurs », Robin et Vigreux (direct), Renaud Jean, la voix rouge des paysans, Orthez, Éditions de l’Albret & Association des amis de Renaud Jean, 2012, p. 334.

36. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 80-83.

37. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 52-53.

38. Par un vote de l’assemblée avec trois voix contre dont celle de Ph Mioch.

39. Grousset, René, Le réveil de la vie, l’impérialisme britannique et la révolte des peuples, Paris, Plon.

40. Archives Ph. Mioch.

41. Arch Mioch, Mioch, Ph., 1972, ms. cit.

42. L’ouvrage de Zevaes, Alexandre, Les Guédistes, t. 3, Paris, Librairie Marcel Rivière, 1911, se trouve dans sa bibliothèque.

43. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 24.

44. Sagnes, Jean, 1986, op. cit., p. 125.

45. Rayon : formation territoriale du Parti communiste avant la 2e guerre mondiale.

46. Guerre qui oppose la République rifaine d’Abdelkrim aux Espagnols et aux Français entre 1921 et 1926.

47. L’Humanité du 23 janvier 1925.

48. L’ABC du Communisme, des livres contre la guerre du Maroc, Le précis du communisme, Le congrès de Tours.

49. Fait exceptionnel d’après Marie Cécile Bouju citée par Jean Vigreux, 2000, op. cit., p. 26.

50. Raoul Calas (1899-1978) instituteur ; dirigeant communiste de l’Hérault puis du Nord ; condamné à Mort par Vichy, sa peine fut commuée en travaux forcés grâce à une campagne de protestation des départements du Languedoc et du Roussillon, secrétaire général de l’Humanité ; Membre du Comité Central du PCF (1945-1964), Député de l’Hérault (1946-1951 ; 1956-1958).

51. Étienne Fajon, alors instituteur, dirigeant de la région communiste du Languedoc, membre du Comité Central et du bureau politique, fut directeur du journal L’Humanité et député.

52. Arch. dép. de Seine-Saint-Denis, 3MI6/83 Séquence 556-80.

53. Y assistaient également Jeannette Wermeersch, Dexwez, Monjovis, Pierre Timbaud, Bodin, Poulmach (Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 105).

54. Dans ses souvenirs Philomen Mioch écrit : « Waldeck Rochet étant nommé à son tour responsable du secteur agraire. », or ce n’est qu’en avril 1934 que celui-ci en prendra officiellement la direction.

55. Mioch, Ph., op. cit., 1984, p. 109.

56. Wolikow, Serge, « L’Internationale Communiste 1919-1943 », direct Gotovich José et Narinski Mikhaël, Kominterm : l’histoire et les hommes, Dictionnaire biographique de l’Internationale Communiste, Lonrai 2001, p. 97.

57. Wolikow, Serge, 2001, art cit, p. 53.

58. Bertog et Berthenoi Celestin pour les Arch RGASPI 495 270 4197 ; Wolikow Serge, 2001, id, p. 225-226.

59. Ph. Mioch le fréquenta également à l’Académie Militaire.

60. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 119.

61. Voir Brunet, Jean-Paul, Jacques Doriot, du Communisme au fascisme, Paris, Balland, 1986.

62. Gotovitch (direct), op. cité, p.255, fiche Doriot, Serge Wolikow.

63. Mioch, Ph., 1984, op. cit., p. 120-124.

64. Idem.

65. https://maitron.fr/spip.php?article122432, notice Sagnes.

66. Mioch, Ph., 1972, ms. cit.

67. Arch. dép. Seine-Saint-Denis, 3MI 6/83 : Lettre de François Mioch, Florensac le 22 Décembre 1932.

68. Vigreux, Jean, 2000, op. cit., p. 55-63.

69. Sagnes, art. cit. en ligne.

70. Escudier, Jean-Louis, CNRS LAMETA Montpellier, « Prolétariat viticole et grève en bas Languedoc de 1900 à 1914 », actes du colloque Debout, les damnés de la Terre, syndicalisme révolutionnaire autour de la crise de 1907 dans le Midi Viticole, Nîmes, Mondial-livre, 2008, 23-47 et Sagnes, Jean « La gauche politique et syndicale dans les campagnes viticoles du midi (1848-1939) » sur https://www.urbi-beziers.fr/articles-en-ligne.html.

71. Suite à une altercation avec un gendarme lors l’incendie de la grange d’un de ces propriétaires à Florensac.

72. Nîmes, 21.12.1929, sur BnF Gallica (visionné en novembre 2013).

73. Molinier, Louis, Un militant communiste languedocien raconte…, Paris, Imp La Productrice, 1979, p. 46.

74. Sagnes, Jean, 1986, op. cit., p. 123.

75. Mischi, Julian, « Être communiste en milieu rural », Études rurales, 2005, n° 171-172, p. 61-72.

76. Pennetier, Claude, « Renaud, Jean, l’inclassable », Robin Pierre et Vigreux Jean, 2012, opus cité, p. 29-30.

77. Les ouvriers agricoles du Midi étaient-ils considérés par l’Internationale communiste et la direction française comme ouvriers, c’est-à-dire exploités plus que comme paysans dont Marx se méfiait comme possibles réactionnaires ?

78. Il s’agit de Parsal (Puech), (séjour à l’ELI : 1926-1929) ; Uni (avril 1930-1933) : La fiche de celui-ci établie par Claude Pennetier dans le Dictionnaire biographique de l’Internationale communiste, Gotovitch, José (Direct) et alii, Kominterm, l’Histoire et les Hommes, Lonrai, édit de L’Atelier, 2001, p. 557, mentione qu’il y cotoya Waldeck Rochet ; Roca (Octobre 1931) ; Philomen Mioch, et Pierre Terrat de Marseillan (1933) ; Sautel (1935).

79. Mioch, Ph., 1984, id, p. 74-76.

80. Mioch, Ph., 1972, ms. cit.

81. Le Petit Méridional, 5 mai 1925.

82. W. Rochet en 1932 lors des élections municipales de Pierre Bénite proposera au deuxième tour à la liste socialiste un front unique en fusionnant avec la liste du Bloc Ouvrier et paysan.

83. La biographie de Desnots Jacques (1897-1944 ?) sur https://maitron.fr/spip.php?article22509, Jean-Michel Brabant, Claude Pennetier fait état d’une opposition de celui-ci aux thèses agraires de Renaud Jean.

84. Voir Giovanetti, Marc, « Renaud Jean, cible opportuniste des années « classe contre classe » du PCF (1927-1933) » p. 221 et Pech, Rémy « Renaud Jean, défenseur des petits viticulteurs (1929-1940) », p. 328-329, Robin Pierre et Vigreux Jean, 2012, opus cité.

85. Mioch, Ph.,1984, op. cit., p. 98-99.

86. Ibid., p. 124.

87. Arch. dép. Seine-Saint-Denis, 3 MI6/83 Séquence 556-80.

88. Gitton et Philomen Mioch s’étaient-ils croisés à Saint-Denis ?

89. Professeur muté par mesure disciplinaire de Nancy à Saint-Pons-de-Thomières.

90. Le député radical socialiste a été réélu au premier tour avec 7079 voix devant Desmons SFIO 5628, Pacou Radical indépendant 889.

91. Il rassembla au 1er tour 296 voix, le candidat SFIO Bessède : 982, le radical Socialiste : 971, Amans pour le PSF (Parti Social Français) nationaliste : 1276.

92. Mioch, Ph., 1984, op. cit., 77.

93. Mioch, Ph., 1972, ms cit, (Arch Mioch).

94. Voir ci-dessous.

95. Une page que son frère avait essayé de rendre plus vivante lors de son bref séjour à la Section agraire en 1932 : Le 28 mai il avait signé un billet intitulé « Améliorer notre page paysanne » qui commençait ainsi : « Notre page paysanne ne nous donne pas encore complète satisfaction et nous voulons la perfectionner avec l’aide de tous les lecteurs ouvriers et paysans. […] que chacune de leurs lettres, courtes, sans généralité, soit le reflet de leur vie et bourrée de faits précis. »

96. 1933 Philomen est alors lui-même à l’ELI.

97. Vigreux, Jean, 2000, op. cit., p. 61-63.

98. Soit moins de six mois après la lettre dont il est question plus haut.

99. Ibid., p. 79.

100. Voir note 24.

101. Ibid., p. 60.

102. Rouge Midi, Le Cri des Alpes Maritimes, mais aussi Le Populaire organe de la SFIO entre 1932 et 1939. La Revue de Paris, en novembre 1935 et Études de la Cie de Jésus en janvier 1936.

103. Cette brochure est par erreur attribuée à Renaud Jean par Jean Vigreux, ce dernier n’en a écrit que la préface. Vigreux, Jean, Robin Pierre et Vigreux Jean, 2012, opus cité, p. 251.

104. Florensac, Agde, Marsillargues, Capestang.

105. Barthe vogue du Parti Socialiste à l’Union socialiste et républicaine.

106. Voir également Jean-Marc Bagnol, Le Midi viticole au Parlement, Édouard Barthe et les députés du vin de l’Hérault, années 1920-1930, Presses Universitaires de la Méditerranée, Montpellier, 2011.

107. Sagnes, Jean, Édouard Barthe, Le Combat d’un parlementaire sous Vichy, Gap, Éditions Singulières, 2007, p. 17.

108. Arch Mioch Législatives 1928 et 1932.

109. Sagnes, Jean, 1986, op. cit., p. 107.

110. Ibid., p. 179.

111. Lazare avait obtenu 7 % en 1928.

112. Ibid., p 199.

113. Vigreux, Jean, 2000, op. cit., p. 58.

114. Sagnes, Jean, op. cit., 1986, p. 155.

115. Arch Mioch, Mioch, François, 1942, ms. cit.

116. Arch Ph.Mioch, 1972, voir aussi témoignages de Louis Gautrand et de Laurenti, Jean, op. cit., 45 et dédicace à Ph Mioch.

117. Vigreux, Jean, 2000, op. cit., p. 66-68.

118. Ibid.

119. Montluçon janvier 1937, Brives Mars 1939 pour la CGPT, Saint Quentin pour les travailleurs agricoles…

120. Id., p. 59 et 73.

121. Mioch, François, Le statut Viticole, note 1 p 23, archives Ph Mioch.

122. Il participa à la « Commission Permanente Agricole auprès du Bureau International du Travail, qui siégeait pour la première fois, [pour] examiner certains problèmes de la main d’œuvre salariée agricole » (G. Monnet, ministre de l’agriculture du Front Populaire dans Le Populaire du 17/02/1938).

123. Avec lequel il a eu semble-t-il des relations amicales, d’après la dédicace du Monde agraire et la Paix (Arch Mioch). Le Docteur Miglioli était un démocrate chrétien italien réfugié en France qui collabora avec le Krestintern.

124. Id., 16/07/1938.

125. « Vu les conditions de l’époque c’était exceptionnel », Ph Mioch, op. cit., p 134.

126. Maitron en ligne https://maitron.fr/spip.php?article90923.

127. Que nous n’avons pas jusqu’ici pu consulter voir http://www.gabrielperi.fr/IMG/pdf/CC-PCF-Tome-1-1921-1977.pdf, visionné en novembre 2013.

128. Id., p. 160.

129. Id., p. 159.

130. Id., p. 159-163.

131. Si Ph. Mioch n’a pas vu venir le coup, il y réfléchit encore en 1975 quand il demande à Étienne Fabre (1906-1988) une appréciation sur cette période. L’ancien Conseiller Général de l’Hérault y rappelle un incident avec Gitton en présence de Fajon, le premier ayant demandé le remplacement immédiat du secrétaire régional qui était alors Philomen Mioch. Fabre conclut : « Quelques temps après, la direction du Parti demanda à Philomen Mioch de partir en Espagne pour participer à la guerre et il fut remplacé au Secrétariat du Parti. » (Fabre Étienne (1906-1988) note pour Ph Mioch, 15 septembre 1975, Arch. Mioch.)

132. Arch. dép. Seine-Saint-Denis, 3 MI6/135, 24/5/38 Compte rendu du BR du 21 Mai, 9 présents, Affaire Mioch.

133. Mioch, Ph., 1984, op. cit., 172-175.

134. Id., p. 174.

135. Id., p 175.

136. Arch. Mioch.

137. Pierre Arraut : Né le 29 avril 1910 à Paris (XVe arr.), mort le 29 septembre 1983 à Sète (Hérault) ; facteur aux écritures ; syndicaliste CGT et communiste ; maire de Sète (1945-1947, 1959-1973) ; député de l’Hérault (1967-1968, 1973-1978).

138. Mioch, Ph., 1984, id., 183-196.

139. Témoignage familial de Ph. Mioch.

140. Weil Marcel, polytechnicien et communiste, voir à son propos : Badie, Vincent, « Vive la République », entretiens avec Jean Sagnes, Toulouse, Privat, 1987, 61-62.

141. Albert Solié (1906- ?) qui n’était pas communiste avant guerre avait été dénoncé par Barre – que Ph. Mioch qualifie de « traitre », sans autre précision – il sera acquitté comme deux autres « jeunes », Voir Mioch, Ph., 1984, op. cit., 172-175.

142. Mioch, Ph., 1984, id., 197.

143. À Lodève il avait commencé à apprendre l’italien, comme en Syrie l’arabe.

144. Voir Breton, Philippe, Direct, Les évasions, le prix de la liberté, Poitiers, Denoël-Anacr, 1965, 71-81.

145. Mioch, Ph., 1984, id., 207-208 et 217-218.

146. Ce qui s’inscrit en faux des thèses du livre de Pierre Broué et Raymond Vacheron, Meurtres au Maquis, Mesnil-sur-l’Estrée, Grasset 1997, mettant en cause Ph. Mioch, à partir de citations tronquées des souvenirs de ce dernier.

147. Témoignage oral de Jean Roux à Carmen Antonio-Mioch et ses enfants, lors des cérémonies pour les 50 ans de la mort de François Mioch en 1995 à Florensac.

148. La venue de François Mioch lui avait été annoncée par Gaston Plissonnier alors inter-régional du PCF clandestin.

149. Sa femme qui réussit à lui rendre visite eut peine à le reconnaître.

150. Seul témoignage de son passage à Dachau, celui de Victor Michaut (Archives Mioch 1972). Les dates concordent.

151. Voir http://www.bddm.org/liv/details.php?id=I.234.#MIOCH

152. Reine Bertoni-Mioch a laissé sur une feuille de cahier les témoignages de STO qu’elle avait recueillis et qui avaient reconnu son mari (archives Mioch).

153. Voir Fondras, Jean-Marie, Mon village à l’heure française, Saint-Étienne, Canopé, 1989, 53-88.

154. Barthelat, Daniel, La Libération de Thiers : la région thiernoise du débarquement à la fin de l’année 1944, Mémoire de Maîtrise d’Histoire, Univ Blaise Pascal Clermont-Ferrand 1985, cité par Martres, Eugène, L’Auvergne dans la tourmente 1939-1945, Clermont-Ferrand, De Borée, 216-218 et 423.

155. Bounin, Jacques, Beaucoup d’imprudences, Ligugé, Stock, 1974.

156. En Auvergne au maquis Gabriel Péri avec Georges, un étudiant en médecine catholique ; à Fournols avec l’Abbé Achar.

157. Mioch, Ph., 1984, op. cit. et Arch. Mioch, cahiers.

158. Émile Blancher de Fontès (Hérault).

159. Insignes remis par le Professeur de Médecine Jacques Roux, cérémonie présidée par Marinette Barale Conseillère Municipale déléguée de la Mairie de Montpellier. Il était également titulaire du diplôme national FTPF, Médaille des évadés, carte de Combattant Volontaire de la Résistance…

160. Pudal, Bernard, « Postface », Études rurales, op. cit., 2005, 215-218.